"Obscene Majesty"
Note : 19/20
Si vous aimez la violence, vous n’avez pas pu passer à côté du retour de Devourment.
Sobrement nommé "Obscene Majesty", ce sixième album (oui six si l’on considère la réédition
de "Butcher The Weak") est une véritable tartine de graisse auditive propulsée par canon.
Côté line-up, rien n’a changé depuis 2014 : Brad Fincher (batterie), Ruben Rosas (chant),
Chris Andrews (guitare) et Dave Spencer (basse) sont plus soudés que jamais ! Vous êtes
prêts à vous faire piétiner ?
Le premier titre, "A Virulent Strain Of Retaliation", est doté d’une intro inquiétante qui nous
laisse savourer cette ambiance horrifique avant de nous envoyer une dose de blast que l’on
est pas prêts d’oublier. Le son est imposant, les hurlements de Ruben sont gras et
puissants, c’est définitif : Devourment est de retour. Enchaînant les passages ultra rapides
et les riffs massifs, le combo nous incite clairement au headbang, et ça marche ! Tout aussi
efficace, "Cognitive Sedation Butchery" nous assomme dès les premières secondes avec un
gravity blast bien senti, et une rythmique assassine. Quelques coups d’harmoniques pour
nous donner envie de massacrer notre voisin à coups de pioche (non ne le faites pas, c’est
illégal), et on part sur "Narcissistic Paraphilia". Le tempo augmente, et le massacre n’en est
que plus sanglant. Le côté slam groovy est plus présent que jamais, et c’est ce qu’on aime
chez les Américains, surtout grâce à cette basse ronflante.
C’est à nouveau une avalanche de blasts qui ouvre "Arterial Spray Patterns", et on en vient à
se demander comment on peut autant de rapidité et autant de puissance. Les autres
membres ne sont évidemment pas en reste, puisque les riffs sont tout aussi lourds, tout
comme sur "Profane Contagion", un morceau d’une efficacité bestiale. Même lorsque les riffs
s’apaisent, le côté groove prend le relais pour conserver cette ambiance furieuse. C’est
d’ailleurs en effet la furie qui caractérise le mieux "Dysmorphic Autophagia", et ses
accélérations soudaines. Impossible de ne pas se laisser prendre au jeu, et ceux qui ne sont
pas déjà en train de hocher la tête en rythme n’aiment pas le brutal death.
On continue dans cette lancée entre groove et violence pure avec "Sculpted In Tyranny" pour
attaquer sérieusement nos cervicales pendant qu’elles sont encore chaudes, et ce à grands
coups de riffs aussi sales que tranchants. Un peu plus de technicité côté guitare, et encore
ces rafales de blast qui me surprendront toujours, et ce pendant plus de six minutes. Plus
courte mais tout aussi efficace, "Xenoglossia" et son thème plus mystique (pour peu que vous
preniez le temps de regarder les paroles) sera toute aussi brute de décoffrage, alors que
"Modum Sui Morte" met en avant le côté entraînant du slam death avec des riffs prenants et
presque planants par moments, avec à nouveau ces coups d’harmoniques entre deux riffs
aussi gras que les hurlements du frontman sont gutturaux. On arrive déjà sur la fin de cet
album avec la pachydermique "Truculent Antipathy" qui nous permettra de nous déchaîner
une dernière fois pendant près de six minutes de violence qui ralentit, accélère, ralentit à
nouveau, mais toujours dans la plus pure tradition du slam death.
Qu’il est bon de voir qu’un des groupes aussi légendaires de la scène brutal slam comme
Devourment n’a rien perdu de ses capacités. "Obscene Majesty" s’impose incontestablement
comme l’un des meilleurs albums de brutal death de l’année, et je peux vous confirmer que
la barrière du live est atomisée. Un retour dans nos contrées prévu prochainement ? Je
l’espère !
"Conceived In Sewage"
Note : 18/20
Dans la vie, il a deux catégories d’albums, tous styles confondus : ceux qui, une fois écoutés une première fois, ne suscitent aucune émotion et deviennent rapidement des attrape-poussières, et ceux qui transportent l’auditeur, le prennent aux trippes et donnent envie de le relancer immédiatement une fois fini. "Conceived In Sewage", le quatrième album des Texans de Devourment fait sans nul doute partie de cette deuxième catégorie tellement chaque détail fait l’effet d’une énorme baffe dans la face !
Dès le premier coup d’œil à la pochette et à son artwork tout aussi sanglant que minutieux, les choses sont claires : Devourment s’est fixé comme objectif de tout détruire sur son passage, sans concession. Une fois "Legalize Homicide"le premier des neuf titres lancé, cette impression se confirme. Tout amateur de death, brutal et bien gras, y trouvera son compte. Le chant est profond, puissant et varié ; les guitares offrent des riffs acérés, efficaces et sans fantaisies inutiles, tandis que la batterie oriente bien le tout vers un résultat aux tempos variés mais qui tient l’auditeur en haleine sans jamais l’ennuyer par trop de linéarité (ou l’abus de blast beats, le fléau du metal extrême). Pour illustrer au mieux cette boucherie auditive, les titres "Legalize Homicide", "Fifty Ton War Machine" (qui en ressort presque groovy par moments) ou encore "Carved Into Ecstazy" prenant à souhait constituent des pièces de choix, à tout point de vue. Car le groupe a bien compris que la pondération était l’un des éléments cruciaux d’un processus de composition réussi !
Avec "Conceived In Sewage", Devourment réussit donc haut la main le pari de proposer l’un des meilleurs albums d’extrême de l’année 2013. Les amateurs du style en seront plus que ravis, aucun doute là-dessus (et jalouseront très probablement aussi les Américains qui profiteront de leur tournée avec Dying Fetus et Exhumed en Octobre. Injustice ultime s’il en est !). Vivement la suite !
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