Le groupe
Biographie :

Diabolical est un groupe de death / black metal suédois formé en 1996 sous le nom de Misanthropic Orchestra (qu'il gardera jusqu'en 1998), composé actuellement de : Sverker "Widda" Widgren (chant, guitare / Demonical), Carl Stjärnlöv (guitare / ex-Absentia, ex-Devian, ex-Valkyrja), Per Ivy (batterie), Tobias Jansson (guitare / ex-Torture Eternal, ex-Godphobia, ex-Repuked) et Dan Darforth (basse / chant). Diabolical a sorti son premier album, "Synergy" (2001) et son second"A Thousand Deaths" (2002) chez Scarlet Records. C'est ensuite chez ViciSolum Productions que sont sortis les albums "The Gallery Of Bleeding Art" (2011) et "Neogenesis" (2013). L'album suivant, "Eclipse", sort en Février 2019 chez Indie Recordings.

Discographie :

2000 : "Deserts Of Desolation" (EP)
2001 : "Synergy"
2002 : "A Thousand Deaths"
2008 : "The Gallery Of Bleeding Art"
2011 : "Ars Vitae" (Live)
2013 : "Neogenesis"
2019 : "Eclipse"


Les chroniques


"Eclipse"
Note : 14/20

Les Suédois de Diabolical ne sont pas vraiment nés de la dernière pluie et cela se sent. En effet, le groupe a été fondé en 1998 et en est déjà à son cinquième opus (sans compter d’innombrables EPs et singles). Avec le temps, le groupe a acquis une certaine maîtrise technique et le démontre non sans un certain brio avec ce nouvel album aussi sombre que son titre ("Eclipse") le laisse sous-entendre !

L’album s’ouvre de façon magistrale sur le morceau symphonique "We Are Diabolical" qui affiche la couleur (forcément noire) de ce disque et évoque évidemment un groupe phare du genre : Dimmu Borgir. Dès les premières notes, on est littéralement transporté par le romantisme noir de cette musique. Les chœurs de voix claires qui accompagnent la voix gutturale du chanteur Sverker "Widda" Widgren rajoutent une dimension orchestrale de bon aloi. Si les rythmiques restent plutôt mid-tempo dans l’ensemble (comme sur les morceaux "Betrayal", "Black Sun" ou "Inception"), le groupe nous offre sur cet album quelques morceaux plus speed que les autres, comme l’excellent "Failure" qui intègre des riffs à la limite du death metal ou encore le morceau "Requiem".

Si la plupart des morceaux restent dans l’esprit black symphonique, d’autres explorent la dimension atmosphérique voire même rituelle, comme le titre "Tyranni" qui se détache du reste de l’album par son atmosphère à la limite de l’ambient. On ne peut vraiment pas dire que les scandinaves aient inventé un nouveau style tant leur musique évoque ce qui a déjà été fait avant eux par des locomotives comme Samael, Dimmu Borgir ou Limbonic Art. Cependant, il faut leur reconnaître un certain talent dans leur manière de reprendre avec dextérité les codes du "black sympho" et d’allier metal extrême et musique orchestrale.

Sans se démarquer du reste de la production, Diabolical a tout de même le mérite de savoir créer des atmosphères mi-envoûtantes et mi-inquiétantes (comme sur le morceau "Hunter") grâce à l’utilisation des claviers qui apportent une noirceur supplémentaire à ce petit bijou maléfique qu’est "Eclipse". Pour cette seule raison, ce dernier devrait séduire n’importe quel fan de black symphonique !


M.B.
Février 2019




"Your Wilderness"
Note : 17,5/20

Cette année, on a l'impression que pour arriver encore à étonner, il faut non seulement sortir des sentiers battus et présenter un produit physique qui change de l'ordinaire, mais également composer une musique plus essentielle ; Non pas en partant vers une technique irréprochable et à un moment donné incompréhensible, mais plutôt en proposant quelque chose de prenant, une musique qui transporte et qui fasse vibrer non pas seulement les virtuoses de la guitare, mais également les gens qui sont réceptifs aux émotions sombres. Le groupe suédois Diabolical, qui existe depuis 1998 a certainement travaillé en ce sens pour écrire ce quatrième album "Neogenesis". Un album qui s'éloigne de leur death / thrash énergique mais traditionnel, et qui séduit en profondeur grâce à son approche ténébreuse qui offre aujourd'hui un death metal, lavé de toute rapidité thrash où les ambiances et atmosphères sont légion et où l'auditeur se retrouve confronté à une vague opaque et terrifiante constituée de multiples tempi horrifiques. En effet, si Gorguts a réussi récemment à nous offrir l'anthologie de la terreur psychologique avec "Colored Sands", et que Svart Crown a gravi les marches de la noirceur démoniaque d'un black / death lui aussi déroutant et oppressant, Diabolical vient se positionner quelque part sur le chemin qui mène entre ces deux mondes.

"Neogenesis", est un concept album, et même plus qu'un concept album, parce qu'il s'agit en fait d'un roman composé de onze chapitres, ces chapitres étant représentés par les onze chansons de l'album. Ce roman a été écrit par le guitariste du groupe Carl Stärjnlöv, et parle de la fin du monde. Le sujet du roman, peut toujours prêter à discussion, mais l'idée en soi est excellente. Elle est excellente pour la bonne et simple raison que l'album est présenté dans un format magnifique, un véritable digibook enluminé par une peinture de Pär Johansson (batteur du groupe) qui met en magnifiquement en exergue l'époustouflant travail de fond du guitariste. Et donc à l'intérieur même de ce digibook, se trouve le roman lui-même. Du travail d'orfèvre, complètement....mais surtout collégial.

Du côté de la production, c'est enregistré, mixé et masterisé au Necromorbius Studio que l'affaire s'est faite. Le côté sombre de la nouvelle conception musicale du groupe est correctement rendu à l'écoute de ces 55 minutes d'effroi. Et le froid c'est bien ce qui ressort du death metal de Diabolical. L'album n'est pas froid dans le sens où l'on ne ressent rien, c'est justement le contraire. Les morceaux, ambiances et plus encore les atmosphères apportent une facette glacialement lugubre au death metal de Diabolical. Un death metal qui s'est vu transformé en bande sonore de fin du monde. "Neogenesis" est un album qui ne s'écoute pas, mais qui se vit, comme l'est celui de Gorguts. En n'ayant pas joué sur les expérimentations comme les Canadiens, Diabolical a entrepris de pourtant rester dans la lourdeur sur la plupart des morceaux. Du death metal pesant, composé de nombreux breaks qui sont là pour poser le décor, comme l'on peut savourer sur le dernier Immolation et beaucoup plus sur le dernier Svart Crown, ce mélange de black / death malsain, mid-tempo qui donne le frisson.

Mais pour donner plus de relief à son style, les Suédois se sont entourés d'un véritable orchestre avec des choeurs, des violons, des violoncelles... des choeurs même, qui valorisent on ne peut mieux les rythmiques noires de ce "Neogenesis" et qui, parfois, s'approchent un tout petit peu d'une œuvre symphonique horrifique comme on l'a entendu sur le dernier Dimmu Borgir, tout en gardant à l'esprit qu'ici c'est de death metal dont il s'agit. On parlait de Svart Crown, effectivement, Diabolical a pris le même genre de chemin, en plaçant ses breaks pour que l'auditeur puisse toujours avoir le temps de s'imprégner, avant une accélération diabolique comme on le découvre sur la plupart des titres de l'album et plus précisément sur "Metamorphosis" en l'occurrence. Diabolical maîtrise sa copie, ils jouent sur le fait que les orchestrations apportent un côté très épique, très guerrier aux chansons et ainsi leur death metal saigne parfaitement le moindre auditeur non préparé à une telle perversité. C'est remarquable tellement les morceaux arrivent à dégager une puissance si phénoménale. On ressent vraiment l'intention de ses géniteurs à vouloir donner à l'auditeur une vision romanesque sinon cinématographique de ce nouvel album, vision amplement orientée grâce aux interludes comme "Ex" qui laisse le calme venir avant la tempête ; Une tempête plus black / death qu'est "World In Silence". Dans une ambiance très secte occulte, l'album se déroule avec une confiance en soi indéniable, les morceaux sont puissants, la voix de Sverker Widgren purulente à souhait mélange d'un Vader / Behemoth, domine les choeurs qui réagissent aux lignes vocales comme une légion d'esclaves au service de la mort.

Malgré la longueur de certains titres qui dépassent les six minutes, et dont un qui approche les huit minutes, l'album ne souffre d'aucune longueur, les compositions ont été définies de manière à constamment amener un environnement dans lequel on se sent en osmose avec le mal. Le digibook de ce nouvel album de Diabolical est déjà une œuvre d'art par sa présentation, s'agissant plus d'un livre accompagné d'un CD que d'un digibook, mais le contenu est également délicieux et les Suédois ont écrit le meilleur album de leur carrière soyez-en sûrs. Loin de la brutalité pure, leur death metal s'est éloigné des stéréotypes thrash, a conservé sa hargne mais s'est assagi pour jouer plus sur les émotions et les peurs de chacun... Et grâce à toutes ces petites attentions, "Neogenesis"» est une album succulent à consommer...


Arch Gros Barbare
Octobre 2013


Conclusion
L'interview : Sverker Widgren & Carl Stjänlöv

Le site officiel : www.diabolical.se