Le groupe
Biographie :

Disfuneral est un groupe de death metal nancéien formé en 2015 (anciennement Herpes) et actuellement composé de : Clément Favre (basse / ex-Herpes), Nicolas Bauer (batterie / ex-Mormar, ex-Herpes), Florian Brabant (guitare / ex-Herpes) et Renaud Mann (chant / ex-Herpes). Disfuneral sort son premier album, "Blood Red Tentacle", en Avril 2022 chez Redefining Darkness Records.

Discographie :

2017 : "Disfuneral" (EP)
2022 : "Blood Red Tentacle"


La chronique


Dans le grand jeu du blind test, on prend Disfuneral, on fait écouter à un bon metalhead geek qui connaît tout, on lui dit : "Vas-y, trouve l’origine géographique de ce groupe", le mec va sourire, rehausser les épaules avec fierté et lancer un bon : "Ça c’est suédois" des familles. "Faux, tu t’es fait berner, c’est français !". Alors oui, il n’ y a rien d’étonnant à ce qu’un groupe français sonne comme un groupe issu d’un autre pays, et même si c’est vrai que selon les lieux et les pays, il y a des récurrences, des sonorités particulières propres à une scène précise, avec l’Internet comme disent les vieux, le monde s’est ouvert au monde, et les frontières n’existent plus, notamment en musique. Pour le coup, "Blood Red Tentacle" est un concentré de riffs et de mélodies lugubres enrobés du son de la boss HM2, dans l’esprit des vieux Entombed, Dismember et tout le tralala, mais si cela suffisait ça se saurait.

Non, Disfuneral n’est pas un ersatz cocorico des grosses formations pionnières nordiques, le combo nancéien possède des compositions bétons, accrocheuses, construites intelligemment et au sein desquelles on sent la volonté de raconter du sale grâce à un death metal incisif et engagé. De nombreuses mélodies de guitares harmonisées jonchent les compositions pour renforcer l’atmosphère menaçante, quand ce n’est pas de la riffaille implacable qui résonne comme des coups de marteau dans la gueule. Tout est élancé, trace droit en mode bulldozer, c’est fun, méchant, renfrogné, bref, "Blood Red Tentacle" traduit en musique une attitude qui se complait dans la bière sur fond d’odeurs de cuir de vieux blousons recouverts de la fameuse battle jacket sans manche et bardée de patchs. Tout résonne comme un hommage mais en conservant sa propre touche personnelle, de la structure des morceaux jusqu’au designs, pochette et logo, car avec cette magnifique illustration signée Jon Whiplash, responsable, entre autres, de certains artworks de Mortal Scepter, Skelethal, Carnation, bref que du beau monde, on se sent vite absorbé dans un univers fantastique lovecraftien, du bonbon pour les yeux. Au sein de ce marasme sonore, le chant beuglard de Renaud Mann passe haut la main le test de l’homme-bête, celui-ci possède un timbre profond, enroué, ses cordes vocales sont à chaque instant mises à mal pour sublimer la frénésie et la brutalité dégagée ici pendant un poil plus de trente minutes.

Le d-beat est à l’honneur, les slides de guitares grinçants comme des lames aiguisées qui taillent dans le gras et les solos bordel, même s’ils sont peu nombreux, ils respectent une tradition qui se joue des modalités actuelles et tissent des mélodies insidieuses, prennent des orientations pentatoniques thrashy et les coups de whammy bar qui viennent péter les oreilles ponctuent l’ensemble avec assurance. Le climat angoissant et terrifiant est respecté du début à la fin, aucun riff ne se perd dans une démonstration inutile ou dans un mouvement trop long, il n’y a jamais cette sensation d’élément rajouté qui peut faire bailler sur certains disques, là, on prend la charge jusqu’au prochain passage qui nous ressert une bonne dose de death old school sans coup férir. Redefining Darkness Records ne se sont pas trompés en signant Disfuneral, c’est carrément dans la ligne artistique du label, et, pour un groupe qui n’a sorti qu’un EP cassette limité à 100 exemplaires en 2017 et qui se retrouve en 2022 avec un full length sur une putain de bonne maison de disques, cela souligne la qualité de la marchandise. Les neuf titres passent comme une lettre à la poste et ils traduisent une énergie live prenante, c’est bon signe parce que maintenant je vais surveiller ce groupe de près pour voir ce que ça donne sur les planches, et étrangement, j’ai le pressentiment de ne pas être déçu.

Eh bien voilà, encore un skeud de old school death, en plein dans un revival qui ne semble pas s’essouffler et qui, contrairement à d’autres sous-genres parents du death metal qui surfent sur une hype qui en devient parfois complètement stupide, avec des codes vestimentaires qui s’éloignent catégoriquement de ce que défendaient les pionniers, nous avons droit ici à un fidèle serviteur du metal de la mort. Disfuneral est entièrement dévoué à la cause du death et prouve avec "Blood Red Tentacle" que l’attitude et l’investissement personnel suffisent à façonner une musique hautement stimulante, point besoin de trop en faire. Le génie du riff s’est ici manifesté et a imprégné ce disque d’une aura de noirceur et de virulence qui défonce tout sur son passage. Un vrai bon album de death metal pur et dur qui va tourner un moment sur ma platine.


Trrha'l
Avril 2023


Conclusion
Note : 18/20

Le site officiel : www.facebook.com/disfuneral