Le groupe
Biographie :

Distant est un groupe de deathcore hollandais formé en 2014 et actuellement composé de : Alan Grnja (chant), Nouri Yetgin (guitare), Vladimir Golic (guitare), Jan Mato (batterie) et Elmer Maurits (basse). Distant sort son premier album, "Tyrannotophia", en Juin 2019 chez Unique Leader Records, suivi de "Dusk Of Anguish" en Mars 2021, et de "Heritage" en Février 2023 chez Century Media.

Discographie :

2017 : "Tsukuyomi" (EP)
2019 : "Tyrannotophia"
2020 : "Dawn Of Corruption" (EP)
2021 : "Dusk Of Anguish" (EP)
2021 : "Aeons Of Oblivion"
2023 : "Heritage"


Les chroniques


"Heritage"
Note : 19/20

Distant annonce son troisième album. Créé en 2014, le groupe néerlandais qui mêle deathcore et beatdown s’est fait un nom dans la scène locale, puis internationale. Après avoir signé chez Century Media Records, Alan Grnja (chant), Nouri Yetgin (guitare), Vladimir Golic (guitare), Elmer Maurits (basse) et Han Mato (batterie) sortent "Heritage".

"Acid Rain", le premier titre, développe une ambiance oppressante avec des tonalités dissonantes et inquiétantes avant que "Paradigm Shift" ne place ses riffs saccadés accompagnés par les hurlements virulents. Le groove sec et pesant est aussi écrasant qu’accrocheur avec ses effets modernes et ses mosh parts explosives, puis "Born Of Blood" prend la suite avec des samples planants qui créent un contraste intense avec la violence omniprésente. La diversité vocale rythme ce morceau abrasif qui ne s’arrête que pour laisser "The Grief Manifest" nous faire remuer le crâne avec un son énergique et motivant, qui propose tout de même quelques leads plus planants et travaillés venir nuancer la rage. Le groupe enchaîne avec "Exofilth", le premier titre dévoilé, construit sur de l’efficacité brute couplée à une ambiance imposante et intrigante, puis avec "Argent Justice", une composition ambitieusement dévastatrice où l’on retrouve les vocalistes de Suicide Silence, Emmure, Abbie Falls, Acranius, Angelmaker, Bodysnatcher, Cabal, Carcosa, Crown Magnetar, Paleface, ten56. et Worm Shepherd.

Comme on peut s’en douter, le très long morceau est incroyablement efficace, révélant une diversité vocale démentielle, intense et continue avant de nous laisser respirer avec un final sombre qui nous mène à "The Gnostic Uprising", un titre beaucoup plus brut qui sait faire place à des samples dissonants et chaotiques. "A Sentence To Suffer" redonne vie à la rage agressive que le groupe manie parfaitement tout en ajoutant des samples épiques à cette base créée pour motiver des fosses, alors que "Human Scum" retourne aux racines du deathcore combinées avec les ajouts modernes du groupe pour créer une vague de violence. "Heritage", le titre éponyme, alimente une ambiance inquiétante pour accueillir Will Ramos (Lorna Shore, The Big Six, ex-A Wake In Providence), créant un duo ravageur qui nous mène à "Orphan Of Blight" et son ambiance plus mélancolique que le groupe mêle habilement à sa base agressive. L’album prend fin avec "Plaguebreeder", une composition ancrée dans des sonorités old school saccadées et extrêmement efficaces qui vont sans nul doute déchaîner les fosses sans oublier de placer quelques éléments inquiétants.

Si vous ne les connaissez pas encore, Distant est l’un de ces groupes qui vient vous écraser tous les os du corps avant de vous laisser au sol. "Heritage" n’est ni leur premier méfait, ni le dernier, mais une chose est sûre : il annonce la couleur.


Matthieu
Février 2023




"Aeons Of Oblivion"
Note : 16/20

Deux ans après "Tyrannotophia", Distant, le groupe de deathcore beatdown hollandais, remet le couvert avec un disque généreux, 19 tracks pour une heure de musique, c’est pas rien quand même !!! En fait, il faut savoir que derrière cette opulence musicale se cache un concept assez original. En gros, le disque précédent "Tyrannotophia" raconte l’histoire d’un roi, Tyrannt, et pour fournir de la matière à exploiter le scénario co-écrit par le vocaliste et le bassiste du groupe, le groupe a sorti deux EPs, "Dawn Of Corruption" en 2020 et "Dusk Of Anguish" en 2021. En fait, "Aeons Of Oblivion" est une sorte de compilation de ces deux EPs à laquelle s’ajoutent cinq nouvelles compositions qui concluent l’histoire. En gros, si vous vous intéressez à Distant et que vous vous procurez "Aeons Of Oblivion", ça ne sert à rien d’acheter les deux EPs, sauf si vous êtes un collectionneur et que vous voulez posséder tous les items du groupe. Sachez qu’il existe un bouquin de 176 pages en couverture rigide qui s’appelle "The Rise Of Tyrannotophia", qui est donc la nouvelle écrite par deux membres de la formation. Le concept est plutôt cool et si vous êtes des gros geeks, rolistes ou autres, et que la sci-fi ou la dark fantasy ça vous fait triquer, il y a peut-être un truc à creuser du côté de Distant.

Pour chroniquer ce nouvel opus de Distant, il m’a fallu faire abstraction de ma lassitude envers le deathcore downtempo qui ne se résume aujourd’hui qu’à une myriade de groupes qui, certes, ont un son excellent, massif et puissant, une production parfaite, mais qui usent et abusent des mêmes clichés constamment, voire même qui en rajoutent toujours plus. Des sons electro, des grosses brisures rythmiques, des tempos qui ralentissent après d’autres moments déjà ralentis par des riffs qui avaient déjà entamé un ralentissement, bref, vous voyez l’truc. Donc, partons du postulat que Distant fait partie de cette masse de groupes qui jouent la carte du deathcore beatdown à fond, tentons d’analyser ce que "Aeons Of Oblivion" a dans le bide au travers de cette grille de lecture.

Déjà, on peut citer la présence de nombreux invités, Mendel Bij de Leij, un ex-Aborted, Adam Warren d’Oceano, Jason Evans d’Ingested, Lochie Keogh d’Alpha Wolf, John Robert C. de The Last Ten Seconds Of Life et Kyle Anderson de Brand Of Sacrifice. Tout ce beau monde n’ajoute finalement pas grand-chose au schmilblic car, hormis Mendel Bij de Leij qui, pour le coup, est là pour apporter sa contribution avec un magnifique solo de gratte (le seul de l’album), les autres ne sont que des vocalistes à l’empreinte sonore pas forcément distinctive. Nous sommes loin de nous dire "Tiens ? je reconnais ce breeeeeeeee !!! C’est celui de Jean Michel Guttural du groupe Intestine Defecation !". Ok, je pense que les gars sont potes et que la contribution sur les tracks des uns et des autres est un moyen de renforcer les liens de la communauté deathcore mais bon, au niveau artistique, à proprement parler, la collaboration n’est pas un truc essentiel. Niveau climat on est servi, grâce à de nombreuses nappes de synthé, un son clinique et cataclysmique, une capacité à créer un bloc compact de basse, guitare, batterie et une science du riffing qui plombe, Distant prouve qu’il fait partie des gros poissons dans le genre. Assez souvent dans la surenchère, la formation travaille sur les dissonances, les rythmes de grosse caisse variés, les enchaînements de screams et de guttural et parvient ainsi à proposer du lourd, autant en termes de son qu’en termes de composition. Quelques mélodies viennent parfois s’ajouter pour renforcer l’aspect dramatique et dystopique défendu par les compositions, ce qui renforce l’atmosphère, ajoute de la dépression à l’ensemble et transcende le côté clinique et froid. En revanche, rester actif dans l’écoute pendant une heure avec une formation qui ne travaille que sur la lourdeur du riff, de longues plages de nappes et de sons futuristes, il faut vraiment être addict à cette scène pour kiffer la vibe, comme dirait Diam’s.

Pour conclure, Distant propose un nouvel album qui se maintient dans la direction déjà entreprise sur "Tyrannophobia". Le son est quand même bien meilleur que le full length précédent car il faut savoir que l’évolution de la production dans le domaine du deathcore évolue à vitesse grand V. Ceci dit, là ou la réalisation de 2019 préservait une once de cohérence compositionnelle, dans le sens où il y a avait des structures plus identifiables, "Aeons Of Oblivion" est plus intellectuel dans la construction, et en voulant trop se référer à l’histoire développée dans les textes, le groupes en a oublié que le métalleux, ce qu’il veut, c’est headbanguer comme un gros débile. L’album a gagné en maturité ce qu’il a perdu en spontanéité, logique, mais du coup, bah moi je me fais un poil chier sur la longueur. Ceci dit, je pense que ce disque est le genre d’opus qui se bonifie avec le temps, et qu’il va me falloir plusieurs écoutes pour mieux l’appréhender. Cependant, et je conclurai là-dessus, je pense qu’on arrive à un point où les groupes de deathcore, slamming beatdown et consorts insistent sur la surenchère des éléments qui ont construit le genre et qu’il serait peut-être temps d’aborder un nouveau virage.


Trrha'l
Novembre 2021




"Tyrannotophia"
Note : 17/20

Le label Unique Leader Records est un distributeur de poutreries en puissance. De plus en plus tournées vers le deathcore à tendance slam, les sorties proposées sont non seulement nombreuses, mais aussi de qualité, à tel point qu’U.L (pour les intimes) devrait proposer un abonnement pour que les auditeurs puissent avoir toutes les nouveautés dès qu’elles se pointent. En effet, le fan de brutal death et de deathcore a peu de chance d’être déçu, et encore une fois, cela se vérifie avec le nouvel album de Distant, "Tyrannotophia". Toujours plus loin dans la technique, le son, la puissance et la précision, les nombreux groupes récents de slam / deathcore repoussent les limites du genre, et il n’est pas rare d’écouter un skeud en étant certain que c’est le truc le plus dingue du moment, pour se retrouver peu de temps après face à une prod’ qui dézingue encore plus !

Niveau dézingage, Distant n’est pas un petit joueur car les membres de cette formation lourde et puissante ont décidé d’inviter quelques potes à venir pousser la chansonnette, manière de faire encore plus de boucan ! Fernando Del Villar du groupe de deathcore mexicain Cannibal Grandpa, Ben Mason de Bound In Fear ou Lucca Schmerler de Mental Cruelty se joignent à leurs comparses pour nous en mettre plein les feuilles. "Tyrannotophia" est donc un album qui contient tous les ingrédients nécessaires à la confection d’un deathcore actuel bourré d’énergie et massif. Il y a tout ce qu’il faut dans cette galette, du gros breakdown sur "Abhorrence" ou "Hollow Eyes", des climats obscurs et désespérés( "Tyrannotophia" ou la fin de "Chasm of Despair"), du bon groove métallique sur "The Enslavement" et un gros concentré de modernité et de pessimisme musical dans l’ensemble. La production est titanesque, le son de la drum est énorme, les guitares sont précises et acérées, mais également très claires pour un accordage en very low tuning. Le chant, grâce notamment aux nombreux invités, est varié et accrocheur. Nous avons là une revue de tous les types de chants brutaux possibles et imaginables. D’un point de vu compositionnel, chaque titre possède son petit truc qui rend l’album stimulant dans sa globalité. Avec les nombreux breaks, relances, changements de tempos, variations, le groupe créé régulièrement la surprise, sans sombrer pour autant dans la démesure ou le hors-sujet. Techniquement, ces Hollandais sont au top, rien ne dépasse, les riffs sont tirés au cordeau et le climat général respecte cette dystopie sonore propre au genre.

Distant s’en sort brillamment et pose une nouvelle pierre à l’édifice du deathcore. Pendant un poil plus de 35 minutes, vous allez subir un véritable tourbillon de fréquences sombres et négatives. Le noob risque peut-être de trouver le disque un poil monotone sur la longueur, mais pour tous ceux qui cherchent un bon album, bien brutal et puissant, Distant a mis ce qu’il faut au menu dans ce premier full-length, allez jeter une oreille et un oeil sur le clip de "Zeroten" afin de vous faire une idée de ce que Distant a dans les tripes !


Trrha'l
Juillet 2019


Conclusion
Le site officiel : www.distantofficial.com