Le groupe
Biographie :

Earth Ship est un groupe allemand lancé en 2010 par le batteur de The Ocean, Jan Oberg, qui endosse ici le rôle de guitariste / chanteur. Le quatuor a signé chez Pelagic Records et définit son style comme doom, metal et prog’n’roll. Le groupe sort "Exit Eden" en 2011 et est embarqué avec The Ocean, Red Fang et Intronaut dans une tournée européenne (Friction Tour). En 2012, le groupe assure à nouveau une tournée en Europe aux côtés de ses amis de Coilguns et enregistre un second album, "Iron Chest". En 2014 et Earth Ship, après quatre années d’existence, nous propose "Withered", son troisième album. "Hollowed" sort en Juin 2016 chez Napalm Records. "Resonant Sun" sort chez Pelagic Records en Octobre 2018.

Discographie :

2011 : "Exit Eden"
2012 : "Iron Chest"
2014 : "Withered"
2016 : "Hollowed"
2018 : "Resonant Sun"


Les chroniques


"Resonant Sun"
Note : 16/20

Ne connaissant pas du tout ce groupe, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, et c'est dans de tels cas que l'on a des surprises. Ce fut en effet le cas pour Earth Ship et ce cinquième opus, "Resonant Sun". Loin d'être un énième groupe lambda de stoner rock, Earth Ship nous propose d'autres choses avec pas mal de dextérité. Ainsi, on a un album ultra varié car chacun des dix morceaux est différent des autres tout en restant plus que cohérent.

Le trio nous présente donc "Crimson Eyes" qui est totalement rock'n'roll un peu old school, ou l'étonnant mais revigorant "Whiplash" qui mélange des inspirations plus punk avec de l'oriental et de la double ! Et ils ne s'arrêtent pas là et nous surprennent tout au long de l'écoute avec d'autres titres comme "Resonant Sun" qui a un côté très moderne avec ce petit goût de cold wave, ce qui en fait un morceau plus qu'intéressant. "Dormant" l'est aussi avec ce magma de musique hippie, mélangé avec du sludge et avec des passages tellement groovy ! Tout comme "Swoon" qui est un titre bonus, il nous offre un beau moment bluesy tout en étant très pesant et sombre, ou encore "Children Of The Revolution" qui est plus planant avec du groove. "River Of Salt" fait dans le gros doom / stoner bien lourd et captivant, alors que "A Handful Of Flies" se veut bien plus léger et relaxant, dans une simplicité qui fonctionne et qui en fait un titre cool. "Barren" n'est pas non plus prise de tête tout en etant particulièrement réussi avec un esprit 70's et psyché, un peu dans le style de "Smoke Filled Sky" qui est plus ralenti et bien enfumé.

Vous l'aurez compris, chaque titre nous amène dans un monde unique et le chant y est également pour quelque chose. En effet, le chanteur Jan Oberg a une belle palette allant de la voix de vieux rockeur écorché au jeune homme hippie nous venant d'un passé peace & love, ou bien encore une espèce de voix gutturale à la Dopethrone. Toute cette recherche et cette variété d'élements rendent cet opus vivant, pein d'originalité et de fraîcheur, tout en restant cohérent du début à la fin. C'est une écoute sans grande prétention qui ne révolutionnera pas la musique mais qui fait un grand bien !


Nymphadora
Octobre 2018




"Hollowed"
Note : 18/20

Il y a eu une faille spatio-temporelle, je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais il va falloir que j’en touche deux mots au Doc’. Après avoir pondu un papelard sur l’album sorti cette année l’année dernière, voilà que le Rédac’ me demande de rédiger quelques lignes sur l’album "Hollowed" sorti en 2016. Après vérification, il s’avère qu’en effet il n’y avait rien eu sur cet opus et pis bon si le chef le demande… Enfin bref, tout sera bientôt rentré dans l’ordre.

Comme d’habitude, l’artwork est très soigné dans un style qui leur est propre. Chaque pochette d’album est une oeuvre à part entière qui renforce l’identité du groupe. Comme d’habitude, Earth Ship nous offre un opus complet et riche en quantité (nombre de morceaux et durée de la galette) et en qualité avec un enregistrement toujours ultra léché et une diversité musicale qui rafraichit les oreilles. Comme d’habitude, le groove de leurs compositions se mêlent harmonieusement aux dissonances utilisées. Earth Ship est une véritable montagne sonore au sommet de laquelle se trouve le temple du métal et du groove. C’est un peu comme si je re-découvrais le metal et ses sensations si particulières de puissance et de subtilité. Bordel, j’ai des papillons dans le ventre comme si c’était la première fois que j’utilisais un plug anal. Comme d’habitude, les cordes vocales vibrent incroyablement juste par dessus tout ce remue-ménage. Comme d’habitude, je vais leur mettre une excellente note parce qu’à chaque fois le groupe nous offre des frissons en galette et, à chaque fois, sait nuancer ses compositions pour continuer à la fois à plaire et à surprendre.

Comme d’habitude je vais impatiemment attendre le prochain album ! Ah ben non, je le connais déjà… Earth Ship fait partie de ces groupes que j’aimerais revoir en concert avec leur son monstrueux, leur ambiance hypnotisante et surtout dans une petite salle ou dans la cave d’un rade, là où l’atmosphère unique remplace toutes les grandes salles de spectacle.


Kévin
Juillet 2019






"Withered"
Note : 18,5/20

Après les chroniques de leurs deux premiers albums et un live report, aborder un nouvel opus de Earth Ship se fait avec la conviction de tomber en terrain connu. Avec des notes de 17 et 18 sur leur premier puis second opus, les Allemands ont tout intérêt à avoir fourni un effort notable pour continuer sur cette lancée et décrocher un potentiel 19.

Commençons par l’artwork sur lequel on peut admirer un gros travail tant dans l’inspiration que dans la réalisation. D’ailleurs, le côté abrasif se retrouve dans "Sanguine" qui ouvre l’opus. Une nouvelle fois, Earth Ship n’entame pas son album par ce qu’il y a de plus accrocheur, c’est extrêmement lourd, les notes sonnent longtemps et donnent une sensation de flottement. Heureusement, comme d’habitude, la barre est relevée dès "Serpent Cult". Je retrouve ici ce qui fait la force et le charme de cette formation, à savoir des riffs ultra-puissants soutenus par des hurlements qui arracheraient n’importe quelles cordes vocales normalement constituées. Sur cet effort, Earth Ship navigue comme ça d’un gros metal dynamique qui nous déchausse les dents ("Emerald Blades", "Withered") à des parties beaucoup plus pesantes, mélancoliques et marécageuses à l’image de "The Garden", "Larment Of Torment" et "Veil Of Gloom".

Earth Ship, au-delà de nous proposer ce qu’ils maîtrisent déjà à la perfection, n’est pas avare de surprises et nous propose également un chant clair parfaitement lié à l’univers du groupe sur "Dead Faint" ou un titre hors-norme intitulé "Adrift" au riff tapageur et à la voix hurlée-chantée particulièrement réussie. "Throne Of Bones"» rentre également dans cette série de titres moins agressifs mais tout aussi séduisants où des mélodies inspirées viennent tenir la main aux guitares durement chatoyantes. Dernière surprise et non des moindres, le titre "Withered", qui ferme l’album, se manifeste par des notes de piano savoureuses avant de se déchaîner comme une tempête sur un havre de paix.

Concernant la production, elle est sans surprise, c’est-à-dire parfaite, léchée, puissante, naturelle. Earth Ship, quatre musiciens talentueux, quatre ans d’existence, trois albums, de multiples concerts, zéro fausse note. Pour l’instant, le chemin des Allemands est irréprochable, encore une fois ils ont su nous surprendre et apporter de la "fraîcheur" à leur musique en restant fidèles à eux-mêmes et à ce qu’ils dégagent. Un groupe dont chaque sortie devrait être aussi attendue si ce n’est plus qu’un certain téléphone qui, lui, réinvente la roue tous les ans.


Kévin
Septembre 2014




"Iron Chest"
Note : 18/20

En 2011 déjà, le groupe, bien que récemment créé et armé d’un seul album, m’avait foutu une sacrée raclée. Deux ans plus tard le groupe nous revient avec un artwork sympathique, nous offriraient-ils la clé du bonheur auditif ?

Pour le coup, Earth Ship nous enfonce un peu trop vite la clé dans la serrure, mais après tout c’est une question de goût, il y en a pour qui les préliminaires reste un artifice. Avec "Old Widow’s Gloom", on replonge instantanément le nez dans la marmite doom et hardcore qui nous a fait tomber dans l’univers du groupe un ans auparavant. Pourtant, dès "Athena" - et on retrouvera ça plus loin avec "Boundless Void" et "Silver Decay" - on sent un nouveau paysage se dessiner, ou plutôt, celui qu’on connaissait s’affine. Le mercure monte plus lentement, même s’il la température atteint rapidement des sommets écrasants. Le groove s’en donne à cœur joie, dansant avec une voix devenue plus nuancée. On sent également un arrière goût de rock’n’roll, sur le titre éponyme par exemple, et c’est tout simplement savoureux. L’album entier d’ailleurs est caractérisé par une créativité saisissante ("Brimstone"). Le groupe ne perd pourtant rien de son identité musicale et nous a concocté du très lourd également avec "Eyes In The Night" et "Catharsis". Ca martèle tellement bien et avec un son tellement puissant et naturel que j’imagine jouissif d’écouter ce skeud sur un mur de son comme on en voit dans le milieu techno. On se régale une dernière fois avec le magnifique "Shattered" puis, on se prend deux trois coups de clés en fer grosse comme ma main, la serrure est verrouillée, le disque stoppé, j’ai le sourire satisfait.

Le metal de Earth Ship est sans faille, puissant, entraînant, dansant, et par-dessus tout, inspiré. Le groupe nous avait piqué d’entrée de jeu avec "Exit Eden" qui était un très beau coup pour un premier pion posé. Avec "Iron Chest", on nous confirme qu’on a eu raison de se laisser embarquer. Le groupe ne déçoit sur aucun point. À conserver précieusement non loin de la platine.


Kévin
Septembre 2013




"Exit Eden"
Note : 17/20

L’artwork de ce "Exit Eden" est raffiné, plutôt intriguant et ne laisse en rien présager ce qui va se passer. Le son est consistant, net et lourd mais sans abus ce qui permet de préserver toute la puissance des compositions. Le ton est donné avec "Sea Of Peril" où les riffs aussi variés qu’ingénieux devraient transformer votre bouche en banane géante !

Très bon morceau aussi que "Fever Bitch", très constant, il martèle inlassablement une puissance de "colosse". Davantage de mélancolie, d’émotion, se dégage de "A Line Dividers" sans jamais abandonner la puissance qui constitue une des forces de ce groupe. Il y a entre autres un gros travail d’effectuer sur le chant ainsi que des mélodies très typées post-core. Le riff qui débute "Born With A Blister" est tout simplement jouissif (oui ! oui !). Une alternance de hardcore à fort caractère et de sonorités inhabituelles largement réussie. Sur "Bleak" le quatuor nous démontre une fois de plus sa capacité à créer des riffs accrocheurs et fluide, bref tout pour plaire. Dans le même esprit "A Feast For Vultures" continue de nous démontrer ce qui n’est plus à démontrer avec toujours ces subtiles sonorités qui font toute a différence. Changement de rythme sur "Soul Embedded", plus rapide, moins lourd mais tout aussi plaisant. Puis "Exit Eden" rétablit l’ordre. La surprise n’est plus là mais c’est toujours bon, c’est du Earth Ship ! Je ne vais donc pas vous faire la liste des morceaux sur lesquels s’attarder mais plutôt celle des morceaux un peu en deçà du reste car elle sera plus courte ! On peut donc parler de "Caught In A Storm" qui offre une entrée en matière pas plus appétissante que ça. Dommage. Néanmoins on y découvre pour la première fois le chant volumineux et intense avec enthousiasme. On peut aussi évoquer "Grace", titre acoustique fondamentalement bon mais un peu long et redondant. Un titre qui a au moins le mérite de jouer la fonction de trou Normand (ça fait digérer ce qu’on vient de manger pour en remanger autant derrière !).

Voilà un groupe qui ne devrait pas mettre très longtemps à obtenir sa légitimité sur la scène européenne. Une créativité débordante alliée à une maîtrise totale du sujet, le tout reposant sur des musiciens qui dominent parfaitement leurs instruments. Cessez de lire cette chronique, haussez le son de vos hauts parleurs et allez écouter cet album.


Kévin
Mars 2011


Conclusion
Le site officiel : www.wearetheearthship.com