Le groupe
Biographie :

Estwood est un groupe de grindcore / powerviolence originaire d'Allemagne et de France, débuté en 2012. Estwood sort son premier album, "Antibiose", en Juillet 2021 chez Lixivat Records, No Time Records, Abekeit Records, Hackebeil Records et Coxinha Records.

Discographie :

2021 : "Antibiose"


La chronique


Ah ben mince alors, vu le nom du groupe et le titre de l’album, sans consulter mes fiches, je n’aurais jamais pensé à ça. C’est que nos amis de chez Eastwood ne font pas dans la dentelle et lorsque j’ai tapé Eastwood sur l’Encyclopedia Metallum (qui ne fait pas ça de nos jours ?), le seul groupe sur lequel je suis tombé est une formation russe qui porte l’étiquette post-metal. Le "post-metal", c’est loin du son qui me parvient aux oreilles avec "Antibiose", parce que le raz-de-marée que je me prends en pleine cabine, c’est du pur grindcore des familles ! Alors oui, maintenant avec le recul (et grâce à quelques lectures), j’ai appris qu’Eastwood s’appelle Eastwood en hommage à Clint, et parce qu’il existe déjà des groupes de grind qui ont pris comme blase le nom d’un vieil acteur américain (Charles Bronson ou encore Henry Fonda), du coup, une hype est en train de se lancer, et j’aurai le plaisir peut-être de chroniquer un jour un groupe au doux sobriquet de Patrick Duffy, qui sait… Bref, Eastwood commence doucement son chemin discographique et comme tout bon groupe de grind qui se respecte, privilégie le DIY pour propager sa bonne parole. Après deux splits, avec Captain Caveman puis Entendeu?, une démo et la participation à plusieurs compils, voici le véritable premier full length, "Antibiose", une faciale sonore en mode big bukkake de 20 minutes !

Si vous êtes familiers avec Rotten Sound, Captain Cleanoff, Magrudergrind et ce genre de scène grind, là, vous êtes logés à la bonne adresse car "Antibiose" va toucher votre corde sensible comme jamais. En effet, dès le début, ça aligne, ça démonte, ça vous roule dessus avec un plaisir sadique, bref, les masochistes du canal auditif en auront pour leur argent. Eastwood possède toutes les bonnes recettes du grind, des riffs punkisants virulents, des mid-tempos qui torpillent, des accélérations tonitruantes, en 17 titres la messe est dite. On pourrait conclure cette chronique dès lors, mais ce serait faillir à mon devoir que de ne pas approfondir ou étayer mon propos, car il y a un truc chez Eastwood qui manque à pas mal de formations grindcore, c’est l’accent mis sur les compositions. En effet, "Antibiose" n’est pas qu’un 100% pur jus de riffaille survitaminé, enfin, si, mais c’est aussi un disque extrêmement bien pensé ! De ce fait, le fan ultime de grindcore y trouvera son compte et ne verra pas le temps passer, écrasé sous le poids de la surcharge riffale. Cependant, celui qui en attend un peu plus à de quoi faire parce qu’Eastwood enthousiaste par sa capacité à injecter divers éléments sans dénaturer la recette.

Pour un disque apparemment enregistré dans deux pays et pas moins de six villes, du moins c’est ce que raconte la légende, le résultat n’en est pas pour autant moins concis et homogène. L’album est d’une cohérence incontestable, impossible de dire le contraire. De plus, paradoxalement, les morceaux arrivent à créer de la variété. Les furieux grindeux sont capables de vous pondre par exemple, en 59 secondes, un titre pensé comme un track de 4 minutes, avec pour microstructures un semblant de couplet, de refrain, etc. "Anthropozentrische Kackscheisse" en est le parfait exemple, avec son intro en mitraillage saccadé, son pseudo couplet qui dépasse des records de vitesse, son simili refrain ultra viril, avec des poils partout et des muscles. Ceci dit, on peut établir le même constat sur tous les morceaux de cet album, ils sont tous globalement hyper bien structurés. Ajoutons à cela un niveau technique plus que respectable, notamment en ce qui concerne le drumming, qui ne souffre d’aucune faiblesse, mais également le chant, ultra vénère, qui peut prendre toutes les intonations typiques dans le grindcore, que ce soit dans les hurlements stridants ou les beugleries hardcore ou les grattes et la basse qui infligent un calvaire délicieux à nos pauvres oreilles chastes, bref, on est face, dans le cadre strict du genre grindcore, à un véritable chef d’œuvre.

Que dire de plus, Eastwood est un groupe encore peu médiatisé, même assez discret dans son milieu de prédilection, mais qui poutre sévère ! Il mérite largement plus de reconnaissance afin que sa bonne parole soit entendue dans le milieu des teigneux et des straight edge revêches. Plus nuancé que Rotten Sound, largement moins basique qu’un Sylvester Staline, assez entreprenant pour ne pas sombrer dans la facilité, le Dieu des décibels a pointé le doigt sur ce groupe en clamant haut et fort : "Mon fils, tu es désormais mon digne représentant sur terre". Eastwood permet au style grindcore d’adopter une posture inédite sans pour autant dénaturer ses fondements, et ose, là où d’autres formations restent ancrées dans un traditionalisme, certes plaisant, mais parfois un peu trop redondant. Si vous êtes fans de grindcore, pas de deathgrind hein, rien à voir vous l’savez ? Foncez, c’est le disque de grind à posséder !!!


Trrha'l
Décembre 2021


Conclusion
Note : 19,5/20

Le site officiel : www.facebook.com/eastwoodgrind