"Inferna Kabbalah"
Note : 17/20
Ectoplasma fête ses dix ans avec un quatrième album. Créé en Grèce en 2012, le groupe
composé de Giannis Grim (basse / chant, Vultur, Chaos Heresy, ex-Humanity Zero…) et
Dimon's Night (batterie / guitare, Humanity Zero, Gospel, Feeble, Inhibitions…) nous
propose "Inferna Kabbalah" pour débuter l’année.
Le groupe commence avec l’horrifique "God Is Dead, Satan Lives (Rosemary's Baby)", un titre
de pur death metal gras et morbide. Les riffs sont accrocheurs au possible et proposent des
harmoniques sanglantes pour accompagner cette voix putride, tout comme la pesante
"Appalling Abomination" qui nous dévoile une lenteur martiale avant de revenir dans un
déferlement de violence. Les leads hypnotiques créent un contraste avec l’agressivité
évidente, puis "My Medieval Urges Materialized" accentue la puissance de frappe avec des
patterns très old school. Le blast se mêle à la puissance brute mais également à des
influences death / doom cadavériques et des harmoniques entêtantes avant qu’"Infestation Of
Atrocious Hunger" ne vienne étaler ses riffs épais.
Le groupe intègre des éléments
accrocheurs et des leads fantomatiques à cette base puissante et parfois épique, tout
comme la mystique "Inferna Kabbalah" et ses tonalités envoûtantes. Le titre reste assez
massif et emprunte toujours à ces influences grasses et sombres qui créent une tornade de
morbidité qui donnera naissance à la groovy "Gruesome Sacred Orgasms". Le tempo est
légèrement plus lent, et il permet à ces leads accrocheurs de s’intégrer à merveille dans la
rage brute des musiciens, mais "Filth-Ridden Flesh" fait de nouveau appel à des riffs
effrayants. Le titre reste très efficace et ancré dans les sonorités les plus putrides, surtout
lors des accélérations et des parties groovy, puis "Desecration Of The Christian Existence"
viendra clore l’album avec des tonalités lancinantes qui vous feront à coup sûr remuer la tête
pour accompagner le blasphème.
La recette d’Ectoplasma est forgée dans le death metal le plus old school. Avec "Inferna
Kabbalah", le groupe exploite à la perfection une base agressive et lourde, qu’il
agrémente avec des éléments effrayants, des leads fantomatiques et cette énergie
putride.
"White-Eyed Trance"
Note : 15/20
Depuis les tréfonds de la Grèce, Ectoplasma sort son troisième album. Créé en 2012, le
groupe a rapidement compté dans ses rangs Dion K. Alastor, George Wolf (guitares), et
Giannis Grim (basse / chant). Il faudra attendre 2016 pour voir l’arrivée d’un batteur titulaire,
mais celui-ci laisse sa place après un premier album à Maelstrom (batterie, Thou Art Lord
entre autres). Le groupe enregistre un deuxième album dans une veine death metal old
school puis nous offre finalement "White-Eyed Trance" pour Halloween 2019. Tenez-vous
prêts.
On commence avec "Eviscerated In The Howling Winds" qui suinte déjà la graisse auditive
après quelques croassements de corbeaux. Le death metal putride des Grecs prend forme
et les riffs sonnent comme aux débuts du style, avec la qualité d’un mix plus moderne en
prime. Laissant une place importante à la basse, le groupe s’oriente vers quelques touches
doom / death, et intégrant un chant caverneux. Le tempo accélère légèrement pour
"Psychomanteum Immolation" et son blast ravageur, qui donne lieu à des hochements de tête
naturels. La rythmique est efficace, et on se retrouve projetés dans un univers horrifique qui
continue grâce à "White-Eyed Trance: Choronzonic Covenant". L’introduction plus douce et
éthérée grâce au lead permet aux Grecs de retenir notre attention de nous assommer avec
un rouleau de double pédale et des riffs motivants.
Avec ces murmures inquiétants en guise d’introduction, "The Oak Spewed Foul Whispers"
intrigue, et nous absorbe finalement. Les guitares se complètent à merveille sur une
rythmique lourde et qui n’offre aucun moment de répit, alors que les musiciens nous
démontrent leur efficacité, mais c’est "Ghostly Emanations In The Mortuary" qui offre une petite
échappée vers des influences thrash. En effet, le son tranchant des guitares dévoile de
nouvelles influences complémentaires au combo, et leur permet d’atteindre un public plus
large, tout en restant sur des bases death metal. C’est après un sample qui scande un nom
impie que la basse débute "Alucarda, The Daughter Of Darkness". Un autre morceau très
efficace composé de riffs gras, qui séduira inévitablement les amateurs de death metal, old
school ou non.
"White-Eyed Trance: Ensnared In Devilry" et son introduction au son clair nous apporte
finalement une rythmique massive, sous des frappes martiales et un chant tout aussi gras
qu’à l’accoutumée. Le combo manie ses armes avec dextérité, et c’est un peu (trop ?)
rapidement que nous arrivons sur "Skeletal Lifeforms". On retrouve à nouveau les influences
thrash rapides et les harmoniques acérées des Grecs, qui semblent définitivement motivés
à nous faire remuer le crâne jusqu’à la dernière minute. Mais la rythmique entraînante laisse
place au dernier morceau, "Souls Of Sacrifice". Une reprise de Devastation, une formation
américaine de death metal pur jus dont la carrière s’est arrêtée il y a une dizaine d’années.
Pourtant vieux de près de trente ans, ce titre est toujours aussi efficace, et la touche des
Grecs lui donne une seconde jeunesse.
Alors que le style dans lequel évolue Ectoplasma a déjà dépassé la trentaine, l’énergie du
groupe lui permet de perdurer. Si "White-Eyed Trance" suit à la lettre les codes du genre, il le
fait bien, et permettra aux amateurs de profiter encore longtemps de riffs puissants.
"Cavern Of Foul Unbeings"
Note : 16/20
Si, à la base, le metal a été créé pour être une “musique qui fait peur”, certains groupes s’en
sont totalement éloignés, mais pas Ectoplasma. Créé en Grèce en 2013, le groupe peine à
se lancer avec une simple démo en 2014, mais qui marque leur engagement prononcé dans
un death old school bien gras et qui sent littéralement la mort. Depuis les débuts, le groupe
est composé de Dion K. Alastor (guitare lead, également dans Vultur), George Wolf
(guitare rythmique, jouant aussi avec Dismal Chant , Vultur) et Giannis Grim (basse / chant,
Humanity Zero), et si un premier batteur les a aidés à enregistrer leur premier album, c’est
maintenant Maelstrom (Dephosphorus, Thou Art Lord) qui frappe les fûts derrière ces
rythmiques horrifiques, et qui a enregistré "Cavern Of Foul Unbeings", leur second album. Ne
prenez pas peur avec la pochette…
"Amorphous Atrocity", l’introduction de l’album, vous mettra directement dans l’ambiance.
Entre le vent lugubre, les cris de banshees et autres âmes damnées, impossible de ne pas
être terrifié jusqu’à ce qu’arrive "Entanced In Blood". Un death metal gras et sans
concession nous saute dessus sans crier gare, et le blast beat ne s’arrêtera que lors du
break plus atmosphérique, mais qui reste effrayant. La voix de Giannis reviendra en force
sur "Mortified And Despised", un titre plus lent et qui emprunterait presque au doom / death son
côté lancinant, mais la guitare lead hypnotique nous laisse nous évader de cette rythmique
massive.
Après un court sample, "Seized In Cimmerian Darkness" propose une rythmique nourrie aux
harmoniques avec quelques inspirations black très sales, mais bien old school comme on
les aime, et ce n’est pas le duo de guitares qui prouvera le contraire. Le groupe continue
avec "Cavern Of Foul Unbeings", le titre éponyme, qui s’introduit par un son de cloche avant
de dévoiler des riffs massifs à souhait. Une fois encore, les harmoniques tranchantes et la
basse vrombissante permet aux Grecs de distiller leur son sur la longueur, avec quelques
choeurs impies. Sur la fin, c’est une rythmique plus éthérée qui prend le pas, avant de
laisser place à "Primeval Haunting". "It’s him", nous prévient une voix avant de lancer la
composition au son rocailleux. La voix de Giannis, toujours aussi brute, nous accompagne
tout au long de ce massacre, jusqu’à la fin qui joue beaucoup plus sur les harmoniques.
"Reanimated In Trioxin" abuse, peut-être un peu trop, des pauses et grands coups
d’harmoniques dans sa rythmique, mais le titre reste entraînant, bien qu’un peu trop thrash
par moments pour moi.
On reprend avec "The Unspeakable One" et la dérangeante impression que les riffs vont
exploser d’un moment à l’autre, mais c’est le solo qui réhaussera littéralement le
mouvement. "GhoulSpawn" repart fort avec une rythmique puissante et qui joue autant sur
une basse imposante que sur une guitare lead endiablée pour convaincre, alors que
"Disembodied Voices" s’annonce plus vers le doom / death que le groupe nous présentait au
début. Enfin, le groupe décide de clore son album avec "The Immortals", une cover du groupe
suédois Unleashed, qu’ils ont magnifiquement adaptée à leur univers, tout en conservant
celui des Suédois. Une réelle prouesse, quand on sait à quel point leurs deux univers sont
forts !
Ectoplasma m’était totalement inconnu, et j’ai cru devoir écouter un autre de ces jeunes
groupes qui fait du old school pour la frime, mais j’avoue m’être totalement planté. Les
Grecs maîtrisent réellement leur style et se permettent d’ajouter des touches black, thrash
et doom lorsqu’il le faut.
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