"We Salute You, You And You!"
Note : 19/20
Oh que ça me va bien ce soir cette ambiance. Les notes des deux premières pistes me conditionnent. "Hymn Of…" en troisième position amène directement quelque chose de plus profond, de plus mélancolique. Ou peut-être que mon esprit est désormais disponible pour recevoir la musique qui émanent des enceintes. Prêt à les transformer en émotions…
On sent que le groupe possède le gène de la musique instrumentale, mais tout de même, il sait utiliser le chant de la plus juste des manières, allant jusqu’à hurler, le quart d’heure passé. On retrouve souvent, dans le générique style nommé post-hardcore, des aides à la mélancolie. Ici, on retrouvera notamment des cordes de piano lancinantes et des cuivres au râle plaintif.
Quelques minutes plus tard, ça ne va plus. J’aime ces musiques, elles sont belles et majestueuses mais, la mélancolie qui s’en dégage me touche profondément et me donne envie de chialer. Je pense à ma vie, à la mort, aux gens que j’aime, à ceux que je ne vois plus, à ceux disparu à jamais, à ceux que je ne veux pas voir disparaître. L’art c’est avant tout des émotions. Ca ne se maîtrise pas d’être sensible à une peinture, un film, une poésie. Comme moi, peut-être seras-tu sensible à EF.
L’écrin de cet album laissait déjà présager l’ambiance du contenu. Artwork qui se prête bien à l’exercice du vinyle. Il pourra trôner fièrement en facing devant ta collection de disques. Le grain doit aussi parfaitement s’accorder à l’ambiance créée par les Suédois. C’est un sans-faute pour EF qui revient cette année plus beau, profond et introspectif que jamais.
"Delusions Of Grandeur"
Note : 19/20
Malgré les dix années d'existence de EF, c'est pour moi une découverte. Quelques peu méfiant vis à vis de l'étiquette post-rock qu'on colle aujourd'hui sur n'importe quel groupe, je contemple l'artwork. Bien que sublime, il ne m'offre aucun repère sur le contenu et ne me paraîtra que peu significatif une fois l'écoute achevée. Bordel que peuvent nous faire découvrir les Suédois en trois titres ? A ma grande surprise nous avons ici un objet, que dis-je, une oeuvre, bien loin du caractère de ses confrères signés chez Pelagic au tempérament beaucoup plus, comment dire... ravageur ? Ici, ce n'est pas de la musique, c'est de la poésie musicale. Clairement tu ne metteras pas "Delusions Of Grandeur" dans ta platine pour assurer le fond sonore pendant que tu fais la vaisselle. Ca serait gacher. Un peu comme si tu allais au MacDo pour t'enfiler une salade tu comprends ? EF travaille sur la perception, les sens, le cerveau en général et s'apprécie en observation. Poste-toi à ta fenêtre, à la terrasse d'un café, sur le quai d'une gare, pose ton casque sur tes oreilles et regarde. Qui sont ces gens ? Que font-ils ? Où vont-ils ? Pourquoi cette gonz' pleure ? Après quoi courent-ils tous ? Sont-ils heureux ? Quand vont-ils mourir ? Comment ? On s'en contrefout... et pourtant... de là où nous sommes et pendant ces trentes petites minutes le temps s'est suspendu pour nous, ce qui nous laisse tout le loisir de le perdre à penser à toutes ces choses... Clairement, "Delusions Of Grandeur" est un album magistral mais ne l'écoutez pas. Vivez-le.
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