Le groupe
Biographie :

Eldritch est un groupe de metal formé en 1991 en Italie autour du chanteur d'origine américaine Terence Holler et du guitariste italien Eugene Simone qui, de cette date jusqu'à 2022, sont restés les seuls membres constants au gré des multiples changements de personnel que la formation a connus. Son nom est inspiré du morceau The Eldritch de Watchtower et on peut le traduire par "étrange" ou "surnaturel". La musique proposée par le groupe a été en constante évolution, des orientations progressives du début au son plus thrash de l'album "Blackenday" (2007).

Discographie :

1995 : "Seeds Of Rage"
1997 : "Headquake"
1998 : "El Niño"
2001 : "Reverse"
2003 : "Portrait Of The Abyss Within"
2005 : "Neighbourhell"
2007 : "Blackenday"
2011 : "Gaia's Legacy"
2014 : "Tasting The Tears"
2015 : "Underlying Issues"
2018 : "Cracksleep"
2021 : "Eos"
2023 : "Innervoid"


Les chroniques


"Innervoid"
Note : 16/20

"Innervoid", treizième album (!) du groupe italien Eldritch, marque un nouveau chapitre pour celui-ci, avec le départ de leur chanteur des premiers instants, Terence Holler. Eldritch est de ces groupes dont le chanteur s’avérait un instrument à part entière. Holler ajoutait une touche unique au metal progressif du groupe. Qu'en est-il donc de cette nouvelle mouture du groupe ?

Les premières notes, marquées à nouveau par les sonorités orginiales d’Olef Smirnoff aux claviers, nous mènent en terrain connu immédiatement. Les guitares sont graves et nerveuses, gracieuseté à nouveau de l’excellent Eugene Simone, qui signe également l’enregistrement et la production de l’album (mixé et masterisé par le plurisdisciplaire Simone Mularoni (DGM)), le tout livré dans des riffs effrénés au tempo étourdissant. La production est excellente, avec une belle profondeur, avec ce son unique Eldritch, un peu futuriste. Donc, suite à cette longue prémisse, qu'en est-il donc d’Alex Jarusso, qui a l’ingrate tâche de remplacer Terence Holler ? Je crois personnellement qu’il est un excellent choix. Sa voix, certes moins "égratignée" que celle d’Holler demeure puissante et mélodique, capable de livrer des mélodies fortes.

Eldritch avait marqué un changement radical sur "Reverse", proposant un son industriel proche du nu metal. Cela en avait déstabilisé plus d’un et le groupe était peu à peu revenu à ses racines avec les albums subséquents. Le groupe revisite ces influences nu et electro dans certains morceaux de l’album. Rien de traumatisant, en fait, même si ce n’est pas le côté du groupe que je préfère, cela ajoute à la complexité du son de la formation, ce qui est tout à leur honneur.

Je mentionnais en début de chronique qu’Eldritch était de ces groupes identifiables à leur chanteur unique en leur genre. C’est vrai, mais l’arrivée de Jarusso au sein du groupe est moins dépaysante que je ne l’avais cru, tant la musique d’Eltritch est également reconnaissable, de par ses arrangements notamment. Le départ d’Holler sera regretté par plusieurs, moi y compris, mais n’entache en rien le futur reluisant d’Eldritch.


Mathieu
Décembre 2023




"Eos"
Note : 16/20

Eldritch est de ces excellentes formations qui perdurent dans le temps sans jamais recevoir la vraie reconnaissance qui leur est due. Sortant de l’habituel carcan du power metal italien, la bande à Eugene Simone roule sa bosse depuis maintenant 1991.

Mon album fétiche du groupe demeure sans conteste "El Niño". Par la suite, les albums subséquents, sans être mauvais, me donnaient toujours l’impression d’être inférieurs à cette apothéose. Est-ce que "Eos" serait enfin le retour en bonne et due forme que j’attendais depuis 1998, 12 albums studio plus tard ?

Si l’on se base uniquement sur le premier extrait, "Cry Of A Nation", je serais tenté de répondre par l’affirmative. En effet, tout de ce que j’aime d’Eldtrich s'y retrouve, à commencer par les magistrales lignes mélodiques de Terrence Holler. Ce chanteur unique, reconnaissable entre tous, fait partie de mon top 5 des meilleurs du prog. Ajoutez à cela le travail impeccable d’Eugene Simone et Rudj Gianneschi aux guitares, ainsi que la section rythmique déjantée de Dario Lastrucci (basse) et Raffahell Dridge (batterie), sans oublier le grand retour de nul autre qu’Oleg Smirnoff aux claviers. S’ensuit donc dans cette pièce des changements de rythmique recherchées, des arrangements complexes et les toujours surprenants effets de claviers de Smirnoff, et nous n’en sommes qu’au deuxième morceau !"Circles", quant à lui, revient à la période post-"El Niño", un hybride entre l’ensemble de l’œuvre du groupe et le côté plus thrash de "Reverse", album excentrique sorti en 2001. Et comme je me plains souvent du manque d’originalité pour plusieurs groupes, disons seulement qu’Eldritch fait un solide effort pour insuffler de la variété dans sa musique comme avec l’intrigante et anxiogène "Sunken Dreams" du haut de ses 11 minutes.

Cela demeure tout de même un album en dents de scie, certains passages tombant un peu plus à plat dans le metal prog / mélodique générique, mais le tout est chaque fois sauvé par la voix de Holler. Dans l’ensemble je suis plus qu’heureux de ce "Eos" et j’espère que le groupe poursuivra sur cette lancée.


Mathieu
Janvier 2022




"Cracksleep"
Note : 16/20

Depuis 1995, la formation de metal progressif italienne roule sa bosse, bon an mal an, évoluant dans un style qui lui est propre, malgré un petit "crochet" dans le monde du thrash avec "Reverse" en 2001, suite à l’album que je considère comme le meilleur d’Eldritch, soit l’excellent "El Nino".

Deux choses frappent l’auditeur lorsqu’il s’agit de cette solide formation. Tout d’abord la guitare d’Eugene Simone, puissante, savant mélange de modernité et d’une approche "downtuned" proche du metalcore. S’ensuit la voix de Terence Holler, à mon humble opinion, unique, inimitable et qui gagne à être apprivoisée. Et mentionnons au passage aucun accent notable chez Holler, ce qui est une bonne nouvelle lorsque l’on a affaire à des groupes metal italien (demandez donc à Fabio Leone ce qu’est un accent !).

Pour quiconque auraient dormi sous une roche les 23 dernières années, sachez qu’Eldritch est le secret le mieux gardé d’Italie, voire même d’Europe, lorsqu’il s'agit de metal progressif. Le groupe ne fait aucun compromis, fait à sa tête et n’hésite jamais à explorer et incorporer des influences desquelles le prog est souvent frileux, comme la malicieuse "Aberration Of Nature" qui n’est pas sans rappeler le côté plus sombre que l’on trouvait sur "Awaken" de Dream Theater notamment. Les amateurs les plus aventureux saisiront la référence ici. Eldritch parvient à incorporer les claviers dans sa musique de manière subtile, à la manière d’Angel Dust. L’album "Enlighten The Darkness" en étant le parfait exemple, jouant sur les atmosphères, créant des tableaux raffinés, tout en finesse, sans lésiner sur l’efficacité du rendu, plutôt que d’écraser le tout avec des sonorités digitales sans saveur.

Produit par Simone Mularoni (guitariste de DGM – un autre joyaux méconnu du metal progressif italien), le groupe a su trouver le parfait équilibre entre un son moderne et une approche claire et aérée, permettant ainsi de mettre en lumière l’ensemble des influences du groupe, d’hier à aujourd’hui, démontrant ici plus de 11 années de savoir-faire.


Mathieu
Juin 2018




"Underlying Issues"
Note : 14/20

2015 marque vingt ans de carrière pour Eldritch, qui en 1995 marquait la scène metal progressive avec l’album "Seeds Of Rage". Si l’album "Reverse" avait marqué un changement drastique pour le groupe passant d’un son progressif à une approche beaucoup plus "thrash", le retour d’Oleg Smirnoff, claviériste du tout début, démontrait la volonté d’Eldritch de revenir aux sources. Bref, sautons neuf albums plus tard et arrêtons-nous en 2015, avec "Underlying Issues".

Quand est-il donc de ce dixième album ? Les deux pièces maîtresses du groupe restent sans contredit Terence Holler et Eugene Simone, respectivement chanteur et guitariste du groupe. La voix d’Holler doit être entendue pour clairement comprendre de quoi il s’agit. Sans jamais trop s’égarer dans les hautes sphères, Holler démontre une puissance vocale hors du commun, le tout sans aucun accent notable, malgré le fait que le groupe soit italien (on ne se le cache pas, c’est plutôt un fléau au sein des groupes metal italien que l’accent). Quant à Simone, son jeu guitaristique est plus qu’excellent ; il se démarquera d’ailleurs beaucoup plus lors de ses envolées instrumentales que dans lors des verres ou des refrains. D’ailleurs, là où sur "El Nino", leur album phare, chacun des refrains étaient plus fantastiques que le précédent, ici sur "Underlying Issues", ils tombent malheureusement plus souvent à plat ; on ne ressent pas l’effort du passé de démarquer les refrains par des mélodies accrocheuses qui restaient collés dans nos esprits.

Au niveau musical, rien de nouveau sous le soleil depuis le retour d’Eldritch dans le giron du metal progressif, si ce n’est que maintenant, le groupe assume pleinement sa double identité progressif / thrash. Les riffs de guitare sont pesants à souhait, la basse est présente et donne une profondeur au son du groupe. Quelques petits passages de clavier nous rappellent les influences progressives des débuts, mais sans plus.

Les pièces tendent malheureusement à se ressembler, ceci est dû en majeure partie aux sections de guitare plutôt répétitives, outre lors des solos, qui comme je le mentionnais, sont impeccables. En effet, difficile, même suite à plusieurs écoutes, de se rappeler d’un morceau en particulier. En somme, sans vraiment se démarquer du lot des nouveaux groupes progressifs ayant une approche plus pesante, ce nouveau Eldtrich n’en demeure pas moins un groupe à découvrir ou à redécouvrir.


Mathieu
Novembre 2015


Conclusion
L'interview : Terence Holler

Le site officiel : www.eldritchweb.com