Le groupe
Biographie :

Eluveitie est un groupe de folk / death metal mélodique suisse créé par Chrigel Glanzmann en 2002. Fortement influencé par la musique celtique et le metal, et composé de 8 membres mêlant instruments traditionnels folk (violon, flûte, hurdy gurdy, cornemuse) pour le côté acoustique et instruments électriques (basse, guitares, batterie) pour la partie metal, Eluveitie mêle habilement le chant death en anglais et le chant gaulois, langage aujourd’hui éteint. L’EP "Vên" sort en 2003 puis l’album "Spirit" en 2004 mais ce n’est qu’en 2006 que le groupe se fait réellement connaître grâce au titre "Inis Mona" et à l’album "Slania", qui marque le début de leur collaboration avec le label Nuclear Blast, et devient ainsi la référence du folk / death mélodique à influences celtiques. Après un changement de line-up en 2008, suite au départ des jumeaux Rafi et Sevan Kirder, celui-ci se stabilise avec l’arrivée de Kay Brem à la basse et Päde Kistler à la cornemuse et flûte irlandaise. En 2009 sort l’album "Evocation I : The Arcane Dominion", basé uniquement sur les instruments traditionnels folk et le côté acoustique de leur musique, "Everything Remains (As It Never Was)" paraît en 2010 pour un album plus axé sur le côté metal et le chant Gaulois laisse une place plus importante à l’anglais. Leur dernier opus, "Helvetios", sort le 10 Février 2012 chez Nuclear Blast. "Origins", le sixième album du groupe, sort le 1er Août 2014. Le 5 Mai 2016, le groupe annonce qu'à la suite de divergences d'opinion et de conflits d'intérêts, Anna Murphy, Merlin Sutter et Ivo Henzi quittent le groupe, mais officient jusqu'au 5 Juin 2016 à l'occasion du FortaRock à Nimègue. La même année, la violoncelliste Shir-Ran Yinon est remplacée par Nicole Ansperger. Les nouveaux membres du groupe sont présentés début 2017 : il s'agit d'Alain Ackermann à la batterie, Jonas Wolf à la guitare rythmique, Michalina Malisz à la vielle à roue et Fabienne Erni à la harpe et au chant. L'album "Evocation II - Pantheon" sort le 18 Août 2017. Le 19 Octobre 2018, le groupe retourne en studio pour enregistrer son huitième album. "Ategnatos" sort le 5 Avril 2019.

Discographie :

2003 : "Vên" (EP)
2006 : "Spirit"
2008 : "Slania"
2009 : "Evocation I : The Arcane Dominion"
2010 : "Everything Remains (As It Never Was)"
2012 : "Helvetios"
2012 : " The Early Years" (Compilation)
2014 : "Origins"
2017 : "Evocation II - Pantheon"
2019 : "Ategnatos"


Les chroniques


"Ategnatos"
Note : 18/20

Je ne vais pas m’attarder sur une présentation en bonne et due forme d’ Eluveitie, car il est presque impossible que vous n’ayez jamais entendu parler de la formation suisse. 17 ans de carrière, huit albums à ce jour et un line-up actuel composé de 9 musiciens : Chrigel Glanzmann (chant / guitares / instruments folkloriques), Kay Brem (basse), Rafael Salzmann (guitare), Nicole Ansperger (violon), Matteo Sistr (flutes / cornemuse), Alain Ackermann (batterie), Jonas Wolf (guitare), Michalina Malisz (vielle à roue) et Fabienne Erni (harpe / mandoline). Après un album acoustique qui a enchanté les foules, le groupe se remet au metal et veut nous prouver que son profond remaniement de line-up n’est pas dû au hasard. Et pour cela, c’est "Ategnatos" que nous écoutons.

On entre tout de suite dans le vif du sujet avec le titre éponyme et son discours introductif, qui amène rapidement une rythmique mêlant death mélodique et folk metal entraînant, surmonté par les hurlements du chanteur. On retrouve la rage et la férocité des musiciens à travers ces riffs acérés, adoucis par des choeurs féminins, et des passages mélodiques aux instruments folkloriques. Pas de doute, la recette d’Eluveitie fait toujours mouche, et ce n’est pas la courte pause nommée Ancus qui va couper cet entrain, car "Deathwalker" prend la suite immédiatement, et ce sont les mêmes ingrédients qui sont à l’oeuvre. Le groupe nous prouve donc sa nouvelle alchimie avec le même entrain qu’aux balbutiements de la formation, et si la rythmique s’arrête brusquement, elle va repartir, soyez-en sûrs. Même constat avec "Black Water Dawn", un morceau plus lent, mais tout aussi lourd et axé sur les instruments folk que les autres, mais toujours cette envie, cette fougue et cette fureur qui ne tardera pas à être relâchée, avec entre autres un solo aux accents heavy metal.

Un autre titre qui me fait penser que le groupe revient à ses racines, "A Cry In The Wilderness" est le parfait compromis entre une rythmique lourde, intransigeante et des harmoniques couplées à ces instruments folkloriques qui font la force de la formation, puis qui passe par un blast monumental. Beaucoup plus axé sur les instruments et des riffs dansants, "The Raven Hill" une excellente occasion de faire voler ses cheveux en accord avec les riffs des suisses, qui se démènent pour proposer ici un titre qui se distingue des autres. Nouvel interlude, "The Silver Glow" nous permet de patienter au son de la flûte et autres cordes, avant de nous prendre le mur de son qu’est "Ambiramus". Un juste milieu entre la lourdeur, des sons planants et un chant presque exclusivement féminin. Mais le titre est malheureusement un peu court.

Léger changement de registre, "Mine Is The Fury" utilise des hurlements plus prenants que le growl caverneux de Chrigel et mélange des influences très diversifiées pour arriver à un résultat qui sent la fureur à plein nez, alors que l’on commence avec une ambiance presque inquiétante pour "The Slumber", un titre plus sombre que ce que l’on connaît au groupe. C’est finalement sur des riffs plus joyeux que le morceau se termine, pour nous laisser avec le sample introductif de "Worship". Et surprise, ce titre ne sera pas qu’un morceau violent de plus, mais une collaboration qui enracine un peu plus la formation dans ses riffs rapides et imposants avec la présence de Randy Blythe (Lamb Of God), et évidemment des passages intenses au possible. Nouvelle pause acoustique, "Trinoxtion" est là pour nous faire redescendre avant d’encaisser la suite.

Et cette suite, elle s’appelle "Threefold Death", un autre titre qui conjugue death metal pur et dur avec les touches propres à la formation et qui font leur force, tout en adoucissant le mélange de temps à autre pour un contraste plus saisissant. On passe alors à "Breathe", un morceau qui revient sur les fondamentaux du style développé par le groupe, avec ce passage d’une violence soudaine et ces harmoniques perçantes qui se transforment en partie lead à la limite du heavy, avant de revenir sur les ambiances planantes d’Eluveitie . Le titre suivant, "Rebirth", est exactement dans la même veine, et ce morceau sera parfait pour initier de nouveaux fans comme pour contenter les adeptes du groupe. Enfin, "Eclipse", le dernier morceau, sera celui qui permet au chant féminin de s’affirmer réellement sur une ballade atmosphérique avec pour seul compagnon un vent inquiétant.

Avec "Ategnatos", Eluveitie est certain d’atteindre son objectif, que ce soit en termes de retour aux sources, de création, de quantité ou de qualité. Parfaitement équilibré, cet album est à inscrire avec fierté dans la discographie dans la formation suisse, et il n’y a aucun doute sur le fait qu’il leur permet de monter encore plus haut dans la sphere du metal mondial.


Matthieu
Mai 2019




"Evocation II - Pantheon"
Note : 16/20

Après le départ très médiatisé de la moitié du groupe, Eluveitie est revenu, plus fort que jamais. La bande menée par Chrigel Glanzmann (chant, guitare, instruments folkloriques) a du reconstruire un nouveau line-up, qui compte toujours Kay Brem (basse) depuis 2008 et Rafael Salzmann (guitare) depuis 2012, mais aussi Nicole Ansperger (violon, choeurs) de 2013 à 2015 puis depuis l'an dernier a recruté ce qui semble être le line-up le plus cohésif depuis des années. Les Suisses accueillent désormais en leur sein Matteo Sisti (bombarde, flûte), Alain Ackermann (batterie), Jonas Wolf (guitare), Machalina Malisz (vielle à roue) et Fabienne Erni (harpe, chant). Ensemble et avec l'aide de Brendan Wade (flûtes), ils composent "Evocation II - Pantheon", un album acoustique qui fait suite à "Evocation". Si cet album est dépaysant et original, il reste néanmoins l'univers folklorique du groupe. Adossez-vous sur cette souche d'arbre, et appréciez.

L'album démarre avec "Dvressu", une sorte d'introduction comprenant du vent, mais également du chant et des choeurs, pour aboutir sur "Epona". Vous connaissez maintenant tous ce titre, puisqu'il nous a été révélé sous forme de clip vidéo il y a quelques temps. Principalement axé sur les capacités vocales de Fabienne, leur nouvelle chanteuse, le groupe apporte tout ce qu'ils savent faire en matière d'instruments folkloriques. "Svcellos II" servira de transition pour "Nantosvelta", un titre à la rythmique enjouée. La voix parlée sur "Tovtatis" introduira de manière plutôt solennelle "Lvgvs", un titre qui fait désormais partie des setlists du groupe, et sur lequel Netta Skog (accordéon, jouant actuellement avec Ensiferum et ex-Turisas) participe. Une pause plus atmosphérique sur "Grannos", qui changera de rythmique en plein milieu, et "Cernvnnos" prendra le relais. Ressemblant plus à une sorte d'incantation rituelle entrecoupée de rythmiques folkloriques, ce titre se finit après un cri pour laisser place à "Catvrix" et ses percussions martiales, voire même tribales. Nouveau titre composé pour mettre en avant la superbe voix de Fabienne Erni, "Artio" est un morceau très atmosphérique, alors qu'"Aventia" nous emmène près d'une cascade, accompagnés par une rythmique plutôt joyeuse. Si ce titre est très dansant, c'est également le cas d'"Ogmios", qui reprend un air très connu à la fois des fans du groupe, mais aussi et surtout des amateurs de musique traditionnelle bretonne. Beaucoup plus mystique, "Esvs" nous permet de rentrer en transe en écoutant la voix et les choeurs qui l'accompagnent. "Antvmnos" débute comme un simple titre acoustique, mais l'ajout des instruments folkloriques vers la moitié du titre en fait une bande-son parfaite pour un film d'aventures, alors que "Tarvos II" devient réellement intéressante après le sample de voix qui survient avant la fin. "Belenos" prendra le temps de dévoiler son potentiel, mais malheureusement ce titre met trop de temps à démarrer pour moi. L'introduction de "Taranis" m'hypnotise totalement, mais malheureusement ce petit riff qui m'avait séduit est absorbé par tous les instruments qui arrivent par dessus, et devient malheureusement trop ressemblante aux autres compositions, bien que très entraînante. Enfin, "Nemeton", le dernier titre, remet un coup de sample ambiant qui pourrait largement clore un concert du groupe.

Loin d'être mauvais, "Evocation II - Pantheon" se contente trop souvent de rassembler tous les instruments folkloriques possibles et utilisables par Eluveitie. Si certains titres sont excellents et franchissent parfaitement la barrière du live (en même temps que la présentation de la nouvelle formation à cette épreuve), l'album est assez inégal. Certains titres mériteraient d'être approfondis, alors que d'autres pourraient être raccourcis, voire même intégrés à d'autres qui me semblent un peu faiblards. J'attends cependant de voir ce que le groupe peut faire sur un album metal, et non folk acoustique pour juger réellement de la puissance de cette nouvelle incarnation d'Eluveitie.


Matthieu
Septembre 2017




"Origins"
Note : 15/20

Les Suisses d’Eluveitie sont de retour deux ans après leur précédent album "Helvetios" et la sortie la même année de "The Early Years", un double album proposant une réédition de leur première démo "Vên" et de leur premier album "Spirit". Sorti en Août 2014, "Origins" est le sixième album studio du groupe, et prend une nouvelle fois la forme d’album concept, au même titre que "Helvetios", les textes évoquant cette fois-ci principalement les origines des mythes et légendes gauloises, comme son nom l’indique. Il est temps de passer à l’écoute et de découvrir ce que vaut cette nouvelle galette.

L’album démarre sur un premier titre éponyme, "Origins", sur une intro narrative abordant la thématique des textes de la même façon que sur "Helvetios", portée par la voix de Alexander Morton, qui intervenait déjà sur cet album. Intro qui enchaîne sur "The Nameless" avec un titre death mélodique teinté de sonorités folk, où interviennent les instruments celtiques tels que la flûte, le violon, la roue à vielle ou la cornemuse, ce mélange propre aux Suisses et qui leur réussit si bien. Les instruments électriques comme la batterie ajoutent de la brutalité à l’ensemble pour un premier morceau direct, qui nous donne un léger aperçu de ce qui est à suivre au cours des prochains morceaux. La présence de chœurs et de chants d’enfants apparaissent à plusieurs reprises sur cet album, ces derniers intervenant d’ailleurs sur la fin de cette piste. "From Darkness" se veut lui aussi rentre-dedans et brutal, emmené par le chant growlé de Chrigel Glanzmann, avec des rythmiques assez simples mais efficaces. Le violon tient une place plus importante sur cet album que sur les précédents, les interventions de Nicole Ansperger étant plus nombreuses et mises en valeur par des parties plus travaillées et plus longues, notamment sur ce morceau où le violon apparaît à plusieurs reprises. L’occasion de nous montrer toute l’étendue de la qualité et du niveau de la nouvelle venue. Rappelons en effet que Nicole Ansperger n’est là que depuis un an à peine, suite au départ de Meri Tadic en 2013. Le titre suivant, "Celtos", a des airs de reprise d’hymnes traditionnels celtiques à la Inis Mona, quant à savoir si tel est le cas et si oui de quel hymne il s’agit, je ne saurais le dire. Le côté folk est ainsi plus présent ici que sur les précédents morceaux, le chant de Chrigel se mêlant cette fois à celui féminin de Anna Murphy pour un titre plus calme mais à la rythmique plus festive et entraînante.

On passe à quelque chose de plus rapide et brutal avec "Virunus", sur lequel le folk est toujours très présent de par la flûte, la mandole et la roue à vielle, contrastant avec les riffs énervés de guitare, la puissance de la batterie et le chant agressif de Chrigel. Une nouvelle intervention narrative masculine apparaît en milieu de piste nous rappelant le principe de concept de "Origins", avant de se terminer sur le son de la mandole et de la flûte. "Nothing" quant à lui ne fait pas figure de titre à part entière mais fait ici office de sorte d’interlude, sur lequel on peut entendre une voix narrative, féminine cette fois, permettant par la même occasion de se reposer un peu entre deux morceaux (n’oublions pas que l’album contient 16 pistes) et de continuer dans l’évolution du concept, l’enchaînement avec la piste suivante se faisant en douceur et de manière tout à fait naturelle. Le chant masculin est écarté sur "The Call Of The Mountains", laissant la place au chant féminin d’Anna Murphy qui chante entièrement sur ce titre. Un titre très mélodique mettant en avant la belle voix de la jeune femme, sur lequel on retrouve toujours les éléments folk avec le violon et la flûte, qui s’avère plus accessible à l’écoute de par son aspect plus "pop", et n’est d’ailleurs pas sans rappeler "A Rose For Epona" qui figure sur "Helvetios". Le chœur d’enfant intervient une nouvelle fois en fin de piste. On notera qu’en plus de sa version originale en anglais, "The Call Of The Mountains" a également été enregistré dans les 4 langues de la Suisse : en français, en suisse allemand, en italien ainsi qu’en romanche.

On passe à quelque chose de plus brutal sur "Sucellos" qui se révèle direct dès les premières notes, la batterie martèle vite et fort, c’est rapide, le chant death de Chrigel Glanzmann et les parties de guitares sont énervées, les riffs sont simples mais efficaces. Un très bon titre tout en puissance sur lequel l’aspect folk reste toujours présent avec les instruments traditionnels comme la flûte ainsi que les chœurs, permettant d’adoucir un peu l’ensemble et de rendre ce titre moins bourrin et plus mélodique. "Inception" est dans la continuité de "Sucellos", tout aussi brutal et rentre dedans, l’aspect death mélodique prend le dessus sur le folk metal, puis en milieu de piste ça se calme avec une intervention narrative de Alexander Morton et de chœurs, avant de repartir sur une batterie qui bourrine et la flûte également présente. Un titre assez basique mais efficace et à placer au même niveau que "Sucellos".

On revient à un morceau plus reposant avec "Vianna", sur lequel Anna chante à nouveau sur la majeure partie du titre, Chrigel faisant tout de même quelques interventions au chant "death" par moments sur le refrain. Un titre mélodique, qui démontre qu’une place plus importante est accordée à Anna et à son chant féminin qu’auparavant, lequel devient plus fréquent par rapport aux précédents albums, ce que l’on pouvait déjà constater sur "Helvetios"où elle chantait déjà entièrement sur certains titres comme "A Rose For Epona". "Origins" se veut un album varié qui sait mêler et varier diverses influences, comme on peut le constater tout au long de l’écoute de cet album. Nous voilà à plus de la moitié de l’écoute, et la variété des morceaux les uns des autres se ressent fortement au fur et à mesure que les titres défilent. En effet, les morceaux s’enchaînent passant d’un death mélodique teinté de folk brutal et rapide avant de poursuivre avec d’autres plus calmes et où les sonorités folk prédominent, alternant les titres emmenés par le chant growlé du frontman Chrigel Glanzmann avec des titres plus mélodiques et accessibles à l’oreille à un public non averti entièrement interprétés par Anna Murphy, et ponctuant leurs morceaux de quelques interludes musicales instrumentales et narratives, et de morceaux aux ambiances et atmosphères variées. Et tout cela avec une certaine harmonie et maîtrisé parfaitement, les titres défilant et se suivant de manière cohérente, et placés au bon endroit, donnant un sens et une cohésion d’ensemble au concept entourant ce nouvel opus. Preuve en a été faite précédemment avec "Sucellos" et "Inception", deux titres brutaux et rapides, qui ont été suivis par le calme "Vianna" au chant intégralement féminin, qui est suivi de nouveau de morceaux plus rentre-dedans. En effet, "The Silver Sister" est d’entrée de jeu direct, et nous balance son death mélodique efficace avec une batterie et une rythmique brutes de décoffrage, accompagné d’un chant agressif, ponctué de passages folk à la flûte et au violon en arrivant sur la fin de piste. Certes c’est du déjà entendu chez Eluveitie me direz-vous, mais c’est une recette qui semble bien fonctionner et les Suisses l’ont visiblement bien compris, alors pourquoi s’en priver après tout ? "King" est le premier single accompagné d’un clip vidéo qui a été présenté au public.

"King" a des riffs et une mélodie accrocheurs et rentre-dedans, que l’on retient tout de suite. C’est rapide, death et brutal, mais aussi mélodique et bien sûr folk avec un léger côté épique. Le violon est énormément présent sur cette piste, sur laquelle on y entend même un solo de violon des plus efficaces, qui nous montre toute l’étendue du talent de la nouvelle recrue à ce poste. Un très bon titre auquel on adhère immédiatement. Un chœur épique limite guerrier apparaît dès le début du morceau sur "The Day Of Strife". Un titre efficace et entraînant mêlant melodeath et sonorités folk encore une fois, mais qui n’est pas sans rappeler d’autres morceaux déjà entendus auparavant dans la discographie du groupe, à l’époque de leurs premiers albums. Je pense notamment à la mélodie et la rythmique que l’on peut entendre sur le refrain assez typique du death mélodique à la suédoise, qui me fait penser à des titres comme "Tarvos", de l’album "Slania". "Ogmios", lui,  n’est pas un titre à part entière puisqu’il s’agit d’une nouvelle interlude d’à peine 30 secondes, narrée par une voix d’enfant cette fois, comme pour nous aider à comprendre l’évolution du concept de l’album à ce stade de l’écoute et à l’approche de la fin de celle-ci, comme annonçant le titre à venir. "Carry The Torch" suit le même schéma que les pistes précédentes, c’est à la fois mélodique, agressif, death, folk, accompagné de chœurs sur le refrain et agrémenté d’un des seuls solos de guitare de l’album, réalisé par Rafael Salzmann, qui remplace Simeon Koch depuis quelques temps déjà, rappelons-le, mais dont c’est la première participation sur un album studio avec le groupe. Ce morceau n’est, malgré ce que son titre le laisse entendre, pas interprété en anglais, mais en ce qui semblerait être du gaulois pour clore ce nouvel album. L’écoute se termine sur "Eternity", une outro narrative avec la voix d’Alexander Morton, rappelant l’intro "Origins", qui termine l’écoute comme elle avait commencée.

Pour finir, que penser de cet album ? Eh bien certes Eluveitie nous offre un peu du réchauffé et du déjà entendu avec "Origins", celui-ci rappelant fortement son prédécesseur "Helvetios", qui outre le fait d’être tous les deux des albums concepts, ont les mêmes intro et outro narratives par la même voix masculine qui plus est, le déroulement de l’écoute et les morceaux proposés suivent de plus un peu le même schéma musical que sur l’album précédent. Toutefois, les interludes et morceaux instrumentaux parfois dispensables que l’on pouvait retrouver sur "Helvetios" sont nettement moins nombreux sur ce nouvel opus, et chaque piste a sa place et son importance sur cet album. La production, une nouvelle fois réalisée par Tommy Vetterli (Kreator, Coroner) est de bonne qualité, le son met bien en avant chacun des instruments, aussi bien traditionnels qu’électriques, l’album se veut varier et évolue dans différentes ambiances au fil des morceaux, rendant l’ensemble agréable à l’écoute et appréciable. Certes les fans des premiers albums qui pensent qu’Eluveitie n’a plus rien de neuf à proposer pourraient être déçus par ce "Origins", un peu trop semblable à l’album précédent, mais les Suisses ont trouvé le bon filon à travers leur musique, qui n’a peut-être pas su suffisamment innover par rapport à ce qu’ils ont fait récemment et pourrait manquer d’un peu de nouveauté et d’originalité, mais la recette reste efficace, c’est bien fait, ça se laisse écouter assez facilement, alors après tout, ils auraient bien tort de s’en priver, en espérant qu’ils parviennent tout de même à proposer quelque chose d’encore plus novateur au cours des prochaines années.


Alexandra
Novembre 2014




"Helvetios"
Note : 16/20

Les Suisses d’Eluveitie sont de retour deux ans après l’album "Everything Remains (As It Never Was)", sorti en 2010 chez Nuclear Blast. Un album qui réunit tous les ingrédients nécessaires à la sauce Eluveitie, appréciée aussi bien par les fans inconditionnels du groupe que par les novices : du death metal, des sonorités folk et celtiques ajoutées à des histoires anciennes qui font toute l’originalité du groupe, une pincée de mélodies plus douces et acoustiques, une touche de chant féminin, bref tout est là. Après avoir sillonné les routes aux quatre coins du globe pour une longue tournée, les voilà de retour avec un nouvel album, qui sortira le 10 Février prochain toujours sous le même label, sobrement intitulé "Helvetios". La fan d’Eluveitie que je suis vous dira forcément que tous leurs albums sont bons, et n’y trouve pas grand chose à jeter dans leur discographie, certes, je vais donc tenter de donner un œil plus objectif à cet album pour cette chronique.

Premier constat que l’on peut faire : le groupe a ici choisi de faire dans la sobriété et la simplicité tant sur le titre de l‘album, qui en un mot résume tout sur l‘origine du groupe et le contenu de cet album : "Helvetios", que sur l’artwork de sa pochette, représentant une sorte de symbole celtique rappelant un triple triskel se rejoignant les uns les autres, entrelacés dans un cercle sobrement dessiné en blanc sur un fond entièrement noir. Pour ce cinquième opus, le groupe nous propose un album concept avec un thème principal tournant autour de la Guerre des Gaules et composé de pas moins de 17 morceaux, tous aussi variés les uns des autres, de quoi satisfaire tout le monde, et ce sur une durée de près de 60 minutes. A la première écoute, cet album m’a paru assez différent des précédents et notamment de "Spirit", les interludes acoustiques que l’on entend habituellement entre certains morceaux sur chacun de leurs albums m’ayant paru ici moins folk et celtiques qu’à l’accoutumée. "Helvetios" nécessite, de par son côté conceptuel, d’entrer vraiment dans l’univers de cet album et de s’imprégner de chaque morceau afin d’y cerner l’essence même de ce qu’à voulu nous faire partager Eluveitie, à savoir l‘histoire de leurs ancêtres à travers les diverses batailles auxquelles ils ont dû faire face notamment lors de la Guerre des Gaules. Après de multiples écoutes, "Helvetios" se révèle finalement être un très bon album, bénéficiant d’un son de bonne qualité mettant parfaitement en avant la totalité de ses instruments, aussi bien sur le plan électrique pour les guitares et batterie notamment, que sur le plan acoustique pour les flûtes, violon, cornemuse, et autre roue à vielle. N’ayant pas les paroles des différentes pistes de cet album, il m’est donc difficile d’aborder de manière plus approfondie les textes évoqués ici.

Intéressons nous maintenant au contenu de "Helvetios" d‘un peu plus près. L’album commence par un morceau introductif narratif ("Prologue") qui s’achève sur une mélodie folk, dans le prolongement du morceau suivant qui démarre sur ces mêmes notes ("Helvetios"). Le rythme s’accélère ensuite pour laisser place à un death mélodique, entremêlé de chœurs et de la douce voix d’Anna au chant, entrecoupés par les instruments traditionnels tels que la cornemuse, le violon, la flûte ou encore la roue à vielle, de quoi reconnaitre le son d’Eluveitie entre 1000, comme sur pas mal d‘autres titres à venir de cette trempe là. S’ensuit la piste "Luxtos", dont la mélodie rappelle fortement la chanson traditionnelle Bretonne "La Jument de Michao", très bonne reprise des Suisses s’il en est, le mélange du death mélodique et de la musique traditionnelle folk de cette chanson se marie parfaitement. La piste "Home" me rappelle le "Sempiternal Embers" de "Everything Remains" sur certaines de ses sonorités, pour son aspect mélodique et certains passages à la flûte et au violon notamment. Petit moment d’accalmie pour une petite pause acoustique sur "Scorched Earth", avec un chant traditionnel interprété visiblement en gaulois avec pour seule musique de fond la présence de flûte et l’apaisant son de l’eau qui s’écoule doucement, avant de reprendre sur le son plus brutal et électrique de la guitare et la batterie qui tape fort et vite sur "Meet The Enemy". Le chant death de Chrigel y est très brutal et de plus en plus "gueulard", comme laissant transparaître de la haine et une rage profonde. En effet, ce morceau retrace la rencontre entre les peuples Helvètes et Romains en 50 avant JC, moment précis durant lequel la Guerre des Gaules a éclaté.

La brutalité laisse à présent place au chant féminin de la belle Anna sur "A Rose For Epona", morceau qui rappelle le" Omnos" présent sur l’album acoustique de nos Suisses "Evocation I : The Arcane Dominion", aux sonorités cependant beaucoup plus pop / rock ici grâce à la présence des instruments électriques. Ce titre retrace la fuite des Helvètes en pleine Guerre des Gaules vers la côte ouest de la Gaule où ils souhaitaient s’installer pour y démarrer une nouvelle vie, mais tous leurs espoirs furent brisés après la bataille de Bribacte, à la suite de laquelle ils invoquèrent la déesse Epona, la rendant responsable d’avoir abandonné son peuple. On peut nettement remarquer l’incroyable progression vocale de la chanteuse sur cette piste, sa voix est tout à la fois magnifique, puissante, quasi méconnaissable et laisse transparaitre toute l‘émotion et l‘espoir de ce peuple en détresse que ce titre veut nous faire ressentir. Retour à un folk death mélodique sur les pistes "The Uprising", incluant quelques passages narratifs, et "The Siege", ce dernier se révélant d’une rapidité et d’une brutalité aussi bien musicalement qu’au niveau du chant guttural de Chrigel et même d’Anna, cette dernière hurlant comme encore jamais fait auparavant visiblement avec aisance de surcroit, carrément bluffant. Le chant féminin semble avoir une place importante sur "Helvetios" puisqu’Anna intervient une nouvelle fois au chant sur la piste suivante ("Alesia") toujours accompagnée de la voix de Chrigel, pour un morceau un peu plus mélodique. Petit interlude d’une petite vingtaine de seconde ("Tullianum") sur un passage acoustique qui n’a, à mon sens, à priori pas vraiment lieu d’être ici et me parait dénué d’intérêt, reste à savoir le rôle et l’importance de ce morceau quant à la compréhension et la continuité de l’album dans son concept de base. L’album s’achève sur la piste "Uxellodunon" évoquant la dernière bataille de la Guerre des Gaules, qui a suivi celle d’Alesia opposant Vercingétorix à Jules César comme visiblement évoqué sur la piste précédente, avant de conclure sur un dernier morceau narratif ("Epilogue") au même titre que la première piste de l’album, morceau se terminant par un passage acoustique à la flûte accompagné de choeurs.

Bref tous les éléments sont réunis ici pour faire un bon album, les morceaux s’enchainent tous plus ou moins bien les uns après les autres musicalement parlant, excepté sur quelque pistes acoustiques qui surprennent un peu à l’oreille lors des premières écoutes (je pense à "Scorched Earth", "Hope" ou "Tullianum") mais semblent respecter la continuité de son thème principal au niveau des textes, en accord avec la chronologie historique de la Guerre des Gaules. Les quelques fans détracteurs, qui après écoute des deux premiers titres "Meet The Enemy" et " A Rose For Epona" mis à la disposition de tous sur internet et sur le site du groupe, jugeaient ces titres bien loin de ce que nous a proposé Eluveitie jusque là voire laissaient augurer un album décevant, ont eu bien tort, il suffit d‘écouter l‘album dans son intégralité pour s‘en apercevoir. "Helvetios" mêle une nouvelle fois très bien le death mélodique au folk / celtique acoustique et nous offre ici un album concept très intéressant aussi bien sur le fond que sur la forme, que je mettrais au moins au même niveau que "Slania". Avis aux fans du genre, cet album mérite amplement qu’on s’arrête dessus.


Alexandra
Février 2012


Conclusion
L'interview : Chrigel Glanzman

Le site officiel : www.eluveitie.ch