Le groupe
Biographie :

Depuis sa création en 1994, Embryonic Cells a connu bien des tempêtes - redoublant de persévérance, après quelques démos et plus treize ans passés dans l'underground, le groupe sort enfin son premier album "Before The Storm". L'accueil reservé à l'album est sacrément bon et le groupe est encouragé à sortir un nouvel opus encore meilleur. En Mai 2008, Embryonic Cells sort "Black Seas", enregistré au Halphas Studio et masterisé au P&F Studio. La musique d'Embryonic Cells privilégie toujours l'efficacité et l'émotion mais la production devient surpuissante. La dimension épique, la froideur des riffs, la tragédie des arrangements et le chant déchiré combleront les amateurs de noirceur métallique. Le groupe ne cesse de se produire avec désormais plus de 250 concerts à son actif, avec notamment les premières parties de Gwar, Misanthrope, Obscenity, Nuclear Assault, Destinity, Hacride, Dark Age, Kronos... Après deux autres albums encensés par la critique ("Black Seas" - 2008, "The Dread Sentence" - 2012), le groupe revient avec un quatrième album "Horizon", enregistré, mixé et masterisé par Pierre Schaffner au studio La Forge. L'album suivant, "Decline", sort en Octobre 2020.

Discographie :

2000 : "Necro-Revelation" (Démo)
2007 : "Before The Storm"
2008 : "Black Seas"
2012 : "The Dread Sentence"
2018 : "Horizon"
2020 : "Decline"


Les chroniques


"Decline"
Note : 16/20

Encore un groupe français qui sort de l’ombre pour nous présenter un nouvel album, avant de retourner hiberner pour se re-présenter quelques années plus tard avec une autre réalisation. Il faut bien admettre que c’est ça la France, déjà les médias se foutent éperdument de notre style de musique favori, mais, de surcroît, le public n’est pas forcément au rendez-vous non plus pour apporter son soutien. Il est vrai que de nos jours, le marché est largement saturé, et, du plus médiatisé des groupes au plus underground, la scène est si vaste qu’il est encore moins évident pour une formation de faire son trou mais bon, le résultat de tout cela, c’est que de nombreux groupes galèrent. Alors que font les plus persévérants ? Eh bien ils persévèrent, tout simplement. Embryonic Cells persiste de son côté depuis 1999 et s’est cantonné aux démos jusqu’en 2007, date de sortie du premier album "Before The Storm". L’année suivante, rebelote, un autre album, "Black Seas", et dernière sortie indépendante, car les réalisations suivantes profiteront de l’appui des labels. Ainsi, "The Dread Sentence", paru en 2012 sortira chez Axiis Music et sera l’occasion pour le groupe de faire un petit lifting à son logo, plus sobre. Après une longue pause, "Horizon" voit le jour en 2018 chez Apathia Records et le logo est à nouveau modifié, celui-ci possède un petit côté futuriste et sera d’ailleurs également présent sur "Decline". Le groupe profite de l’occasion pour réaliser un clip assez professionnel de "Never Let You Fall" et semble plus déterminé que jamais à faire accélérer sa carrière puisque deux ans plus tard, "Decline" se pointe, distribué par Season Of Mist, et là, ça déconne plus. Pour en revenir à mon constat consterné et consternant, c’est qu’il aura fallu attendre pour ce groupe plus de 20 ans pour avoir accès à une portée médiatique plus importante.

Le business du metal est très mal foutu, certaines formations médiocres sortent direct des full-lengths en début de carrière quand d’autres plus méritantes galèrent pour produire ne serait-ce qu’un single. Embryonic Cells ne mérite pas ça parce que le peu que j’ai écouté des précédentes réalisations, c’était déjà cool et ce nouvel opus sobrement intitulé "Decline" propose du très bon metal. La tête de proue de cette team originaire de Troyes, Max Beaulieu, guitariste-chanteur, mise tout sur le songwriting et ne se perd pas dans les méandres de la complexité ou de la surexploitation de concepts. Pas de solos de gratte, pas de passages "J’t’en mets plein la tronche pour te perdre", "Decline" est un concentré de death / black très efficace qui enchaîne les couplets dynamiques et les refrains accrocheurs et chaque composition se révèle être un single potentiel. Quelques fois, on peut entendre quelques réminiscences pop comme sur "You’re So Full Of Fear", qui déploie une atmosphère grandiose, soutenue par un ternaire entêtant et une pointe de Depeche Mode dans le chant. Ce titre est tout simplement prenant et conclut l’album d’une belle manière. Autre exemple de mixité stylistique, le track 5, "From The Shadow Into Day" au sein duquel Embryonic Cells développe une ambiance gothique, un peu à la manière d’un The Cure. Succédant à une longue intro bien anxiogène, un duo basse / bat’ droit et martial sert de support à un chant clair hautain avant de se faire couper l’herbe sous le pied par un refrain électrique, puissant et rageur. Principalement, la formation développe un black / death mélodique, très dense, avec des harmonies désespérées. Dès les premières notes de "To Pay Our Shame", premier titre de la galette, on ressent que le songwriting est bien géré, les alternances de passages en sons clairs purs et les moments plus guerriers sont dans l’à-propos musical et ne laisse transparaître aucune maladresse. Globalement, "Decline" profite d’un son excellent et le fait qu’Embryonic Cells se soit délesté des claviers, présents sur les opus précédents, est une excellente chose. En effet, la musique est centrée sur la symbiose du trio guitare / basse / batterie qui se déploie avec témérité et présence. Que c’est bon d’entendre les guitares, parce qu’honnêtement, le mix d’"Horizon", leur précédent full-length, ne les mettait pas en valeur car celles-ci manquaient cruellement de présence, rien à voir avec cette nouvelle réalisation qui possède un atout considérable, un mixage au top !

Un autre élément à prendre en considération, c’est que même si ces musiciens du Grand Est proposent de multiples clins d’œil stylistiques, jamais on ne sombre dans le "too much" et on n’a aucun mal à digérer une suite telle que "Devoid Of Promise" et "Alone I Fall". Le premier est un black metal, limite war, au refrain en chant clair bien crédible qui laisse entendre par moments des voix criardes de fous à lier, le second est un track hyper évolutif, très viking dans l’esprit, mais beaucoup plus introspectif. Le travail du chant est assez remarquable, Max Beaulieu a recours à de nombreux timbres, criards, gutturaux, clairs, incantatoires, peu importe le registre, ça passe très bien hormis à la toute fin de "From Shadow Into Day" où on a vraiment l’impression d’entendre Pumba le phacochère. Que ce soit dans le thrash basique de "First Tear" avec ces poussées viriles limite hardcore ou lors de l’exécution riffesque black métallique, omniprésente dans le skeud, Embryonic Cells défend ses compositions avec beaucoup d’aplomb.

Très figuraliste, la musique de ces bouffeurs de camembert et de pattes de grenouilles laisse entrevoir des monts enneigés qui dominent des plaines herbeuses, des forêts en apparence paisibles mais imprégnées de magies occultes et ténébreuses, et ce ne sont pas les nombreux passages plus commerciaux et abordables qui vont péter l’ambiance. Lorsque l’on sait qu’Embryonic Cells a plus de vingt-cinq ans d’existence, la qualité compositionnelle dont bénéficie ce nouvel opus se trouve être justifiée car oui, "Decline" est un album mature qui témoigne d’une véritable implication de la part de ses protagonistes. Après, certains reprocheront le côté propret et "tubesque" mais bon, rallier à sa cause tous les publics du metal est une gajeure impossible. Il faut que ce disque puisse maintenant être entendu car même sur la toile, Embryonic Cells persiste dans la discrétion. Impossible d’écouter cette nouvelle réalisation sur Bandcamp ni YouTube (en même temps, c’est normal qu’un groupe évite ces plateformes vu que les Jean-Michel Metal n’achètent plus les formats physiques, on va pas leur proposer un travail acharné en écoute gratuite vu qu’ils achèteront même pas le t-shirt ou le sticker pour soutenir la scène), il y a moyen d’écouter "Horizon" mais pas "Decline". Alors du coup, pour ceux qui lisent cette chronique et qui kiffent le black / death mélodique à tendance commerciale (commercial peut ne pas être un gros mot), vous pouvez y aller, vous ne serez pas déçus. On va arrêter un peu avec Amon Amarth et Insomnium et faire confiance à ce que notre beau pays a à nous proposer, c’est vrai après tout, vous cherchez quoi, à être des métalleux qui cherchent la perle rare ou des trendy qui ne se fient qu’à la playlist Spotify du voisin ? Plus que jamais, avec la difficulté que rencontrent les artistes aujourd’hui à se produire en public, il faut les encourager et acheter des disques et du merch, alors vous savez quoi faire si vous voulez un prochain disque d’Embryonic Cells !


Trrha'l
Janvier 2021




"Horizon"
Note : 15/20

Six ans après "The Dread Sentence", voici Embryonic Cells de retour avec "Horizon" pour un quatrième album qui devrait combler les amateurs de black mélodique à l'ancienne qui attendent depuis 2012 un successeur à "The Dread Sentence".

Parce que c'est bien l'ambition affichée par le groupe, ressusciter cette forme de black metal old school qui ne crachait pas sur les claviers et les ambiances froides et épiques, loin des groupes malsains, brutaux ou haineux. Embryonic cells pratique un black certes belliqueux mais jamais bêtement violent et si les ambiances sont froides, elles ne donnent jamais dans le glauque ou le morbide, on est ici bien plus proche de l'évocation du grand Nord. "Don't Serve Your King" balance d'entrée un black metal froid et presque thrashy dans certains riffs et si l'ambiance est froide comme je le disais, la mélodie trouve quand même sa place et on est loin des groupes qui ruent dans les brancards ou qui cherchent à plomber l'ambiance par l'emploi de dissonances à tout va. Embryonic Cells vous évoquera le froid, la glace, la vague black norvégienne et les premiers Enslaved avec des relents que n'aurait pas renié le Blut Aus Nord de l'époque "Memoria Vetusta". Bref, un black metal qui met plus l'ambiance sur le côté froid et épique et qui remet au goût du jour une forme de black metal de moins en moins pratiquée. On sent des compositions un peu plus compacts et homogènes que sur les précédents albums, "Horizon" ne dépasse pas les quarante minutes et ne s'éparpille pas dans tous les sens. Le cap est maintenu sur ce black froid, épique et mélodique et les huit morceaux nous embarquent dans leur univers, les pieds trempés dans le sang et la neige. Les blasts sont rares et les riffs sont le plus souvent appuyés par de bons gros tapis de double qui donnent de la puissance et accentuent encore le côté épique et rageur.

Les claviers sont présents constamment mais ne prennent jamais le pas sur le reste et Embryonic Cells ne tombe jamais dans le piège de la nappe de clavier qui crée les ambiances à elle seule en se mettant bien en avant. Ici, les claviers participent beaucoup aux ambiances et aux mélodies mais n'éclipsent jamais le travail des guitares ou de la basse, les riffs se gardent la part du lion et ce sont bien eux qui mènent la danse. En tout cas il y a encore eu du progrès et je pense qu'on peut dire sans souci que "Horizon" est l'album le plus abouti du groupe, tant au niveau des compositions que de la production. Celle-ci n'est pas parfaite et manque peut-être un peu de patate mais elle colle plutôt bien au style pratiqué et fait mieux que les précédents albums. Embryonic Cells avance à son rythme certes mais il avance et ce nouvel album, sans révolutionner quoique ce soit, propose de bons morceaux, pour peu que l'on ne soit pas hermétique à cette forme de black metal plus mélodique et épique. Certains trouveront que cela manque de violence et de brutalité mais c'est une critique inhérente à ce style de black metal et non pas à Embryonic Cells, les goûts et les couleurs tout ça... Toujours est-il que les morceaux font le boulot honnêtement et que le groupe a progressé à tous les niveaux. Je suis sûr qu'il a encore une bonne marge de progression et qu'il sera capable de nous offrir encore un peu mieux à l'avenir mais ça s'améliore et se professionnalise d'album en album.

"Horizon" montre un visage plus homogène et maîtrisé que ses grands frères et qui balance un black épique et mélodique plutôt sympa. On ne le rangera pas dans la catégorie des chefs d'œuvre intouchables mais "Horizon" est un bon album dans un style quelque peu délaissé, une bonne raison d'y jeter une oreille, non ?


Murderworks
Janvier 2019




"The Dread Sentence"
Note : 13,5/20

Embryonic Cells, les Troyiens ont sorti leur troisième album chez Axiis, voici quelques mois. Fini l'autoproduction, désormais signature auprès d'un label, c'est le genre de chose qui peut aider c'est sûr. On ne va pas refaire l'histoire du groupe maintenant mais plutôt se focaliser sur l'album lui-même. La musique d'Embryonic Cells c'est un amalgame de plusieurs courants métalliques dont la synthèse qui en ressort est principalement un black metal ambitieux avant tout, si on veut placer des raccourcis, avec des contours très thrash, ce qui n'est pas étonnant finalement vu la musique qu'ils pratiquaient à l'origine.

Un black metal parce que les ambiances sont toutes sombres, avec des vocaux relativement torturés mais oscillant entre un hurlé thrash et un guttural black, presque post-black et que les riffs sont cinglants. Un thrash metal, parce que sur les agressivités, ce sont des rythmiques du genre totalement reconnaissables qu'on peut écouter sur énormément de passages de l'album. Un exemple totalement plein de vérité est celui à 2mn24 sur "Burn With Life" dont le riff de départ après l'accalmie est indubitablement proche de celui de Slayer sur "World Painted Blood", en tous les cas ça m'a sauté aux oreilles. Après il ne faut pas prendre pour argent comptant le fait qu'il y ait beaucoup de thrash parce que le côté sombre ressort beaucoup également sur cet album avec les morceaux "I Don't Want To Save This World" ou encore "Soul Of Mine" qui puisent directement dans le black metal norvégien à tendance symphonique mais très "evil", et aussi dans presque le black pagan folk du genre Falkenbach . C'est ce qui fait un petit peu l'originalité de Embryonic Cells et qui fait de cet album qu'il soit intéressant au final.

Donc "The Dread Sentence" arrive à bien manier ces courants pour transformer la symbiose en quelque chose de violent, agressif et en même temps assez mélodique. C'est un groupe qui fait partie de ceux dont on va apprécier la musique, parce que cet album est un bon album mais qui ne défrayera pas la chronique pour autant. La première explication c'est que même si les dix titres qui composent cet album, sont malgré tout de bonne qualité et accrocheurs pour certains grâce à des rythmiques thrash, des atmosphères approfondies par un synthé très symphonico-horrifique aux aspects hyper black metal, le résultat n'est pas totalement transcendant.

Je m'explique : Embryonic Cells est un petit peu comme les polonais de Darzamat sur l'album "Transkarpatia". "Transkarpatia", c'est un album hyper intéressant, hyper bien écrit, hyper bien produit, de bonnes chansons, mais ça n'a pas aidé le groupe à se démarquer de ce marasme constant qu'est devenue la scène metal. Et le morceau "By Fire" est excellent, mais exactement dans la même lignée de la chanson "The Burning Times" de Darzamat, elle est percutante , profonde et agressive, mais peut-être que l'on n'y trouve pas le petit déclic qui fait l'explosion jouissive. Le gros trip qui monte qui mont qui monte et qui jaillit. Ensuite, si la plupart des chansons sont efficientes, comme "Shall Be Lords Again" où effectivement les claviers mènent la danse pour rythmer le morceau dans une furie effrénée, ou encore là très longue et très lente "Wheel Of Pain", placée judicieusement pour poser un peu l'album et permettre une aération en offrant un titre planant, quasi atmosphérique rappelant le black atmos des années 90's (sans doute un des morceaux les plus généreux en matière d'ambiance sombres sur l'album), on se prend à apprécier celles-ci mais malgré tout il nous reste un goût de diversité musicale trop présente. "Order Of The Crown" est un interlude instrumental très folk, qui aurait pu servir de bande son pour film, ainsi que le titre final "Ruins" du même acabit. "Soul Of Mine" est terriblement attractive par son approche du black metal très guerrière, on s'aperçoit que la scène norvégienne est assez présente dans le style de Embryonic Cells. On pourra en conclure que "The Dread Sentence" est un album de black metal avec une facette symphonique mais puisant dans plusieurs genres de black metal également, et aussi un album agressif grâce à ses tonalités thrash. Il est parfaitement bien écrit, on ne peut l'apprécier totalement que si on découvre la scène metal depuis peu de temps. Après on s'aperçoit que malgré de superbes idées, malgré une noirceur intéressante il pêche par un manque de singularité, ce qui fait qu'il est bon mais peut-être pas assez pour être vraiment remarqué et s'extirper de la masse...

A côté de ça, il pêche aussi un peu par sa production qui aurait pu être plus claire et moins étouffée, et d'un avis totalement subjectif par sa pochette, peut-être pas adaptée à sa musique. Donc on est un peu mi-figue mi-raisin sur le coup à se demander est-ce que on apprécie les chansons dans leur ensemble ou individuellement, on se demande également si c'est un album qui mérite d'être en avant sur les étagères de notre CDthèque ou d'être rangé avec les autres dans l'ordre alphabétique... Je ne sais pas à chacun son interprétation, mais malgré tout vous noterez qu'il soit mis en avant ou rangé avec les autres, cela comprend implicitement la possession de l'objet. Ce qui n'est pas sans importance. Ecoutez, testez, et choisissez...


Arch Gros Barbare
Janvier 2013




"Before The Storm"
Note : 14/20

Fans de black metal apocalyptique et sans concessions, le dernier album d'Embryonic Cells : "Before The Storm" est fait pour vous. L'ambiance qui se dégage de ces 10 titres est clairement féroce, agressive et malsaine. On reste ici dans le black à proprement parler, sans s'approcher du death quoique les riffs de guitare aient souvent de forts accents thrashy. Je dénote aussi un petit côté indus qu'on pourrait prendre pour de la linéarité. Mais c'est toujours le danger lorsqu'on reste prisonnier des carcans d'un style bien défini : il est difficile de se renouveler. Les ajouts de synthé n'ont rien de symphonique comme chez Dimmu Borgir par exemple, la batterie est parfois limite et les cymbales sonnent mal et la prod' globale souffre d'un peu trop de reverb. La guitare est malheureusement mal dégrossie et a du mal à trouver sa place derrière la voix. Voila les seuls défauts d'un album sur lequel Embryonic Cells n'a pas hésité à jouer la carte du "pur et dur", tout en essayant d'y incorporer son esprit, issu de nombreuses influences artistiques autres que le metal.


La Patte de l'Ours
Juin 2007


Conclusion
L'interview : Max Beaulieu

Le site officiel : www.facebook.com/embryonic-cells-179425228782758