Le groupe
Biographie :

Sabathan (chant et basse) et Cernunnos (batterie) sont à l'origine du groupe Enthroned, créé en 1993, en Belgique. Après avoir recruté Tseboah comme guitariste, Enthroned met son projet à l'oeuvre et enregistre une cassette démo, qui attire l'oreille de certains labels. En 1995, "Prophecies Of Pagan Fire", leur premier album, sort sur le label Evil Omen Records. Le line-up s'élargit ensuite avec Nornagest, comme second guitariste, et Nebiros, remplaçant de Tseboah. S'ensuit une tournée en Europe et des partages de scène avec des groupes comme Marduk, Enslaved... Leur troisième album, "The Apocalypse Manifesto", sorti un an après "Towards The Skullthrone Of Satan", est très bien accueilli par les critiques internationales. Deux ans plus tard, Enthroned se sépare de Nebiros, remplacé par Nerath Daemon, avec qui ils prépareront la sortie de leur quatrième opus, "Armoured Bestial Hell". A noter la venue de Alsvid (Seth) comme batteur, remplaçant Namroth Blackthorn qui avait lui-même remplacé Da Cordoen. En 2002, Enthroned signe un contrat avec Napalm Record et en profite pour sortir "Carnage In Worlds Beyond", leur cinquième album. Après un autre petit changement de line-up (Nguaroth à la guitare et Glaurung à la batterie), "Xes Haereticum", leur sixième opus sorti en 2004, perpétue le black brutal et haineux d'inspiration nordique qui a fait connaître Enthroned tout en y apportant quelques éléments inédits. En Octobre 2007, le groupe sort son album le plus abouti : "Tetra Karcist" qui reçoit les meilleures critiques de la presse spécialisée. A l'aube de 2008 le groupe signe avec le fameux label suédois : Regain Records, le résultat de cette collaboration sera l'album "Pentagrammaton". En Septembre 2011, Enthroned annonce que la collaboration Regain Records - Enthroned est terminée. La même année, le groupe signe avec le label Agonia Records, avec initialement un contrat pour deux albums. Ils auront l'opportunité de fait paraître leur neuvième album prévu pour début 2012. Ce neuvième album, intitulé "Obsidium", est commercialisé le 20 Mars 2012 en Europe chez Agonia Records. En Octobre 2012, le groupe annonce une tournée européenne aux côtés de Forgotten Tomb. En Mars 2013, un dixième album est annoncé en cours d'enregistrement qui devrait marquer le vingtième anniversaire du groupe. "Sovereigns" sort le 15 Avril 2014. En 2016, le bassiste Phorgath et le guitariste ZarZax quittent le groupe, ils sont remplacés par Norgaath et Shagal. L'album "Cold Black Suns" sort le 7 Juin 2019 chez Season Of Mist.

Discographie :

1995 : "Prophecies Of Pagan Fire"
1997 : "Towards The Skullthrone Of Satan"
1999 : "The Apocalypse Manifesto"
2001 : "Armoured Bestial Hell"
2002 : "Carnage In Worlds Beyond"
2004 : "Xes Haereticum"
2007 : "Tetra Karcist"
2010 : "Pentagrammaton"
2012 : "Obsidium"
2014 : "Sovereigns"
2019 : "Cold Black Suns"


Les chroniques


"Cold Black Suns"
Note : 16/20

Les vétérans d'Enthroned sont de retour avec "Cold Black Suns", onzième album du groupe mine de rien ! Groupe sur lequel je me suis penché à l'époque de "Towards The Skullthrone Of Satan", ce qui ne nous rajeunit pas, et qui revient après cinq ans d'absence et un "Sovereigns" qui se montrait plutôt efficace dans son genre.

Quel genre ? Du black metal évidemment, assez brutal, froid et malsain avec la dose nécessaire de mélodie. Par rapport aux premiers albums, ça fait déjà un moment qu'Enthroned propose un black plus méchant, violent et direct. "Cold Black Suns" contient encore des éléments qui suivent cette voie mais le groupe nous réserve quand même pas mal de surprises. "Ophiusa" ouvre l'album sur quelques arpèges dissonants et glauques avant d'embrayer sur des riffs rampants et des mélodies toujours aussi noires. Une longue introduction en quelque sorte qui permet de poser l'ambiance d'entrée avant de foncer dans le tas avec "Hosanna Satana" qui ne fait preuve d'aucune pitié et qui montre le groupe nous rouler sur la gueule à grands coups de blasts lancés à fond les ballons ! Un contraste saisissant qui fait son petit effet et qui tranche totalement avec l'ambiance très lourde et froide de "Ophiusa". Le climat global est par contre toujours aussi malsain avec des riffs dissonants eux aussi, enfin quand la machine de guerre n'est pas lancée à 300 à l'heure droit dans votre tronche évidemment. Deux petites minutes au compteur et puis s'en vont, mais croyez-moi que ces deux minutes sont intenses ! "Oneiros" nous reprend à contre-pied en rebalançant des ambiances plus dissonantes, malsaines et lourdes sur fond de black metal vicelard et sournois dont les sonorités se rapprochent doucement de la scène orthodoxe avec ce fameux feeling occulte. Une bonne façon de donner une dynamique à l'album et de garder l'attention de l'auditeur éveillée en plus d'ajouter pas mal de profondeur aux morceaux. Si Enthroned sait toujours faire parler la poudre, "Cold Black Suns" montre toutefois un visage plus noir, plus occulte et plus aéré, les passages violents étant fréquemment contrebalancés par d'autres bien plus lourds et cérémoniels. On trouve pas mal de morceaux assez longs flirtant avec les six ou sept minutes, mention spéciale à "Son Of Man" qui atteint carrément les neuf minutes.

Enthroned se renouvelle donc sans trahir son identité en empruntant quelques petites choses à la scène orthodoxe tout en y apposant sa patte. On la reconnaît bien dans les passages les plus brutaux mais les morceaux les plus occultes nous montrent un autre visage des Belges qui leur convient plutôt bien. Les plus bourrins seront peut-être un peu déçus face à ce nouvel album plus nuancé, plus varié et finalement plus malsain et oppressant qu'ouvertement brutal. Tout l'album s'apparente presque à une cérémonie, une série d'incantations sur fond de black metal. Je pense notamment à "Aghoria" avec ces parties déclamées qui ont tout du rituel ou de l'incantation justement. "Beyond Humane Greed" mélange d'ailleurs très bien ces deux visages, d'un côté les passages lourds et cérémoniels et de l'autre les blasts sauvages qui vous roulent dessus sans pitié. Par rapport aux albums précédents, on perd peut-être en intensité mais on gagne clairement en personnalité et en profondeur, les ambiances étant toutes assez prenantes et le côté presque rituel et incantatoire de la chose contribue encore plus à faire sortir l'album du lot. Certes ce mélange a déjà été fait, on pense d'ailleurs vite fait sur certains passages aux premiers Secrets Of The Moon mais Enthroned s'en sort très bien dans ce domaine et ces neuf morceaux montrent que le groupe en a encore sous le pied et qu'il ne veut pas se contenter de sortir un album de black générique. Cela ne plaira peut-être pas à tout le monde mais l'initiative est louable et le résultat est tout à fait convaincant. L'esprit du black est bien là, la forme a simplement évolué et les ambiances mélangées aux accès de violence subite ne trompent pas sur la marchandise.

Un nouvel album qui montre un Enthroned encore plus occulte, incantatoire et presque rituel par moments mais qui n'a pas oublié sa violence en route. Un black metal efficace, violent et habité, même si moins frontal qu'avant.


Murderworks
Juin 2019




"Sovereigns"
Note : 15/20

Après un "Obsidium" en demi-teinte, Enthroned nous revient avec son dixième album studio, à nouveau chez les très prolifiques Agonia Records. Après plus de 20 ans d'existence, le groupe réussira-t-il à trouver un second souffle ??? La volonté de Nornagest et de sa horde est en tout cas clairement affichée... Ce nouvel album, intitulé "Sovereigns" et à l'artwork une fois de plus très soigné, se veut dominateur !!! Alors, opus sulfureux ou pétard mouillé ??? Voilà les éléments de réponse de votre serviteur...

Ce dixième album des Belges commence par intro relativement convenue mais qui joue bien son rôle, à la fois ritualiste et oppressante, de quoi se mettre en condition pendant 1min24... Mais c'est avec "Sine Qua Non" que le groupe va rentrer dans le vif du sujet, à l'image du premier riff, glacial et acéré comme il se doit !!! Ce morceau va petit à petit monter en puissance pour finalement se révéler en pleine lumière : procédé classique mais très bien fait, donnant au morceau tout le relief dont il a besoin pour s'exprimer !!! Pour donner vie à ce morceau, Enthroned va aussi opter pour l'alternance de passages mid-tempos quasi incantatoires et de blast-beats dévastateurs : une vraie réussite constituant de manière très intelligente une bien belle entrée en matière, à la fois sombre et torturée...

La horde belge va ainsi continuer dans le même état d'esprit sur les morceaux suivants, particulièrement efficaces, aidés en cela par un son parfaitement adapté au style pratiqué : puissant, il sait être chaotique quand il le faut, avec ce petit côté un peu crade qui rend l'ensemble sulfureux à souhait !!! Si le son de cet album peut parfois paraître chaud, c'est bien de la chaleur des flammes de l'enfer qu'il s'agit, rassurez-vous... Mais ce qui fait de ce "Sovereigns" un album aussi dynamique, en perpétuel mouvement, ou en évolution constante, c'est bien ce contraste entre une certaine chaleur et l'utilisation de riffs d'une froideur extrême !!! On peut d'ailleurs retrouver ce sentiment dans le riff mélodique de "Of Feathers And Flames" par exemple, glacial et lancinant, créant en flottant ainsi au dessus du chaos une atmosphère quasi mélancolique particulièrement touchante.

Et que dire de l'excellent "Lamp Of Invisible Lights", mid-tempo redoutable à s'en briser les cervicales, mais en même temps, quasi religieux et incantatoire ??? Un morceau qui fait preuve d'une grande maturité et véritablement taillé pour la scène, cela va s'en dire... Et là encore, un riff mélodique qui vous possède littéralement, qui transperce votre âme telles 20 000 lances projetées à pleine vitesse !!! Peut-être le tube de ce nouvel album à n'en pas douter... Et l’enchaînement avec le satanique "Of Shrines And Sovereigns" est tout juste magique !!! Avec ses riffs et ses blasts dévastateurs, ce morceau a malgré tout l'intelligence de ne pas perdre ce côté occulte finalement propre à l'album... C'est définitivement là qu'on sent les 20 années d'expérience et de maîtrise instrumentale et musicale !!! On aurait presque le sentiment que Nornagest a enfin rencontré Satan et que ce dernier l'aurait gratifié du don de double-vue...

Peut-être un peu classiques à la première écoute, chaque morceau va ainsi nous offrir son lot de bonnes idées, disséminées ici et là, de petites subtilités, d'infimes fioritures qui font vraiment de cet album celui de la maturité !!! Et vous verrez, vous en découvrirez à chaque écoute... Efficace, sombre, malsain, puissant, guerrier, "Sovereigns" sait aussi nous apporter sa dose de mélancolie, aussi discrète soit-elle... Mais son grand succès, c'est qu'il parvient à résonner, au fil des 9 morceaux qui le compose, telle une messe noire dans notre être torturé, carcasse vide dont il finit par occuper de manière insidieuse les moindres recoins !!! En fait, à l'image d'un "Baal al-Maut", tantôt brutal et tantôt hypnotique, notre être se divise et s'éparpille dans un chaos d'une beauté sans nom : notre corps veut faire la guerre alors que notre âme, elle, préférerait se recueillir et honorer les ténèbres !!! Rares sont les albums de black-metal parvenant aujourd'hui à un tel résultat et c'est le signe des grands, soyez-en sûr...

Ainsi, alors que mon intérêt pour le groupe avait diminué suite au départ de Sabathan, Enthroned est venu me chercher dans mes derniers retranchements et m'a ramené dans ses rangs par la peau des c....... !!! Ce second souffle que j'attendais, il est là, il s'appelle "Sovereigns", mais c'est avant tout le souffle d'un dragon !!! Tout le monde, même les musiciens, peuvent avoir des bas, le tout étant bien sûr de se relever... Les Belges l'ont ici fait de bien belle manière, intelligente et mature, et ce sont aujourd'hui des géants qui se dressent devant nous !!! Et le plus important je crois, c'est que la horde de Nornagest joue sur cet album avec ses tripes, mais pas que... Car outre sa brutalité sauvage, cet album nous offre une certaine sensibilité qui ne peut venir que de la fusion de l'âme et du cœur !!! Et le résultat en sera pour toujours cette engeance monstrueusement belle... Amen !!!


Carcharoth
Mai 2014




"Obsidium"
Note : 12/20

Oyez oyez, avis aux métalleux en quête d’un nouvel album de true black metal en guise d’album de chevet. Vous aimez le black, le vrai (oh pardon, le true) ? Mieux encore, vous aimez Enthroned et leurs derniers opus ? Pas la peine de vous évertuer à trouver une galette fondamentalement différente des autres, leur huitième album, "Obsidium", est fait pour vous !

La pochette annonce d’emblée la direction qu’"Obsidium" prendra, à savoir tout sauf de la transcendance mais réalisé de manière irréprochable. Pour la peine, celle du précédent album, "Pentagrammaton", attirait beaucoup plus le regard. Sur le plan musical, c’est exactement pareil : ça joue, ça joue très bien même, les blasts se succèdent… et se ressemblent inlassablement. Car c’est là que ce situe le point faible des Belges sur "Obsidium", toutes les chansons (ou presque, "Deathmoor" et "Oblivious Shades" tirent assez bien leur épingle du jeu) se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Alors l’écoute s’opère toute seule car les compositions se veulent recherchées et originales, mais ne se révèlent au final que très "communes".

Il faut dire que dans un courant comme le black metal, le nombre sans cesse croissant de formations et le manque de diversité dans les influences et compositions n’aident certainement pas. Cette sensation irritante que tout a déjà été fait et entendu dans le milieu en est la conséquence plus que directe. Fait est de constater que la production est étonnant "claire" pour un CD de true black, les blasts ne donnent aucun répit à l’auditeur, et les riffs de guitares et de basse forment un mur auditif plutôt opaque et des plus agréables pour les amateurs du style.

Pour conclure, si vous êtes un adepte du true black metal et que la discographie d’Enthroned vous a plu jusqu’à présent, "Obsidium" en fera très probablement de même. Si en revanche, le black metal vous horripile ou vous laisse de glace, ce n’est définitivement pas cet album qui vous fera changer d’avis.


Ichigo
Juin 2012




"Pentagrammaton"
Note : 11/20

Lorsque l’un des piliers du metal extrême belge sort un nouvel album, cela se sait longtemps à l’avance, cela se fait attendre avec impatience, et cela se fête en grandes pompes. L’année 2010 s’engage donc plutôt bien vu que c’est en son cours que s’opéreront deux sorties de tailles, à savoir celles d’Aborted et d’Enthroned. En cette fin de mois de Mars, c’est de ces derniers dont nous allons parler vu que leur huitième et tout récent blasphème, "Pentagrammaton", est désormais dans les bacs et ce, trois ans après le très salué par les critiques, "Tetra Karcist". Le combo fait depuis longtemps office de valeur sûre dans le milieu du black metal, bien que les changements incessants de line-up commencent à lui ôter une part de sa crédibilité. La perspective de chroniquer leur dernier effort paraît donc des plus intéressantes : Enthroned se reposera-t-il sur ses lauriers ? Fera-t-il mieux que leur album culte "Towards The Skullthrone Of Satan" ? Egalera-t-il "Tetra Karcist" ?

Un grand travail de promotion a été fourni par le label suédois en charge du groupe, Regain Records. En effet, on retrouve la pochette de "Pentagrammaton" depuis des mois un peu partout sur la toile. Parlons-en de cette pochette : à elle seule, elle mériterait une note mirobolante tant son travail est fin, sobre (mais contrasté à point) et surtout empreint de sensibilité. Un artwork aussi bon donne irrémédiablement envie de s’attaquer à l’écoute du disque sans plus attendre car en plus, vu la renommée du groupe, ça promet d’être un album tout simplement terrible… Oui mais en fait, non. Les hostilités commencent avec une intro de deux minutes intitulée "In Missi Solemnibus" sympathique mais qui ne sert pas à grand-chose, avant d’enchaîner avec le premier vrai titre, "The Vitalized Shell". En ce qui concerne la production, on se trouve au juste milieu entre un son underground qui n’est pas crade (Amen !) et un son plus propre qui permet de bien profiter des compositions. C’est en fait plutôt à ce niveau là que le bat blesse car bien que les titres s’enchaînent plutôt bien les uns aux autres et que techniquement parlant il n’y ait absolument rien à redire, le seul sentiment suscité à l’écoute de "Pentagrammaton" n’est qu’un ennui plus que profond tant tout ce qui est joué a été vu et revu sous toutes ses formes par le groupe même auparavant, mais surtout par d’autres.

Si quelques pistes ressortent tout de même du lot comme par exemple "Rion Riorrim" et ses riffs affûtés, "Magnus Princess Leopardi" et ses chœurs, ou encore "Nehast" et son refrain qui n’est pas original d’accord mais qui envoie sacrément bien… il manque clairement quelque chose pour faire de l’album un opus mémorable. Cette première grosse sortie Belge sera donc une tout aussi grosse déception, et je ne recommande pas "Pentagrammaton". C’est dommage car le groupe a vraiment réalisé des choses excellentissimes, mais donne à présent la farouche impression d’avoir bâclé le travail au niveau des compositions et des ambiances. Peut être qu’en essayant de garder un line-up stable, la prochaine fois nous aurons droit à un album qui apporte vraiment quelque chose à part le sentiment d’écouter le dernier Marduk… Nous l’espérons très fort en tout cas !


Ichigo
Mars 2010


Conclusion
Le site officiel : www.enthroned.be