Le groupe
Biographie :

Eudaimony est un groupe de post-black metal germano-suédois formé en 2007 et actuellement composé de : Jörg Heemann (batterie / Mosaic, Secrets Of The Moon, Black Crucifixion, ex-Bloody Thorns, ex-Debauchery, ZiZ, ex-Embedded, ex-Krieg, ex-Dordeduh, ex-The Vision Bleak, ex-Morbus), Marcus E. Norman (guitare, basse, clavier, programmation / Ancient Wisdom, Naglfar, Havayoth, ex-Throne Of Ahaz, ex-Bewitched, ex-Ancient), Matthias Jell (chant / ex-Sindecade, ex-Dark Fortress) et Peter Honsalek (violon, piano / ex-Nachtreich. Eudaimony sort so premier album, "Futile", en Novembre 2013 chez Cold Dimensions.

Discographie :

2013 : "Futile"


La chronique


Eudaimony est un groupe formé en 2007, et qui s’est donné pour mission de refléter une vision très négative et pessimiste de la vie dans la société d’aujourd’hui. En clair, soyons négatifs sur tout, et transmettons cette vision au monde entier. Je ne vais pas me plaindre sur cette idée, j’adore ce genre de groupes qui joue avec toutes les émotions les plus noires qu’un être humain peut ressentir. On est tous de suite mis dans le ton avec l’artwork de la cover. On y voit une jeune fille sur son lit de mort, ou rongée par la maladie (oui j’interprète) dans un environnement des plus grisâtres.

Maintenant, place à la musique. Tout commence avec "Ways To Indifference". J’imagine assez bien l’expression du profond désespoir qui amène l’homme à ne plus se préoccuper de rien ou de personne. Le sentiment de vide total face à l’agitation des autres dès que l’on pose un pas dans la rue. Et l’indifférence face aux préoccupations futiles de la société d’aujourd’hui. Oui, je suis déjà très réceptive au sujet, je le sais. Et l’écoute du premier titre ne fera que confirmer que je vais beaucoup apprécier cet album. Expression absolue d’une descente aux enfers. L’atmosphère distillée par le groupe est des plus pesantes. On se sentirait presque oppressés. On poursuit avec "Mute". Oh tiens, du piano. Le rythme lent accompagné par cette voix gutturale m’a donné l’impression d’un huit-clos. On ressent un désespoir qui monte en crescendo. Ce titre m’a fait penser à Shining (Suède) dans sa façon de se répandre dans l’émotion en alternant avec un tempo posé et des vocaux déchirants. Poursuivons avec "Window In The Attic" qui exprime une impression de "longing" (le terme en français ne me revient pas, mais peut-être nostalgie dans ce cas précis ?). Titre immensément versé dans le désespoir le plus profond, il ne tombe pas dans le pathos vulgaire et facile. A peine remis, le titre "phare" de l’album nous tombe dessus. "Futile" met plus en avant les guitares. Ce qui est en soi impressionnant avec ce titre, ce sont les périodes d’anticipation. On en vient à se demander ce qui va arriver, ce qu’on va se prendre dans la figure. Et les vocaux viennent nous rappeler que nous ne sommes pas là pour rigoler. Bien au contraire, le sujet est sérieux et le groupe ne le prend nullement à la légère. Et la phrase "May Death be my last excuse" envahit rapidement le cerveau.

Une guitare accoustique nous accueille sur "Portraits", le titre suivant. Et ô des vocaux clairs. Je ne l’avouerai jamais assez, les vocaux clairs sur ce genre de titres, c’est mon pêché mignon, le truc ultime qui me fait planer et qui me fait dire "Oh mais c’est génial ça !". Et ce n’est pas ce titre qui fera exception. Bercé de mélancolie, le morceau nous emporte. Et on se prend à fermer les yeux pour mieux savourer. Et encore une fois les paroles font mouche. On se répresente bien l’homme qui n’a même plus envie de se réveiller pour voir le foutoir de la vie de tous les jours qui ne conduira qu’à un déchirement supplémentaire. "Cold" s’apparente plus pour moi à l’évocation d’une crise de folie. De l’expression d’une angoisse. Une angoisse qui laisse paralysé, et dont on ne peut se défaire. Angoisse qui finit par nous submerger, ou à laquelle on se rend. Au choix ! Le piano refait une apparition sur "Godforsaken". Ambiance désespérée à souhait, avec en fond sonore des murmures. Je n’ai pas vraiment adhéré à ce titre, pour une raison que j’ignore encore. Peut-être que c’est justement le morceau qui en rajoute beaucoup, quitte à en faire trop ? Gros point d’interrogation. Mais nous voilà arrivés à la fin de ce périple mental avec "December’s Hearse". Un titre qui termine en beauté cet album. Toute la misère morale que l’on peut ressentir trouve son équivalent musical. Avec un final tout en émotion et les vocaux qui déraillent. Puissant.

Soyons clairs, ce n’est pas un album à mettre entre toutes les mains. Il fait partie de ce genre d’albums sur lesquels on se dispute entre amis à coup de "Ah mais c’est magnifique !", "Mais non, on s’emmerde !". Il divisera le public, c’est évident. Eudaimony nous offre un contenu très mélancolique. En fait, tout dépendra de vos sensibilités personnelles. Vous pourrez adorer certains titres, et en trouver d’autres ras la pâquerette en vous demandant ce qui cloche sans parvenir à poser le doigt dessus. Mais dans tous les cas, ce premier album délimite de façon claire la ligne directrice que souhaite emprunter le groupe. La route du désespoir n’est pas encore terminée. Pour ma part, vous l’aurez compris... j’adhère. Et dans un sens, cela m’ennuie profondément d’adhérer. Mais je le fais quand même.


Velgbortlivet
Janvier 2014


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/eudaimony