Commençons en beauté : souvenez-vous de votre pire gastro ou de votre pire cuite. Repensez à ces longs moments d'échange avec la cuvette, ces longs tête à tête endiablés à admirer votre vomi s'écraser sur les parois de votre précieux. Maintenant que vous avez ces belles images en tête, imaginez ce que ça pourrait donner s'il s'agissait de musique… C'est simple, ça serait Evisorax ! Vous l'aurez sans doute compris, ce groupe de grindcore / mathcore venu du pays du rugby n'est pas là pour une troisième mi-temps sous la douche mais bel et bien pour venir foutre le bordel jusque dans vos canalisations. Afin de bien faire dégobiller vos tympans dans les règles de l'art, nous retrouvons Simon Wright au chant (chanteur de Krokodil), Simon Bishop à la batterie (ex-Narcosis, Arendia et The Ergon Carousel) et Daniel Lynch à la guitare. Oui, c'est tout, quitte à nous envoyer une bonne diarrhée pimentée dans le fond des oreilles, autant ne pas se faire chier (ahaha) avec une basse. Notons tout de même que cet album a été masterisé par Scott hull (pig Destroyer, anal Cunt ou encore Agoraphobic Nosebleed !), rien que ça.

Bon, tout ça, c'est bien beau, ça fait déjà rêver, mais en plus de cette jolie pochette en noir et blanc à tête de buffle qui mériterait d'être sacrifié lors d'un rituel satanique, ça donne quoi concrètement ? Alors, Evisorax, c'est une sorte de Brutal Truth, en plus destroy, un mélange entre du Napalm Death à petit budget et du Gridlink sauce british. Si ce groupe était français, je ne doute pas un seul instant qu'il serait non pas sur le label Bones Brigade Records mais plutôt chez nos amis de Kaotoxin, tant il produit un grindcore violent, torturé et ultra malsain, proche de Nolentia ou Department Of Correction par exemple.

Dès la première seconde de "Greedy Pig", on est agressé par des hurlements de poule égorgée sur fond de bordel instrumental totalement déchaîné. Les growls plus graves et plus rares ne retirent rien au charme de ce groupe aux mélodies parfois totalement absurdes dues à une guitare joliment malmenée du début à la fin. On saluera également le nom des pistes qui, elles aussi, vendent du rêve : "The Last Horrendous Concubines" ou encore "So Many Fat People, During The Famine". Si l'on retire cette piste, d'une durée de 5 minutes, l'album ne dure que 8 minutes, ce qui n'est pas énorme, même pour du grindcore. Dommage. Chaque chanson est plus intestinalement orgasmique que la précédente, on sent toute la rage de ces psychopathes sur chaque note, chaque cri. Seule petite ombre au tableau, cette fameuse piste de 5 minutes, qui vient un peu casser le rythme avec des riffs trop lents et assez peu travaillés à mon goût, ce qui n'empêche pas l'album de finir en apothéose, avec une gratte qui bascule carrément vers du technical death !

Bref, amis de la poésie, à vos toilettes, Evisorax vient vous arracher les tripes avec un album aussi incisif qu'un vomi mal digéré. Bon appétit.