On peut dire que les Suédois de Faceshift prennent leur temps ! En effet, "All Crumbles Down" est le second album du groupe et sort 8 ans après leur premier méfait, le fait que la plupart des membres fait aussi partie de Eternal Oath ne doit pas être étranger à ce très long délai.

Pour présenter un peu la bête, disons que le groupe pratique une sorte de heavy aux accents gothiques, une mixture qui n'est pas sans rappeler à la fois Nevermore et Evergrey. "Betrayed" annonce la couleur d'entrée de jeu avec ses riffs plombés, une ambiance lourde et mélanconlique et des lignes de chant accrocheuses et mélodiques. Et si les structures des morceaux sont en générales assez conventionnelles, elles n'en restent pas moins dynamiques. Pour faire plus clair, on retrouve bien des couplets et des refrains mais Faceshift s'amuse à placer pas mal de variations entre les deux, que ce soit en termes d'ambiances ou de rythmiques. Un bon alliage de puissance et de mélodies, de dynamisme et d'efficacité, bref le genre d'album qui passe comme une lettre à la poste mais qui vous donnent quand même de quoi avoir envie d'y revenir ne serait-ce que pour entendre quelques détails qui vous avaient échappés le premier coup. Certains morceaux risquent de repousser ceux qui sont vraiment allergiques au heavy puisque "New Beginning", malgré ses sonorités relativement modernes, ressort des riffs et rythmiques typiquement heavy. Niveau son, c'est du gros qui tache, les guitares sont surpuissantes et décollent le papier peint, ce qui est d'autant plus surprenant quand on sait que même si le groupe est signé chez Mighty Music, il n'en a pas moins produit son album lui-même.

Si le niveau n'atteint jamais vraiment les deux mastodontes cités plus haut que sont Nevermore et Evergrey, il n'empêche que "All Crumbles Down" fait plutôt bien le boulot. La dfférence se situe, comme je viens de le dire, dans un côté heavy metal un peu plus prononcé, avec quelques riffs un peu plus galopants et un côté presque épique dans certaines mélodies. L'aspect moderne vient du gros son et d'une certaine puissance dans les riffs et une mélancolie quasiment omniprésente qui tranche bien entendu avec les anciens représentants du heavy qui tapaient plutôt dans les mélodies limite joyeuses. "All Crumbles Down", le morceau qui termine l'album, nous montre même un côté presque cinématographique, une musique très pesante et portée uniquement par les ambiances. Une sorte de ballade mais sans le côté niais habituel, une ballade à la Nevermore encore une fois d'ailleurs. Même les lignes de chant peuvent nous rappeler la façon dont Warrel Dane place sa voix ! Mais pas de plagiat ici, c'est simplement une influence qui peut se faire entendre de temps en temps. Globalement, Faceshift essaie d'avoir sa propre patte, et si on ressent encore quelques influences extérieures, c'est sûrement parce que, malgré l'expérience de ses membres, le groupe n'en est qu'à son deuxième album.

Du coup, on se retrouve avec un album plutôt efficace et sympathique, même si on ne pourra pas le mettre au même niveau que les deux mastodontes qui l'ont inspiré. Que les amateurs de heavy mélancolique et puissant y jettent tout de même une oreille, il y a pas mal de bonnes choses dans cet album et ça passe tout seul.