Le groupe
Biographie :

Formé initialement par Baptiste Gautier de Brain Pyramid (batterie) et Benjamin Moreau (guitare) de Huata, Fange pose les fondations de son trio avec Jean-Baptiste Lévêque (chant / noise) en 2013. Basés sur Rennes, ils extraient leur premier EP "Poisse" en Avril 2014 sur le label Cold Dark Matter Records, suivi d'un second, "Pissotière", en Octobre 2015, où Boris Louvet remplace Baptiste. Le premier album, "Purge", sort en Septembre 2016 chez Throatruiner Records et Lost Pilgrims Records, et avec Matthias Jungbluth au chant. Le deuxième album, "Pourrissoir", sort en Mars 2017 chez Throatruiner Records. Avec l'arrivée d'Antoine Perron à la basse, Fange sort son troisième album, "Punir", en Mars 2019. L'album suivant, "Pudeur", sort en Avril 2020. En 2022 Vague (Acedia Mundi, Epectase, Hostile) remplace Jean-Baptiste. "Privation" sort en Mars 2023.

Discographie :

2011 : "Poisse" (EP)
2015 : "Pissotière" (EP)
2016 : "Purge"
2017 : "Pourrissoir"
2019 : "Punir"
2020 : "Pudeur"
2020 : "Poigne" (EP)
2021 : "Pantocrator" (EP)
2023 : "Privation"


Les chroniques


"Privation"
Note : 17/20

Si vous aimez les pratiques sadomaso dans des clubs à l'hygiène douteuse, vous serez ravis d'apprendre que Fange est de retour avec "Privation", un nouvel album qui ne manquera pas de vous refiler plein de joyeuses maladies à coup de martinet fait maison avec des clous rouillés. Si vous traînez vos guêtres par ici, vous connaissez le groupe et vous savez que ça faire mal quoi qu'il arrive, alors on serre les dents et on protège les murs pour ne pas tacher le papier peint avec les giclées de sang.

Les deux précédentes sorties du groupe, "Pantocrator" et "Poigne" l'avaient vu expérimenter avec sa facette la plus rampante et la plus industrielle, le tout prenant des allures de Godflesh possédé qui aurait totalement pété les plombs (et quand on connaît Godflesh ça en dit long sur les sorties en question..). "Pantocrator" poussait même le vice jusqu'à faire deux morceaux d'un quart d'heure histoire de vous faire souffrir le plus longtemps possible. En tout cas, c'était intéressant d'entendre Fange expérimenter et tenter une autre approche, jouer avec ses différentes influences et appuyer les ambiances froides et glauques plutôt que l'agression pure et dure. Cette fois, le groupe décide de couper le mal "À La Racine" avec ce premier morceau qui nous envoie déjà des délires noise en pleine tronche en guise de comité d'accueil ! On y entend ensuite un Fange bien plus froid qui mélange ses sonorités industrielles à des ambiances glaciales qui pourraient presque évoquer une version démoniaque de la cold wave. Les gros riffs reviennent vite mais avec un son modifié pour lui donner un air plus synthétique, plus glacial et plus inhumain. Fange confirme qu'il n'a pas envie de poursuivre dans la voie qui consistait à multiplier les couches de sons pour nous ruiner les tympans, il continue au contraire à explorer les sonorités industrielles ou électroniques voire synthétiques en général. Le talent du groupe se trouve dans le fait qu'il arrive à changer d'approche sans modifier sa personnalité, on sent que ces sonorités ont toujours fait partie de sa musique et qu'il choisit simplement de les mettre plus en avant cette fois en expérimentant un peu au passage.

Le fond est toujours là et "Privation" est tout aussi dur que ses prédécesseurs malgré l'approche différente. Le groupe a toujours versé dans l'extrémisme musical et ce nouvel album fait bien mal lui aussi, les outils utilisés sont différents mais la douleur est aussi intense. "Sang-vinaigre" enchaîne avec son tempo rampant et ses ambiances vénéneuses une fois de plus, on sent que la rage est toujours là mais s'exprime de manière plus sournoise. La frontière avec la folie est de plus en plus mince et on sent que tout ça risque d'exploser à tout moment ! "Pudeur" annonçait déjà discrètement cette évolution qui s'est poursuivie avec "Pantocrator" et "Poigne", "Privation" la pousse donc encore un peu plus loin avec une ambiance de plus en plus rampante et glaciale. Quelques mélodies font même leur apparition sur "Né Pour Trahir" qui laisse en plus entendre un chant féminin posé par Cindy Sanchez, ce qui ne doit pas vous faire croire pour autant que la musique de Fange s'est adoucie. La violence et la brutalité s'expriment d'une manière plus fourbe et plus rentrée mais ce nouvel album est tout aussi dur et encore plus froid que ses prédécesseurs. Certes l'intensité est plus supportable et les mélodies glaciales se font un chemin à travers la crasse, mais la brutalité frontale ne laisse sa place que pour la donner à une désillusion et une rage désespérée qui ne font pas moins de dégâts ! On entend aussi Cédric Toufouti de Hangman's Chair sur "Portes D'Ivoire" qui vient lui aussi apporter une pointe de mélodie et des ambiances encore plus froides à la musique de Fange. Histoire d'enfoncer le clou et de convaincre définitivement ceux qui pourraient penser que le groupe s'est assagi, "Extrême-onction" clôt l'album avec des ambiances encore plus glauques et malsaines.

"Privation" est donc un nouvel album étouffant et glacial qui permet à Fange de continuer à explorer une voie plus industrielle, plus synthétique et encore plus inhumaine. De quoi confirmer que non seulement il a encore des choses à dire mais qu'en plus il sait faire souffrir sans rentrer dans le lard en permanence. L'intensité est un peu plus simple à encaisser mais ce nouvel album reste très dur, glacial, malsain et donc aussi extrême que ses prédécesseurs même si l'approche est différente.


Murderworks
Avril 2023




"Pudeur"
Note : 17/20

Vous aimez souffrir et tester votre tolérance à la douleur ? Fange a pensé à vous et débarque avec un quatrième album, "Pudeur", qui, comme d'habitude, devrait bien vous violer les oreilles. Pour rappel, le groupe mélange en gros tout ce qui se fait d'extrême avec jusqu'à maintenant une prédilection pour le black, le sludge et le punk pour faire simple.

Les deux précédents albums avaient la joyeuse idée d'ajouter quelques délires noise au milieu de tout ce bordel parce que finalement ça ne filait pas encore assez vite le tétanos. Autant dire que les oreilles sensibles feraient bien de dégager très vite et que seuls les amateurs de l'extrême pur et dur peuvent envisager l'écoute de cette fausse "Pudeur". N'allez pas vous imaginer quelque chose d'intimiste avec un titre pareil, non non cet album va vous tabasser, vous piétiner voire même vous pisser dessus parce que pourquoi pas ? Dès "Soleils Vaincus", on retrouve ce son de guitare bien baveux et sale avec une belle boîte à rythmes froide façon Godflesh, le tout avec un chant presque vomi avec une haine et une folie omniprésentes. L'album démarre à peine que la nuit est déjà tombée et qu'il se met à pleuvoir du sang ! Une fois de plus, l'intensité est éprouvante et le groupe a une facilité à nous écraser et à créer une ambiance extrêmement malsaine. La frontière entre les styles abordés se fait de plus en plus floue et se mélange en une sorte de mélasse écrasante, poisseuse et brûlante. Ce premier morceau donne l'impression d'un Fange qui cherche à contrôler sa folie au lieu de balancer directement tout ce qu'il a et qui en devient presque plus vicieux, plus fourbe. On sent une rage rentrée, quelque chose de retenu mais seulement à un fil, toujours sur le point d'exploser et de tout détruire. Si on reconnaît aisément la patte du groupe, on constate aussi le léger changement, la personnalité est là mais la façon d'agresser a changé. On retrouve cette fois un feeling presque industrile, sûrement dû en partie à cette boite à rythmes d'ailleurs. Fange se fait un peu plus froid, plus sournois et laisse paraître une sensation de contrôle. Sensation trompeuse puisque si sur les trois premiers albums le groupe détruisait tout, on sent cette fois qu'il y a quelque chose de plus mauvais derrière, Fange se retient un peu plus mais on sent que si les nerfs lâchent, ça va aller bien plus loin que de la simple casse.

Pour autant, les masochistes comme moi qui avaient apprécié les trois précédents méfaits s'y retrouveront tout de même puisque le groupe n'a pas changé son fusil d'épaule malgré cette évolution. Si en plus vous aimez les premiers Godflesh, vous allez vraiment vous sentir à la maison car c'est vraiment à ça que renvoient ce côté indus plus marqué. Et si vous connaissez bien Fange, vous savez que ces relents industriels étaient déjà là tapis dans l'ombre, cette fois ils ressortent simplement au grand jour, si on peut parler de grand jour pour une saleté pareille. "A Tombeaux Ouverts" se vautre d'ailleurs totalement dans l'indus bien sale et glauque histoire de plomber encore plus une ambiance qui ne respirait déjà pas franchement la joie de vivre. "Génuflexion", quant à lui, balance un tempo écrasant dont les riffs dégueulasses ne sont pas sans rappeller un certain Morbid Angel dans ses moments les plus rampants. On sent d'ailleurs que c'est le death qui prend le dessus dans les passages les plus brutaux et "Croix De Paille" n'est pas sans rappeler la fameuse scène death suédoise dont Fange a emprunté le son de guitares, tous les vieux Dismember, Entombed et compagnie. Les dissonances sont toujours là et trouvent plus d'une occasion de se faire entendre, et c'est dans ce genre de passages que les influences black ressortent, peut-être plus discrètes qu'avant. Comme je le disais, plus le temps passe et plus Fange mélange toutes ses influences pour en faire quelque chose de plus en plus personnel et de plus en plus malsain aussi au passage. "Pudeur" est une fois de plus un test, une épreuve à passer qui ne laissera que les plus résistants en lisse. Si l'aspect cathartique de la chose ne vous saute pas aux oreilles, je ne sais pas ce qu'il vous faut !

Bref, un nouvel album toujours aussi éprouvant, dur, malsain, opressant et foncièrement méchant qui voit Fange tenter de se contrôler pour devenir encore plus vicieux et sournois. On sent une colère rentrée qui menace d'exploser à tout moment et une folie qui guette tranquillement sur le pas de la porte. Encore une fois, ça ne rigole pas et si vous aimez ce qui se fait de plus extrême et que les précédentes saletés du groupe vous ont parlé, "Pudeur" est fait pour vous !


Murderworks
Juillet 2020




"Punir"
Note : 16/20

Les cinglés de Fange sont de retour avec un troisième album qui répond au doux nom de "Punir". Pas de doute, ça va encore se faire dans la joie et la bonne humeur et les ambiances joyeuses et guillerettes seront sûrement de sortie une fois de plus.

Bon, évidemment non, le groupe nous attaque tout de suite sans préambule et nous fait comprendre qu'il ne s'est clairement pas calmé avec le temps. "Ceinturon", avec plus de sept minutes au compteur, nous dégouline dans les oreilles à coup de guitares baveuses et riches en graisse à la mode HM-2 ( la pédale de disto utilisée par les vieux groupes de death suédois genre Entombed ou Dismember sur leurs premiers albums pour ceux qui ne sauraient pas). On retrouve toujours cette espèce de sludge ultra glauque et vraiment méchant mélangé à tout ce que le groupe peut trouver d'extrême et de malsain. A chaque album de Fange, vous savez que vous allez y patauger justement et on peut classer le groupe dans la catégorie de ceux qui ont vraiment bien choisi leur nom. L'ambiance est malsaine à souhait, la violence trouve à s'exprimer par tous les moyens possibles, des plus directs aux plus fourbes. Que ce soit l'attaque directe sur un rythme nerveux et tordu ou le riff dégueulasse qui vous taillade le visage à coup de lame rouillée, tout est bon pour vous faire souffrir. Comme d'habitude, le groupe met l'accent sur l'intensité et fait tout ce qu'il peut pour que sa musique soit étouffante et écrasante et ne vous laisse pas le moindre espace pour souffler. Fange ne relâche jamais la pression et vous martyrise pendant les trente-sept minutes que dure "Punir" sans jamais laisser le moindre rayon de lumière percer les murs de la cellule dans laquelle il va vous faire subir ses supplices sonores.

Et quand le groupe abandonne le sludge, c'est pour vous vriller les tympans à coup de saloperies bruitistes comme sur "Opinel" ou "Maintien De L'Ordre" qui vont bien vous violer les oreilles ! L'avantage avec cet album, c'est que c'est comme le Port-Salut, c'est écrit dessus, ce groupe vous veut du mal et vous êtes prévenus dès le titre de ce nouveau méfait. Donc si vous vous sentez l'âme d'un maso, Fange vous ouvre grandes ses portes et se fera un plaisir d'exercer son art sur vous. Si vous aviez trouvé votre bonheur sur les deux précédents albums, il n'y a aucun risque que vous ne le trouviez pas ici, Fange continue sur sa lancée et évolue tranquillement mais sûrement. C'est bien la seule chose qu'on peut considérer comme étant tranquille chez ce groupe d'ailleurs, le reste n'est qu'une décharge de haine, de rage et de fiel qui vous tombe sur le coin de la tronche avec la légèreté d'une collection d'enclumes balancée du vingt-quatrième étage. Ceux qui ne jurent que par les blasts à outrance et qui sont persuadés que la violence musicale ne peut s'exercer sans cet artifice vont en être pour leurs frais ! "Punir" est une fois de plus un gros glaviot sanglant que le groupe vous envoie au visage. Bref, vous allez vous en prendre plein la gueule mais comme vous aimez ça, vous allez encaisser sans broncher et vous repasser les deux précédents albums pour l'occasion histoire d'en profiter au maximum.

Troisième agression sonore pour Fange et toujours aussi bon dans le genre. Comme d'habitude, c'est à réserver à ceux qui recherchent vraiment de l'extrême parce que ça ne rigole vraiment pas et ce groupe est très doué pour tester vos limites.


Murderworks
Décembre 2016




"Pourrissoir"
Note : 16/20

On ne peut pas dire que Fange aura chômé ou pris son temps, à peine "Purge" sorti en Septembre 2016 que le groupe est déjà de retour avec "Pourrissoir" ! Sachant que leur premier essai avait fait bonne impression et constituait un bon crochet à l'estomac, j'espère que ce nouveau venu poursuit plus ou moins dans la même veine.

La veine en question, c'est une sorte de mélange black / doom aux relents parfois punk, une musique lourde et dégueulasse qui dégage une violence impressionnante en ne s'emballant pourtant quasiment jamais. Chez Fange, la violence ne passe pas par les blasts mais par la rage et la haine contenue dans les ambiances que dégagent ses morceaux. "Parmi Les Ruines" commence par des hurlements complètement possédés et enchaîne sur un metal bien lourd, poisseux, violent, aux forts relents sludge, bref on retrouve Fange comme on le connaissait. Avec cette fois le petit détail qui rajoute encore de la crasse à savoir les guitares bien baveuses à la Entombed grande époque. Une fois de plus, le groupe a opté pour un format compact avec un album qui tape dans la demi-heure, largement suffisant tant la musique de Fange est intense et étouffante. "Ultrafrance" nous donne à entendre un visage bien plus noisy, pas de riffs juste des hurlements et des bidouillages sonores electro bien bruitistes.

Pour faire simple, Fange n'a pas viré sa cuti, sa musique est toujours aussi extrême dans tous les sens du terme. Quand le groupe lève le pied sur "Les Gémonies", sa musique n'en devient que plus oppressante et écrasante, les ambiances de plus en plus crades et la violence toujours sous jacente. Les délires noisy reprennent sur "Vore" qui constitue avec "Ultrafrance" les morceaux les plus courts de l'album et les plus expérimentaux où Fange nous montre une autre manière de submerger l'auditeur sous une vague de rage. Tout en restant dans le même esprit que "Purge", ce nouvel album pousse la folie et le pétage de plomb encore plus loin et "Ressac" qui clôture l'album enfonce le clou. Un coup de sang final qui pousse le bouchon plus loin encore dans la violence sèche, l'agression frontale. Les relents punk font leur retour et le morceau nous passe dessus sans aucune pitié maltraitant les tympans des malheureux qui auraient osé les laisser traîner par là.

Nouvel album toujours aussi violent et haineux pour Fange, avec cette fois un son encore plus gras et quelques petites expérimentations. Que ceux qui ont aimé "Purge" se rassurent, il n'y a rien qui dénature la musique de Fange, il y a juste de quoi la rendre encore plus intense.


Murderworks
Décembre 2016




"Purge"
Note : 16/20

Vous aimez la crasse et vous vous vautrer dans la boue ? Fange est pour vous, avec un nom pareil vous vous doutez bien qu'on ne va pas tomber sur un groupe gothico-romantique ! Classé en blackened doom; le groupe débarque avec "Purge" premier véritable album faisant suite à deux EPs.

Et dès l'entame de "Cour Martiale", on comprend que l'étiquette blackened doom convient parfaitement. On est directement écrasé sous des riffs pesant des tonnes surmontés d'un chant d'écorché et d'ambiances dissonantes et malsaines, bref ça ne rigole pas chez Fange. Même si ça tient de la vanne foireuse, disons simplement que le groupe porte très bien son nom, on est vraiment musicalement traînés dans la boue pendant les 38 minutes que dure l'album. Quelques accélérations limite crust / punk viennent dynamiser le tout mais ne changent rien à l'aspect teigneux et torturé de l'ensemble, "Purge" est un album qui vous veut du mal et ça va passer par une agression non stop. Comme je le disais plus haut, cette agression n'est pas faite par des blasts à outrance et un rythme effréné, c'est tout le contraire même puisque c'est la lourdeur et la noirceur de l'ensemble qui frappent le plus fort. Fange n'a pas envie de vous laisser respirer et fait tout ce qu'il peut pour vous inonder de plomb en fusion et de goudron avec en bonus la dose syndicale de sang bien chaud. Le chant hurlé va vous lacérer les tympans, les riffs vont vous écraser, les larsens vont jouer avec vos nerfs, en bref vous allez souffrir et vous allez aimer ça. Le son de la basse et des guitares est d'ailleurs bien gras et bien lourd, ça bave de partout et ça convient parfaitement au style pratiqué tout en étant largement intelligible.

Vous l'aurez compris, ce qui fait toute la force et la violence de "Purge" tient dans son intensité, le groupe ne vous lâche pas une seule seconde et applique une oppression constante. Le rythme ultra pesant, la couche de crasse sur le son, les hurlements complètement possédés, les dissonances, les mélodies glauques, tout ça concourt à vous noyer sous des couches d'immondices et à vous refiler un tétanos auditif. Inutile de préciser que pour tout amateur d'extrême qui se respecte, c'est un régal, masochiste certes mais régal tout de même. Oui parce que même si ce premier album ne dure que 38 minutes je vous garantis que vous allez les sentir passer ! Comme quoi pas besoin de bourrer des blasts à trois millions de BPM pour faire un album violent et éprouvant, Fange n'accélère que très rarement et n'utilise jamais de blasts et malgré ça, sa puissance de feu dépasse celle de la plupart des groupes les plus bourrins. La rage et la hargne de "Purge" vous sautent à la gorge, et même si le groupe ne réinvente pas le mélange black / doom, sa personnalité et son côté très teigneux font que sa musique sort quand même du lot. Je n'ose même pas imaginer l'effet que ça doit faire de se prendre ça dans la face en live !

Un premier album déjà doté d'une personnalité et plutôt intense dans son genre, les plus extrêmes d'entre vous devraient prendre un malin plaisir à se torturer les tympans. Si vous aimez le doom dégueulasse, mélangé à une touche de black et à l'extrême en général, "Purge" est hautement recommandable.


Murderworks
Décembre 2016




"Poisse"
Note : 16/20

Poisse, Fange, des termes gracieux qui annoncent fidèlement la couleur globale d’un premier six titres… époustouflant. Première impression : comment une première production, qui plus est - sans a priori mal placé – française, peut être aussi massive ?

Des titres au nom tout aussi engageant que farfelu, "Grêle Molle", "Cloches Fendues", "Ammoniac", "Suaire", "…" et "Lucifour" vous engouffrent dans un sludge des plus corrosifs, dans des accordages aussi graves que l’atmosphère générale déchirée. La moindre ombre d’espoir n’est plus, les vociférations primaires sont alarmantes, accablantes, rentrent en poutre dans l'estomac. Dès les premières notes, les sonorités de guitares taillées dans la lourdeur absolue crachent leur distorsion, en nappe de fond un parpaing de bruit fuzz au rendu rouleau compresseur. Lenteur, lourdeur, les ingrédients rituels pour réussir sa sauce sludge. La touche en plus, c’est cette discordance travaillée avec brio qui permettra sans doute au groupe de se forger une place de choix dans le milieu de la crasse. Quand les deux éléments se rencontrent, ça donne ce qu'ils baptiseront du harsh sludge pour qualifier leur labeur au plus exact.

Au-delà d’un son de qualité, le travail visuel n’est pas écarté, bien au contraire. L’atwork enfanté par le guitariste appuie l’authenticité de l’ambiance noire générale qui s’émane de l’album. Digne d’intérêt, le graphisme posé sur les CD et cassettes (édition limitée) vaut le coup d’œil. De la qualité à en déborder, unique, assurément mon coup de cœur malpropre 2014.


Angie
Juillet 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/fangesludge