Il semble que le black / death mélodique à la suédoise typique du début des années 90 soit de retour ces dernières années, puisque après les albums de Thulcandra, le retour de Mörk Gryning ou encore les albums de Ninkharsag et Trident, voici un nouveau venu sur la scène française qui répond au nom de Fäust et qui nous amène son premier album "Death From Beyond".

Un one-man band tenu par Michaël Hellström qui, avec ce pseudo, donne déjà un indice sur ses influences, indice confirmé par l'enregistrement au Soulreaper Studio. Quand on sait que Soulreaper était à la fois un morceau de Dissection et un groupe qui comprenait entre autres Tobias Kellgren et Johan Norman tous deux passés à la fois chez Dissection et Sacramentum, on comprend de suite ce qui va nous tomber dessus (d'ailleurs écoutez leurs deux albums "Written In Blood" et "Life Erazer" tant que vous y êtes, c'est plus orienté death metal mais on reconnaît quand même le passé chez Dissection ) ! "When Death Spawns Fire" ouvre l'album et confirme que l'on va bien nager dans un black / death inspiré par Dissection, Sacramentum et autres Necrophobic, les inspirations sont évidentes et c'est tout à fait normal puisque c'est voulu. C'est le genre de démarche qui peut poser problème quand le mimétisme est vraiment trop important mais ce n'est pas le cas ici, Fäust glisse quelques influences thrash dès ce premier titre qui permettent de s'éloigner temporairement d'une influence Dissection très présente. Et il faut avouer que le bougre connaît bien ses classiques et qu'il a un certain talent pour les mélodies qui tuent, on se retrouve donc à être transportés au début des années 90 avec un plaisir non dissimulé. La démarche est assumée, la volonté de pratiquer un black / death mélodique de ce type est affichée dès le départ donc on ne peut pas dire que l'on est trompé sur la marchandise. Ce premier titre et quelques autres s'approchent des six minutes et permettent justement de varier, les ambiances, les sonorités et donc là encore de ne pas tomber dans le mimétisme complet. Fäust en profite pour placer des passages plus black metal qui sentent plus le Watain, d'autres plus groovy et lourd ou encore ces fameuses sonorités thrash dont on parlait tout à l'heure.

Vous ne trouverez pas une originalité renversante ici, c'est évident, mais encore une fois la démarche est clairement affichée et vous savez où vous mettez les pieds dès le départ. Mais surtout ce qui fait que la formule passe toute seule, c'est que "Death From Beyond" est très bon dans le genre ! Si vous aimez Dissection, Sacramentum, Necrophobic et que vous en avez marre de vous repasser leurs albums en boucle, vous ne serez pas déçus de voir que certains tentent de perpétuer l'héritage et Fäust fait partie de ces jeunes héritiers. On sent aussi une violence plus marquée que chez Dissection (puisque c'est l'influence la plus flagrante) comme par exemple sur "To Death And Beyond" qui fonce dans le tas et ne fait pas dans la dentelle, que ce soit dans les riffs presque black metal et limite primitifs ou le tempo tout sent l'agressivité à plein nez. D'ailleurs, l'album est compact et direct puisque l'ensemble ne dépasse pas les trente-cinq minutes, donc même si certains morceaux en atteignent six, Fäust ne perd pas de temps et vise l'efficacité et l'accroche mélodique. C'est plutôt réussi puisque l'on ne voit pas le temps passer, les morceaux s'enchaînent et maintiennent une dynamique constante avec une alternance de tempi nerveux ou plus lourds et des ambiances qui passent de l'agressivité bouillante à la mélancolie glaciale. "Night Eternal" débute d'ailleurs sur un tempo plus lent, plus lourd, pour une ambiance plus mélancolique et épique à la fois avant que la double grosse caisse n'embraie sur un mid-tempo. Des choeurs renvoyant à la période viking de Bathory se font entendre et amplifie encore le souffle épique de ce morceau plus posé.

Au final, Fäust délivre un premier album qui rend hommage et perpétue la tradition d'un style qui a longtemps été abandonné et qui semble renaître de ses cendres occasionnellement. "Death From Beyond" sent fort le Dissection, c'est vrai, mais c'est voulu et dans le genre c'est très réussi, donc si vous souhaitiez réentendre des groupes pratiquant ce black / death mélodique suédois, vous pouvez y aller, c'est du bon !