Après l'EP "Vergence" en 2018, les Italiens de Ferum sont de retour avec un album cette fois, "Asunder / Erode" de son petit nom. Au programme, toujours du death / doom bien gras et morbide au possible, tout ce qu'il faut pour que votre taux de cholestérol ne vous remercie pas. La pochette tout en gore putride devrait d'ailleurs avoir un petit effet sur votre appétit.

"Halfhead" nous accueille sur un tempo très lourd qui n'est pas sans évoquer un certain Asphyx dans ses moments les plus rampants, avec bien entendu des riffs malsains et très sales en bonus. Quand quelques mélodies daignent se faire entendre sur un rythme à peine plus enlevé ce sont des sonorités proches des premiers Paradise Lost qui débarquent. Vous aurez donc compris que le but de Ferum n'est pas de foncer dans le tas mais bien de poser une ambiance morbide. Si vos narines repèrent quelques fragrances de cadavres en décomposition, c'est donc tout à fait normal, et avec des morceaux qui durent cinq ou six minutes en moyenne vous allez avoir le temps de les sentir ces délicieuses odeurs. "The Undead Truth" continue sur la même voie avec une balance qui penche plus du côté du doom bien sale que du death metal, donc un morceau lourd et rampant une fois de plus. Là encore on y entend du Asphyx avec un petit côté Autopsy pour les grumeaux qui traînent dans ce bouillon glaireux. C'est "Desolate Vantaa" qui accélère enfin un peu le rythme et nous amène ce bon vieux groove typiquement death metal qui fait taper du pied, même si l'ambiance est toujours aussi putride. Par rapport au EP sorti en 2018, on note quand même que Ferum penche encore plus vers le doom et ralentit très souvent le rythme, son death metal en devient d'autant plus malsain et oppressant. Ce qu'il a perdu en agressivité il le gagne en ambiances et celles-ci ne sont pas clairement pas là pour égayer votre journée. "Monolithic Aquiescence" donne carrément dans le funèbre avec ce tempo on ne peut plus lent et ces cloches en fond qui en rajoutent une couche et plombent encore un peu plus l'ambiance.

Ferume se moque donc totalement de vous noyer sous une agressivité continuelle, il cherche à vous broyer sous son poids pour entendre vos os se briser lentement mais sûrement à mesure que ces huit morceaux vous tombent dessus. La production est à l'avenant avec un son bourdonnant et gras qui convient à merveille à ce premier album qui suinte la mort par tous les pores. "Asunder / Erode", malgré une durée de trois quarts d'heure, se montre épuisant et on ressort de son écoute sur les rotules en ayant eu l'impression d'avoir passé notre temps à fuir face à une immonde créature rampante et baveuse. Ferum ne nous laisse pas la moindre seconde pour reprendre notre souffle et enchaîne des morceaux tous plus morbides les uns que les autres. Même les quelques passages plus groovy ne suffisent pas à rendre le climat plus supportable tant les riffs sont systématiquement crades et malsains. Les growls profonds et les cris arrachés de Samantha ne contribuent pas non plus à rendre tout ça tout joyeux. Du coup, l'accélération de "Entrails Of Linnahall" paraît presque bienvenue avec un up-tempo pas loin des blasts pendant quelques secondes, ce qui rend la descente aux enfers qui suit d'autant plus brutale. Pour ceux du fond qui n'auraient pas encore compris, Ferum c'est du vrai, du pur et dur qui penche certes plus vers le doom que vers le death sur ce premier album et ne conviendra donc pas aux assoiffés de blasts. Pour autant, il n'y a pas le moindre compromis sur "Asunder / Erode" et ces quarante-cinq minutes sont aussi qu'inquiétantes et sales qu'éprouvantes.

Ferum revient cette fois avec un premier album terrifiant et malsain qui balance un death / doom écrasant et sans pitié qui ne nous laisse pas le temps de respirer un seul instant ! Si vous cherchez du brutal qui tache, ce n'est évidemment pas ici qu'il faut chercher, mais si vous aimez votre death metal lourd, putride, malfaisant et extrêmement noir vous venez de trouver ce qu'il vous faut.