Le groupe
Biographie :

Fides Inversa est un groupe de black metal italien fondé en 2006 à Rome et actuellement composé de : Omega A.D. (batterie, chant / Blut Aus Nord, Chaos Invocation, Cryptic Wanderings, Cultist, Darvaza, Deathrow, Enepsigos, Frostmoon Eclipse, Kult, Liber Null, Manetheren, Martröð, Moloch, Nocratai, Nubivagant, Shadows Ground, Tumulus Anmatus, ex-In Extremo Spiritu, ex-Acherontas, ex-Glorior Belli, ex-Handful Of Hate, ex-Macabre Omen, ex-Satanic Supplicia, ex-Svlfvr, ex-11 As In Adversaries, ex-Entropic Degrade Behind Phylogeny), Void A.D. (guitare / basse) et Wraath (chant / Behexen, Dark Sonority, Darvaza, Mare, Ritual Death, ex-Celestial Bloodshed, ex-One Tail, One Head, ex-Kaosritual). Le premier album "Hanc Aciem Sola Retundit Virtus (The Algolagnia Divine)" sort en 2009 chez Osmose Productions, suivi de "Mysterium Tremendum Et Fascinans" en Octobre 2014 chez World Terror Committee, et de "Historia Nocturna" en Juillet 2020.

Discographie :

2009 : "Hanc Aciem Sola Retundit Virtus (The Algolagnia Divine)"
2014 : "Mysterium Tremendum Et Fascinans"
2017 : "Rite Of Inverse Incarnation" (EP)
2020 : "Historia Nocturna"


Les chroniques


"Historia Nocturna"
Note : 16/20

Les Italiens fous de Fides inversa sont de retour six ans après "Mysterium Tremendum Et Fascinans" avec un troisième album, "Historia Nocturna". Le groupe aura mis un peu de temps pour revenir mais vu que certains sont impliqués dans un nombre incalculable de groupes (en particulier Omega A.D. le batteur) ce n'est pas étonnant.

Après la sauvagerie de "Hanc Aciem Sola Retundit Virtus (The Algolagnia Divine)", le groupe avait laissé de la place aux influences black orthodoxe et aux dissonances de tout poil sur son second méfait. C'est à peu près ce visage que l'on retrouve sur "Historia Nocturna" avec un black metal toujours aussi brutal mais des riffs très black orthodoxe. Passé la courte intro, c'est "A Wanderer's Call And Orison" qui démarre avec de bons gros blasts d'entrée de jeu pour annoncer la couleur et confirme que ces sauvages ne se sont pas calmés depuis le premier album. Certes "Mysterium Tremendum Et Fascinans" avait vu le groupe mettre un peu de mid-tempo dans son bourrinage intensif mais ce premier morceau remet la violence au centre des débats et coupe tout ce qui dépasse. Si le format de quatre morceaux de plus de dix minutes du premier album avait été abandonné dès le deuxième (logique c'était dans le cadre d'un concept), les morceaux restent assez longs et ne descendent quasiment jamais en dessous de la barre des sept minutes. Et malgré les sonorités orthodoxes et les dissonances qui se sont inflitrées plus profondément, la musique de Fides Inversa n'en reste pas moins intense et très brutale. Les ambiances sont glauques et froides mais le groupe n'a rien perdu de sa sauvagerie et de sa folie. Une brutalité et une froideur qui peut évoquer un certain Funeral Mist qui aurait fricoté avec Deathspell Omega dans une certaine mesure, on est tout de même loin du niveau de dissonance et de déstructuration de ces derniers. En tout cas, l'aspect exutoire et l'authenticité de la chose ne font aucun doute et la longueur des morceaux loin de créer l'ennui appuie encore l'intensité de la bête.

Certains trouveront que ça ne présente rien de nouveau et ils auront raison, mais en même temps la plupart des groupes de black reprennent soit la formule de la seconde vague norvégienne soit la vague orthodoxe plus récente. Fides Inversa mélange un peu tout ça et propose une mixture malsaine, brutale, froide et c'est bien ce qu'on demande à un groupe de black donc mission accomplie. "I Glance You With A Touch, I Touch You With A Gaze" propose même un contraste intéressant avec des riffs assez mélodiques et froids, assez proche dans l'esprit des deux premiers Blut Aus Nord par exemple, posés sur la pluie de blasts habituelle et un chant toujours aussi possédé. D'ailleurs fraîchement arrivé dans le groupe, Wraath a pris le micro et ne le partage qu'épisodiquement avec Omega A.D. qui s'en occupait seul sur les deux précédents albums. Son timbre est plus grave et sa voix plus arrachée mais le bonhomme ne se ménage pas non plus et s'arrache bien la gorge. "Syzygy" arrive d'ailleurs à point nommé en fin d'album pour couper un peu la matraquage de blasts avec son ambiance rituelle, presque incantatoire par moments, sur un rythme évidemment bien plus posé et un avec excellent solo en fin de morceau qui amorce une ambiance plus mélancolique. Cependant, chassez le naturel et il revient au galop, c'est "I Am The Iconoclasm" qui ferme l'album et pour le coup on repart sur une boucherie pas loin de Funeral Mist ou Marduk dernière période. Après trois minutes de passage à tabac le morceau repart dans une veine plus glauque, malsaine et dissonante avec un tempo bien lourd avant de finir sur le retour des blasts.

Bref, tout ça pour dire que malgré son envie de défoncer tout ce qui bouge et de blaster à tout-va, Fides Inversa arrive tout de même à créer un black aux ambiances fortes et bien glauques et à suffisamment faire vivre ses longs morceaux pour qu'on ne regarde pas sa montre. "Historia Nocturna" est un exutoire comme ses deux prédécesseurs et comme eux, il ne fait pas de prisonniers donc si vous aimez votre black bien violent, froid et malsain, vous pouvez foncer sans problème.


Murderworks
Novembre 2020




"Hanc Aciem Sola Retundit Virtus (The Algolagnia Divine)"
Note : 16/20

Premier album pour les Italiens de Fides Inversa, qui veut dire grosso modo "foi inversée". Avec un nom pareil je pense que tout le monde a deviné de quel genre de metal on parle, pour les cancres du fond c’est bien entendu du black-metal. Et dans le genre je dois dire que le groupe frappe fort avec un premier album assez remarquable. Oh rien de spécialement aventureux, leur black-metal est ma foi assez classique. Sauf que des premiers albums de cette qualité ça ne court pas les rues, surtout dans un style aussi surchargé de sorties que le black. Alors pourquoi celui-ci est meilleur que tous les autres groupes de pandas tristes qui font des batailles dans la forêt ?

Déjà rien que les riffs sont excellents, malgré l’aspect relativement classique au premier abord on se rend vite compte qu’il y a une qualité de composition assez impressionnante. Surtout que les morceaux font tous au minimum dans les 10 minutes, et pour étirer ses compos à ce point sans endormir qui que ce soit il faut être assez doué. C’est le cas de nos Italiens, sur les 4 morceaux il n’y a aucun passage à vide. Bah oui on n’est pas chez les funeral blackeux qui, pour certains, étirent un seul et unique riff sur douze minutes et vogue la galère. Là on a de la vie, c’est toujours en mouvement et pas question de s’apesantir dix plombes sur trois notes. De toute façon ça blaste quasiment tout le temps, pas l’idéal pour s’assoupir vous en conviendrez. D’ailleurs ça joue bien, batteur régulier, gratteux réglés comme du papier à musique (tiens donc !), ça paraît logique dit comme ça mais les ceusses qui ont l’habitude de certains premiers albums dans le black comprendront pourquoi je relève (qui a dit les premiers Mutiilation ?). On pourra noter quelques fulgurances issues de la scène dite "orthodoxe", quelques dissonances par ci par là mais globalement on reste quand même en terrain connu. Bref à première vue rien de bien révolutionnaire pour des musiciens pro, sauf que…Bah oui il y en a un dans le groupe qui a décidé de ne pas faire comme les autres, c’est le chanteur. Attention, ma dernière phrase pourrait faire penser qu’il fait n’importe quoi, mais pas du tout, c’est juste qu’il est complètement cinglé ! Dans le genre possédé le bonhomme se pose là quand même, avec des hurlements sortis d’on ne sait où. Personne ne pourra lui reprocher de ne pas avoir mis de cœur à l’ouvrage, parce que là il s’est un peu lâché quand même.

Dans le genre il est carrément plus convaincant que certains vocalistes que l’on voit souvent en ce moment dans le black du genre…allez complètement au hasard… Kvarforth tiens. Suffit d’entendre le réenregistrement du "S.U.I.Z.I.D." de Bethlehem pour comprendre qu’il n’est peut être pas aussi efficace qu’on veut bien le croire. Avec Fides Inversa on a vraiment un chant totalement siphonné par moment, le genre de gus qu’on verrait bien emmitoufflé dans une camisole de force le tout dans une chambre capitonnée. Ils seraient vaguement torturés ces petits que ça ne m’étonnerait même pas tiens ! D’ailleurs c’est ce qui ressort de l’écoute de "Hanc Aciem Sola Retundit Virtus (The Algolagnia Divine)", cette sincérité et cette rage au ventre qui vous explose littéralement à la figure dès le premier morceau. Bah oui le but du black metal c’est quand même de vous donner l’impression d’être submergé par la haine et l’oppression qui se dégage, en théorie seulement, du dit enregistrement. Le concept autour duquel tournent les textes est lui aussi à l’avenant d’ailleurs puisqu’il évoque principalement la mort. Le tout sous plusieurs aspects, comme le suicide, les pulsions meurtières et autres envies d’homicides, ou le fait de mourir en lui même. Bref toutes les belles choses de la vie quoi, ça tombe bien c’est le printemps et les fleurs commencent à pousser, c’est le moment idéal pour vous filer une bonne tranche de Fides Inversa (on dirait un slogan publicitaire tiens).

Mission accomplie donc pour ce groupe Italien qui débarque avec un premier album assez efficace et qui montre déjà de belles capacités. Reste à voir s'ils vont être capables de transformer l’essai comme on dit, avec une deuxième galette encore plus devastatrice et morbide. Rien d’évident à cela puisque depuis quelques temps certains groupes ont tendance à disparaître aussi vite qu’ils sont venus. Ce serait dommage de devoir se priver d’un bon groupe de black metal, parce que mine de rien ça aussi ça commence à se raréfier.


Murderworks
Mars 2010


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/fidesinversa