Les Américains de Fires In The Distance sont de retour après un premier album nommé "Echoes From Deep November" en 2020. C'est donc un deuxième album qui nous arrive dans les oreilles, "Air Not Meant For Us" de son petit nom, avec la promesse de nous délivrer une fois de plus une bonne dose de doom / death mélodique. Le premier essai du groupe était chargé en mélodies, en riffs puissants et en ambiances poignantes donc on signe sans problème pour un deuxième album du même acabit.

"Harbingers" nous accueille au doux son de la pluie avant de placer quelques arpèges déjà fortement empreints de mélancolie pour un premier pavé avoisinant les onze minutes. Les gros riffs ne tardent pas à arriver et on sent très vite que le talent mélodique du groupe ne s'est pas perdu en chemin depuis la dernière fois. Tout ça est pesant mais accrocheur et suffisamment groovy pour que cette longue durée passe sans problème, les mélodies se chargeant de créer une ambiance poignante comme d'habitude. On y sent aussi une pointe d'onirisme et de nostalgie qui vient principalement de piano tout en douceur qui pose de bien belles mélodies. On a aussi la bonne surprise d'entendre un très bon solo de guitare très mélodique lui aussi, ce qui n'est pas chose commune dans le doom / death. Quelques cordes interviennent aussi régulièrement sur l'album pour apporter quelques ambiances plus dramatiques et appuyer encore ce côté poignant des mélodies. "Wisdom Of The Falling Leaves", après un démarrage au piano, nous fait entendre des riffs plus puissants et un peu plus agressifs avec de bons gros coups de double grosse caisse. Fires In The Distance confirme qu'il ne se contente pas de copier les codes du doom / death mélodique classique et y apporte la puissance typiquement death metal qui manque à beaucoup de représentants de cette scène. La mélancolie est toujours présente mais ce surplus de puissance apporte un dynamisme bienvenu et permet de varier encore un peu plus les ambiances. Arrivé en milieu de morceau, le tempo ralentit et ce passage à quelque chose de plus doom avec des mélodies plus poignantes et plus aériennes fait son petit effet, le fait de jouer sur les contrastes fonctionne toujours.

"Crumbling Pillars Of A Tranquil Mind" met lui aussi les sonorités death metal plus en avant mais cela passe cette fois par quelques riffs plus sales et plus oppressants, le tempo restant majoritairement doom. Plusieurs soli de guitares se font entendre pour notre plus grand plaisir sur ce morceau, tout en feeling comme toujours et amenant de très belles mélodies. Paradoxalement, l'instrumental "Adrift, Beneath The Listless Waves" que l'on s'attendait à entendre proposer quelque chose de très aérien est un des morceaux les plus rythmés et énergiques de l'album, une surprise de plus ! "Psalm Of The Merciless", quant à lui, se fait relativement accrocheur et laisse beaucoup de place aux guitares et donc à ces excellents soli une fois de plus qui trouvent cette fois pas mal d'espace pour s'exprimer. L'album se termine sur "Idiopathic Despair" et ses neuf minutes et balance un doom / death plus lourd, plus puissant mais toujours aussi mélodique. L'ambiance se fait tout de même plus noire et plus pesante, de quoi terminer l'album sur quelque chose de plus percutant histoire de marquer les esprits. Fires In The Distance ne bouleverse pas ses habitudes avec "Air Not Meant For Us" mais confirme qu'il est doué pour poser de très belles mélodies et pour mélanger ses ambiances mélancoliques typiques du doom aux riffs puissants et lourds du death metal. Cette particularité lui donne une personnalité reconnaissable à défaut de révolutionner le genre et lui permet de se démarquer suffisamment de ses confrères tout en proposant des albums de qualité.

"Air Not Meant For Us" est donc une fois de plus un bon album de doom / death mélodique qui nous surprend à quelques reprises et fait entendre de très belles mélodies et de très bons soli de guitare. Rien que pour ça, ça mérite d'y jeter une oreille attentive !

Fires In The Distance met des mots sur sa musique, et nous offre "Echoes From Deep November", son premier album. Créé en 2016 aux Etats-Unis, le groupe se compose de Craig Breitsprecher (basse / chant, Archaic Decapitator, Engraved, ex-Formless), Kyle Quintin (batterie, Archaic Decapitator, Engraved, Katahdin, ex-Formless), Yegor Savonin (guitare / synthétiseur) et Kristian Grimaldi (guitare / chant, 60 Grit).

Avec ce superbe artwork de Caelan Stokkermans (Exocrine, Within Destruction, Spectrum Of Delusion…), le groupe propose six titres d’un doom / death mélodique envoûteur. Le charme agit dès les premières notes de8 The Climb", et on se laisse happer par cet univers qui mélange douceur, riffs lourds et lancinants, ainsi qu’une voix massive. Ce qui frappe, c’est d’abord la richesse des mélodies mais aussi cette ambiance à la fois pesante et aérienne que le groupe tisse lentement. Les leads ne sont pas en reste, et un clavier éthéré nous accompagne tout au long du morceau, alors qu’"Elusive Light" semble plus brute. Une rythmique lourde, des leads perçants, mais toujours cette même magnificence. Les claviers reviennent parfois dans le mix, et un sample de voix nous propose un break avant que les hurlements ne frappent à nouveau. Ce duo inattendu prendra fin, mais "The Lock And The Key" nous offrira une autre surprise. Une rythmique très entraînante, et pourtant assez épaisse, sur laquelle les leads s’intègrent à merveille, la sublimant de par ces petites touches perçantes et lumineuses. Le titre offre une sensation de quiétude avant un final plus intense.

Ironiquement, "Reflections On The Ice" est un morceau plus froid, plus majestueux. Les riffs sont toujours imposants, mais le son clair fera son apparition, lui donnant cette saveur si particulière que le style est en mesure de proposer de temps à autres. Cela n’empêche évidemment pas les passages lourds, ou un break où la basse ainsi que les claviers sont mis à l’honneur. Des sonorités futuristes nous prennent d’assaut pour débuter "Chained To The Earth", et c’est finalement une masse sonore qui s’abat sur nous après une attente qui a fait monter la pression. Cette explosion permet au groupe de se déchaîner, notamment grâce à une double pédale ravageuse. Préparez-vous à être écrasés par le son, violentés par un duo vocal à la complémentarité incroyable, mais également caressés par un doux clavier avant que les autres instruments ne reviennent pour recommencer leur manège. Le mélange est divin, et réserve encore d’autres surprises. Dernier titre, "Sundial" est une instrumentale beaucoup plus courte, mais non moins intense. A nouveau, les claviers apportent cette petite touche, et sont complétés par des leads inspirés sur cette rythmique inarrêtable.

Bien que les musiciens ne soient pas inexpérimentés, cette première sortie de Fires In The Distance est impressionnante. "Echoes From Deep November" a réussi à capturer l’essence de la mélancolie et de la poésie d’une fin d’automne pour les retranscrire en musique. Du génie.