Le groupe
Biographie :

Forlesen est un groupe de doom / black metal / ambient américain formé en 2016 et actuellement composé de : Ascalaphus (basse, guitare, harmonium, clavier, chant / Nero Order, Lotus Thief, ex-Botanist, ex-Bruxia, ex-Cult Of Linnaeus, ex-Habbakuk), Bezaelith (basse, guitare, clavier, chant / Lotus Thief, ex-Botanist), Maleus (batterie / ex-Maudlin of the Well, Vesper Moth, ex-Kayo Dot) et Petit Albert (guitare, orgue Hammond, clavier, chant / Lotus Thief). Forlesen sort son premier album, "Hierophant Violent", en Avril 2020 chez Hypnotic Dirge Records, suivi de "Black Terrain" en Octobre 2022 chez I, Voidhanger Records.

Discographie :

2020 : "Hierophant Violent"
2022 : "Black Terrain"


La chronique


Une fois de plus, le label I, Voidhanger Records nous envoie un groupe qui sort des sentiers battus et cette fois c'est Forlesen, un groupe américain, qui dévoile son deuxième album "Black Terrain". Et autant dire que le groupe ne s'embarrasse pas de barrières puisque il navigue entre le black metal, le doom, le dark ambient et d'autres sonorités issues de scènes tout aussi joyeuses.

L'autre détail qui fait que ce deuxième album va être exigeant et éprouvant, c'est la durée des morceaux, il n'y en a que quatre pour un album qui dure quasiment une heure. "Strega" ouvre donc les hostilités et Forlesen nous accueille avec un pavé de dix-neuf minutes qui va déjà en mettre quelques uns à l'épreuve. Les amateurs de doom sont habitués à des morceaux si longs mais Forlesen aime triturer les nerfs en mélangeant plusieurs sonorités différentes mais toutes dures et peu accueillantes. Le morceau commence avec quelques bruits inquiétants qui évoluent crescendo de plus en plus en bruits noisy avant que les guitares n'amènent de bons gros riffs lourds très doom justement avec mélodies mélancoliques de rigueur. Une ambiance triste et solennelle encore amplifiée par l'utilisation d'un harmonium dont la sonorité donne ici une impression de nostalgie et de contemplation qui va progressivement monter en puissance émotionnelle avec l'arrivée de très belles harmonies vocales. C'est pile à ce moment pendant lequel la musique du groupe vous captivait et vous hantait avec ses mélodies que le rythme devient plus groovy et les riffs plus rugueux. Les membres de ce groupe ne sont pas des débutants en matière d'expérimentations et d'originalité puisqu'on y trouve d'actuels ou ex-membres de Botanist, Kayo Dot et Lotus Thief dont le dernier album "Oresteia" est une petite merveille d'une beauté à couper le souffle. Une beauté que l'on retrouve plus d'une fois sur "Black Terrain" avec ces mélodies mélancoliques mais qui gardent souvent un peu de lumière en elles, loin des ambiances nihilistes ou noires comme la suie que l'on a l'habitude d'entendre au sein du metal extrême.

Pourtant, ces ambiances plus dures sont bien là et le début du morceau éponyme ne se fait pas très rassurant avec là encore un côté assez noisy et une batterie qui prend des airs de percussions tribales. Une fois de plus Forlesen fait monter la pression couche par couche, d'abord en faisant intervenir la voix de la chanteuse Bezaelith puis quelques discrètes notes aux guitares, puis les claviers et la voix d'Ascalaphus pour un morceau posé mais terrassant. Mais ce qui va vraiment vous achever, c'est l'absence totale de transition avec "Harrowed Earth" qui enchaîne sans la moindre seconde de silence avec une explosion de brutalité qui tranche très nettement avec ces deux premiers morceaux mélodiques et hantés. C'est la première incursion du black metal qui nous fait entendre des riffs très sales même si la mélodie trouve vite un moyen de se refaire une place. L'ambiance change quand même de manière drastique et le chant se fait presque intégralement hurlé et possédé sur ce morceau qui va rester intense et brut pendant ses six premières minutes. Les six dernières, quant à elles, renouent avec quelque chose de plus aérien et d'autant plus mélancolique dont les mélodies et lignes vocales frappent en plein cœur une fois de plus. Là encore le contraste est saisissant en fin de morceau entre le son très bourdonnant des guitares, les quelques dissonances qui se glissent dans les leads et les sublimes mélodies. Il y a quelque chose d'irréel dans les ambiances que pose Forlesen et "Saturnine" qui clôt l'album n'a aucun mal à nous emmener ailleurs avec pourtant une approche très minimaliste. Seules quelques notes éthérées en répétition hypnotique suffisent à nous toucher et à nous faire lâcher prise (attention tout de même au larsen qui arrive en milieu de morceau, si vous avez poussé le volume vous allez regretter instantanément !).

Forlesen revient donc avec un nouvel album deux fois plus longs et dense que son prédécesseur pour une musique qui garde les mêmes bases mais se fait plus variée et moins portée sur l'ambient. Toujours est-il que les mélodies sont magnifiques une fois de plus et que la mélancolie qui imprégnait la moindre seconde de "Hierophant Violent" est toujours là. Exigeant et original sans être hermétique, "Black Terrain" sort des sentiers battus en trouvant le moyen de nous décocher régulièrement un crochet à l'estomac, rien que pour ça, ça vaut le coup d'aller y jeter une oreille, non ?


Murderworks
Décembre 2022


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/forlesen