Le groupe
Biographie :

Foscor est un groupe de black metal progressif espagnol formé en 1997 et actuellement composé de : Fiar (chant / Dawn Ov Hate, Melangia, ex-Lucifugum, ex-Lux Divina), Falke (guitare / Fayrierie, Rhüne, ex-Lux Divina) et A.M. (guitare / ex-Vidres A La Sang, ex-Fire Of Revenge). Foscor sort son premier album, "Entrance To The Shadows' Village", en 2004 chez Sacral Productions, suivi de "The Smile Of The Sad Ones" en Juin 2007 chez Temple Of Darkness Records, de "Groans To The Guilty" en Septembre 2009 chez Temple Of Darkness Records, de "Those Horrors Wither" en Novembre 2014 chez Alone Records, de "Les Irreals Visions" en Juin 2017 chez Season Of Mist, de "Les Irreals Versions" en Août 2018, et de "Els Sepulcres Blancs" en Septembre 2019.

Discographie :

2004 : "Entrance To The Shadows' Village"
2007 : "The Smile Of The Sad Ones"
2009 : "Groans To The Guilty"
2013 : "Deu Anys Vers La Foscor" (Live)
2014 : "Those Horrors Wither"
2017 : "Les Irreals Visions"
2018 : "Les Irreals Versions" (Compilation)
2019 : "Els Sepulcres Blancs"


Les chroniques


"Els Sepulcres Blancs"
Note : 17/20

On ne peut pas dire que les Espagnols de Foscor aient chômé ces dernières années puisqu'après avoir sorti "Les Irreals Visions" en 2017, le groupe a revisité des morceaux de cet album et du précédent en 2018 sur "Les Irreals Versions" et nous revient cette année avec un nouvel album : "Els Sepulcres Blancs". Une fois de plus, préparez-vous à voyager car Foscor n'est pas du genre à visiter les coins touristiques et préfère se créer un monde pour l'occasion.

Un monde dans lequel on pénètre avec "Laments" qui ouvre l'album et qui, comme son nom l'indique, pose une ambiance mélancolique pour un morceau aux mélodies touchantes et dont les accents shoegaze peuvent rappeler Alcest. On retrouve le Foscor qui nous avait fait planer sur "Les Irreals Visions" avec ce chant clair tout en retenue et en émotions. Que les blasts sur "Els Colors Del Silencio" ne vous induisent pas en erreur, le groupe ne revient pas au black metal de ses débuts, loin de là, le rythme s'emballe juste de temps comme il le faisait déjà sur le précédent album. Pour autant, aucune violence ne se fait sentir et ces accélérations se contentent d'apporter un peu de rythme dans des morceaux qui auraient peut être risqués d'être un peu trop planants sans ça. Quelques accords ou quelques mélodies assombrissent légèrement le ciel par moments mais ces passages plus oppressants ne durent jamais et apportent juste ce qu'il faut de profondeur et de variété, coupant avec les mélodies mélancoliques un peu plus légères. Profitons-en pour souligner qu'une fois de plus les puristes du metal ne trouveront pas leur bonheur sur "Els Sepulcres Blancs" puisque Foscor y délivre une musique feutrée, subtile, qui fait la part belle aux émotions et aux mélodies. Ce nouvel album vise le cœur et le touche plus d'une fois pour peu que vous vous y plongiez. Ce n'est pas le genre de musique que vous pouvez écouter en faisant le ménage à côté, laissez plutôt Foscor vous embarquer et profitez du voyage. Pas besoin d'être rôdé aux musiques expérimentales puisque le groupe ne s'égare jamais et ses morceaux sont relativement simples à suivre.

On tourne d'ailleurs généralement autour des quatre ou cinq minutes et vous ne trouverez pas ces fameux passages aux riffs interminables ou aux nappes de claviers envahissantes chez Foscor. Le groupe fait dans l'épuré et ne s'amuse pas à cumuler les couches de son ni à s'étirer outre mesure. Ceux qui aiment les derniers albums d'Alcest ou d'Anathema devraient facilement comprendre la démarche même si concrètement les ressemblances avec les Anglais sont quasiment inexistantes. Mais, dans l'esprit, on retrouve cette envie de proposer une musique toute en finesse, loin de toute étiquette et qui fait passer les émotions au premier plan. On ne tombe pas dans les structures de type couplet-refrain et Foscor laisse couler sa musique naturellement pour construire un album à écouter d'une traite et qui tient bien plus de l'ensemble homogène que de la collection de chansons. On retrouve cette même impression de musique hors du temps que sur "Les Irreals Visions", ces ambiances éthérées et ombrageuses qui s'invitent le temps de trois petits quarts d'heure et vous laissent sur le cul après sept morceaux à vous demander où vous étiez. Avec un peu d'ouverture d'esprit, le voyage est garanti comme c'était déjà le cas sur le précédent album avec cette musique à fleur de peau. On ressent cette sensibilité de bout en bout sur ces sept morceaux aux allures de fresques sonores. Quelques soli discrets et tout en feeling eux aussi viennent encore embellir une musique déjà poignante et profonde de base. Les membres de Foscor doivent avoir des dons d'équilibristes pour arriver à nous livrer une musique aussi profonde sans jamais être complexe, accessible sans être simpliste et toujours touchante.

Une étape de plus dans l'évolution de Foscor qui prouve que ces ambiances feutrées, torturées et belles à la fois lui vont comme un gant. Pour peu que vous ne juriez pas que par le metal pur et dur, vous pouvez vous laissez embarquer par "Els Sepulcres Blancs" et profiter du voyage, le dépaysement est garanti !


Murderworks
Septembre 2019




"Les Irreals Visions"
Note : 17/20

Qu'il est loin le temps où Foscor pratiquait un black metal proche des origines ! En effet, ces Espagnols ont évolué avec le temps vers quelque chose de plus progressif, de plus mélodique et porté sur les ambiances. Une évolution dont "Les Irreals Visions", nouvel album du groupe, marque une étape supplémentaire.

Certes la puissance d'évocation faisait partie de la patte de Foscor dès ces débuts mais cette dernière s'est sublimée au fil des albums, "Those Horrors Wither" lui ayant déjà laissé une place beaucoup plus importante il y a trois ans. "Les Irreals Visions" continue sur cette lancée en portant formidablement bien son nom d'ailleurs. "Instants" qui ouvre l'album installe d'emblée une ambiance hors du temps, effectivement irréelle et comme d'habitude assez sombre et teintée de mélancolie. Comme je le disais, la musique de Foscor continue d'évoluer vers quelque chose de plus progressif dans l'âme, mettant de plus en plus les ambiances au premier plan et produisant une musique profonde et complexe sans être compliquée. Pas de débordements techniques ici, on trouve plutôt une certaine épure qui sied parfaitement à ce climat éthéré. Même quand les blasts sont de la partie la musique de Foscor ne se dépare pas de sa beauté, ces quelques accès de violence contribuant simplement à instaurer une dynamique et à rendre cet univers vivant. Si le groupe a toujours eu une patte particulière, il est à présent vraiment loin de tout, pratiquant une musique dont il est quasiment le seul représentant. "Les Irreals Visions" installe définitivement un univers que l'on ne retrouve pas ailleurs, un monde qui évolue dans d'autres sphères et qui place Foscor en position d'ovni musical. Le tour de force de ce nouvel album est qu'il propose une musique riche, profonde, qui ne se laissera pas apprivoiser dès la première écoute sans présenter pour autant quoique ce soit de décourageant pour des oreilles novices. Une relative accessibilité permet à "Les Irreals Visions" de vous embarquer progressivement (sans mauvais jeu de mots) de plus en plus profondément dans son univers.

Un exploit que l'on doit au talent de composition dont font preuve ces Espagnols, créant des morceaux ni trop directs ni trop tortueux en créant un équilibre entre la mélodie et la versatilité des structures. Vous avez évidemment compris qu'il s'agit d'un de ces albums difficiles à catégoriser, même si l'étiquette de "dark progressive metal " proposée par le groupe colle plutôt bien à ce que l'on peut entendre sur ce nouvel album. On peut même entendre de vagues influences post-rock / shoegaze sur le morceau-titre qui clôt l'album tout en finesse. Pour faire simple, les morceaux présents sur ce nouvel effort sont une fois de plus variés, prenants, poignants et assez bien troussés pour ne pas être hermétiques malgré leur profondeur et leur richesse. Il va tout de même falloir avoir l'esprit ouvert musicalement et ne pas rejeter tout ce qui n'est pas metal à 300%, mais j'imagine que si vous vous intéressez à Foscor vous n'êtes de toute façon pas un puriste. Encore qu'il pourrait y avoir quelques amateurs des débuts du groupe qui ont zappé la suite et qui penseraient retrouver ici les racines black metal, ceux là seront évidemment déçus. Pourtant le phénomène n'est pas nouveau, à bien y regarder on remarque vite que pas mal de groupes ayant début dans le black metal ont évolué vers une musique plus éthérée, plus expérimentale et planante (Ulver, Manes, In The Woods pour n'en citer que quelques uns). Niveau production, c'est quasiment parfait, avec un son aussi gros que clair qui laisse même pas mal de place à la basse.

Voilà donc un bien bel album livré par Foscor qui prouve par là même que le groupe n'a pas fini d'évoluer et qu'il a définitivement son monde.


Murderworks
Novembre 2017




"Those Horrors Wither"
Note : 10/20

Foscor... Voilà bien un groupe qu'il me semble avoir toujours connu, grâce au regretté label Sacral Productions, même si j'avoue l'avoir le plus souvent suivi de manière discrète et lointaine !!! C'est donc avec une certaine appréhension, mais aussi une curiosité non négligeable que je vais m'atteler à la chronique de leur dernier album en date intitulé "Those Horrors Wither"... J'espère malgré tout que l'écho de "Entrance To The Shadows' Village"ne viendra pas brouiller mon objectivité concernant le combo hispanique !!! De toute façon, c'est quitte ou double : soit véritable surprise, soit déception qui me détournera du groupe... Mais en attendant le verdict, place à la musique !!!

On commence l'écoute avec "Whirl Of Dread" et son intro quelque peu atmosphérique, amenant un morceau plutôt orienté mid-tempo... Le son est dans l’ensemble agréable même s'il est un peu en deçà des standards actuels... A l'arrivée du chant extrême et de la double grosse caisse, l'ensemble me rappelle d'ailleurs la production du "Onwards Into Battle" des Norvégiens de Bloodthorn, le chant de Krell se rapprochant d'ailleurs beaucoup de celui de Foscor à mon avis !!! Avec le chant clair, on se rapproche parfois de celui d'Enslaved, mais bien (trop) souvent, ce chant est avant tout nasillard et pas forcément très agréable pour mes oreilles chastes... Toujours est-il que le morceau prend vite une tournure progressive, ce qui n'est pas dérangeant en soi, mais qui a tendance à faire quelque peu perdre le fil à l'auditeur !!! Bref, certains riffs ont un feeling imparable, et d'autres semblent plus poussifs, faisant de ce premier morceau une entrée en matière mitigée...

Place maintenant à "Addiction", morceau qui continue sur le même registre sonore et musical !!! Toujours un metal progressif avec quelques influences extrêmes, mais encore et toujours ce chant clair auquel j'ai vraiment du mal à me faire... On retrouve encore des références à Enslaved lors des passages les plus planants, même si qualitativement parlant, les Norvégiens ne souffrent pas de la comparaison !!! Et encore une fois, quand le morceau devient plus black metal, plus lourd aussi, c'est bien Bloodthorn que je retrouve, non pas que ce soit déplaisant, mais ce qui est plus problématique, c'est qu'en écoutant ce dernier Foscor, j'ai finalement plus envie d'écouter leurs références norvégiennes que la suite de l'album... Bref, voilà bien un étrange sentiment qui j'espère sera vite oublié mais qui pour l'instant, n'augure rien de vraiment transcendant !!!

On enchaîne avec "Senescencia", titre qui persiste et signe, faute de véritablement enfoncer le clou... Pour cela, il faudrait être un peu plus percutant !!! Il y a bien sûr quelques montées en puissance, mais l'ensemble manque cruellement de relief pour moi, chaque morceau ressemblant étonnamment au précédent, mais sans véritable supplément d'âme... L'âme, voilà bien en effet ce qui manque aux morceaux du Foscor actuel !!! Tout semble un peu trop réfléchi et par conséquent pas assez naturel... Certes, le niveau technique est là, mais le groupe de Barcelone cherche trop à ressembler à tel ou tel groupe !!! "L.amor.t", qu'on se le dise, n'apportera pas son lot de surprises en tout genre... Peut-être plus lent et plus progressif que les autres titres, il n'en est pas pour autant plus intéressant !!! De là à dire qu'on frôle l'ennui, il n'y a qu'un pas que je suis prêt à franchir... Et le chant clair catalan a toujours du mal à passer : drôle de manière de parler de nos peurs primaires !!!

S’ensuit le morceau éponyme, qui continue dans un registre progressif et mid-tempo dont les variations sont à peu près toujours les mêmes... Quelques passages plus enlevés viennent relever un peu la sauce bien fade qu'est ce "Those Horrors Wither", mais malheureusement pour le groupe, le mal est déjà fait !!! Et la plutôt bonne surprise du début en matière de son commence à s’essouffler elle aussi fâcheusement... Le manque de puissance, et au final de relief, se fait de plus en plus sentir, apportant son lot de platitude à des morceaux ternes par bien des aspects !!! "Graceful Pandora", lui, est le morceau dont le groupe a tiré un sympathique clip vidéo... De très loin le meilleur morceau de l'album !!! Varié, dynamique et surtout, bénéficiant d'une atmosphère riche et envoûtante : tout est là, et c'est à se demander pourquoi le reste de l'album n'est pas de cet acabit... Au moins sait-on désormais que le savoir-faire est là !!! Peut-être alors n'est-il pas utilisé à bon escient...

On terminera l'écoute avec "To Strangle A Ghost" qui perd en intensité tout ce qui avait été gagné sur le morceau précédent !!! Voilà un morceau résolument interminable, qui, au bout de 6 minutes 30 n'aura toujours pas décollé... Bref, ça ne sert à rien d'épiloguer, cet album m'aura bien trop déçu pour que je m'éternise dessus, et le titre "bonus" n'y changera rien !!! Trop cérébral, "Those Horrors Wither" manque pour moi de feeling, peut-être d'inspiration, mais aussi et surtout de folie... Techniquement parlant, il est pourtant impeccable, mais les morceaux sont trop plats et manquent cruellement de saveur, de piquant ou en tout cas de quelque chose qui s'en rapproche... En fait, l'aspect progressif ne l'est pas assez, les influences black sont trop discrètes, et même les atmosphères ne sont pas assez envoûtantes !!! En attendant que Foscor ne ponde un album de la qualité de "Graceful Pandora", je m'en vais me faire une cure de Fen, figure emblématique et qualitative du black progressif...


Carcharoth
Septembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/foscor.official