Le groupe
Biographie :

Freak Kitchen est un groupe de metal progressif originaire de Göteborg (Suède), créé en 1992. Le style de Freak Kitchen est influencé par de nombreux genres musicaux en dehors de la scène metal classique. Les influences viennent de toutes parts, allant du jazz à la pop, tout en incluant un esprit à la Frank Zappa. Le groupe a d'ailleurs défini son troisième album comme un "banal petit disque de heavy-pop-rock-latin-world-jazz-avant-garde-metal-blues". Les paroles des chansons de Freak Kitchen sont souvent, à l'image de leur musique, assez drôles et évoquent des situations cocasses. Mais il n'est pas rare qu'elles fassent également de sérieuses critiques envers la société, les grandes compagnies du disque et le commerce abusif qui se fait autour de la musique. Le leader du groupe, Mattias "IA" Eklundh est considéré comme un guitariste de grand talent. Sa personnalité et celle de ses acolytes font de leurs concerts des grands moments de musique, mais aussi de cirque. Il n'est pas rare de voir Mattias "IA" Eklundh jouer de sa guitare avec des objets plus insolites les uns que les autres. On notera par exemple ses performances avec un vibromasseur sur sa six cordes, ou bien ses expérimentations de death metal à l'aide de boîtes à musique pour bébé. Freak Kitchen a sorti son sixième album Organic, le 27 Avril 2005, dans lequel on retrouve la participation de Ron Thal, chanteur / guitariste de Bumblefoot. En Octobre 2009, le groupe publie "Land Of The Freaks". Après cinq ans de silence discographique (mais de nombreuses tournées ainsi que beaucoup d'apparitions de Mattias pour des démonstrations de matériel et des masterclasses), Freak Kitchen réapparaît avec un nouvel opus, "Cooking With Pagans". "Confusion To The Enemy" sort en Septembre 2018.

Discographie :

1994 : "Appetizer"
1996 : "Spanking Hour"
1997 : "Junk Tooth" (EP)
1998 : "Freak Kitchen"
2000 : "Dead Soul Men"
2002 : "Move"
2005 : "Organic"
2009 : "Land Of The Freaks"
2014 : "Cooking With Pagans"
2018 : "Confusion To The Enemy"


Les chroniques


"Confusion To The Enemy"
Note : 15/20

Voilà un album que je n’avais pas vu venir ! Quatre ans après l’excellent "Cooking With Pagans", Freak Kitchen nous glorifie d’un très bon "Confusion To The Enemy". Déroutant à la première écoute, comme les autres disques de ce trio suédois, il suffit de se rappeler que chacun de leurs disques sont différents même si la ligne directrice est la même. Voilà de quoi bien s’amuser pendant encore 47 minutes !

Freak Kitchen, comme l’indique son nom, c’est un groupe un peu barré et c’est un des points qui fait le charme du groupe, on est toujours surpris d’une manière ou d’une autre. Mais pour démarrer l’album, sur "Morons", il y a une intro tranquille avant de balancer un gros riff avec ce son typique de Freak Kitchen. Déjà un morceau tranchant ! C’est bien pour placer les repères. Le second titre, "Alone With My Phone", est plus rythmé, au son des interférences provoquées par un téléphone. Justement, on vient parler ici de notre relation avec les sacro-saints smartphones et des personnes qui préfèrent être seules avec leurs téléphones plutôt que de se socialiser. Un morceau intelligent dans tous ses aspects comme le fait si bien ce groupe. On poursuit ensuite avec une chanson en suédois et le titre pourrait être traduit par "Shit can happen when you forget to lock the door", ça promet ! Le morceau est intéressant car très différent de ce que fait le groupe d’habitude, un titre rapide et au rythme saccadé, très martial. Un morceau assez "simple" venant de ce groupe, c’est assez déroutant à la première écoute mais ça envoie, même si on ne comprend pas les paroles. C’est plutôt bien parti pour la suite de l’album !

Le quatrième morceau, "Troll", est très calme, l’effet est encore plus saisissant par rapport au rythme du morceau précédent. Le titre est mené par la basse qui est vraiment considérée et mise en avant dans ce trio suédois, ça fait du bien. Très bon morceau encore, très bien construit. Et c’est à partir de là que le rythme diminue peu à peu par alternance entre des morceaux sur-vitaminés et d’autres vraiment très posés. Cette alternance est classique mais ça réussit toujours. Dans le genre énervé, on a le morceau éponyme : le titre y est répété tant de fois qu’on finit confus nous aussi et ça, c’est pas de notre faute. Un morceau de plus de 7 minutes qui fait varier les ambiances sans jamais perdre le fil rouge. On retrouve un peu de l’album "Land Of The Freaks" dans ce morceau. Le début de "Confusion" répété en mode coq à chaque fois dans le refrain est aussi bien trouvé pour grossir les lignes vocales. Vraiment un beau succès ! Il y a également l’enchaînement "Only A Dream" / "Auto" qui est d’autant plus percutant car on passe d’une musique très calme à un titre très dansant (en tous cas, moi, il me donne envie de danser !), un morceau instrumental avec des mélodies qui rappellent un peu "Land Of The Freaks" sorti en 2009. En voilà un morceau qui dévoile la qualité sonore de ce disque. Ce n’est pas vraiment une surprise car le groupe met toujours le paquet et a toujours un son qui lui est propre, ce disque ne fait pas exception à la règle mais ça fait toujours plaisir d’avoir des groupes qui ont vraiment leur propre son, un son que l’on reconnaît parmi tous les autres groupes.

Dans les éléments déjà présents dans l’ADN de Freak Kitchen, on retrouve aussi le retour au chant de Christer, un autre très bon chanteur. En plus de varier les plaisirs, le morceau délivre un message positif encore une fois et va donner la pêche le lundi matin quand tu n’as pas envie d’aller bosser. Tous les morceaux sur lesquels Christer s’empare du mirco sont une franche réussite. Un morceau différent certes mais c’est en partie ce qui fait la richesse du groupe. "Only A Dream", "By The Weepping Willow", "The Era Of Anxiety" et "We Will Not Stand Down" font partie des morceaux calmes qui pénalisent le disque. Même si passer d’un morceau rapide à un morceau lent et vice-versa peut dynamiser un album, au bout d’un moment on perd cet intérêt et ça en devient même un point faible. Le rythme n’empêche pas de retrouver les éléments et les touches ponctuelles qui font la force de Freak Kitchen donc on voit que le groupe varie toujours ses compos et le fait toujours de manière qualitative. Ces morceaux plus lents ne sont donc pas mauvais mais il se trouve qu’ils sont trop nombreux selon moi pour ce disque, ils en plombent le rythme, c’est sûrement parce que je m’attendais à un album plus pêchu que je suis déçu par ces quelques titres. Heureusement, on finit sur une note positive avec "We Will Not Stand Down" qui est lui aussi très posé mais l’ambiance est particulière et joue son rôle de clôture de disque.

Pour le côté visuel, c’est pareil, il faut bien surprendre, là ça ne loupe pas avec ce mélange d’escargot et de bernard-l’hermite avec pour carapace un crâne humain bien entamé. On peut imaginer que l’on avance doucement vers notre mort, je ne sais pas, on peut tout imaginer, je laisse chacun imaginer ce qu’il veut. En tous cas, c’est épuré, plutôt sombre pour le groupe mais mine de rien on peut se dire que ça laisse présager ce qui nous attend auditivement parlant.

Le spectre musical est toujours très varié avec ce groupe, on le remarque un peu moins sur ce disque qui est à mon avis moins percutant que les autres. Malgré tout, ça n’en reste pas moins un très bon album, à l’image de l’ensemble de la discographie du groupe. Un peu déçu avec ces premières écoutes mais à voir d’ici quelques mois lorsque le disque sera un peu mieux digéré. En tous cas, rendez-vous en Mars prochain pour retrouver Mattias, Christer et Björn sur les scènes de Nantes, Paris, Lyon et Bordeaux !


Antoine
Novembre 2018




"Cooking With Pagans"
Note : 18/20

5 ans ! Voilà déjà 5 ans qu'est sorti l'excellent "Land Of The Freaks". 5 années à se demander ce que nous préparent ces trois Suédois complètement barrés. Ils nous préparaient une suite au moins aussi bonne tout simplement. Par contre, ils savent se faire désirer, si c'est pour avoir des galettes d'une qualité similaire, je veux bien attendre quelques années, il y a toujours les disques précédents pour se faire les dents. Certains critiqueront le manque d'évolution vis-à-vis du précédent disque… Peut-être, il n'empêche qu'on ne tourne pas en rond et que peu de groupes peuvent se targuer d'être reconnaissables sur chacun de ses titres au bout de quelques secondes ! Et croyez-moi, ceux qui aiment ce trio ne seront pas déçus !

La pochette à elle seule vaut déjà le détour, le groupe a fait un gros effort là-dessus en la confiant à Juanjo Guarnido. Trois vaches païennes se préparent un bon petit plat avec des ingrédients bien particuliers dont on imagine que les têtes des trois Suédois ne vont pas tarder à en être. Le dessin en lui-même est vraiment beau et l'idée est assez originale.

Que ce soit sur le plan musical ou graphique, on a toujours eu l'habitude de leur humour omniprésent, arriver à placer "Anal Bleach" dans un titre par exemple tient du génie tout comme "I don't want to Golf" est assez couillu : on a vu plus sérieux comme groupe… Enfin, sur la forme, ce n'est pas très sérieux, mais sur le fond c'est par contre généralement une vraie critique que Mattias "IA" Eklundh nous livre à travers les nombreuses métaphores. Il n'y a qu'à lire les paroles pour comprendre qu'il parle du mode de vie occidental qui se barre en sucette, de sujets d'actualité, etc… Autre sujet d'actualité propre au milieu musical (politique aussi en fait…), ce sont les tournées d'adieux… qui n'en sont pas. Ce mélange de sérieux et d'humour c'est en partie ça qui fait le charme de ce groupe qui porte si bien son nom !

Mais c'est aussi et surtout pour sa musique ! Le principal changement à ce niveau vient de la part de Mattias qui s'est cassé la voix, ce qui lui donne un air un brin plus énervé, ce qui va de pair avec des riffs plus tranchants et bruts qu'à l'accoutumée. Le premier titre "Professional Help" en est le parfait exemple. Il n'en reste pas moins reconnaissable au son qu'il a développé. On le retrouve particulièrement sur ses solos toujours aussi alambiqués ainsi que sur certaines mélodies. Sur cet album on trouve une variété de titres plus qu'intéressante, du gros rock bien lourd au titre plus dansant en passant par les morceaux jazzy ou encore ceux sur lesquels on sent beaucoup l'influence indienne, d'ailleurs sur "Mathematics Of Defeat", avec ses mélodies indiennes, vous remarquerez qu'il n'y a pas de solo de guitare ! Par contre Björn Fryklund nous sort un solo de batterie, une première pour le groupe si ma mémoire est bonne… On trouve même une pseudo ballade, "Hide", sur une rythmique courte très répétitive, Mattias évoque son besoin d'échapper à toutes ces mauvaises "ondes" qui sont partout dans nos chères villes. C'est pour ça qu'on les voit si peu sur scène ? On va pouvoir se régaler en Mars prochain ! Christer Örtefors intervient, lui, à nouveau, ça devient systématique qu'il chante un morceau par album. Cette fois c'est pour parler une nouvelle fois de la société actuelle, morceau intéressant à plus d'un titre entre les chœurs, le solo, les breaks, bref un très bon morceau ! La batterie a une part importante dans ce disque, elle donne un côté brut de décoffrage que ne possèdent pas les disques précédents, moins en tous cas. C'est globalement l'effet que donne ce disque, aller droit à l'essentiel sans trop s'attarder sur des plans trop techniques, même si on trouve malgré tout de quoi bien s'éclater avec des écoutes plus approfondies. Le juste milieu a été trouvé entre technique et simplicité (ne pas confondre avec facilité !).

Pour ceux qui ne connaissent pas ce groupe, c'est sûrement un des plus accessibles, malgré tout ces Suédois restent à part, inimitables… Vivement leur tournée française pour prendre ça en pleine face !


Antoine
Octobre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.freakkitchen.com