Ah, que les jeunes groupes ont du bon ! En effet, pendant qu’une pléthore de leurs illustres aînés se satisfont du strict minimum afin de continuer à livrer / vendre régulièrement, les formations naissantes n’ont d’autre choix que celui de faire leurs preuves aux yeux du public et des médias.

C’est notamment le cas de Frost Tears. Né à Taiwan il y a cinq ans, Frost Tears sort en 2014 son premier album : "Nine Chapters". Après deux EPs à roder leur style, les musiciens ont décidé de mettre les petits plats dans les grands en sortant un disque très complet. Visuel –pochette et livret– remarquable ; second cd contenant titres supplémentaires, remixés, ainsi que trois vidéos ; et aussi et surtout un corps visiblement consistant et recherché. En effet, "Nine Chapters" se divise en trois parties distinctes. C’est ici que je me dois de vous faire des excuses, mais puisque mes connaissances en mandarin sont extrêmement limitées, je suis dans l’impossibilité de vous parler du concept exploité plus en profondeur. Alors, à défaut, concentrons-nous sur l’aspect musical.

Fusion entre le heavy metal et la musique orchestrale, Frost Tears n’a, qu’on se le dise, rien de bien nouveau à proposer. Mais, et nous y revenons toujours, lorsque l’approche demeure personnelle, intéressante, et surtout réussie, fous serions nous de rechigner. Comme tout bon groupe de heavy qui se respecte, un accent particulier est placé sur la partie mélodique ; déluges de notes, soli, tout est mis en œuvre pour que le guitariste Taku et le claviériste Yu prennent du plaisir. Et le plaisir est partagé par l’auditeur lorsque les artistes se montrent capables de calmer la sauce, soit pour laisser la place au chant, soit pour apporter une touche gothique / romantique à l’ensemble, conférant par la même occasion une touche personnel à un schéma bien connu.

La section rythmique alterne les plaisirs, en swinguant à son aise entre des périodes de calme et une ardeur décapante. En somme, tout le contraire du chant de Len, que la vocaliste a délibérément voulu délicat et posé. Une maladresse ? Un manque de compétences ? A mon avis, ni l’un, ni l’autre. D’une part, cette douceur apporte aux compositions un aspect romantique très seyant ; d’autre part, Len n’a visiblement pas de problème à parvenir à ses intentions. Lyrique, capable d’exécuter sans peine les notes aigües, puissante dans son émotion : quel plaisir de découvrir une chanteuse si talentueuse ! De plus, à l’image de ses confrères musiciens, la demoiselle n’hésite pas l’ombre d’un instant avant d’inviter d’autres vocalistes, pour les besoins du morceau. Une fois encore, quel dommage de ne pas être en mesure de comprendre la ligne directrice !

Un groupe inconnu jusqu’alors, un soin incontestable : une bonne surprise, encourageante pour le futur !