Le groupe
Biographie :

God Disease est un groupe de death / doom metal finlandais formé en 2010, puis reformé en 2013, et actuellement composé de : Henry Randström (basse / Askel), Ilkka Johannes Laaksonen (chant / Ashen Tomb, Virulent Life) et Mika Elola (batterie). God Disease sort un premier EP, "Abyss Cathedral", puis un second, "Doom Howler", en 2015. Les deux EPs ressortent finalement sur le même support en Novembre 2015 chez South From Here Records. Le premier album du groupe, "Drifting Towards Inevitable Death", sort en Février 2019 chez F.D.A. Records. "Apocalyptic Doom" sort en Mars 2023 chez Gruesome Records.

Discographie :

2013 : "Crawling Out Of The Coffin" (Démo)
2014 : "Abyss Cathedral" (EP)
2015 : "Doom Howler" (EP)
2015 : "Doom Howler/Abyss Cathedral" (Compilation)
2016 : "Rebirth Of Horror" (EP)
2019 : "Drifting Towards Inevitable Death"
2023 : "Apocalyptic Doom"


Les chroniques


"Apocalyptic Doom"
Note : 15/20

Après quatre EPs et un premier album bien gras sorti en 2019 et nommé "Drifting Towards Inevitable Death", les Finlandais de God Disease reviennent nous mettre une louche de death / doom avec leur deuxième album "Apocalyptic Doom". Et si son prédécesseur sentait très fort le death old school, ce nouveau méfait va lorgner d'un peu plus près vers le doom, comme l'indique son titre.

Pour faire simple et citer un nom connu, vous devriez vous sentir à l'aise si vous aimez les sucreries de Hooded Menace par exemple, car même si God Disease a sa patte on y retrouve un mélange de death old school bien gras et de doom morbide. "Ashes" ouvre d'ailleurs l'album tout en lourdeur et ambiances mélancoliques, les leads mélodiques et les growls profonds et volontairement mixés un peu en retrait de Ilkka Laaksonen apportant au passage ce fameux feeling désespéré. On entend même quelques choeurs féminins en fin de morceau, ce qui amène une ambiance plus solennelle et un contraste intéressant avec le morceau d'ouverture du premier album qui était tout aussi lourd mais à la fois plus groovy et plus sale. Une saleté que l'on retrouvera sur "Built By Dead Hands" qui glisse quelques accords dissonants du plus bel effet pour un morceau globalement plus morbide et moins mélodique. God Disease s'y fait rampant et si le rythme reste lent et oppressant, le death metal se fait justement sentir dans les riffs malsains et crades. Un certain groove se déploie aussi sur "Remembrance" même si la encore c'est un rythme purement doom qui domine, les mélodies amenant le fameux climat apocalyptique avec une belle évocation d'un monde en ruines. Bref, si le doom gagne un peu de terrain sur "Apocalyptic Doom", God Disease ne change pas son fusil d'épaule pour autant et l'on reconnaît facilement le groupe entendu sur les précédentes sorties.

La production va à l'essentiel et évite tous les effets à la mode ces dernières années, les guitares et la basse sont tranchantes et bourdonnantes et la batterie est dotée d'une petite réverbe à l'ancienne. On garde aussi la même efficacité puisque ce nouvel album ne dépasse pas les trente-huit minutes pour six morceaux, cela ne laisse pas le temps au groupe de s'enliser et lui permet de développer des ambiances prenantes et de balancer quelques mélodies efficaces. Tout ça est évidemment old school jusqu'aux bouts des ongles et que ce soit les sonorités doom ou death, les influences vont jusqu'au début des années 90 gros maximum. "Leper By The Grace Of God" refait d'ailleurs pencher la balance du côté du death metal bien gras avec son mid-tempo groovy et ses riffs morbides et malsains. Quelques blasts se font même entendre sur "Futile Effort To Breathe", un morceau très dissonant aussi d'ailleurs. Tout comme celui qui clôt l'album, "Serenity Abandoned" qui transmet très bien ce feeling apocalyptique lui aussi. L'ambiance est noire comme la suie, la mélancolie se fait discrètement une place par quelques leads mélodiques et l'ensemble évoque une fois de plus la fin de tout. Une ambiance apocalyptique bien rendue sur ce nouvel album qui permet à God Disease de se démarquer et d'appuyer son propos, en plus de prouver que le groupe est décidément doué pour poser des ambiances évocatrices et des mélodies poignantes.

"Apocalyptic Doom" porte donc très bien son nom et God Disease s'y fait justement un peu plus doom, laissant plus de places aux mélodies noires et à un tempo majoritairement écrasant. Le death metal trouve toujours une place pour s'exprimer et n'hésite pas à balancer quelques riffs bien plus sales et malsains ou quelques blasts de temps en temps. Tout ça reste en tout cas extrême, noir et pas vraiment porté sur la fête donc vous devriez retrouver ce qui vous avait parlé sur "Drifting Towards Inevitable Death", même si l'approche est légèrement différente.


Murderworks
Avril 2023




"Drifting Towards Inevitable Death"
Note : 17/20

Qui a dit que les groupes de death metal créés après 2000 ne juraient que par un son moderne ? God Disease, pourtant formé en 2010, ne fait absolument pas partie de ceux-là. Les débuts furent assez chaotiques, puisque le groupe enregistre une démo en 2012 et se sépare sans la publier. L’année suivante, Henry Randström (basse) et Ilkka Johannes Laaksonen (chant) remontent le projet et sortent la démo. Aujourd’hui accompagnés par Mika Elola (batterie), Jesse Könönen (guitare) et Matias Tuohino (guitare), le groupe peut s’appuyer sur une discographie de trois EPs et un album, "Drifting Towards Inevitable Death", qui vient de sortir. Les puristes du genre seront aux anges.

L’album débute par le larsen introductif de "Descending Into Abyss", qui ne tarde pas à faire rentrer une rythmique lente, grasse, malsaine et surtout old school à souhait. Le chant oscille entre un growl massif et un pig squeal malfaisant, et même si les riffs ont tendance à accélérer un peu, la progression est lente mais apaisante. Et ces relents de graisse auditive suivront jusqu’à "At The Pillars Of Kadatheron", un titre qui se focalise sur des harmoniques tranchantes et une basse vrombissante pour séduire un public de connaisseurs, et la guitare lead perçante qui nous parvient est aussi dérangeante qu’hypnotique, tout en collant parfaitement à la rythmique. Le troisième titre, "Cadaver Sculptor", reste axé sur ce son old school à la limite parfois du doom / death avec cette touche de violence et ces sonorités presque ambiantes, alors que "King Of Maggot Crawling Flesh" est beaucoup plus énergique, tout en conservant cet aspect lourd et ces influences à la limite du black metal.

L’album se poursuit avec "Cathedral Gates", un autre titre qui compte sur la basse, mais également sur une guitare dissonante pour appuyer les hurlements impies d’Ilkka. Le titre ne souffre absolument pas de sa longueur, comme j’aurais pu le craindre au début, et chaque note trouve sa place, tout comme sur la courte "Death… Is Just The Beginning". On entend une voix en arrière-plan, mais impossible de distinguer de réels mots, et cette instrumentale, plus imposante vers la fin, nous amène à "Blessed Darkness". Pendant un instant, j’aurais juré entendre Bolt Thrower, mais c’est finalement la patte de God Disease qui s’installe sur ces riffs qui transpirent le death old school. Et progressivement, la rythmique devient de plus en plus intense alors que la guitare lead s'affole, avant de nous laisser sur "Drifting Towards Inevitable Death". Quelques notes en son clair, une basse prête à en découdre, un larsen et c’est parti. Les Finlandais alignent leurs riffs sans jamais hésiter une seule seconde à ralentir ou alourdir leur son.

A travers des harmoniques sombres et planantes, God Disease réussit à transformer un album de death old school qui reprend un à un les codes du genre en renouveau d’un style déjà surexploité depuis des années. "Drifting Towards Inevitable Death" aurait très clairement pu sortir il y a vingt ans, le mix étant d’une perfection rare dans ce style qui peut très vite tourner à la catastrophe s’il n’est pas maîtrisé.


Matthieu
Mars 2019




"Doom Howler/Abyss Cathedral"
Note : 15/20

Tout droit venu de Finlande, God Disease pratique un death metal old school et velu comme on l'aime. La preuve avec cette compilation sortie chez South From Here Records (les initiés reconnaîtront le clin d'œil à un autre groupe finlandais maintenant disparu) qui regroupe sur CD les deux EPs sortis par le groupe uniquement en cassette à l'époque : "Abyss Cathedral" et "Doom Howler".

Et si "Sepulchral Swamp" qui ouvre le bal laisse penser au début que le groupe va se contenter de nous écraser sous des riffs lourds, glauques et lents, il n'en est rien, la deuxième moitié du morceau partant sur un tempo bien plus nerveux. Loin des blasts supersoniques des groupes actuels, les accélérations de God Disease rappellent les bons vieux groupes de death obscurs du début des années 90. Avec le retour de ce feeling dégueulasse propre (si on sort du contexte, voilà un bel oxymore dis donc) à toute cette scène, cette impression d'un groupe pataugeant joyeusement dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à un marécage. Concrètement, ça donne un death baveux et primitif doté de quelques accointances avec le doom, passant de mélodies morbides à riffs rouleau-compresseur. L'art de jouer avec les contrastes que ne maîtrisent plus beaucoup de groupes de nos jours, la plupart se contentant de blaster à tout-va en balançant des parties toutes plus techniques les unes que les autres (même si j'aime beaucoup cette scène aussi). Ici pas de fioritures, God Disease va à l'essentiel et fait tout son possible pour réanimer le death des origines, avec une certaine réussite il faut le dire. La production participe d'ailleurs à ce retour aux 90's, avec un son doté de juste assez de gras et de crasse pour être dans le ton sans devenir inaudible. D'ailleurs on entend plutôt bien la basse, c'est dire !

Pour ceux qui n'auraient pas encore compris de quoi il s'agit, on va préciser qu'on trouve à la fin de "Doom Howler" une reprise du "Supposed To Rot" d'Entombed, si avec ça vous ne situez pas les influences de la bête je ne peux plus rien pour vous ! Encore que God Disease ne pousse pas la violence aussi loin qu'Entombed sur "Left Hand Path", nos Finlandais préfèrent les odeurs de caveaux humides et les riffs qui pèsent des tonnes. Encore une fois, le groupe flirte avec le doom, sans jamais tomber dans l'excès non plus. Pas de morceaux de 15 minutes à 20 BPM ici, mais les riffs les plus lents font ressortir une lourdeur et une noirceur proches du doom, ou du doom / death plus précisément. C'est flagrant sur "Abyss Cathedral" d'ailleurs au début duquel on pourrait presque reconnaître le premier Paradise Lost ! En tout cas, on sent que ces petits gars connaissent leurs classiques sur le bout des doigts et s'en sortent plutôt bien pour faire du neuf avec du vieux. Pas de plagiat ou d'inspirations trop présentes à noter, simplement un mélange entre l'hommage à des groupes fondateurs d'une scène encore vivante et le plaisir de jouer ce style de metal. Un style qui revient en force ces derniers temps, sûrement un contrecoup naturel par rapport à la scène dont je parlais tout à l'heure et qui pousse le bouchon le plus loin possible à tous les niveaux. Parce que ça fait du bien de temps en temps de balancer du riff de bûcheron sur un tempo de locomotive, et ça en fait tout autant de se les mettre dans les esgourdes.

Au final, une bien bonne compilation qui propose un death lourd, froid, primitif et brut qui fleure bon le début des années 90. Jetez-y une oreille attentive, que vous soyez un jeune qui n'a pas connu cette scène à l'époque ou un vieux briscard du metal extrême, vous aurez de quoi satisfaire vos cages à miel.


Murderworks
Mars 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/goddisease