C’est marrant ces groupes qui nomment un album d’après leur propre blaze, et ceci après quinze ans de carrière, que dis-je, vingt-neuf ans pour Godless Truth ! Cryptopsy avait fait la même en 2012 et Obituary en 2017, alors, panne d’inspi’ ou comment ça se passe ? Pour le coup, là, ce n’est pas le cas parce que nos amis tchèques, désormais considérés comme des vétérans dans le milieu underground du brutal death metal, ont mis le paquet pour nous pondre ce disque, sorti en Mars 2022, qui est une véritable tuerie à tous les niveaux !! Et puis il y a autre chose aussi, c’est que pour Godless Truth, c’est fini le brutal death technique de gros boucher, place désormais à de la mélodie, de la finesse, car aujourd’hui Godless Truth est plus proche de Psycroptic que de Defeated Sanity.

Que ce soit d’un point de vue purement technique, au niveau de la production ou encore en termes de composition, ce skeud est un sans-faute ! Violence, frénésie, mélodies, moments d’apogées, de nombreux éléments se combinent pour rendre la musique de GT implacable et stimulante. Imaginez-vous un gros death metal lourd et gras qui lorgne sensiblement vers le brutal death, une sorte de rouleau compresseur rythmique soutenu par un drumming hyper précis et droit, c’est pas mal déjà hein comme description ? Mais attention, ce n’est pas que ça le nouveau GT, on a aussi des mouvements mélodiques qui rappellent parfois le bon vieux groupe Death, notamment dans les harmonies de guitares, et on a des riffs mélodiques très élancés qui font penser à du The Black Dahlia Murder, autrement dit, il est difficile de trouver de la redondance au sein de ce disque car il s’en passe des choses en 33 minutes ! Le timbre de la voix est édifiant, on a parfois du scream mais c’est surtout dans un chant mi-thrashy / mi-guttural que le monsieur au micro se distingue la plupart du temps, écoutez un titre comme "Breathe Fire" et vous allez comprendre de quoi je parle !

Le track débute justement avec un riff assez mélodique, mais ensuite il se passe une tonne de trucs, jusqu’à ce moment où la batterie se fait écrasante, à la limite du slam ou du deathcore, une sublime illustration de ce dont est capable Godless Truth. Autre élément non négligeable, les solos de guitares sont fantastiques ! Précis, virtuoses, mélodiques, et avec un sens réel de la trajectoire, on se délecte à chaque fois de l’histoire que ces moments mélodiques nous racontent. Dans le riffing, entre Vader, Decapitated, Psycroptic, Suffo’, une multitude d’éléments se côtoient, avec toujours cette touche à la Schuldiner qui sent bon la Floride comme sur "Fortune Time". La production est propre mais pas aseptisée pour autant, elle retranscrit d’une très bonne manière les dynamiques et l’intention derrière chaque moment musical. A cheval entre modernité et vieille école, les 10 titres (enfin, en vrai, il y en a 8 et 2 instrumentaux de moins d’une minute chacun) nous engagent au sein d’un metal finalement assez technique et mature, sans toutefois sombrer dans l’outrancier ou le technical. Godless Truth est un groupe qui a pas mal évolué au sein de sa carrière, et depuis "The Desperation" sorti en 95, il s’en est passé des choses !

J’ai personnellement pas mal passé de temps sur "Arrogance Of Supreme Power" sorti en 2004, le dernier album avant celui-ci, c’était l’époque où le groupe baignait à fond dans le brutal death à la Inveracity, Mortal Decay, Severed Savior et tout le bordel, c’était cool cette version de Godless Truth, mais oubliez-la, car aujourd’hui le groupe a opéré un tournant esthétique radical. Entre 2004 et 2022 de l’eau a coulé sous les ponts et désormais nos potos tchèques proposent un death metal certes plus accessible, mais aussi plus pro’ et carré. Je vais faire une comparaison horrible mais la cassure entre "Arrogance Of Supreme Power" et "Godless Truth" est comparable à la transition "…And Justice For All" / "Black Album" ou "Rust In Peace" / "Countdown To Extinction". Le brutal technical qui était la tendance du moment au milieu des années 2000 n’est désormais plus la priorité de GT, mais très sincèrement, on ne va pas se plaindre pour autant. On comprend mieux également la raison d’avoir appelé cet album simplement "Godless Truth", serait-ce là le vrai point de départ discographique du combo ?