Le groupe
Biographie :

Formé en 2012, le groupe parisien Gohrgone défend une musique lourde, puissante et efficace, à l'appui de textes inspirés des mythologies greco-romaines. Le quintette impose sa présence par sa personnalité et son expérience de la scène bien forgées. Le line-up actuel est composé de : Olivier Le Lin Morgan (basse, chant / Beer Breath, Scolopendra), Chris (batterie / Beer Breath, ex-Caesarum), Eddy Pelletier (guitare) et Thomas Lord Noué (chant / Scolopendra).

Discographie :

2014 : "A Divinis"
2016 : "Finis Ixion"
2019 : "In Oculis"
2022 : "Fulgur Imperii"


Les chroniques


"Fulgur Imperii"
Note : 15/20

“Gohrgone”. Oui, exactement comme les saloperies de la mythologie grecque mais sans “h”. Donc oui, comme les bestioles des enfers, la formation entend bien plonger l’oreille de quiconque s’aventurerait à l’écoute dans les tréfonds des abysses maintes fois décrites par Homère (pas Simpson hein) et ses pairs. Le tout sous fond, presque évidemment, d’un blackened death metal relativement lourd et imposant.

Aujourd’hui, direction donc "Fulgur Imperii" et très certainement avec lui, et à l’image de son artwork, la fureur d’un Zeus qui n’aura que comme unique vocation de la mettre bien profond aux pourceaux composant l’humanité. Quatrième album des Franciliens, la bête renferme dix titres n’appelant finalement qu’au chaos perpétuel. De l’éponyme et introductif "Fulgur Imperii" au final "Oblivion", le disque présente un ensemble sonore efficace bien que sommaire. Gorghone (à ne confondre ni avec le Gorgon d’Antibes ni avec l’autre Gorgon) livre ici une belle prestation.

Si le tout s’avère parfois un poil répétitif tout de même, on lui reconnaîtra volontairement de bonnes intentions quant à une envie assumée de destruction et de soumission de nos pauvres nuques ("Ultimate Patricide" et sa rythmique écrasante en est un parfait exemplaire). Penchant, comme lors de ses précédents efforts, plus vers le death metal que le black, Gorhgone prend ici un malin plaisir à matraquer ses couplets ("Divine Incest", "Poisoned Gift", "Storm Of Defeat"). On soulignera au passage "Return To Chaos" et ses 7min45, une durée relativement longue pour un pavé tout en progression et en variation de tempos. Avec une durée d’à peine quarante minutes, et comme un hoplite, "Fulgur Imperii" fait ce qu’on lui demande : taper rapidement, là où ça fait mal.

En bref, trois ans après "In Oculis", Gohrgone paraît ici plus mature. Une phrase somme toute relativement cliché pour résumer l'œuvre d’un groupe plus affirmé et expérimenté. Un album logique, homogène ponctué par des interludes aux airs de respiration au milieu d’une puissance omniprésente. Une oeuvre solide qui fait exactement ce qu’on attend d’elle sans réelle surprise ni prise de risques.


Rm.RCZ
Décembre 2022




"In Oculis"
Note : 15,5/20

Gohrgone, groupe parisien de gros metal qui pique, nous pond un concept album basé sur les aventures de Persée, avec notamment son combat contre Médusa. Pour mettre ce mythe en musique, le quintette a choisi de nous envoyer du bon gros son méchant dans la tronche histoire de bien retenir la leçon, car si une chose nous frappe directement à l’écoute d’"In Oculis", c’est bien la grosse puissance des riffs, le son profond et précis et le chant hargneux qui dégage une formidable énergie. Bien thrashy, le riffing fait mouche à chaque intervention et les nombreux breaks, relances et changements de tempo sont placés là où il faut, quand il faut, pour un maximum d’efficacité.

Le death / black plus death que black de Gohrgone est ténébreux et dégage parfois quelques atmosphères mystiques, comme ce chant féminin tribal sur "Insanus Creatura", mais on y trouve également, n’en déplaise au principal intéressé, des touches sensiblement néo, à la Slipknot ou encore Milking The Goatmachine par exemple, écoutez "Opportunity King". Cela se caractérise en fait par l’ajout de parties groovy propices au headbanging comme sur la section du milieu de "Weak Ones Deceived" par exemple. Le drumming s’impose catégoriquement durant les 36 minutes de l’album, et élabore avec la basse un socle rythmique solide. "In Oculis", interlude instrumental et titre éponyme, ajoute d’autres saveurs durant l’écoute, on apprécie ainsi un Gohrgone obscur et vindicatif, qui balance dans ce titre un death doomesque pesant et noir qui précède "The Executioner Of Medusa", toujours dans la même veine, avec cette tendance macabre digne d’un Autopsy.

Il y a chez Gohrgone un petit quelque chose de polonais, comme on le retrouve chez Behemoth, période "Demigod", ou encore dans la musique du groupe Hate, notamment dans l’élaboration de riffs incisifs qui possèdent un caractère sombre sans équivoque. La production soutient admirablement bien l’ensemble, globalement, celle-ci confère à l’album de la dynamique et de la nuance. La batterie, avec cette réverbe légère qui lui donne de l’espace et la fait sonner plus naturelle, permet au son d’obtenir plus de profondeur. Le chant, assez versatile, explore des registres aussi bien black que death, les lignes vocales sont particulièrement efficaces et s’adaptent à une conception globale des compositions "in your face" qui mélange le metal extreme traditionnel avec des éléments plus actuels.

Pour ce troisième album, et en cinq ans d’existence, Gohrgone continue son bonhomme de chemin sûrement et s’impose progressivement dans le paysage metal francophone. En axant principalement son œuvre musicale sur le climat et la lourdeur, tout en mettant l’accent sur le côté sombre et entraînant, le groupe parvient, sur "In Oculis", à proposer un metal intéressant qui sort des sentiers battus, même si le disque possède quelques moments de creux. Nous vivons une époque où la plupart des formations s’engouffrent dans une niche, classic death, techno death, true black, slam death, black orthodoxe, etc. Gohrgone ne s’entiche pas de ce genre de préceptes, il évolue comme bon lui semble, et c’est tant mieux. 


Trrha'l
Juillet 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/gohrgoneband