Dans la catégorie black metal français, Gotholocaust fait partie des valeurs sûres de la
scène underground. Créé en 2003 par Seratoth (guitare, Breizh Occult) et Darkhaus
(chant, Malphas) sur les cendres de Yersinia Pestis, le line-up est aujourd’hui complété par
Evilarsen (ancien bassiste et actuel guitariste, Breizh Occult, Malphas et Ende en live),
OberKommander der Satanisch Wehrmacht (basse, Archipelagos, Bestial Nihilism) et
Sistre (batterie, Bestial Nihilism, Inkisitor, Les Chants De Nihil, The Whole Truth). Pour
ce qui est de la discographie, le groupe sort cette année "Summa Perfectionis", son quatrième
album si l’on compte la réédition du premier. Puritains et puritaines, fuyez.
L’album commence sans plus attendre avec "Inquisition", un titre brut, féroce et surtout au son
old school et malsain à souhait. Très perçant, le chant est lui aussi typique d’un black metal
sans compromis, qui confirme la communion qu’ont les membres entre eux pour produire un
tel son. Sans transitions, le groupe enchaîne avec "Nyarlathotep", une autre composition aux
sonorités sombres, aux riffs déchaînés qui finissent par s’apaiser pour nous offrir une
ambiance de messe noire. L’invocation fait remuer la tête, et les deux types de chant
s’allient à merveille, et sans qu’on s’en aperçoive la rythmique reprend de plus belle.
Beaucoup plus imposante de base, "Uppsala" nous est apportée par un riff noir et le reste de
la composition s’en ressent. Si ce titre avait été écrit il y a vingt ans, il n’aurait pas pris une
ride, et je peine de plus en plus à croire que l’album n’a que quelques semaines.
Le groupe enchaîne sur le sample introductif d’"Impious", un morceau qui rappelle le war
metal brut de décoffrage, mais la composition ralentit et se relance, créant un contraste
intéressant qui aidera les plus réticents à se mettre dans de bonnes dispositions afin de
profiter du son. Si les morceaux précédents ne vous ont pas effrayés, nous arrivons
ensemble à "Shadow Horde", et à ses harmoniques tout bonnement démoniaques. Le blast
qui vient se greffer à la rythmique en place rend le mélange froid, mais c’est ce son que l’on
recherche dans le black metal à l’ancienne, et qui colle à la perfection au groupe. Même
constat pour "Calusari" qui part d’un seul coup et qui donne ce son planant, mais également
très puissant. Si un passage plus calme est à prévoir, ce n’est que pour mieux apprécier les
notes atmosphériques avant de revenir sur la violence.
C’est un son clair inquiétant qui introduit "Svart II", le morceau le plus long de l’album. Il est
également assez lent, mais bénéficie de cette mélancolie parfois oubliée dans le black
metal, que ce soit au niveau des riffs ou au niveau du chant. La fureur rejoint les rangs du
combo, mais la langueur reste, et ce jusqu’à l’extinction du son par le vent glacial. On
retrouve également ce vent samplé sur le début de "Summa Perfectionis", le titre éponyme et
également le plus bref de l’album. Des racines plus brutales, certes, mais qui ne trahissent
en rien l’implication du groupe dans sa musique et qui traduit parfaitement l’énergie que les
Bretons ont mis dans cet album. Dernier titre, "The Trial" est un morceau dans la même veine
que les premiers : violent et intransigeant, mais avec cette sensibilité propre à la formation. Il
n’est pas à écouter, il est à ressentir.
Pour peu que vous ne soyez pas rebutés par le son old school, Gotholocaust délivre avec
"Summa Perfectionis" une pépite de black metal. Rares sont les formations aussi “récentes”
qui parviennent à ce résultat, mais une chose est sûre : vous ne devez pas passer à côté.
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