Le groupe
Biographie :

Gravefields est un groupe de black / death metal irlandais formé en 2019 (anciennement Dirtyprotest) et actuellement composé de : Alan Hurley (instruments / ex-Brutus, ex-Dirtyprotest) et DM (chant / Celestial Swarm, Disgraved, Helioss, Hoeverlord, The Whole Truth, Wrath From Above, ex-Dirtyprotest, Gastropode). Gravefields sort son premier album, "Embrace The Void", en Juin 2019 chez Redefining Darkness Records, suivi de "Tetragrammaton" en Juin 2023 chez Satanath Records.

Discographie :

2019 : "Embrace The Void"
2023 : "Tetragrammaton"


Les chroniques


"Tetragrammaton"
Note : 16/20

Après un premier album sous le nom Dirtyprotest en 2017, le multi-instrumentiste Alan Hurley, accompagné de DM (que l'on retrouve entre autres chez Helioss ou Wrath From Above dont on a déjà parlé par ici) au chant, est revenu sous le nom de Gravefields en 2019 et l'album "Embrace The Void". C'est donc le deuxième album sous ce nom qui nous arrive cette fois avec "Tetragrammaton" et on retrouve un mélange death / black assez brutal et intense mais qui n'hésite pas à piocher dans toues les armes que peut fournir le metal extrême lorsqu'il s'agit de poser une ambiance.

Si l'album sorti sous le nom de Dirtyprotest laissait encore bien sentir ses influences death metal à travers un son de guitares typé HM-2, la suite s'est montrée plus variée sans avec notamment des sonorités plus black metal, sans pour autant renier cette base. C'est donc quelque chose de plus dense que l'on retrouve sur "Tetragrammaton" et cela commence dès le morceau d'ouverture "Forbidden Psalms" qui culmine à sept minutes et mélange les genres pour poser une ambiance sombre avec une bonne montée en puissance avant que les gros blasts ne se fassent entendre. On sent encore du gras sur les guitares pour marquer encore l'influence du death old school suédois, là où les leads et les mélodies renvoient plus à la froideur du black metal. Un mélange qui se fait ici intense et brutal même si la mélodie trouve toujours un moyen de se glisser au milieu des tirs d'artillerie. Bon, la boîte à rythmes est dotée d'un son qui ne trompe pas et ne risque pas de se faire passer pour une véritable batterie, c'est dommage mais cela ne nuit pas à l'écoute. "The Ascendancy" suit avec un visage plus nuancé et pas mal de passages mid-tempo et puissants, mais la brutalité s'exprime toujours et ce deuxième morceau en alternant les deux fait pas mal dégâts. On sent un peu de Behemoth là-dedans d'ailleurs, pas de façon flagrante mais on devine tout de même que le groupe polonais a dû influencer le duo. On retrouve ce mid-tempo destructeur sur "Archmessiah" qui développe en plus une ambiance plus froide et malsaine très efficace, enfin avant que les blasts ne reviennent mettre leur grain de sel là-dedans évidemment.

Si Gravefields sait varier le propos et faire parler plusieurs influences différentes, son black / death reste assez brutal et l'intensité de "Tetragrammaton" va en calmer plus d'un. "The Blessed Pariah", quant à lui, remet le death metal en avant avec de bons gros riffs bien gras comme on les aime et là encore de sacrés tapis de blasts et de double grosse caisse (synthétique) pour matraquer tout ce qui bougerait encore après les précédentes déferlantes. Cette variété des tempi et sonorités utilisés est salutaire puisque ce nouvel album approche tout de même des cinquante minutes et vu l'intensité de la bête, un aspect monolithique aurait clairement été de trop. Là, on a ce qu'il faut en termes de dynamisme et d'impact, le mid-tempo décuplant comme toujours la brutalité des gros blasts qui nous tombent dessus régulièrement. Les ambiances froides typées black metal tranchent intelligemment avec les guitares grasses et les gros riffs death metal, le mélange des genres donnant quelque de brutal certes mais doté d'un certain groove puissant qui déboîte bien les cervicales. Et quand ce sont les ambiances qui prennent le dessus comme sur "Seraphim", on pense presque à ce que SepticFlesh a fait de plus noir et de plus rampant sur ses derniers albums. Malgré ces quelques influences que l'on peut repérer à plusieurs moments, Gravefields arrive à sortir son épingle du jeu par ses ambiances qui parfois mettent sur le cul sans prévenir, comme sur "Vagrant" par exemple, mais aussi par son intensité et sa brutalité. Le mélange black / death a certes été fait plus d'une fois mais le duo y met suffisamment de cœur pour que l'ensemble ne laisse pas une impression de déjà entendu.

Gravefields revient donc avec un album dominateur, sombre, intense et brutal qui ne fait pas de prisonniers et envoie sa dose de gros riffs, de blasts sauvages (même si c'est une boîte à rythmes) et de passages sauvagement groovy à se déboîter les cervicales. Bref, si vous voulez du black / death avec un minimum de personnalité et d'une efficacité redoutable, vous êtes conviés à y jeter une oreille attentive, cela remplace aisément un coton-tige.


Murderworks
Novembre 2023




"Embrace The Void"
Note : 14,5/20

Gravefields est un duo, dirigé sous la houlette d’Al Hurley, ex-Brutus et homme à tout faire. Le voici ici accompagné d’un certain DM, en charge des vocaux et de l’écriture des paroles. Pour ce premier album, le binôme propose un metal extrême aux horizons multiples, entre modernité et tradition, et avec des influences assez diversifiées, brutal death, black, thrash ou encore deathcore. Ces nombreuses orientations ne sonnent pas comme un patchwork musical au sein duquel s’enchaînent les différentes parties, au contraire, l’ensemble se dilue parfaitement et façonne une musique assez homogène.

Après une introduction qui monte progressivement, tel un orage chargé d’électricité qui s’avance inexorablement dans le ciel, un bon vieux blast beat des familles vient s’imposer et consolide des guitares thrashy aussi tranchantes que précises. Le chant, entre cris black et voix gutturales death très proches de Nile d’ailleurs, est très polyvalent, il participe efficacement à l’énergie collective dispensée par Gravefields. Les compositions prennent des directions multiples, le premier track est thrashy à souhait, le deuxième amorce une trajectoire qui oscille entre éléments grind et passages plus lourds, "Chemical Rampage" ; troisième méfait ; s’engage avec une intro en mode moissonneuse batteuse avant de prendre un virage plus deathcore, bref, vous l’aurez compris, ce disque possède une certaine richesse. La production se défend pas mal elle aussi, Le drumming est précis, les guitares ont du mordant, la basse est là pour une fois, et le chant est impeccable dans tous les registres.

Gravefields ne nous lâche pas une seconde, et défend sa musique avec entrain et détermination. Ce qui assez étonnant, c’est la capacité de cette formation à mixer des éléments plutôt classiques du metal extrême avec une interprétation plus moderne. Chaque titre a son petit truc, globalement le disque se porte très bien mais il y a quelques longueurs qui se font malheureusement ressentir. Peut-être certains morceaux n’auraient pas dû être ajoutés afin de limiter le temps du disque qui dure quand même 50 minutes, je pense notamment à "Mind Leech" qui met un certain moment avant de véritablement poutrer. Il faut aussi ajouter que, malgré la diversité des structures, le groupe semble utiliser certaines "recettes" et perd ainsi de la spontanéité et fige un tantinet l’ensemble. Il y a cependant des perles, comme le track "The Devils Breath", à la Veld, hyper virulent et agressif grâce à un drumming 100% surpuissant.

"Embrace The Void" conjugue sans grande difficulté énergie, vitesse et précision et dispense un metal bien extrême aux multiples facettes. Tantôt mélodique, tantôt puissant, lorgnant autant vers le black, le deathcore que vers le mélodeath post-90, Gravefields propose un disque nuancé et entraînant. Même si l’on peut éprouver certaines longueurs parfois, notamment à cause de la durée de l’album et par rapport à certains titres un peu moins stimulants, les neuf compositions du duo restent somme toute bien efficaces. "Embrace The Void" plaira à n’en point douter aux amateurs de musique intense et mélodique.


Trrha'l
Août 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/gravefields