Le groupe
Biographie :

Bien que les racines de Hardcore Anal Hydrogen se situent dans le metal et la musique contemporaine, sa musique touche à beaucoup de genres musicaux. La structure formelle des morceaux en perpétuelle mutation et l’éclectisme des genres musicaux sont une constante de création du groupe. Hardcore Anal Hydrogen est né en 2009, de la rencontre entre Martyn Circus et Sachamouk. Ensemble ils ont d'abord produit deux albums, "Fork You" et "Division Zero". Le troisième opus, "The Talas Of Satan", est sorti en 2014 chez Apathia Records. Le quatrième album, "Hypercut", est sorti en Mars 2018. En 2021, Hardcore Anal Hydrogen devient Hah et sort son cinquième album, "Chimaera Monstrosa", en Avril.

Discographie :

2009 : "Fork You"
2011 : "Division Zero"
2014 : "The Talas Of Satan"
2018 : "Hypercut"
2021 : "Chimaera Monstrosa"


Les chroniques


"Chimaera Monstrosa"
Note : 15/20

Vous vous souvenez des cinglés de Harcord Anal Hydrogen ? Eh bien ils ont changé d'optique, ont décidé de ne plus se focaliser uniquement sur la violence et qu'il fallait par conséquent les appeler Hah à partir de maintenant. C'est donc sous ce nouveau patronyme qu'ils sortent "Chimaera Monstrosa" et si la violence n'est plus le but premier, le groupe n'a pas pour autant perdu sa folie. Donc attachez vos ceintures parce que ça va secouer sévère dans pas longtemps !

Après un "Inbreed For Thalassa" qui donne l'impression que le guitariste fait ses gammes et des sonorités presque synth-wave / dubstep, c'est "Failure In Progress" qui attaque les choses sérieuses avec un morceau qui n'est pas sans rappeler le Mayhem de "Grand Declaration Of War" dans ses premières secondes avant de partir en couille de façon bien brutale pour un groupe qui ne mise plus sur la violence. La folie furieuse est toujours de la partie et entre les parties de chant hurlées qui partent en vrille dans tous les sens et les multiples samples nawak, on a de quoi perdre la tête quasiment à chaque seconde qui passe. Hah balance un maximum d'informations en même temps et multiplie les couches de sons pour un résultat toujours aussi barré et hors des clous. C'est inclassable comme d'habitude et ça va piocher un peu partout, surtout dans les franges les plus extrêmes que ce soit metal ou musiques électroniques. On retrouve les fameuses sonorités ethniques que le groupe utilise depuis un bon moment maintenant, qu'elles soient orientales, indiennes ou tribales. "Chimaera Monstrosa" ne dure que trente-quatre petites minutes mais il porte très bien son nom et cette durée suffira à en mettre plus d'un à genoux, que ce soit par l'extrémisme de la bête ou ses tendances à l'expérimentation débridée. On n'oublie pas non plus l'humour à la con avec des titres de morceaux comme "Quatre Quart Au Thon" ou "Les 1", un humour qui s'entend toujours dans pas mal de délires sonores évidemment. D'ailleurs la pochette me rappelle furieusement les artworks du jeu Doom, je doute que ce ne soit pas volontaire d'ailleurs.

Alors certes c'est peut-être un peu moins bruitiste qu'avant mais bon ça reste bien bourrin et entre les expérimentations en tous genres et le bourrinage intensif de certains passages, il y a quand même de quoi défoncer les oreilles non averties. Les sonorités synth-wave font leur retour sur "Venera" qui balance aussi des sonorités ethniques et traditionnelles en version électronique. Assez surprenant sur le coup mais finalement plus rien ne m'étonne chez ces malades, le pire étant que ça rend carrément bien ! "Narakas" balance un passage rappé en plein milieu d'un morceau assez glauque par rapport au reste de l'album, plus long aussi puisqu'il atteint les six minutes. Et il peut s'en passer des choses en six minutes sur un album pareil ! D'ailleurs, on ne tarde pas à se prendre un break très zen avec des sonorités indiennes ou orientales, j'avoue ne pas être un spécialiste du tout en la matière. Je dirais plutôt indienne à l'oreille et en plus c'est joué au sitar, mais je peux me tromper. La fin du morceau nous amène un peu de mélodie et une ambiance assez bizarre, presque spatiale ou science-fiction avec évidemment toujours ce petit côté qui vous dit : "Attention je peux partir en vrille n'importe quand". C'est d'ailleurs ce que fait le groupe sur "Akrikhr" qui suit avec vingt et une secondes seulement, un petit délire bourrin qui sort de nulle part parce que pourquoi pas ? Quant à "Sax Crusher", et comme son nom l'indique c'est le jazz qui nous vient aux oreilles, Hah y prend des airs de big band en version electro avant de balancer de bons gros riffs bien vicelards.

Bref, si le groupe prétend avoir changé d'optique et si l'ensemble est effectivement moins bruitiste, il faut quand même préciser que la musique contenue sur "Chimaera Monstrosa" n'est clairement pas destinée à tout le monde. Non seulement cela reste extrême et assez violent mais en plus les expérimentations totalement folles vont une fois de plus en laisser une paire à la traîne. Donc ouvrez vos oreilles en même temps que votre esprit musical et tentez votre chance, en ayant pris de soin de bien vous cramponner à votre slip quand même parce que ça secoue là-dedans !


Murderworks
Août 2021




"Hypercut"
Note : 15/20

Préparez vos tympans, les cinglés de Hardcore Anal Hydrogen sont de retour avec un nouvel album, "Hypercut". Vous l'aurez deviné, le groupe ne s'est pas du tout calmé et sa santé mentale ne s'est pas arrangée avec le temps.

"Jean-Pierre" ouvre l'album et on retrouve le groupe en forme avec un mélange improbable de punk, grind, electro qui vrille les oreilles et ne fait pas de quartier. Le chant crié et hyper saturé n'arrange rien et le tout nous éclate la tronche en à peu près cinq minutes mélangeant passages bruitistes et complètement barrés, passant du punk au dubstep en passant par les sonorités chiptunes. "Coin Coin", qui le suit, balance une espèce de free jazz complètement pété du bulbe et prouve que mine de rien le niveau technique de ces malades est assez costaud. Bref, c'est encore une fois un beau bordel et il va falloir un esprit musical assez ouvert pour ne pas avoir l'impression d'être tombé au milieu d'un asile d'aliénés. Surtout que cette fois c'est quarante minutes de musique qui vous attend et votre endurance va être mise à rude épreuve. D'ailleurs, c'est une épreuve d'en faire une chronique aussi, impossible de donner un aperçu cohérent d'un tel melting pot. Mes quelques lignes ne suffiront évidemment pas à vous donner une idée de la folie de cet engin et je conseille à aux oreilles aventureuses d'aller y jeter une oreille pour se faire une idée plus précise. Le tout est bien sûr souvent ponctué d'humour bien con, en témoigne par exemple le morceau "Bontemmieu" ( la marque Bontempi tout ça...) ou le croisement complètement what the fuck de "Paul" entre ballade sirupeuse des années 60 avec un chant complètement à la ramasse autotuné à mort et gros metal barré qui tache. On notera aussi les plus de huit minutes de "Phillip" qui nous emmène dans un délire orchestral épique à la sauce Hardcore Anal Hydrogen évidemment.

Si les précédents essais d'Hardcore Anal Hydrogen ne vous ont pas totalement fondu le cerveau, vous devriez vous en sortir cette fois encore, même si le groupe a poussé le bouchon encore plus loin à tous les niveaux. Le pire dans tout ça, c'est que "Hypercut" trouve le moyen de balancer quelques passages planants du plus bel effet et dotés de mélodies prenantes, créant par là même un contraste intéressant avec les passages les plus fracassés du bulbe. D'autres parties flirtent clairement avec le djent et donnent une fois de plus un aperçu du niveau technique élevé de ces cinglés en plus d'apporter une touche un peu plus carrée à l'ensemble. Se dire que ce sont des riffs saccadés et syncopés qui apportent un semblant de structure à l'ensemble, c'est quand même le comble et c'est dire le bordel que l'on trouve sur ce nouvel album ! Ce qui est par contre incontestable, c'est que "Hypercut" redonne la patate et qu'une fois de plus, tout ça est travaillé et maîtrisé malgré le fait que la musique du groupe donne au premier abord l'impression de n'avoir ni queue ni tête. Ceux qui n'ont pas l'habitude d'écouter des groupes quelque peu barrés risquent d'avoir du mal à entrer là-dedans, l'ouverture d'esprit n'est pas conseillée, elle est obligatoire ! Vous ne savez jamais ce qui vous attend avec un groupe comme Hardcore Anal Hydrogen, tout est possible et vu la santé mentale de ces deux loustics, ce constat n'est pas spécialement rassurant.

Au final, un nouvel album encore plus what the fuck mais aussi encore un peu plus maîtrisé, le bordel ambiant prend un peu plus de cohérence même si cela ne paraîtra pas évident aux oreilles novices et non averties. Si vous connaissez déjà le groupe, votre cerveau dérangé vous remerciera de cette plongée dans "Hypercut"", dans le cas contraire j'espère que vous avez des tympans en téflon et une ouverture d'esprit à toute épreuve.


Murderworks
Juillet 2018




"The Talas Of Satan"
Note : 15/20

Hardcore Anal Hydrogen, ça c'est du blaze ! Premier indice pour ceux qui ne connaissent pas c'est signé chez Apathia, donc vous savez que ça risque de secouer un minimum. La première écoute de l'engin le confirme, ces malades ne se sont pas calmés depuis "Division Zero". Ne me demandez pas ce que c'est, impossible de classer un truc pareil alors disons que c'est un énorme melting pot de tout et n'importe quoi, le tout sous LSD ou je ne sais quel euphorisant. Sachez juste pour commencer qu'on reste comme pour les deux ovnis précédents dans la vingtaine de minutes à tout casser, et que c'est largement assez pour détériorer votre santé mentale !

Parce que oui, vous risquez de souffrir un minimum à l'écoute de ce "The Talas Of Satan", mais dans la joie et la bonne humeur hein attention ! On commence par quelques notes empreintes de musiques ethniques, sûrement indienne, enchaînées directement sur une espèce de délire à la The Dillinger Escape Plan qui serait en train de faire un bad trip, pour en revenir à la musique indienne, et ça ce n'est que la première piste d'un album de 22 minutes qui va nous secouer comme ça dans tous les sens du début à la fin ! On croise du grind aussi, des touches electro-indus, une pincée de Devin Townsend, des influences Mr Bungle-Zappa-Zorn, et surtout pas mal d'humour et de jeux de mots foireux. "Release The Crackhead" recèle un de ces jeux mots foireux et si je ne m'abuse une petite pique musicale envers les groupes à la Dimmu Borgir qui balancent des orchestrations à tout va sur fond de blast avec une voix pitchée qui essaie désespérément d'être menaçante. En dehors de ça on trouve du hardcore sur "COI" avec un break doté d'un chant magistralement nawak qui pastiche avec brio (avec qui ?) le chant presque aboyé des tough guys de Brooklyn.

Pour des oreilles non familières de ce genre de délires ça peut vite passer pour du n'importe quoi, mais on entend bien que ces gars-là ne sont pas des manchots et que c'est surtout un gros défouloir. A noter aussi que cette fois encore un plat est à l'honneur sur "The Talas Of Satan", après le bœuf bourguignon de "Division Zero", on a droit cette fois au coq au vin (mon petit doigt me dit que pendant l'enregistrement de cet album il n'y a pas que le coq qui était au vin...). Je ne suis pas sûr de pouvoir m'enfiler ce genre de trucs tous les jours, mais bon ça fait du bien par où ça passe de temps en temps (il y a un double sens dans cette phrase, saurez-vous le retrouver ?). Je précise aussi comme ça en passant que Hardcore Anal Hydrogen va partir en tournée vers la fin du mois de Mai avec Pryapisme, et je me dis qu'entre un groupe qui bande tout le temps et l'autre qui a le feu au cul l'entente devrait être cordiale, en plus les deux sont amateurs de sons huit bit(e)s.

Il est bien difficile de donner une note à un tel foutoir, contrôlé mais foutoir quand même, mais c'est clair que ça va en bousculer et en réjouir quelques uns. Bon c'est vrai j'avoue, ça fait du bien de s'écouter ce genre de trucs totalement déjantés de temps en temps, un groupe qui ne se prend pas au sérieux au milieu de tous ces pseudos musiciens evil c'est toujours sympa. A ne pas mettre entre toutes les oreilles cependant, un metalleux puriste risque une attaque cardiaque à l'écoute de la bête ! En tout cas, avec un nom de groupe pareil, il ne faut s'étonner que sa musique pète le feu (voilà, comme ça, ça c'est fait...).


Murderworks
Mai 2014




"Division Zero"
Note : 14/20

L’appellation Hardcore Anal Hydrogen laisse présager le meilleur puisqu’elle comprend une discipline que nous aimons tous, nous les hommes, et aussi quelques femmes bien entendu, je parle évidemment du hardcore. Première blague passée, voyons ce que ce "Division Zero" renferme dans ses entrailles. "Le Jour De La Purification" a sonné et offre une entrée en matière bien sage mais décalée.

Les cordes s’hérissent sur "666 Teron" qui ressemble bien plus à ce qu’on s’attend, un punk-hardcore bruitiste infusé dans un bouillon electro. Vous entendrez Porcinet rendre l’âme dans un carnage auditif avec "Crème Glacée De Cochon". Merci à HAH de nous offrir ce type de titres. Il est temps de placer nos mains à hauteur de ceinturon, là on nos deux pistolets repose car "L’Ouest" met en place une atmosphère de duel, prête à exploser, ce qui bien entendu, arrive. Après le cochon, le "Le Bœuf Bourguignon" qui, pour le coup, n’a que très peu de rapport avec la musique. Ceci dit, le morceau énergique aux cris dégueulasses et aux riffs bruts n’est pas pour déplaire. Petit coup d’œil dans le "Carnet Intime D’un Hippy Drogué" qui comme on peut l’imaginer est apaisant. Les oiseaux chantent mais rien de tout ça n’aurait d’intérêt sans un peu de bordel made in HAH. "Da Funk In Da Shit" commence sur la même lancée pour finalement se jouer d’electro minimaliste très "jeux vidéo" du milieu des 90’s parsemé ici et là d’un riff qui n’est pas inconnu de nos oreilles mais sur lequel je ne parviens pas un mettre un nom et je m’en excuse d’avance (Avis à ceux qui trouveraient de faire passer le message parce que cela m’empêche de dormir !). Le cri sauvageon du morceau qui suit est fidèle à son titre "Rah !". Un titre violent très court. Retrouvons les sentiers de l’enfance avec "Fantaisie Pour Piano Préparé", une ballade pittoresque légèrement angoissante sur les bords. On retrouve cris et disto sur "Zoy Houy", un titre coincé dans la tête d’un coreux pris de folie passagère démesurée. L’orage du "Printemps 1982" résonne dans nos têtes accompagné de la pluie qui frappe le sol. Une belle excuse pour rester blotti sous la couette. "Division Zero" s’achève sur le titre le plus "conventionnel" de cette galette avec son hardcore bien pesé saupoudré des bruits suspects qui ne surprennent plus.

Cet album est destiné à un auditoire fou, au moins autant que ses deux créateurs. De belles idées, une audace évidente et un sens de l’humour qui devrait plaire à pas mal de détraqués. Malheureusement la qualité du son ne met aucunement en valeur l’inventivité du groupe. Un album barré ne rend barré qu’à condition de l’écouter aussi fort que possible. Rien ne vous empêche de le faire ici bien sûr, mais certaines sonorités stridentes risquent de rendre l’écoute douloureuse, et d’en réduire le plaisir.


Kévin
Mai 2011


Conclusion
Le site officiel : www.hah-music.com