Le groupe
Biographie :

Hatebreed est un groupe de metal hardcore de Bridgeport dans le Connecticut (USA) fondé en Novembre 1994 par Jamey Jasta, Dave Russo, Larry Dwyer, et Chris Beattie. Influencé par le thrash metal et le punk, le groupe est devenu l'un des précurseurs du metalcore américain dans les années 2000. Le groupe est actuellement formé de Jamey Jasta au chant, Frank Novinec et Wayne Lozinak à la guitare, Chris Beattie à la basse et Matt Byrne à la batterie. Le style musical de Hatebreed est considéré comme du metalcore. Le groupe est souvent crédité pour avoir lancé le genre, en s'inspirant et en mélangeant des sous-genres du punk hardcore et du heavy metal comme le thrash metal, en parallèle à d'autres groupes des années 1990 comme Earth Crisis, All Out War, Integrity et Converge.

Discographie :

1996 : "Under The Knife"
1997 : "Satisfaction Is The Death Of Desire"
2002 : "Perseverance"
2003 : "The Rise Of Brutality"
2006 : "Supremacy"
2009 : "For The Lions" (Compilation)
2009 : "Hatebreed"
2013 : "The Divinity Of Purpose"
2016 : "The Concrete Confessional"
2020 : "Weight Of The False Self"


Les chroniques


"Weight Of The False Self"
Note : 14/20

Plus le temps passe, moins on fait attention à certaines choses... Même le dernier Slayer pourrait passer inaperçu. Et dans cette catégorie des groupes ultra connus mais qui ne font plus trop parler d'eux, on va aujourd'hui s'attarder sur Hatebreed, et leur énième album, "Weight Of The False Self". Les superstars du hardcore américain sont bien de retour, encore une fois... Mais encore une fois, je sens que cet opus ne comblera pas les fans. Soyons clairs, il s'agit d'un bon album, mais un album comme le groupe en produit déjà depuis dix ans, voire plus.

Le début de l'album avait pourtant de quoi nous rassurer, avec dès les premières secondes cette voix imposante de Jamey Jasta. Là-dessus, aucun doute, le mec a toujours la rage, vingt ans après, il est bien présent, et on ne trouve franchement rien à reprocher au micro. Moi qui me refaisais encore leur discographie il y a quelques semaines, je ne peux que m'incliner et admettre que putain, le chant d'Hatebreed, c'est encore plus indémodable que les pulls de Noël ou l'alcoolisme chez les Bretons. Il y a une constance qui, personnellement, permet de ne jamais me lasser (non, ce n'est pas contradictoire). Les back vocals sont d'ailleurs bien présents sur ce premier titre, ça fait plaisir, même si je trouve qu'ils seront sans doute insuffisants sur l'ensemble de l'album.

"Let Them All Rot" reste dans le même style, mais on sent déjà que ce n'est plus comme avant... La grosse corde + le palm muting, c'est bon, vu et revu les gars. Je ne dis pas que c'est nul, ni même chiant, au contraire, mais j'ai vraiment la sensation qu'on nous ressert ici le même plat réchauffé (puis recongelé, puis réchauffé à nouveau). L'instru' est trop simpliste... Bon d'accord, c'est du HxC vous me direz, et puis il y a ce drop façon beatdown sur la dernière minute du morceau... Bon ok j'avoue, ça tabasse.

On passe sur le troisième morceau, qui présente peu d'intérêt... Et on arrive sur le titre éponyme. Là d'accord, je dis oui, un grand OUI, avec du poil autour. Là vraiment, on ressent quelque chose, une émotion. Ça monte, ça descend, les lyrics nous transcendent un minimum, on y croit, ça sonne vrai, putain. À elle seule, cette chanson résume ce que Hatebreed est encore capable de faire de mieux depuis une dizaine d'années. Il faut être honnête, les mecs ont encore la pêche, la patate, la banane, supplément tartiflette. La fin du morceau donne envie de tout casser en mode extreme-terror-mosh-pit-avec-du-sang-de-règles-dans-la-bouche. Magnifique.

Le reste de l'album ? Bah... C'est cool. Voilà, rien de fou, rien de mauvais, mais rien de comparable aux trois premiers albums des légendaires Hatebreed quoi (sans doute LE groupe qui m'a fait aimer le hardcore...). Les fans comme moi apprécieront sans doute de l'écouter deux, trois, cinq ou dix fois, mais je doute qu'il restera longuement gravé dans les mémoires. L'info à retenir, c'est que les mecs sont encore en pleine forme, et on a hâte de les retrouver en live, point.


Grouge
Novembre 2020




"The Concrete Confessional"
Note : 08/20

Dans la catégorie "déception la plus prévisible de l'année", je demande le dernier album de Hatebreed, "The Divinity Of Purpose". Ouais, encore un album de Hatebreed qui me rappelle à quel point il est possible de tomber bien bas. Alors certes, si je ne connaissais pas ce groupe, je dirais sans hésitation que c'est un bon album de metalcore, mais là, non, définitivement, pas possible. J'ai trop aimé Hatebreed pour me contenter d'ingurgiter sans méfiance un énième album sans saveur. Voilà déjà plusieurs années que j'ai volontairement pris la décision d'arrêter de les suivre, d'arrêter d'y croire, et de sanctionner par mon indifférence leur descente aux enfers.

Je me souviens encore du soir où j'avais pu les rencontrer, faire des photos avec eux, tout comme je me souviens du jour où j'ai découvert "The Rise Of Brutality" chez mon disquaire préféré, décidant immédiatement de me procurer ce précieux bijou, même au prix fort. Et puis, quelle claque visuelle et auditive j'avais prise lors de leur concert ensoleillé au Graspop 2009. Mais voilà, depuis "For the Lions" et tout ce qui a suivi (à l'exception peut-être de quelques morceaux sur "Hatebreed"), j'ai enchaîné les déceptions.

Bref, pour faire simple, "The Divinity Of Purpose", c'est du metalcore. Vous retirez la rage d'antan et vous la remplacez par quelques riffs plus techniques qu'auparavant. Un genre de mauvais Machine Head, avec une voix plus hargneuse mais qui n'a rien de comparable avec ce qui restera pour moi l'un des meilleurs albums hardcore de l'histoire, "Perseverance". En fait, plus j'écoute ce nouvel album, plus je me dis que c'était bien mieux à l'époque où Hatebreed savait faire un morceau, voire un album, en utilisant trois accords seulement. J'ai trop l'impression que nos amis américains cherchent à innover, à changer la recette de ce qui a fait leur succès, c'est ça qui m'énerve.

Ça manque d'énergie, c'est mou, ça sonne même commercial quand le chant clair vient anéantir tous nos espoirs ("Something's Off"). Par chance, il reste quelques pistes qui viennent sauver l'honneur, comme "Looking Down The Barrel Of Today" ou "Us Against Us", qui rappelleraient presque les glorieux moments du groupe. Parfois, c'est même pas mauvais, c'est chiant, juste lent, on se dit "Ouais, bon allez, accouche merde", comme sur "Seven Enemies", qui aurait pu me plaire chez une jeune formation qui se cherche encore, à la limite... Ajoutons une seule drôle mais charmante surprise, l'ouverture du bal sur "A.D" et ses influences thrash plutôt cool. Je termine avec le plus gros raté de l'album : les back vocals ("The Apex Within"). Peu nombreux et bien trop timides, on n'y croit pas, ça ne prend pas, on a envie de rester accoudé au bar pour boire des coups, puisque de toute façon les mosh parts semblent elles aussi être passées à la trappe... R.I.P Hatebreed.


Grouge
Août 2016




"The Divinity Of Purpose"
Note : 18/20

Dernier album en date du quintette de hardcore Hatebreed, "The Divinity Of Purpose", qui sort le 29 Janvier chez nous, est une excellente surprise qu’il va vous falloir attendre encore quelque jours. Avant même d’écouter le CD, on ne peut qu’être subjugué par la pochette de celui-ci, véritable toile de maître (due au talentueux Eliran Kantor, qui a signé, il y a peu, le dernier Testament rien que ça) représentant une scène quasi divine d’un homme pris entre le bien et le mal. Cela n’est pas sans faire penser aux toiles de Michel-Ange (le plafond de la Chapelle Sixtine) et de tous ces artistes qui ont eu pour thème les fresques religieuses épiques et dantesques de par leurs tailles. De l’avis de Mr Jasta, le chanteur himself, interrogé il y a peu pour le webzine à l’occasion de la promo de l’album, l’envie de revenir à une vraie pochette organique issue d’un peintre ou d’un dessinateur, lui est venue du ras le bol des pochettes ultra photoshopées (et souvent kitsch il faut le dire). Grand bien lui a pris de faire ce choix car pour le coup, rarement une pochette n’avait aussi bien collée au titre d’un album.

Côté musique, voilà bien une surprise qui n’en est pas une, mais je m’explique !! A la première écoute, on reconnaît évidemment le style de 20 ans d’âge de Hatebreed, celui qui a fait leur réputation dans le milieu du hardcore / metal : les riffs sont simples mais efficaces, la voix de Jamay Jasta ne bouge absolument pas malgré le poids des ans et les milliers d’heures de hurlement sur scène, à faire jumper les foules. Maintenant, à y tendre une oreille attentive, et surtout, à en voir le contexte, on peut dire que cet album fleure bon la nouveauté. Tout d’abord, il me semble crucial de rappeler que pour cette galette, afin de justifier le côté "son traditionnel", que Jamay a fait appel une fois de plus à Wayne Lozinak, le premier guitariste historique du groupe, qui s’était vite carapaté et qu’on avait revu dans la formation depuis le tribute album "For The Lions". Bien que le groupe ait, dans sa longue et prolifique carrière, voulu tester de temps en temps des choses nouvelles ("tout en continuant à faire du Hatebreed", selon Mr Jasta ), il semblerai que la vague hardcore old school soit belle et bien revenue au sein du quintette, ce qui j’en suis sûr, contentera les fans de la première heure, mais aussi amènera un public qui aurait jusqu’alors méconnu ce groupe (gros son des productions actuelles oblige…).

Une belle setlist de 11 titres pour nous emmener au doux pays du headbang avec une entrée en matière courte (2:12 minutes) mais efficace sur "Put It To The Torch", histoire de vous réveiller les oreilles. La suite, avec "Honor Never Dies", envoie sérieusement du lourd !! Son énorme, rythme ultra calibré pour la bagarre, refrain fait pour être repris en chœur par la foule… On est sur un dossier assez sérieux, pas si éloigné en termes d’efficacité de "Destroy Everything"… Malheureusement, même si l’album en lui-même est très bon, tous les morceaux ne sont pas de la trempe de "Honor Never Dies" et tombe bien vite dans la monotonie en espérant, à de trop rares moments, quelques petites surprises comme sur "Own Your World", avec son riff calibré pour devenir un hymne et "The Language".


Byclown
Janvier 2013




"Hatebreed"
Note : 12,5/20

Ce qu’on peut dire, c’est qu’en 2009, les Américains d’Hatebreed ont été prolifiques. Il y a quelques mois sortait "For The Lions", un album cover avec des reprises de groupes tels que Slayer, Sick Of It All, Agnostic Front etc… Le 29 Eeptembre sort un album éponyme sixième album studio, leur septième si on inclut "For The Lions". J’étais pas vraiment au courant de la sortie de cet album, m’étant dit que "For The Lions" serait la seule sortie de l’année. Puis en plein échange musical avec un pote, ce dernier me dit "il paraît que le dernier Hatebreed est pas top". C’en était assez pour que je jette une oreille dessus. Voyons donc voir ceux qui d’après leur site Internet "Hatebreed Is Now The First Hardcore Band In History To Scan Over 1 Million Cumulative Units In The United States Alone" nous ont concocté cette fois-ci. L’éponyme arrive après "Supremacy", album de 2006, qui pour moi, porte excessivement bien son nom. Cet album m’avait méchamment foutue une claque. Et c’est avec une certaine appréhension que j’ai lancé la lecture de ce dernier. Appréhension à propos de ce qu’on m’avait dit, et aussi parce que l’album était éponyme. Pourquoi ça, dans mon impression musicale, l’album éponyme est généralement le "nom" du premier album (bon, on parlera pas de Deftones, qui est l’exception qui confirme la règle). Et je me dis que quand le sixième album d’un groupe n’a pas de titre, c’est que la musique parle d’elle-même, que l’album va s’avérer être une tuerie. Làs… Làs de moi.

La première chose qui m’apparaît lorsque j’ai lancé le CD, ce sont certains effets sur la voix de Jamey. Effet de mixage ou problème vocalique, sa voix est un tantinet changée. Ca me pose pas de problème, je le remarque simplement, et je considère qu’il faut le noter. Première impression. La première chanson, "Become The Fuse", ouvre plutôt bien l’opus. Je la trouve "entraînante", c’est du Hatebreed, rien de nouveau sous le soleil, mais après tout, c’est leur simplicité qui fait leur effet. Comme dirait un de mes amis malintentionnés "avec un style aussi limité que le hardcore, fallait pas s’attendre à grand chose". Mon petit cœur d’hardcoreXphile saigne à cette méchante parole. Je poursuis mon écoute, pas de problème pour la piste 2 "Not My Master", ni pour la piste 3 "Between Hell And A Heartbeat". Je commence à me dire qu’en effet, cet album promet, et que ce sont des mauvaises langues qui ont dit qu’il en valait pas la chandelle. Mais ça, c’est ce que je pensais avant d’atteindre les 1’45 de "In Ashes They Shall Reap". Chanson que je trouve poignante, qui arrive à mes faire bouger (pas mosher non plus). Et là, 1’45, et je mais "MAIS JAMEY qu’est-ce qui t’arrive"… On a droit à un fac similé de voix claire (enfin, je me comprends quand je dis ça). Enfin, ça fait un refrain qu’on dirait inspiré de la nouvelle scène hardcore. Vous savez, ce que les petits djeun’s qui se disent emo écoutent. Je vais pas non plus cracher dans la soupe, il y a certains groupes de cette scène que j’apprécie grandement, mais je les apprécie moins quand ils se retrouvent dans une chanson d’Hatebreed.

Et ça, c’est le premier élément qui me dépite (les coreux comprendront le jeu de mots non intentionnel). Et puis comme je suis courageuse, je m’arrête pas à ça, je continue mon écoute. On va dire que c’est une petite erreur de parcours. Piste 6 "Everyone Bleeds Now" : ouiiiiiiiiiiii enfin une mosh part / un break / une relance, enfin appelez ça comme vous voulez. Mais là, mon petit corps de hardcoreXphile se sent pris par une sensation intense de se mettre à remuer. Bon bien sûr, faut l’attendre la mosh part, elle arrive pas tout de suite, mais ça en vaut la peine. La première passe, puis voilà Jamey qui se sent d’attaque pour nous balancer un grand "Every one fucking bleeds now", et c’est reparti pour la mosh part, qui clôturera la chanson, mais qui malheureusement sera moins intense que la précédente. Bon allez, une baisse de tension ça arrive à tout le monde. Puis bon, l’écoute se poursuit, encore et toujours. J’ai écouté plusieurs fois l’album, en faisant autre chose, mais en essayant de m’imprégner le plus possible du son. Et à côté de moi, j’avais toujours mes post it roses, misérablement volés à mon ancien employeur, sur lesquels je notais mes impressions. A vrai dire, quand je notais des choses, c’était ce qui me déplaisait, si je notais rien, c’est que la chanson en valait la peine. Et pour la piste 7 "No Halos For The Heartless", j’ai écrit "mais what the fuck ?", et pareil pour la piste 9 "Every Lasting Scar". Pour la 7, pourquoi ? Y a comme un chœur de "whohooooooo" qui fait vraiment tâche, et pour la 9, qui commence pourtant bien avec des relents old schooliens, à 1’05, c’est le drame. Jamey qui se reprend encore pour un chanteur à voix claire. Bon ok, je l’avoue, je me surprends à chanter avec lui "we scream every one"… Mais c’est pas une raison. Non, je ne comprends pas.

Le reste de l’album se poursuit. A noter ce que j’appelle l’interlude de la piste 12 "Undiminished", que je ne comprends pas non plus. Autant quand Arkangel (le groupe de hardcore Belge là, si si vous savez), s’autorise une petite mélodie / ballade à la guitare en ouverture de "Hope You Die By Overdose", j’apprécie, autant là non… Mes petits neurones sont réfractaires. Puis je passe sous silence, la piste 15 "Escape". En l’écoutant, je me dis "tiens, on dirait du Metallica". Bah oui ePo, forcément, c’est une reprise de Metallica… Elle s’écoute, mais je suis particulièrement demandeuse en matière de cover, j’attends ne pas reconnaître l’originale, j’attends que l’"adaptateur" s’accapare la chanson, la fasse à sa sauce pour nous montrer ce qu’il a dans le ventre. Bref. Alors certains diront peut-être, possiblement, que je suis une vieille réac. Certes. L’album s’écoute, je dirais "ça passe", mais bizarrement j’attends bien plus d’un Hatebreed qu’un misérable "ça passe". Moi j’attends qu’Hatebreed ça me dépote, çe me balance des décibels dans la gueule et ça me fasse jumper (oui oui, Jamey nous demande de jumper en concert, enfin, du moins c’était le cas aux Arts scéniques de Sélestat de 2008). Bon, une erreur de parcours, ça arrive, je vais tenter d’être indulgente, mais j’espère que leur prochain album en enverra plus sévèrement, et pendant ce temps, je me remets les anciens Hatebreed histoire de pas rester sur un "échec" (quoi qu’échec soit un peu trop fort comme mot). Donc si vous êtes fan, dites vous simplement que vouloir sortir deux albums en une année, c’est trop.


ePo
Octobre 2009


Conclusion
L'interview : Jamey Jasta

Le site officiel : www.hatebreed.com