"Upon Desolate Sands"
Note : 17/20
Pour fêter ses vingt ans de carrière, Hate Eternal nous a fait un peu patienter, mais "Upon Desolate Sands", son septième album est bel et bien là ! Mené d’une main de maître par
Erik Rutan (guitare / chant, ex-Morbid Angel, ex-Ripping Corpse) depuis 1997, les
Américains roulent sur tout ce qui bouge avec un death metal impitoyable. A la basse, on
retrouve
J.J. Hrubovcak (Divine Rapture) et Hannes Grossmann (batterie, Alkaloid, Triptykon,
ex-Obscura…) a pris place derrière les fûts cette année. Lorsque l’un des deux n’est pas là,
Art Paiz (basse) ou John Longstreth (batterie, Origin, ex-Angelcorpse) sont à l’affût pour
dévaster la scène. Vous êtes sceptiques ? Pas pour longtemps.
On commence avec un titre très équivoque, "The Violent Fury". Blast beat, riffs de tueurs,
hurlements bestiaux, le tout saupoudré de technicité et de hargne. Je vous avais dis qu’Hate
Eternal ne plaisantait pas. Les parties lead sont sublimées par une basse au son
pachydermique et des frappes d’une précision presque magique, alors que les rôles
s’inversent peu à peu. La basse prend plus de libertés, mais on arrive déjà à "What Lies
Beyond". La recette est presque la même, mais avec des riffs un peu moins violents. La
composition est plutôt axée sur les sonorités planantes que le groupe peut obtenir, alors que
"Vengeance Striketh" repart sur une avalanche de puissance brute. Toujours plus entraînants
au fur et à mesure que la rythmique avance, les riffs des Américains sont sans aucun doute
taillés pour faire mal.
"Nothingness Of Being" relance la machine avec une introduction plutôt old school et une
force de frappe colossale qui plaira à tout amateur de death metal, que ce soit brutal,
technique voire même slam. Le groupe nous montre sur ce titre tout son potentiel, et je
pensais qu’il leur serait difficile de faire au moins aussi bien, mais "All Hope Destroyed" m’a
convaincu du talent des Américains à toujours se surpasser après un titre monstrueux en
imposant une nouvelle dose de violence malsaine à quiconque passe à proximité. "Portal Of
Myriad" est le morceau que je trouve le plus calme et planant, bien qu’après l’introduction
douce arrive une dose de blast. Mais impossible pour moi de ne pas ressentir cet aspect
doux du death metal. Paradoxal, n’est-ce pas ?
J’ai exactement le même ressenti pour "Dark Age Of Ruin", qui est saisissant dès
l’introduction grâce à ces riffs qui s’allongent, et conservent cette ambiance apaisante. Bien
que parsemé de passages techniques, le morceau reste doux à mes oreilles, alors qu’"Upon
Desolate Sands" et son sample que je trouve malsain sous une rythmique d’une lourdeur
indescriptible et qui enfonce encore un peu plus le clou pour ceux du fond qui n’auraient pas
suivi. Pour clore en beauté cet album, "For Whom We Have Lost" joue sur la mélancolie avec
une magnifique instrumentale. Quoi que je dise à propos de ce morceau ne serait que
desservir tant de majesté.
Hate Eternal, ce n’est pas le groupe de death metal qui décide d’envoyer tout ce qu’il a
dès le début pour finir par sonner redondant. Chaque titre est précis, pensé, réfléchi des
dizaines de fois, et c’est pour cela qu’"Upon Desolate Sands" tourne en boucle chez moi
depuis la première fois que je l’ai lancé. Aucune hésitation à avoir, jetez-vous dessus
immédiatement.
"Infernus"
Note : 17/20
Alors que l'été semble être ravagé par la seule et unique sortie du nouvel album de Cattle Decapitation, on en oublierait presque que, dans un style similaire, Hate Eternal est de retour avec une production tout à fait délicieuse. À l'origine de ce projet, on trouve l'excellent Erik Rutan, qui a été second guitariste de Morbid Angel et a tiré le nom de son groupe actuel d'une chanson de son ancien groupe, Ripping Corpse. Depuis 2009, la basse est assurée par J.J. Hrubovcak (Randall Flagg, Divine Rapture, Mourning, Vile etc...), et on peut dire tout de suite qu'elle est même très bien assurée sur "Infernus", puisqu'elle permet d'apporter une réel tabassage de sons graves dans les oreilles. On trouve enfin un petit nouveau à la batterie, du nom de Chason Westmoreland, qui lui aussi possède un très joli CV musical : Burning The Masses, Fallujah, The Faceless etc... Et là aussi, la prestation aux baguettes de ce monsieur mérite d'être saluée, tant ses énormes coups de blast et de grosse caisse nous scient l'anus en quatre.
Même si Hate Eternal est indéniablement à cataloguer dans le registre death metal, j'ai profondément (oh oui) été marqué par l'ambiance sombre qui règne en maître sur "Infernus", plus proche d'un groupe comme 1349 par exemple. Musicalement, on pourrait toutefois le rapprocher de très bons albums de Behemoth, Malevolent Creation ou Origin, en moins technique mais bien plus dark. Cet album n'est ni trop brutal, ni trop technique, sans pour autant être calme. Bien au contraire, les dix pistes s'enchaînent facilement, sans nous laisser le temps de souffler, et tant mieux ! Même une piste comme "Chaos Theory", entièrement instrumentale, est tout simplement somptueuse, ultra lugubre et parfaitement réussie. On sent une atmosphère vraiment malsaine, putréfiante, morbide (ahaha) tout au long de l'album. Même la voix d'Erik Rutant semble avoir gagné en intensité, en puissance, et ses growls ont de quoi faire vibrer nos tympans sans limite. Notons d'ailleurs que cet album a été enregistré dans le studio de notre chanteur, en Floride.
On oubliera rapidement cette pochette colorée assez étrange pour se plonger dans ce déferlement de sauvagerie musicale parfaitement dosée. Hate Eternal semble avoir définitivement trouvé le line-up qui lui convient le mieux, et le trio américain réussit à nous impressionner de la meilleure manière qui soit. Félicitations messieurs, on ne peut espérer qu'une seule chose : que ça continue ainsi !
"Phoenix Amongst The Ashes"
Note : 18/20
Trois ans après l'excellent "Fury And Flames", qui suivit de près une période relativement difficile pour Hate Eternal, voici un nouvel opus qui prouve une nouvelle fois que ces terreurs de la scène death floridienne ont encore de beaux jours devant eux. "Phoenix Amongst The Ashes" a la capacité de surprendre à chaque écoute, et on est depuis longtemps convaincus que les trois longues années d'intervalle entre chaque sortie d'album sont loin d'être consacrées à la glandouille, mais au contraire, à un travail acharné en-dehors des tournées.
Cet album s'avère être un concentré de brutalité, une déferlante massive d'une quarantaine de minutes, à grands renforts de blast beats ravageurs soutenus par des lignes de basse à couper le souffle, exécutées par le maître Alex Webster, sans oublier le duo Rutan / Kelley aux guitares, détonant, d'une efficacité insolente, et générateur de soli vertigineux ("The Art Of Redemption" / "Phoenix Amongst The Ashes") et de lignes rythmiques à se damner ("Deathveil" / "Thorns Of Acacia"). Hate Eternal parvient une fois de plus à forger un alliage inimitable entre death brutal et death old school dans un album incroyablement puissant, où la noirceur oppressante caractéristique du death traditionnel fusionne avec l'agressivité et les performances techniques déployées par le combo Jade Simonetto / Alex Webster, notamment dans "Lake Ablaze". On s'incline devant cet authentique travail de composition qui confère aux morceaux leur structure complexe et recherchée,où les salves meurtrières de blast beats, l'élégance des passages mid-tempo (Haunting Abound), et la hargne des riffs secondée par des séquences à la mélancolie désarmante ("The Fire Of Resurrection" / "The Art Of Redemption"), s'articulent talentueusement.
L'ensemble de l'album soigne en parallèle son aspect brut et viscéral, ce qui en fait indiscutablement un des joyaux du death metal sortis en 2011, un album riche, abouti et dévastateur, qui amène à se demander où Mr. Rutan, en frontman passionné, puise toute cette énergie créatrice.
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