Le groupe
Biographie :

Hats Barn est un groupe de black metal lillois formé en 2005 et actuellement composé de : Soggoth (guitare), Psycho (chant, batterie / Hellchant, Lord Ketil, ex-Balaam, ex-Antilife, ex-Verlies) et Kryos (batterie / Azziard, Griffon, Neptrecus, Ishtar, ex-Cave Growl, ex-Moonreich, ex-The Negation). Hats Barn sort son premier album, "Following The Path Of Destruction", en autoproduction en Mai 2010, suivi de "Primitive Humans Desecration" en Août 2010 chez Humanity's Plague Productions, de "Voices Of The Ultimate Possession" en Mars 2012 chez Those Opposed Records, de "A Necessary Dehumanization" en Avril 2014 chez Misanthropic Art Productions, de "N.A.H.A.S.H" en Mai 2017 chez Throats Productions, et de "Y.a.HW.e.H" en Juin 2022 chez Osmose Productions.

Discographie :

2010 : "Following The Path Of Destruction"
2010 : "Primitive Humans Desecration"
2012 : "Voices Of The Ultimate Possession"
2014 : "A Necessary Dehumanization"
2017 : "N.A.H.A.S.H"
2018 : "S.h.e.o.L" (EP)
2020 : "15 Years Of True Black Metal: Live At Heretic Metal Fest 2020" (Live)
2022 : "Y.a.HW.e.H"


La chronique


Hats Barn a fêté ses quinze ans d’existence en 2020 avec la sortie d’un album live disponible en digipack limité à 200 exemplaires. Le concert du Heretic Metal Fest, hommage anniversaire à leur premier longue durée "Total Genocide Devastation", du moins le fait d’enregistrer un live sonne comme une sorte bilan de carrière. En plein mois de Juillet 2022, "Y.a.HW.e.H", nouveau méfait de la formation lilloise, sort sur un label qui a eu un impact considérable sur le développement du black en France dans les années 90 : Osmose Productions. Quoi de mieux pour Hats Barn, qui joue un black metal assez cru, dans un esprit très nineties justement, que de se retrouver sur un label qui connaît son affaire ? Franchement, quand on voit cette pochette en noir et blanc, ce logo passéiste, et qu’on lit cette phrase emblématique qui caractérise bien la maison de disques du Pas-de-Calais : "We corrupt your souls since 1991", on sent qu’on va voyager dans le temps !

Le black metal d’Hats Barn ne s’embarrasse pas d’artifices, décharné, au son très acoustique, celui-ci s’exprime au travers d’une musique qui transpire la folie, l’aliénation. Très punk dans la manière dont les compositions sont interprétées, le son du combo dégage une imagerie de vieilles bâtisses et de pièces sombres, la claustrophobie qui en émane, ce sentiment d’enfermement, est moins propice au développement de l’imaginaire épique et de sa sempiternelle forêt enneigée que les groupes des nineties parvenaient à exprimer au travers d’un son glacial. Si, à la rigueur, l’intro, très Seigneur des Anneaux, reste l’unique moment épique du skeud. Ici, le son est glacial mais celui-ci, de par son côté épuré, moins complexe dans le traitement des fréquences, évoque surtout une mise en musique de sentiments humains malsains et débridés, particulièrement "Que Le Sang Coule Dans Les Fleuves" et son passage de lâcher prise total. On a quand même droit à des morceaux de pur black : "In Nomine Leprosy", quand d’autres laissent parler le côté war de la force comme "Total Death Kult", nihiliste et sans compromis. Le chant, particulièrement rageur, possède un grain qui allie puissance et inhumanité, le grain de la voix dévie, incontrôlé, et traduit des moments de pure folie lorsqu’il monte dans des aigus complètement lâchés.

Mâtiné de crust, "Y.a.HW.e.H" est un disque très noir, avec beaucoup de compositions simplistes mais qui persistent dans une approche délétère et nocive, tout en diffusant une touche de mélancolie, notamment par des mélodies désespérées que tissent des guitares rudes et âpres, mais non dénuées de rondeurs. Avec quelques titres en français, ce disque, même s’il engendre sur les deux ou trois premiers morceaux l’idée qu’on ne va pas réussir à se faire embarquer, on se laisse surprendre, petit à petit, à vraiment apprécier le voyage proposé, et ça c’est parfait car un disque qui nous résiste un peu, ça fait pas de mal. Il faudra donc se le passer plus d’une fois dans la gueule pour apprécier complètement l’œuvre, car, même si la galette, dans son entièreté, reste bien basique, avec des structures simples et beaucoup de répétitions, il y a malgré tout une multitude d’éléments qui surprennent. Que ce soit dans l’usage de sons de synthé, très peu nombreux et discrets rassurez-vous, ou des cassures et changements de climat qui occasionnent de subtils contrepieds, la majorité du temps, ça file droit chez Hats Barn. Durant les 45 minutes que proposent les 11 tracks possédés et torturés, on pense aux vieux Darkthrone, à Satanic Warmaster, à Ancst pour le côté chant crié / égosillé et à Mortuus de Marduk pour le timbre vocal principal, le metal noir proposé ici n’est pas noyé dans la réverbe, d’où le côté raw, le chant est bien en avant, c’est prenant du début à la fin.

Engagés et dévoués à l’art sombre, les musiciens d’Hats Barn proposent avec "Y.a.HW.e.H" un bon black à l’ancienne, simple, droit, bien dérangé qui sent bon les années 90. Un album bien trve comme il faut, qui donne envie de mettre des "v" à la place des "u". Tonton Osmose ne s’est pas trompé et signe ici sa première collaboration avec un groupe qui, ne l’oublions pas, à fêté ses quinez ans il y a trois ans maintenant, et leur black a eu le temps de maturer pour être aujourd’hui à la fois primitif et solide. Amateurs du diable, voici un groupe à (re)découvrir et à soutenir.


Trrha'l
Avril 2023


Conclusion
Note : 14/20

Le site officiel : www.facebook.com/hatsbarnofficial