Le groupe
Biographie :

Helevorn est fondé en 1999 à Palma (Mallorca, Espagne). Une première démo, "Prelude", sort au cours de l’hiver 2000, et fait découvrir à une presse underground intéressée un gothic doom rappelant Tristania et Theatre Of Tragedy. Il faut attendre Octobre 2005 pour qu’un premier album voie le jour. "Fragments" obtient rapidement d’excellentes critiques de la part de la presse spécialisée. En 2006, Helevorn contribue à un disque-hommage à Katatonia : "December Songs". Novembre 2007 marque la première tournée espagnole –agrémentée d’une date portugaise– ainsi qu’une participation au Dutch Doom Days 6 (Rotterdam, Pays-Bas). L’étape suivante survient en 2009, avec la sortie de "Forthcoming Displeasures". Son succès débloque des portes à Helevorn, qui participe alors à d’importants festivals tels que le Wave Gotik Treffen (Leipzig, Allemagne), le Devilstone Open Air (Lituanie), le Patior Ergo Sum (Prague, République Tchèque) et bien d’autres. En 2011, le groupe ouvre pour Moonspell à l’occasion de leur tournée européenne. En Septembre 2014 sort "Compassion Forlorn", le troisième album, enregistré et mixé aux Psychosomatic Studios par M.A. Riutort et masterisé par Jens Bogren. Le quatrième album, "Aamamata", sort en Janvier 2019.

Discographie :

2005 : "Fragments"
2010 : "Forthcoming Displeasures"
2014 : "Compassion Forlorn"
2019 : "Aamamata"


Les chroniques


"Aamamata"
Note : 17/20

On ne compte plus les groupes qui rendent hommage à l’univers de J.R.R. Tolkien, comme Helevorn. Car avant d’être un groupe de doom / gothic espagnol fondé en 1999, c’est en effet un lac évoqué dans le Silmarillion ! Concernant le line-up du groupe (et non pas du lac), il reste trois des membres fondateurs : le batteur Xavier Gil, le guitariste Samuel Morales et le chanteur Josep Brunet. A cette base s’ajoute Enrique Sierra (claviers), Sandro Vizcaíno (guitare) et Guillem Calderón (basse), et le groupe peut compter sur une discographie de quatre albums. C’est d’ailleurs pour vous parler d’"Aamamata", le dernier d’entre eux, que je vous écris ces lignes.

Commençons donc par le commencement, que les Espagnols ont sobrement appelé "A Sail To Sanity". Et après un riff lead particulièrement entêtant, c’est une rythmique lente et lourde, avec une basse qui sort clairement du lot, qui nous tombe dessus. Le chant de Josep est absolument parfait pour ce style, et ses hurlements sont à glacer le sang. Soudain, les cris sont remplacés par un chant clair d’une beauté céleste. Mais c’est à nouveau le désespoir qui se saisit de la composition pour nous emmener voguer jusqu’à "Goodbye, Hope". Le ton est également donné alors que cette composition commence par une lente et misérable mélodie. A nouveau, la peine reprennent le dessus pour nourrir des hurlements terrifiants et douloureux que nous offre le chanteur, alternant chant clair et saturé. Mais la mélodie finale, bien qu’empreinte de mélancolie, nous offre une certaine lueur d’espoir grâce aux claviers du refrain final. On passe alors à "Blackened Waves", un titre à la fois plus martial, mais également plus atmosphérique que les autres, qui réunit à la perfection les deux univers dans lesquels le groupe évolue naturellement avec une aisance particulière.

"Aurora" prend la suite, plus froide que les autres compositions, mais en même temps, les riffs du refrain sont beaucoup moins maussades que les autres, avec un chant qui mélange deux de ce que je pense être les principales inspirations du groupes, et que les amateurs du genre n’auront aucun mal à distinguer tant j’ai été frappé par cette ressemblance. Mais "Forgotten Fields" nous prouve que même si les Espagnols ont des influences qui se ressentent sans aucun problème, ils disposent de leur propre univers empli de peine et de remords, qu’ils transcrivent avec beauté. "Nostrum Mare (Et Deixo Un Pont De Mar Blava)" commence par une voix qui nous parle dans la langue natale des membres du groupe. Et c’est finalement un dialogue qui s’engage, alors que la rythmique devient plus intense, plus persistante, et pour ma part je n’attends plus que l’explosion salvatrice, me focalisant tant bien que mal sur ce double chant, dont la langue ne me rebute pas, chose plutôt rare. Les voix samplées reviennent, dont une en français, puis un chant féminin...

Vous pensiez qu’il était difficile d’enchaîner après un tel titre ? Je le pensais aussi. Mais "Once Upon A War", outre son titre absolument parfait, va le faire avec brio. Pourtant parti comme un titre plus violent, la composition s’adoucit et utilise beaucoup de chant clair, parfois doublé, pour un moment qui allie puissance et douceur. Alors que le groupe joue la carte du contraste, "The Path To Puya" est très lente, très mélancolique, mais également très froide et imposante, notamment grâce à cette double pédale qui intervient parfois pour nous guider tout au long de cette route. Les claviers achèvent de parfaire le contraste au sein même du morceau, et alors qu’on croyait la rythmique terminée, elle repart doucement, grâce à la voix d’Heike Langhans (Draconian, :LOR3L3I:, ISON, ex- Inferium), qui nous accompagne également jusqu’à la fin. Dernier morceau, "La Sibil-La" est une réinterprétation d’un titre médiéval catalan écrit au 10e siècle de notre ère, que le groupe a parfaitement intégré à son univers, en incluant même des guitares son saturé, mais en préservant cette essence acoustique.

Pour une découverte, Helevorn en est une excellente. Très riche et réfléchi, "Aamamata" possède une âme, et bien qu’elle soit faite de souffrance, elle est prête à nous enseigner ses secrets. Bien que relativement réfractaire à l’espagnol dans le metal de manière générale, le groupe parvient à me le faire apprécier grâce à des influences qui me parlent à moi comme elles parleront à tous les amateurs du genre.


Matthieu
Février 2019




"Compassion Forlorn"
Note : 16,5/20

En cette froide période hivernale, toute excuse est bonne pour profiter d’un peu de chaleur. Pourtant, bien que venant de Majorque, inutile de compter sur Hevelorn pour nous apporter une clarté bienvenue. Au contraire, "Compassion Forlorn", troisième album personnel du groupe, enfonce le clou de son doom lancinant. Alors oubliez les plages de rêve et le sable fin, mais ne vous inquiétez pas : le voyage en vaut -malgré tout- le détour !

Ce que je recherche avant tout dans toutes formes d’art, au-delà même de la technique pure et simple, ce sont les émotions. Les vraies. Celles-là même qui sont capables de vous faire frissonner, de plaisir ou non ; de vous attirer autant que de vous repousser ; de provoquer une hilarité incontrôlable ou des sueurs froides. Ces vifs sentiments, parfois contradictoires, sont, à mes yeux, les meilleurs gages de qualité d’une œuvre. Autant vous l’avouez immédiatement : le doom et moi, c’est quitte ou double ; rares sont les disques qui m’ont indifférée. En ce qui concerne "Compassion Forlorn", le choix entre l’oubli et ma pile d’albums de chevet du moment est rapidement fait.

Parce que la musique d’Helevorn est belle, tout simplement : lancinante et élégante, à l’image des splendides vocaux de Josep Brunet. Ses hurlements douloureux et la lourdeur des guitares fusionnent avec les nappes mélodiques de clavier, une batterie incisive et le chant clair de toute beauté –bien plus présent que le chant saturé. Les éléments symphoniques prennent le dessus, avant que le tempo s’accélère avec surprise, mais non sans plaisir. Quant à l’excellente production, elle contribue au sentiment de profondeur de ce royaume de mélancolie.

"Compassion Forlorn" est un roman audio composé de huit chapitres d’une émotion sincère, diffusée à travers une musique doom rehaussée d’éléments gothiques, le tout pour un résultat peut-être pas original d’un bout à l’autre, mais toujours captivant.


Gloomy
Mars 2015


Conclusion
Le site officiel : www.helevorn.com