Troisième incursion chez le label Deformeathing Production avec la sortie du troisième album de Hostia, groupe de grindcore polonais qui a donc déjà sorti deux déflagrations sonores répondant aux noms de "Hostia" et "Carnivore Carnival" en 2018 et 2020. C'est donc avec "Nailed" que l'on retrouve le groupe et quand on voit que ce nouvel album ne dure que vingt-trois minutes, on comprend que les bougres ne se sont pas calmés depuis la dernière fois !

Hostia aime son grindcore quand il est ancré dans la tradition donc vous allez bien retrouver cette fameuse urgence héritée du punk, un morceau comme "Heretic's Last Dance" sur le premier album flirtait même avec le hardcore bien velu, et une brutalité évidement intense et frontale. Napalm Death n'est pas loin par moments et on retrouve avec plaisir ce grindcore pur et dur qui tape là où ça fait mal et ne fait pas de prisonniers. Les deux précédents albums étaient de bons gros brûlots dans le genre et avaient laissé du monde sur les rotules, ne vous attendez donc pas à la moindre pitié cette fois non plus. "Nailed" a bien l'intention d'enfoncer le clou (oui j'étais obligé de faire ce jeu de mots moisi...) et "Ceremony" ouvre l'album de façon on ne peut plus directe en faisant entendre comme chez ses collègues de label Epitome une batterie à la caisse claire bien sèche et qui claque comme un fouet. En moins de deux minutes, on en prend déjà plein la gueule et le groupe nous envoie un bon grindcore des familles qui n'oublie pas le groove et coupe tout ce qui dépasse. "Stone In The Throat" enchaîne avec des riffs carrément thrash avant de ressortir les blasts qui font mal et nous fait dire que Hostia doit faire très très mal en live ! Par rapport aux deux précédents albums, on entend peut-être un peu plus de respiration sur "Nailed" avec un peu plus de passages goovy et mid-tempo. Ce qui ne veut pas dire que Hostia s'est ramolli, ces quinze morceaux sont très brutaux et les passages plus lourds en profitent pour sortir des riffs de bûcheron et vous broient la nuque au passage.

"Little Priests" est d'ailleurs un des morceaux les plus lourds et le groupe en profite pour placer des riffs plus dissonants et malsains qui posent une ambiance bien plus froide le temps d'une minute petite minute et vingt secondes. "Dad's Stew For Two" et "Afterflie" suivent en reprenant le chemin de la destruction massive et du grindcore brutal et sans pitié. "Polish Black Metal Makes Me Sleepy" emprunte évidemment dans certains riffs la froideur du black metal et prouve par son titre que l'humour a bien sa place malgré la virulence anticléricale présente dans les textes du groupe en général. En tout cas, si les deux précédents albums vous ont bien décrassé les tympans, vous pouvez foncer sans hésiter sur "Nailed" qui va se faire un plaisir de vérifier que tout ça ne s'est pas encrassé depuis deux ans. Pas de fioritures ni de baisse d'intensité chez Hostia, ça tire sur tout ce qui bouge et ça ne vous laisse pas le temps de respirer, quand les blasts ne vous pilonnent pas la tronche ce sont des riffs aux allures de bulldozer qui s'en chargent. C'est classique certes mais on entend quand même de petites incursions thrash ou black metal qui apportent une autre dynamique et donnent ce qu'il faut de variations à ce nouvel album pour que l'ensemble reste percutant. En même temps, avec une durée d'à peine plus de vingt minutes, il ne fallait pas s'attendre à ce que le groupe s'attarde, ça fonce dans le tas sans ménagement et le but est de tout détruire. La mission est accomplie et à la fin de ces quinze morceaux il ne restera qu'un amas de ruines fumantes et les malheureux qui auront laissé traîner leurs oreilles par là repartiront sur un brancard avec des acouphènes en cadeau bonus.

"Nailed" est donc le digne successeur du premier album éponyme et de "Carnivore Carnival" et nous délivre un grindcore pur et dur avec quelques petites incursions extérieures. Rien qui ne consiste à adoucir le propos au contraire, ce sont bien la puissance et la brutalité qui sont reines ici et elles s'expriment bruyamment pendant ces vingt-trois petites minutes !