Formé par des actuels et ex-membres d'Omnium Gatherum, Insomnium et Paradise Lost, le groupe I Am The Night nous amène son premier album "While The Gods Are Sleeping" avec l'intention de nous ramener au black metal des années 90. En particulier celui qui n'hésitait pas à amener des claviers et à se faire plus mélodique de temps en temps et quand on voit que les albums cités comme influence sont "De Mysteriis Dom Sathanas", "Storm Of The Light's Bane" ou encore "In The Nightside Eclipse", on comprend très vite que l'on va prendre un bon coup de froid !

Le morceau-titre qui ouvre l'album en guise d'intro nous met dans le bain tout de suite avec ces fameux riffs et arpèges glaciaux et un rythme lent et rampant surmonté de claviers fantomatiques. On est embarqué dans le grand Nord en un rien de temps et "Hear Me O' Unmaker" va se charger d'entrer dans le vif du sujet avec les blasts de rigueur et le black metal que déploie le groupe est effectivement mélodique, violent et glacial. L'influence qui saute aux oreilles c'est bien le "In The Nightside Eclipse" d'Emperor et même si I Am The Night glisse plus de passages lourds, on sent que cet album a marqué les membres du groupe au fer rouge. Pour l'originalité, il faudra donc repasser mais ce n'était pas le propos d'I Am The Night, le groupe voulait faire revivre cette façon de jouer le black metal et c'est plutôt réussi. Les morceaux sont inspirés et très bons dans le genre, assez longs aussi avec une durée qui s'approche souvent des six minutes pour un album paradoxalement assez compact qui ne dépasse pas les trente-huit minutes. "While The Gods Are Sleeping" ne se perd donc pas en palabres et se fait direct avec un black metal certes mélodique et développant des ambiances froides mais aussi bien violent et très nerveux. La pochette de l'album est réalisée par Necrolord pour marquer encore plus la filiation avec le premier Emperor et pour avoir une superbe pochette en passant parce que le bougre est quand même très doué. "Ode To The Nightsky", quant à lui, malgré le fait qu'il porte le titre du premier EP de Mundanus Imperium, va plutôt marcher sur les plates bandes de Dissection et pas qu'un peu !

Encore une fois, I Am The Night ne cache pas ses influences et elles s'entendent clairement, on aurait aimé entendre quelque chose d'un peu plus personnel mais le tout est tellement bien ficelé que ça passe plutôt bien. Sans compter que les groupes pratiquant ce style ont quasiment tous disparu ou changé de visage depuis et que la place est libre. Cette filiation flagrante risque quand même d'en gêner quelques uns mais si vous êtes conscients du ticket "nostalgie / retour vers le futur" que vous prenez à l'entrée, vous pourrez profiter tranquillement d'un très bon album du genre. Parce que "While The Gods Are Sleeping" a beau ressembler fortement à ceux qui l'ont inspiré, il balance quand même huit bons morceaux bien composés et efficaces. "I Am The Night", le morceau, va même chasser brièvement sur le terrain d'un certain Satyricon avec des riffs qui fleurent le black'n'roll avant que le naturel ne revienne directement des glaciers à grands coups de blasts. Quelques passages en chant clair se font entendre sur "The Owl" qui développe des ambiances plus mélancoliques et plus contemplatives au milieu des blasts. Des choeurs que l'on retrouve sur "Among The Unseen Ones" qui se fait plus groovy avec quelques passages plus directs. Sur ces passages qui sortent un peu des clous de l'influence d'Emperor, on sent que le groupe a quelques pistes à explorer et qu'il sait nous proposer autre chose par moments. S'il arrive à développer un peu plus sa patte à l'avenir, en plus de nous faire des hommages de cette qualité à la scène black des années 90, on devrait se prendre encore quelques claques.

En l'état, "While The Gods Are Sleeping" est un bon album dans le genre même si certains seront gênés par la filiation évidente avec "In The Nightside Eclipse". C'est fait avec amour, c'est très efficace, les ambiances sont prenantes et c'est au final aussi bon que ce qui se faisait à l'époque. Rien de nouveau sous le soleil certes mais c'est assumé, affiché et c'est tellement bien fait que l'on ne trouve pas grand-chose à y redire.