Le groupe
Biographie :

Imperialist est un groupe de black metal américain formé en 2013 et actuellement composé de : Joshua Alvarez (basse), Rod Quinones (batterie), Bryant Quinones (guitare) et Sergio Soto (chant / guitare). Après un EP sorti en 2015, "Quantum Annexation", Imperialist sort son premier album, "Cipher", en Octobre 2018 chez Transcending Obscurity Records, suivi de "Zenith" en Novembre 2021.

Discographie :

2015 : "Quantum Annexation" (EP)
2018 : "Cipher"
2021 : "Zenith"


Les chroniques


"Zenith"
Note : 15/20

Après "Cipher", sorti en 2018, c’est au tour de "Zenith", sorti en 2021, de permettre à Imperialist de persister dans un délire black metal / science-fiction toujours autant engagé. Ce groupe, c’est un peu nimp’ parce que rien ne laisse présager le son qu’il propose. Son logo qui fait plus deathcore qu’autre chose, les pochettes qui ne dévoilent pas forcément le concept de science-fiction qui se cache derrière les lyrics, si, à la rigueur "Cipher" avec son vaisseau spatial, un peu plus… Même la trombine des zicos, ils font tout gentils, propres sur eux, je les vois plus dans un groupe de reprise de vieux tubes progressifs qu’à jouer du black metal.

Bon, parlons-en de ce metal noir made in Imperialist, alors, on a droit à du necro sound, de la production d’alcoolique schizophrène et misanthrope ? On voit la neige tomber sur la forêt quand on écoute le disque ? Ben en fait, pas vraiment car le black que proposent ces ricains est lisse, bien produit, limite même un peu "machine" notamment à cause du son de la drum un poil trop trigguée à mon goût, pour le délire, même les toms sont triggés, s’ils avaient pu trigger les cymbales ils l’auraient fait… Donc la drum est un poil plate, les guitares sont précises et équilibrées, la basse remplit son rôle de basse à la perfection et ajoute les graves qu’il faut, et le chanteur fait quand même un bon taf derrière le cromi. Les compositions sont de bonne facture, très cohérentes, avec un bon storytelling, on se laisse prendre au délire et on embarque au sein du vaisseau sans se faire prier, le voyage galactique étant quand même bien stimulant. A l’écoute, on pense à Host, à Dissection aussi, à Sacramentum également, à Necrophobic et à Naglfar.

Le côté mélodique rapproche la démarche d’Imperialist de la scène suédoise, mais il y a aussi un penchant vindicatif à l’américaine qui ajoute un petit truc en plus. Les riffs, assez simplistes, ont cette capacité de rendre les compositions attrayantes, et ce, même s’il n’y en a aucune qui se démarque du lot. Quelques mid-tempos jonchent l’album et donne du groove et de la consistance à l’ensemble comme sur "Terminal Odyssey", avec ces harmonies diaboliques et ces gros accords saisissants sur lesquels se greffent des arpèges délicieusement macabres. Globalement, la tonalité de l’album reste assez sombre et inquiétante malgré l’aspect global polissé, on sent cette menace omniprésente qui rend le black metal attrayant. Les quarante-trois minutes de musique proposées dans "Zenith" sont prenantes, sans trop en faire, avec des formules simples, grâce à un art de l’agencement qui semble faire partie de l’ADN de la formation. "Beyond The Celestial Veil" conclut le périple spatial d’une très belle manière, entre déferlantes rythmiques et ambiances subtiles, on est pris dans le délire. Quoi qu’il en soit, et même si l’emballage ne laisse point présager le déluge de metal sombre qui constitue cette nouvelle offrande, force est de reconnaitre que musicalement, ça tourne très bien et qu’un puriste trve, qui trouvera sans doute à redire car il lui manquera forcément la crasse caractéristique qui recouvre les œuvres de ce genre, passera forcément à côté d’un full length intéressant si sa curiosité ne le pousse pas à aller au-delà de ses principes.

Véritable suite logique à "Cipher", "Zenith" démontre tout le talent d’une formation sans prétention, discrète, qui n’a pas pour objectif de révolutionner le genre mais qui sait tout de même produire une musique captivante. Pas forcément à recommander aux fans de black qui aiment ce genre lorsqu’il est poisseux, insidieux et que le son ressemble à celui d’une machine à laver dans laquelle on aurait ajouté des parpaings, le metal noir d’Imperialist plaira plus aux rôlistes, aux geeks nerds qui veulent se tartiner les oreilles avec une dose de violence, d’agressivité, mais qui ne veulent pas trop être bousculés non plus. Plutôt en mode black mainstream, grâce à un agencement habile de mélodies accrocheuses et de rythmes tapageurs, "Zenith" reste très crédible et vous fera passer un bon moment de musique.


Trrha'l
Mai 2023




"Cipher"
Note : 16,5/20

Imperialist s’amuse à brouiller les pistes avec "Cipher". La pochette, sur laquelle est représenté un vaisseau spatial qui vogue dans l’espace ajouté au logo, dont la typologie ciselée fait directement penser à au brutal death ou au deathcore, sèment le doute. En effet, il n’est aucunement question ici de growl et de grosses guitares bien graves. Le quartette américain propose un black metal d’excellente facture, linéaire mais prenant. Hormis cette intro de guitare acoustique et de nappes de violons aussi ennuyeuse que clichée, les 9 autres titres qui oscillent entre 5 et 7 minutes répandent la terreur à coup de riffs lancinants. L’atmosphère est bien sombre, grâce à des parties de guitares plutôt simplistes mais efficaces.

Le black metal proposé dans "Cipher" est assez posé, avec pas mal de mid-tempos, interrompus par des descentes de toms et des coups de cymbales assez typés 90’s. On retrouve çà et là des côtés Dissection, j’y entends aussi du Diabolical Masquerade (sans les synthés) ou encore du Allegiance, du Marduk (le titre "The Singularity" contient un riff qui fait grave penser à "The Blond Beast" du groupe précité), en tous les cas, ça sent la Suède à plein nez. Les ricains proposent une musique atmosphérique, sans faire usage des claviers. La batterie blaste peu et développe surtout des rythmiques thrashy assez heavy. Le son des guitares est rêche sans être agressif et la basse reste plutôt discrète. Mention spéciale au chant vraiment efficace, aucunement trollesque, qui évolue dans les carcans du black en se rapprochant du type de voix rageur et vindicatif utilisé dans la dernière décennie du vingtième siècle. Ni trop présent, ni trop lointain, réverbéré, il se mêle au reste des instruments pour ajouter toute la noirceur nécessaire à la mise en place d’une ambiance morne et désespérée, omniprésente dans "Cipher".

Imperialist propose une musique peu originale, assez droite et linéaire. Quelques solos font leur apparition à partir de la plage 5, mais à part cela, pas grand-chose d’innovant (si l’on peut considérer l’ajout d’un solo comme une démarche audacieuse)… Pourtant, pendant 50 minutes, nous voici embarqué dans un voyage musical attrayant. Là réside la force et la magie d’Imperialist, avec peu, ces musiciens parviennent à favoriser le climat pour générer une musique suffisamment accrocheuse. Il est très facile de se prendre au jeu. "Cipher" a malgré tout le cul entre deux chaises, les puristes pourront lui reprocher un aspect trop "propret" par le son, et les fans de black moderne trouveront sans doute que le groupe manque d’initiative. Pourtant, le résultat est vraiment bon, car la musique d’Imperialist est finement dosée. Les structures sont cohérentes, les relances et les changements de riffs sonnent de manière naturelle. Le groupe bâtit une architecture sonore stable qui préserve le développement d’un continuum hostile, par le biais de structures qui s’étalent, dans le respect du black d’antan.

Pour conclure, Imperialist nous offre un black metal de bonne facture, assez typé années 90. Le son est bon et le côté heavy / thrash du groupe, avec quelques accents vikings et black old school, permettent à ces Américains de proposer une musique crédible et honnête. Voici donc un album plaisant et bien écrit, froid, coléreux, avec quelques légères touches modernes, mais sans trop. Un bon skeud de plus à s’envoyer dans les cages à miel.


Trrha'l
Janvier 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/imperialistofficial