Le groupe
Biographie :

Inhumankind est un groupe de metal extrême / musique classique espagnol actuellement composé de : Pablo Selnik (flûte / chant) et Àlex Reviriego (contrebasse). Inhumankind sort son premier album, "Self-Extinction", en Mars 2018 chez I, Voidhanger Records, suivi de "Self-Deification" en Avril 2022.

Discographie :

2018 : "Self-Extinction"
2022 : "Self-Deification"


La chronique


On a parlé d'objets musicaux non-identifiés plus d'une fois par ici et encore plus souvent quand cela concerne des sorties de chez I, Voidhanger Records mais je crois que celui-ci décroche le pompom ! Inhumankind est un groupe espagnol improbable qui nous amène son deuxième album "Self-Deification" et qui continue sur la lignée de son prédécesseur, à savoir une sorte de musique classique contemporaine couplée avec quelques touches de metal !

Vous vous dites que ces deux univers ont déjà été mélangés de nombreuses fois et vous avez raison, mais croyez-moi, cela ne s'est que très rarement fait de cette façon. La plupart des groupes ajoutent des influences classiques ou orchestrales à leur metal mais ici la balance s'inverse, ce sont bien quelques très discrètes touches de metal qui se glissent dans une musique majoritairement classique. Ce ne serait pas perturbant si ce n'était que ça, le truc c'est que le classique en question est fortement orienté vers la musique contemporaine bien barrée et expérimentale. La distorsion n'a pas lieu d'être par ici et le metal ne s'exprime que par quelques growls glissés çà et là, le reste n'est que flûte, piano et contrebasse ! Et n'allez évidemment pas vous attendre à la moindre velléité accrocheuse ou outrageusement mélodique non plus, Inhumankind prend un malin plaisir à construire des labyrinthes sonores qui vont en laisser plus d'un confus. "Enantidroma" ouvre l'album avec à peine plus de deux minutes au compteur mais cela suffira à vous faire comprendre que vous êtes tombé sur un album pour le moins étrange. La flûte et la contrebasse s'adonnent à une sorte de cavalcade de notes et posent une ambiance à la fois inquiétante d'un côté et presque sautillante de l'autre, un contraste bizarre qui réussit son coup et nous laisse interloqué. "Godspit" poursuit et continue à mêler cette sorte d'hystérie joyeuse à des ambiances plus noires et apocalyptiques. Une fois la surprise passée, on se rend compte que le niveau technique est impressionnant et que les chassés croisés et autres dialogues que semblent se faire la flûte et la contrebasse n'ont rien d'improvisés. Il y a un travail sur la composition qui met sur le cul ici et qui ne se révèle pas à la première écoute.

Le fait que cet album arrive à être aussi touffu, complexe et même presque étouffant dans sa complexité et son avant-gardisme avec aussi peu d'instruments est assez bluffant. On est à l'exact opposé de ces groupes qui ajoutent des couches de sons, qui gonflent les guitares et sur-compressent la production pour donner une impression de puissance et d'ampleur. Ici, c'est le dénuement total et pourtant "Self-Deification" arrive à vous donner l'impression de manquer d'air tant il vous serre dans la toile qu'il tisse avec ses structures complètement folles. "Light Proof" calme un peu le jeu et installe là aussi une ambiance plus apocalyptique, tragique et sinistre malgré une folie encore présente par touches. L'occasion d'entendre de très belles mélodies au milieu de ce bordel organisé avec quelques choeurs féminins du plus bel effet qui amènent une touche presque fantomatique à ce morceau. "Ginnungagap" nous laisse lui aussi un joli break avec de belles mélodies et une certaine mélancolie au milieu de sa folie furieuse totalement déconstruite, de quoi reprendre une bouffée d'air avant de se retrouver une fois de plus submergé. Une impression amplifiée par le fait que les morceaux sont soit très courts soit très longs (en gros deux minutes d'un côté et huit de l'autre), il n'y a pas d'entre-deux et Inhumankind n'est pas du genre à faire des concessions pour faciliter l'écoute. "Infaust" qui clôt l'album nous balance des hurlements de malades façon "Death Pierce Me" de Silencer histoire de rajouter une couche de folie dans un album qui n'en manquait déjà pas.

Bref, "Self-Deification" est un véritable ovni et risque de laisser quelques métalleux sur les rotules tant son univers est loin du nôtre. Pourtant, si vous voulez de l'extrême, vous allez être servis ! Si nombre de groupes metal se persuadent d'être anticonformistes, Inhumankind l'est réellement et ces huit nouveaux morceaux sont aussi originaux qu'étouffants. Il va falloir être très ouvert d'esprit et être friand d'avant-gardisme pour apprécier "Self-Deification" mais même ceux qui n'accrocheront pas ne pourront nier la singularité et l'originalité de ce monstre musical.


Murderworks
Août 2022


Conclusion
Note : UFO/20

Le site officiel : www.facebook.com/inhumankind