Si vous ne connaissez de l’Australie que les habituels clichés, laissez-moi vous expliquer à
quel point ce continent est un vivier à groupes d’exception, à commencer par In The
Burial, qui vient de sortir son dernier album. Fondé en 2007, les quelques changements de
line-up n’ont pas entaché la volonté du groupe. A présent composé de Con à la basse,
Phillip Jarrett (Anung Un Rama) et Mark Hillary aux guitares, Ozan aux claviers, Trav à la
basse ainsi que de Mel Bulian (Art In Exile) au chant, les six musiciens nous offrent
aujourd’hui "Lamentations: Of Deceit & Redemption", le deuxième album de la formation. Et il
n’est pas exclu que quelques invités de renom se glissent dans certains morceaux…
L’album démarre en grande pompe avec "The Author And Architect", un morceau sombre et
inquiétant dont la douce introduction annonçait tout sauf cette vague furieuse soutenue par
des hurlements perçants. Et c’est ce contraste entre la douceur des claviers et la puissance
des riffs ainsi que du chant qui fait mouche, les passages se succédant sans jamais se
ressembler. On se laisse sans mal porter jusqu’à "Arise The Heretics", une composition toute
aussi incisive que la précédente, qui ne repose pas que sur les leads tranchants ou les
blasts quasi incessants, mais sur une réelle unité entre les instruments. Le groupe s’enfonce
encore plus profondément dans la fureur avec "DoSAvastR", qui est à mes yeux la parfaite
représentation de leur musique : une noirceur puissante qui n’oublie cependant pas les
mélodies et les place même parfois au centre de l’attention.
Premier invité à rejoindre l’univers des Australiens, Veronica Bordacchini (Fleshgod
Apocalypse, In Tenebra, Wisteria) mêle sa douce voix aux hurlements terrifiants de la
chanteuse sur "Holographic Webs We Weave", et le résultat est pour le moins détonnant ! Le
morceau suivant, "Leviathan", est également plus doux, du moins au début. Pour le reste du
morceau, c’est à nouveau une délicieuse tornade épique et acérée qui est à l’oeuvre. Portés
jusqu’à la fin par un clavier enchanteur, les riffs nous emmènent jusqu’à "When Dreadful
Storms Bring Upon Metamorphosis", un titre plus court mais qui tire un peu plus dans le
metal progressif. Sonorités lourdes, perçantes, hurlements déchaînés, ce morceau a tout
pour plaire. Le mix n’occulte évidemment aucun instrument, et chaque partie s’enchaîne
parfaitement avec la précédente, ce qui donne une sensation d’avancée. Et si vous pensiez
en avoir fini avec les instruments sous-accordés et les riffs lourds, laissez la lenteur de "Stark
Grey Malaise" vous contredire. Une divine sensation d’oppression…
Une plongée dans la planante rythmique de "Remembrance" nous permettra de reposer votre
esprit tout en vous laissant porter par ces riffs saisissants qui, malgré tout, restent en tête,
tout comme pour la douleur qui émane en permanence de "Severed Earth From Sky". Que ce
soit lors des phases de blast ou de nappes de claviers planantes, c’est la mélancolie qui est
la plus présente. Deuxième et dernier invité du groupe, Matt Gillick (Shadowrealm,
ex-Darklord) signera le solo d’"In Linear Lights", un morceau sur lequel la créativité des
Australiens est poussée à son paroxysme. Bien que ne s’éloignant pas d’un pouce de
l’ambiance des morceaux précédents, j’ai l’impression que la composition est plus riche,
plus tranchante, plus affinée. "The Paradox Of Embodiment", le dernier morceau, fera
également la part belle à la douleur, et la complainte de la jeune femme est perceptible, que
vous parliez anglais ou non.
A mi-chemin entre des sonorités épiques et un black / death technique, In The Burial
écrase absolument tout sur son passage. "Lamentations: Of Deceit & Redemption" est un
album d’une intensité et d’une richesse incroyables, et passer à côté serait réellement un
crime. En espérant pouvoir ressentir en live autant de sensations que sur album, j’attends
patiemment une tournée européenne.
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