Le groupe
Biographie :

Le groupe norvégien In Vain est formé en 2003 par Johnar Haaland et Andreas Frigstad. Leur premier enregistrement, "Will The Sun Ever Rise?" (été 2004), positivement accueilli par la critique, est un EP de trois titres mêlant agressivité et ambiances étudiées et complexes. Le succès rencontré reconduit très vite le groupe en studio pour un nouvel EP, "Wounds", paru en Décembre 2005. Cette démo se révèle bien plus mature musicalement que la précédente, versant dans un côté plus progressif, même dramatique, sans sacrifier la veine brutale du premier EP. Cet enregistrement fait naître la question sur la direction idéologique du groupe, certaines paroles laissant supposer une influence chrétienne. Le groupe s'explique par le fait que trois des cinq membres sont chrétiens, mais que cette idéologie ne s'applique pas à l'ensemble, et donc qu'In Vain n'est pas un groupe chrétien. À partir de ce point de leur carrière, ils étayent leur formation à l'aide de musiciens additionnels pour notamment les parties saxophone, violoncelle, et l'indispensable batterie. Peu après, ils signent avec le label norvégien Indie Recordings. Le premier album, "The Latter Rain", paru en 2007 chez Indie Recordings, est un véritable coup de tonnerre pour le milieu du metal extrême. Une vingtaine de musiciens additionnels et plusieurs chanteurs invités (tels Jan K. Transeth et Kjetil Nordhus) donnent à cet album plus de profondeur et de complexité. Toujours à la recherche de nouvelles compositions, Johnar Haaland, le guitariste, doit très rapidement se remettre au travail. Il décrit la période qui suit comme plus difficile qu'il ne s'était attendu, et dit avoir été près d'abandonner, tant la composition et le passage en studio sont laborieux. Sa fierté n'en est que plus grande à la sortie de l'album "Mantra", paru en 2009. Il comporte pourtant moins d'invités, pour permettre au groupe de se focaliser sur lui-même. La réussite est atteinte. À la suite de "Mantra", In Vain part en tournée et se produit dans de nombreux festivals, tels l'édition 2010 des Elements Of Rock et le Blast Of Eternity la même année. En Mars 2013, le groupe sort un nouvel album, "Ænigma". Cinq and plus, In Vain fait son retour avec "Currents".

Discographie :

2004 : "Will The Sun Ever Rise" (EP)
2005 : "Wounds" (EP)
2007 : "The Latter Rain"
2010 : "Mantra"
2013 : "Ænigma"
2018 : "Currents"


Les chroniques


"Currents"
Note : 16/20

Le dernier album d'In Vain "Ænigma" date déjà de 2013, on peut dire que le groupe a pris son temps pour revenir avec "Currents" qui va nous occuper aujourd'hui. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, c'est encore un de ces cauchemars pour chroniqueurs, ce genre de groupes difficiles à classer et qui pour le coup mélange metal extrême mais accrocheur avec des morceaux expérimentaux et teintés de prog, en gros.

Cette fois, le groupe a opté pour une formule un peu plus compacte, des morceaux qui tournent autour des cinq ou six minutes et un album qui dépasse à peine les quarante minutes. "Seekers Of The Truth" ouvre l'album avec un riff qui ressemble à du thrash technique avant d'enchaîner sur quelque chose de plus mélodique et accrocheur comme le groupe sait si bien le faire. ce premier morceau va faire le yoyo entre les deux et jouer avec nos nerfs, mais c'est comme ça avec In Vain, on ne sait jamais sur quel pied danser. On se prend du thrash technique, ça part sur du death mélodique, ça vire en prog extrême, ça revient en thrash, bref on ne sait jamais de quel côté le groupe va nous tomber dessus. Les influences sont vastes comme d'habitude chez In Vain et les morceaux ne s'enlisent jamais puisqu'on passe d'une sonorité à l'autre sans jamais avoir le temps de s'ennuyer. Ce qui est fort, c'est que le groupe ne se prend jamais les pieds dans le tapis et ne nous donne jamais de transitions malheureuses à entendre, pourtant je vous garantis qu'il y en a des genres différents qui se croisent ici ! Le chant clair fait d'ailleurs son retour dès "Soul Adventurer" malgré la présence de gros blasts sur certains passages qui apportent un contraste intéressant avec le chant clair par dessus, l'ambiance étant d'ailleurs majoritairement mélancolique et une fois de plus le refrain est imparable et ne vous sort plus de la tête. Pour faire simple, In Vain affine encore sa patte et les habitués de la bande ne devraient pas se sentir perdus sur "Currents".

Les racines black metal refont une brève apparition sur "As The Black Horde Storms" pour un morceau épique, mélodique et assez guerrier surtout par rapport au reste de l'album. Une petite accélération bienvenue et un petit clin d'œil aux origines du groupe, ça permet une fois de plus de remettre un peu de patate là-dedans. Globalement, "Currents" est de toute façon varié, riche et plutôt bien équilibré, on passe régulièrement de la mélodie à quelques riffs tranchants voire des blasts avec toujours une bonne dose d'accroche et d'efficacité qui font que même si la musique d'In Vain a tout du pot pourri, on ne s'y perd jamais. Pas d'expérimentations tordues chez ces Norvégiens, juste une envie de ne pas s'imposer de barrières stylistiques. L'ouverture d'esprit est évidemment un plus pour apprécier la musique du groupe mais j'insiste sur le fait que c'est en général plutôt accessible grâce justement au côté accrocheur de la plupart des morceaux, In Vain apprécie la mélodie et ne tombe jamais dans le piège de la musique pour musiciens même si le niveau technique le leur permettrait. "Currents" fait preuve comme son prédécesseur d'une certaine finesse dans la composition, loin de l'envie d'en mettre plein la vue ou de mettre le plus de sonorités possibles. La production est évidemment au diapason et le tout sonne suffisamment puissant et clair pour profiter de "Currents" dans de bonnes conditions.

Pour faire simple, si vous aviez apprécié "Ænigma", vous pouvez foncer, vous retrouverez le In Vain qui vous avait accroché l'oreille. Le talent de ces gars-là ne se dément pas et ces sept morceaux contiennent leur lot d'émotions et de mélodies imparables, donc aucune raison de ne pas vouloir y jeter une oreille attentive.


Murderworks
Septembre 2018




"Ænigma"
Note : 16/20

Après avoir marqué les esprits avec un deuxième album assez aventureux, voilà les Norvégiens d'In Vain de retour avec un "Ænigma" qui a pour mission d'enfoncer le clou en prouvant que "Mantra" n'était un coup de bol. Certain lui avaient reproché une trop forte hétérogénéité et un léger manque de cohésion, restait à savoir si le groupe allait réparer ces menus défauts.

Mission plutôt réussie je dirais, ce nouvel album montre effectivement une certaine maturité et un groupe qui a su agencer ses différentes facettes de façon plus cohérente. Le problème c'est que les fans d'expérimentations risquent de se sentir quelque peu lésé, parce que même si ce nouvel album n'est pas spécialement accessible, il n'empêche qu'il montre régulièrement un visage plus accrocheur que par le passé. A ce titre, les deux premiers morceaux de l'album sont de véritables tours de force, mélangeant sans problème les différentes influences du groupe tout en donnant une place importante au chant clair et à la mélodie, donnant par conséquent une entrée en matière très accrocheuse. Suite à ça, le groupe enchaîne sur un court instrumental pour ensuite pondre un morceau assez étrange au milieu du reste, un peu trop joyeux ou gentillet peut-être sans être désagréable pour autant.

C'est ensuite qu'on retrouve un peu le In vain qu'on connaît, retour d'un son un peu plus metal, de la double et des growls pour une deuxième partie d'album qui nous rappelle les expérimentations du passé. Les divers genres qu'In Vain nous a habitués à mélanger sont cette fois mieux gérés, là où "Mantra" pouvait parfois donner l'impression de partir dans tous les sens. Sur cet "Ænigma", le groupe est plus carré, les morceaux sont d'ailleurs un poil plus courts, ce qui permet justement à leur musique de moins s'éparpiller et d'être plus efficace. Reste que le fait d'avoir quasiment coupé l'album en deux avec une première partie plus facile d'accès et une deuxième plus proche de leurs délires passés risque d'en refroidir quelques uns, le groupe prend le risque de se voir reprocher d'avoir le cul entre deux chaises. Ce serait dommage de s'arrêter à ça puisque l'album montre un groupe qui commence à vraiment maîtriser ses multiples influences et son envie de tout mélanger, et je doute que l'album ait une durée de vie plus faible pour autant.

On remarque aussi forcément un progrès au niveau de la prod', bien meilleure et bien plus grosse que sur "Mantra", Jens Bogren est passé par là et ça s'entend clairement ! Pas de doute, ça colle carrément bien avec cette orientation un peu plus directe, et ça permet d'entendre clairement tous les instruments qui ont parfois tendance à tous s'exprimer en même temps. Mal géré ça aurait pu donner un sacré bordel, et mon petit doigt me dit qu'à certains moment ça a dû être un cauchemar au mixage ! Sans compter que les vocalistes sont toujours aussi nombreux dans le groupe, à ce niveau-là personne ne risque de trouver le chant monotone. On passe d'une voix presque black à des growls, pour rebondir sur une voix criée en finissant sur du chant clair du plus bel effet !

Au final, un bien bon album une fois de plus, risque relatif de déception pour les puristes de l'expérimentation qui préfèreront toujours les deux premiers albums, mais très bon cru pour les autres qui sauront aussi se délecter des morceaux plus accrocheurs et mélodiques. Je conseillerais tout de même aux sceptiques de bien écouter l'album, malgré l'apparente simplicité des premiers titres la patte du groupe est toujours là.


Murderworks
Juin 2013


Conclusion
Le site officiel : www.invain.org