Le groupe
Biographie :

Jinjer est un groupe ukrainien formé en 2009 et mélangeant plusieurs styles comme le metalcore, le progressif, le nu-metal etc. Après une première démo, la chanteuse et icone Tatiana Shmailyuk intégrera le groupe cette même année. En 2010, la bande atteint le statut de bon groupe local, malgré les changements de line-up incessants. En 2012, n’ayant jamais joué à l’étranger, sans page Facebook, ni promotion, leur premier vidéo clip "Exposed As A Liar" connaît un certain succès aux USA. La première démo est rééditée en album cette même année. Après quelques dates en Europe, "Cloud Factory" sort en 2014. Les dates s’enchaînent en Europe – et même en Russie malgré le conflit entre les deux pays. Tout ceci débouche sur la signature avec le label Napalm Records et l'album "King Of Everything" en 2016. Un nouvel EP de cinq titres, "Micro", sort en Janvier 2019, suivi d'une tournée promotionnelle de deux mois en Europe, où Jinjer a joué en première partie d'Amorphis et de Soilwork. "Macro", un album de neuf titres, sort le 25 Octobre 2019. Deux ans plus tard, "Wallflowers" sort en Août 2021.

Discographie :

2012 : "Inhale. Don't Breathe" (EP)
2014 : "Cloud Factory"
2016 : "King Of Everything"
2019 : "Micro" (EP)
2019 : "Macro"
2021 : "Wallflowers"


Les chroniques


"Wallflowers"
Note : 16/20

Deux ans seulement après "Macro", Jinjer est de retour avec "Wallflowers" pour battre le fer tant qu'il est encore chaud et s'occuper pendant ce manque de live. Tout en reconnaissant les qualités indéniables de leur musique, la hype qui les entoure est toujours aussi mystérieuse pour moi (enfin non, je sais que ça vient d'un bon management entre autres) mais mettons les a priori de côté et voyons ce que ce nouvel album a dans le ventre.

"Call Me A Symbol" ouvre l'album de façon plutôt brutale avec pas mal de blasts et des riffs qui comme précédemment rappellent parfois Lamb Of God, le son de batterie est d'ailleurs proche de celui que les Américains avaient sur "Wrath". Un son de caisse claire qui ne plaira pas à tout le monde puisque très sec mais qui a au moins le mérite de sonner de façon plus organique que sur "Macro", ce qui est toujours bon à prendre. Sur ce premier morceau, le groupe se fait plaisir et tricote des structures qui ont la bougeote en y intégrant pourtant un sacré groove omniprésent. Quelques arpèges plus sombres viennent se glisser au milieu d'un morceau assez méchant qui début l'album sur les chapeaux de roues. On sent que le niveau est monté d'un cran et que Jinjer propose une musique à la fois plus complexe, plus efficace et peut-être même plus méchante. Pour le chant, pas de surprises, on sait de quoi est capable Tatiana et elle se fait une fois de plus plaisir ici en passant du chant hurlé ou growlé au chant clair et son talent dans le domaine ne peut être remis en question. "Colossus" poursuit dans une veine assez brutale et puissante lui aussi et nous balance des riffs très lourds par moments qui devraient broyer quelques vertèbres au passage. Finalement, on se dit que la pochette de "Wallflowers" est très bien choisie et reflète bien les ambiances plus dures et noires qui traînent par ici, une simple photo de giroflée (wallflowers en anglais) en noir et blanc, sobre mais efficace.

On sent en tout cas un groupe qui se libère de plus en plus de ses influences et se fait de plus en plus efficace, le très accrocheur "Disclosure !" en est un bon exemple d'ailleurs. Jinjer a choisi de ne pas se reposer sur ses lauriers et continue à évoluer et retrouve cette fois une patate qui lui manquait parfois sur "Macro". "Wallflowers" montre les crocs plus souvent et se fait globalement plus teigneux, peut-être le reflet de cette période trouble et de l'envie de ne pas se laisser abattre. Le morceau-titre est peut-être le plus conventionnel et son alternance couplet en chant clair sur un tempo très posé et presque jazzy puis passage agressif en chant hurlé peut rappeller "Pisces" dans l'esprit. Pour le reste, ce nouvel album montre un groupe qui en a encore sous le pied et qui se montre assez agressif, peut-être même plus que sur "Macro". Tout ça se fait avec ce fameux groove dont ne se sépare jamais Jinjer et qui permet à sa musique d'être si efficace et accrocheuse. Les quelques passages reaggae ou bossa nova ne s'entendent plus sur "Wallflowers" par contre, un détail supplémentaire qui confirme que le groupe a bien durci le ton cette fois. Je trouve toujours que tout le monde s'emballe un peu trop mais le niveau est clairement monté d'un cran et les qualités qui étaient déjà indéniables auparavant s'affichent d'autant plus cette fois.

"Wallflowers" nous fait donc entendre un groupe qui continue à évoluer et qui se montre cette fois plus dur, plus brutal et plus direct. Certaines petites expérimentations sont passées à la trappe mais l'efficacité de ces dix morceaux est telle que personne n'ira le leur reprocher.


Murderworks
Septembre 2021




"Macro"
Note : 14/20

A moins d'avoir vécu dans une grotte, vous avez forcément entendu parler de Jinjer, ce groupe ukrainien qui pratique un metal moderne aux multiples influences. Il y a une sorte de petite hype autour du groupe depuis son précédent album et le single "Pisces" qui fait qu'il est difficile de passer à côté. Et si vous aviez réussi à le faire jusqu'à maintenant, le nouvel album du groupe, "Macro", va se charger de s'inflitrer dans vos tympans.

Soyons honnêtes, j'ai toujours eu du mal à comprendre la hype en question autour de Jinjer, même si je reconnais sans problème des qualités au groupe. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir une chanteuse qui chante aussi bien qu'elle hurle qui a provoqué ça mais je trouve souvent les réactions démesurées. Certes le groupe glisse quelques passages bossa nova, jazz ou reggae dans un metal aux frontières du metalcore et du djent mais ces passages, tout aussi originaux qu'ils puissent être, sont relativement rares. Dans des styles diférents, il y a des groupes bien plus créatifs qui sortent des albums dans l'indifférence générale ou presque, je sais bien que l'originalité ne fait pas vendre en général mais c'est vraiment dommage de voir que même en metal une partie du public ne prend que ce qu'on lui donne. Revenons en à nos moutons hypés avec "On The Top" qui ouvre l'album et qui nous fait reprendre nos marques bien vite en évoquant par moments un Lamb Of god qui aurait copulé avec le djent, Lamb Of god dont l'influence se sentait déjà pas mal sur "Cloud Factory" d'ailleurs. On y retrouve quand même une belle versatilité avec des passages plus mélodiques et mélancoliques et le taux syndical de cassures rythmiques. D'ailleurs, sur ces deux premiers morceaux, la violence se manifeste un peu moins que sur le précédent album qui avait bien plus tendance à rentrer dans le lard. Cela permet du coup à Jinjer de mettre un peu plus en avant ses influences atypiques et de produire un metal moderne un poil moins générique. Ben oui parce qu'en dehors de la hype et de quelques passages inattendus, on ne peut pas dire qu'on se retrouve sur le cul en termes d'originalité.

Louons toutefois la démarche du groupe de vouloir ouvrir les horizons musicaux des métalleux en glissant des sonorités atypiques dans sa musique. Je pointe du doigt la démesure (selon moi évidemment) de la hype que Jinjer engendre mais sa musique n'est pas en cause. D'autant que ce "Macro" montre plus de variété et laisse plus de place à ces fameuses sonorités que son prédécesseur, au détriment de l'agressivité du coup qui se retrouve un peu amoindrie. On ne se retrouve pas avec de la pop non plus n'exagérons rien, les blasts de "Retrospection", "The Prophecy" ou "Pausing Death" sont là pour le prouver d'ailleurs, mais ne vous attendez pas à retrouver la furie de "King Of Everything". Au moins, le groupe évite de se répéter et ne fait pas de "Macro" une copie de son grand frère, d'autant que ne je suis pas certain que ce soit la violence qui ait attiré les gens vers Jinjer. Pour le reste, on retrouve ses marques et si l'équilibre des forces a été réajusté le groupe n'a pas drastiquement changé son fusil d'épaule pour autant et les fans ne devraient pas être dépaysés par ces neuf morceaux. Pour autant, j'accroche moins à la musique de Jinjer qu'à celle d'autres représentants du metal moderne au sens large que je trouve plus aventureux, originaux, ou efficaces (je vous avais parlé de The Dali Thundering Concept en ces pages par exemple dans le genre metal moderne au sens large, jetez donc une oreille là-dessus). Niveau production, par contre, le groupe tombe les deux pieds dans les travers de l'époque avec une batterie en plastique qui manque cruellement de puissance et qui a tendance à faire "poc".

Un album dans la lignée de son prédécesseur avec une variété plus prononcée et une violence plus en retrait. "Macro" ne dépaysera pas les dingues de Jinjer et leur donnera leur dose de metal moderne et groovy. Pour ma part ,je ne suis toujours pas convaincu de tenir là quelque chose d'exceptionnel mais que cela ne vous empêche pas de jeter une oreille sur leur musique si la curiosité vous titille.


Murderworks
Janvier 2020




"King Of Everything"
Note : 13/20

Jinjer joue un mélange de groove, de metalcore, de djent et nu-metal. La chanteuse Tatiana Shmailyuk fait à peu près tout ce que vous voulez : chant crié, chant parlé etc. Vous prenez le tout, et ça donne une vague forme de metal technique anglais (Aliases, SikTH…). Je vous la faire courte, car trancher le cas de Jinjer n’est pas simple. En effet, Jinjer est un groupe qui progresse, ne manque pas de mérité ni de générosité, mais quelque chose coince dans cette mixture.

3 singles réussis, 1 album "pétard mouillé".

3 singles sont apparus avec la sortie de "King Of Everything" : "Word Of Wisdom", "I Speak Astronomy", "Sit Stay Roll Over". Le premier a la bonne balance entre groove et technique et arrive à convaincre. Le second est excellent, en raison de son clip inattendu et de par sa construction très djent / prog’ ; meilleur titre de l’album ! Le dernier est totalement dans la veine nu-metal moderne. Cependant, ces 3 bons singles ne vous préparent pas réellement au reste de l’album globalement assez plat. En effet, passé le "Prologue" - titre calme, tombé de nulle part, dans l’esprit Lacuna Coil et hormis les singles - le reste est sans saveur ; à l’image des compos "Captain Clock", "Just Another" ou encore "Dig A Sail". Les guitares ne sont pas transcendantes, la batterie sonne comme une boîte à rythmes et ne groove pas vraiment. Dans cette zone fade, les riffs s’accumulent sans être percutants ; une véritable malédiction. Seule Tatiana Shmailyuk – grand talent de la bande – tire son épingle du jeu grâce à ses performances vocales bien au-dessus de la moyenne. En revanche, elle ne propose rien d’illustre en termes de mélodie. Pour un groupe s’autoproclament "technically sophisticated", ce n’est pas très convaincant.

Au niveau des bonnes surprises de "King Of Everything", Jinjer réalise de beaux écarts avec le quasi technical death metal "Under The Dome" et le très deathprog "Pisces" ; ce dernier vous régalera de belles parties clean rappelant quelque peu Opeth. Rien de frappant, mais ces petites échappées sont rafraîchissantes, particulièrement en fin de l’album.

Le point positif avec "King Of Everything" est qu’il accroche davantage en comparaison avec les deux précédents, car mieux produit et techniquement plus abouti. De plus, Jinjer met des efforts clairs à se singulariser musicalement. Cependant, mélanger tout un tas de trucs n’est peut-être pas la chose la plus efficace à faire, mais ils ont le mérite d’essayer et de rendre cela agréable. En outre, "King Of Everything" est sympa et au pire vous inspirera de l’ennui, mais jamais du dégoût.

En résumé, Jinjer est peut-être moins classe que ce que vous auriez pu espérer, mais reste toujours plein de promesses pour la suite.


Vinny
Septembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.jinjer-metalband.com