Si vous êtes heureux actuellement, alors Kåabalh est fait pour vous. Créé en France en
2018, Pierre (guitare), Fabrice (batterie), Marco (basse) et Damien (guitare / chant) ont pour
but d’abaisser votre moral grâce à leurs riffs les plus lourds. Bien que très jeune, la
formation nous pond "Kåabalh", un album de six titres qu’ils sortent avec Dolorem Records.
L’écoute au casque est conseillée pour une expérience réellement immersive.
"Cabal" sera notre premier contact avec l’univers des Havrais. Un larsen maîtrisé apparaît
lentement alors que les musiciens entament quelques riffs sombres avant que le chant
n’arrive. Mais concentrons-nous dans un premier temps sur cette rythmique marquée et
aussi sale qu’imposante. Les guitaristes placent habilement quelques harmoniques afin
d’accentuer le côté malsain, tandis que les autres instruments nous maintiennent en haleine.
C’est alors que Damien ne mêle quelques phrases parlées au mélange, avant qu’"Acheron"
ne commence. Le chant est cette fois-ci hurlé, et les riffs plus rapides, bien qu’ils ralentissent
pour tirer sur des ambiances old school grâce à la guitare lead. Ce titre est comme une
créature qui rampe : on la voit se mouvoir avec difficulté, observer le monde qui l’entoure,
hurler, se remettre en marche… Chaque note a son importance, et lorsque le morceau se
termine, c’est pour entamer rapidement "Dark Wrath Of A New God". La rythmique se fait à
nouveau plus insistante, et le batteur matraque littéralement son instrument pour créer une
ambiance encore plus pesante qu’à l’accoutumée. Les autres musiciens suivent le
mouvement, et habillent la composition d’une chape sombre et crasseuse qui caractérise le
son du groupe.
La représentation que j’ai de "The Complete Darkness", c’est une marche lors d’une nuit
d’hiver. L’atmosphère est supportable, mais le froid est persistant. Et au fur et à mesure de
notre progression, l’humidité s’installe, s’insinue en nous, se frotte à notre volonté qui était
inébranlable à la base, mais qui finit par s’effriter. L’humidité est ici incarnée par les riffs
dissonants, qui finissent par nous rentrer dans la tête, et ne jamais nous quitter. Même
lorsque les musiciens arrêtent de jouer ce riff, il subsiste un sentiment inqualifiable de
malaise. Une fois ce chef d’oeuvre terminé, "Heavy Boredom Death" prend le relais avec sa
rythmique noire et oppressante, lente et massive, qui s’accélère soudain pour devenir un
véritable abattoir à nuques. Beaucoup plus entraînante, elle laissera toutefois la place à
"Death’s Ovation", qui repart sur la même base entraînante. Les cris du chanteur durent
beaucoup plus longtemps qu’à l’accoutumée, et il est impossible de ne pas se laisser
imprégner par ce sentiment de désolation qui règne dans les riffs du combo français.
Votre vie est-elle toujours aussi rayonnante ? Kåabalh nous apporte cette part de noirceur
ambiante que certains d’entre nous cherchent à éviter, mais qui demeure tout de même en
chacun de nous. Qui aurait pu soupçonner qu’un excellent groupe de doom / death qui s’est
imprégné des ambiances old school du style allait surgir des profondeurs et nous sortir un
album aussi intense ?
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