Le groupe
Biographie :

Khemmis est un groupe de doom metal américain, originaire de Denver (Colorado), formé en 2012 et actuellement composé de : Zach (batterie / Dominion, Vasaeleth, Dagon, Aat), Phil (chant / guitare) et Ben (chant, guitare / ex-Burial Within, ex-Galaxicon). Après un EP sorti en 2013, Khemmis sort son premier album, "Absolution", en Juillet 2015 chez 20 Buck Spin, suivi de "Hunted" en Octobre 2016, de "Desolation" en Juin 2018, et de "Deceiver" en Novembre 2021.

Discographie :

2013 : "Khemmis" (EP)
2015 : "Absolution"
2016 : "Hunted"
2018 : "Desolation"
2021 : "Deceiver"


Les chroniques


"Deceiver"
Note : 16/20

Si vous aimez le heavy, le rock et le doom traditionnel, vous devez déjà avoir croisé le nom des Américains de Khemmis, si ce n'est pas le cas la sortie de leur nouvel album "Deceiver" est une excellente occasion de réparer ça ! Jusqu'à maintenant le groupe s'est toujours montré très doué pour nous envoyer un heavy / rock groovy, puissant et mélodique et à priori il n'y a pas de raison que ça change avec ce quatrième album.

"Avernal Gate" nous accueille en acoustique et nous confirme que le groupe n'a rien perdu de sa capacité à pondre de belles mélodies et des ambiances aussi belles que prenantes, tout ça juste avant que la distorsion reprenne les rênes sur un tempo assez soutenu pour Khemmis. Le doom reprend viote ses droits lui aussi et on retrouve ce groove imparable surmonté de ce fameux chant clair qui nous envoie des lignes de chant toujours aussi inspirées et mélancoliques. On retrouve même un up-tempo à la limite du blast avec des cris pas loin du black metal en fin de morceau histoire de dynamiser encore des morceaux déjà bien vivants. On avait l'habitude d'entendre Khemmis durcir le ton par moments mais ce genre d'accélérations étaient tout de même rares, de quoi apporter quelques petites surprises dans une formule qui n'a pas vraiment changé. Les plus grincheux diront d'ailleurs que le groupe n'invente rien, ce qui n'est pas faux, mais quand c'est si bien fait et qu'il y a un tel talent de composition on s'en fout et on profite. Khemmis a un don pour envoyer de sublimes mélodies et créer des ambiances épiques alliées à un groove imparable, un peu dans l'esprit de ce que peut faire un Solstice. Sauf qu'on trouve chez ces Américains un côté rock, ou hard rock plus prononcé qui le rend d'autant plus groovy et accrocheur quand il se lâche. "Living Pyre" est d'ailleurs très efficace dans cette veine à la fois mélodique, accrocheuse et terriblement mélancolique. La musique du groupe peut certes rappeler certains grands noms mais Khemmis a tout compris et a un don pour créer ce heavy / doom épique qui brille une fois de plus de mille feux sur "Deceiver".

Ce nouvel album crée une fois de plus l'alliance quasi parfaite entre les mélodies mélancoliques et poignantes d'un côté et le groove efficace de l'autre, la formule est connue mais ça marche à tous les coups. Les quelques passages plus durs avec un chant plus crié et growlé se font d'ailleurs peut-être entendre un peu plus souvent cette fois et contribuent à donner un peu plus de variété à ce quatrième album. Khemmis n'a donc rien changé à sa formule mais rééquilibre quelques petits détails pour amener juste assez de changements pour qu'on n'ait pas l'impression d'entendre une énième fois le même album. C'est réussi et "Deceiver" frappe juste à tous les coups, sa durée de quarante-deux minutes lui permettant de garder son impact et de ne pas se perdre en route malgré des morceaux assez longs. "Obsidian Crown" nous fait entendre des lignes de chant lumineuses entre les growls et les riffs mélancoliques et durs, créant ceette fameuse impression de clair-obscur que le groupe maîtrise à la perfection. "The Astral Road", quant à lui, ferme l'album de manière bien plus heavy, épique et enlevée qui marque une rupture intéressante avec le reste de l'album plus lourd et plus désabusé. Comme une dernière charge en guise de baroud d'honneur, Khemmis jette ses dernières forces dans un morceau final épique. C'est non seulement un excellent moyen de terminer un album sur une note marquante mais aussi de donner envie de relancer l'album en question une deuxième fois. En tout cas, cette alliance entre le doom traditionnel, le heavy classique et une touche légèrement plus moderne sonne admirablement bien encore une fois et Khemmis prouve qu'il est devenu une valeur sûre du genre.

Pour faire simple, si vous connaissez Khemmis, tout est là et la déception est peu probable, si vous ne connaissez pas n'attendez plus et faites vous la discographie. Si le doom traditionnel et le heavy vous parlent et que vous voulez de l'épique, de la mélancolie et du groove, ne cherchez plus, vous avez trouvé !


Murderworks
Mars 2022




"Desolation"
Note : 17,5/20

Que de belles sortie passées ou à venir en ce moment ! Et ce n'est pas simple de rester patient lorsque l'on attend certains groupes, notamment comme Khemmis. Khemmis, qui ne cesse de grimper les échelons, se retrouve chez Nuclear Blast pour la version vinyle de son troisième opus, "Desolation". En effet, en seulement trois ans d'existence, les Américains ont largement convaincu avec une musique pleine de renouveau, de fraîcheur et d'inventivité, d'où bien sur notre empressement à l'écoute de ces six nouveaux titres pleins de promesses au vu du niveau des deux dernier albums, "Absolution" et "Hunted".

Rien qu'au visuel de l'artiste Sam Turner, on retrouve le groupe avec une mise en scène racontant une histoire au fil des pochettes. On retrouve aussi, et heureusement, Khemmis avec la musique et ce dès le début du premier et fantastique morceau, "Bloodletting", parce que le combo a une personnalité unique et très marquée. C'est donc avec grand plaisir que d'écouter à nouveau le chant clair si prenant de Ben Hutcherson, les riffs épiques / doom si dynamiques, la batterie toute en subtilité tout en restant martiale, et la basse qui pose une base bien lourde.

On a ainsi un début d'album plus épique que jamais avec "Bloodletting" qui déchire tout et surtout avec "Isolation" qui se révèle être ultra énergique avec des riffs résonnants comme des cavalcades dans une épopée héroïque et magique, tout en gardant un esprit doom. Khemmis a toujours largement eu ce côté épique mais, dans cet album, il est bien plus marqué, tout comme le côté heavy dans les riffs et solos de guitare. Sans être de gros changements, on discerne également quelques évolutions ou variations par rapport à la discographie passée. En effet, ce "Desolation" comprend des morceaux bien plus directs et beaucoup moins progressifs. On a donc des compositions moins complexes mais qui gardent une bonne dose de variété et de subtilité. Aucune chance d'ennui du coup, et l'écoute se veut plus lumineuse et moins mélancolique que dans le précédent album, "Hunted". Et même si ce côté "triste" est moins présent, on a de petites touches de temps en temps comme dans "Maw Of Time" qui est mélodique avec ses moments pas vraiment joyeux. "From Ruin", par contre, l'est du début à la fin avec ses riffs lancinants et plaintifs dans un doom sombre et mélancolique. C'est un superbe titre plein de pureté qui nous bouleverse.

Au niveau des changements, l'on remarque que le côté stoner, qui était surtout présent dans le premier opus, "Absolution", s'est encore plus effacé ici. Mais attention, là encore ce n'est pas une critique car le groupe sait évoluer sans choquer et gardant une musique de qualité. Et c'est la même chose pour le chant qui est seulement clair dans cet album. Les autres voix gutturales graves et aigues ne servent que de soutien sur courts et assez rares passages, tandis que celle plus rocailleuse "rock" a complètement disparu. Il est vrai que cela ajoutait un plus à la musique mais on imagine que c'est normal vu que le côté progressif est aussi moins présent, ça allait de pair. Par contre, le chant clair fait son travail à la perfection et nous fait oublier qu'il manque d'autres voix. On sent que Ben Hutcherson est de plus en plus à l'aise, surtout dans les graves, comme dans "Flesh To Nothing". Le chanteur a beaucoup de présence et on l'imagine facilement se transformer en sorcier dans "The Seer" qui est assez posé et qui sent bon la cérémonie lugubre.

Khemmis nous revient, vous l'aurez compris, différent tout en restant le même ! Cela nous apporte de nouvelles choses mais en conservant ce que l'on avait aimé par le passé. C'est bien joué et ce "Desolation" envoie du lourd. C'est comme toujours un excellent album plein de vie et qui nous sort de la routine auditive.


Nymphadora
Juillet 2018




"Hunted"
Note : 16/20

En 2015, les Américains de Khemmis, avec leur premier album "Absolution", s'étaient bien fait remarquer. Ils continuent sur leur bonne lancée et nous présentent aujourd'hui leur second opus nommé "Hunted". L'artwork est toujours réalisé par Sam Turner et nous raconte la suite de l'histoire avec le même personnage barbu. Tout comme son prédécesseur, "Hunted" nous réserve de beaux instants musicaux au fil de ses cinq titres pour une durée totale de 43 minutes que l'on découvre avec plaisir.

On constate que le groupe a vraiment une touche bien particulière que l'on reconnaît sans problème. La bonne dose de doom bien puissant, parfois plus dilué, est toujours là même si parfois il est plus complexe de leur coller une étiquette. Car en effet, cet opus est plus varié et nous emmène vers d'autres horizons comme avec le premier titre qui est bien épique, "Above The Water". Effet qui est d'ailleurs accentué par le chant nous rappelant Heri Joensen du groupe Týr. Le groupe est intelligent et ne s'enferme dans aucune case sans non plus nous livrer une bouillie indigeste que l'on ne comprendrait pas. Ici, la musique n'y va pas par quatre chemins sans aller non plus vers la facilité, c'est une parfaite et subtile balance qui rend les titres prenants et réfléchis. Certains riffs sont ainsi plus directs et d'autres plus sinueux, la structure des morceaux reste fluide avec des éléments qui forment un tout.

Cet album est plus mélodique et peut-être plus léger, nous emmenant vers de nouveaux horizons, mais il n'est pas linéaire et on a ainsi quelques surprises comme dans "Candlelight" qui présente un début aérien et une suite allant vers le funeral doom à coup de gros riffs bien lourds et traînants, et avec l'apparition de growls bien caverneux ou plus plaintifs. C'est une belle réussite, tout comme "Beyond The Door" qui se révèle être assez progressif et qui nous fait voguer entre des passages plus ou moins planants, reposants et touchants, et d'autres plus dynamiques voire même groovy. "Three Gates" est plus rentre-dedans avec un autre chant saturé, il n'est pas mauvais mais c'est sans doute le moins intéressant.

Et puis on termine avec "Hunted", le morceau de 13 minutes qui réunit tout ce que l'on a apprécié précédemment dans l'opus avec en bonus un rock stoner bien sympathique et des passages atmosphériques. C'est un bon album, différent du premier, mais toujours aussi immersif et de qualité.


Nymphadora
Novembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/khemmisdoom