Passé totalement sous mon radar jusqu’à ces derniers temps, King Apathy nous offre
"Wounds", son deuxième album. Mais est-ce réellement le deuxième album de la formation ?
Pas vraiment. Créé en 2007 sous le nom de Thränenkind, le groupe a sorti deux albums
sous ce nom avant de changer de nom en 2017. Côté line-up, rien n’a changé depuis le
changement de nom, on retrouve donc Matthias (basse, guitare, Bonjour Tristesse,
Heretoir, ex-Agrypnie), Hannes (batterie, ex-Downfall Of Gaia), Flo (guitare), Max
(guitare, Heretoir) et Nils (chant, Heretoir, Aschefall, ex-Fäulnis, ex-Ophis,
ex-Sakramortem) pour un post-black teinté de sludge enivrant. Pourquoi en dire plus
quand on peut écouter ?
L’album débute lentement avec "Civilization Kills", une introduction assez rapide mais qui
prend tout de même le temps de poser une ambiance sombre grâce à un sample et
quelques notes de guitare sans saturation, puis soudain c’est un torrent de musique noire et
mélancolique qui s’abat sur nous. A peine le temps de respirer que "The Scars Of The Land"
nous fond dessus avec la même férocité. Ce sont à nouveau des riffs froids et ténébreux qui
évoluent autour de nous avant de s’interrompre pour mieux reprendre à la suite d’un break
qui fait la part belle à la basse. Côté chant, la voix de Nils est glaciale et prenante, parfois
doublée d’un growl caverneux lointain, mais toujours en accord avec ces riffs emplis
d’émotions qui s’éteignent finalement dans le néant, pour reprendre avec "Cleansing". Le
démarrage est lent, mais l’ambiance s’instaure à nouveau, les sonorités enrichissent au fur
et à mesure la composition dont la rythmique finit par exploser avec un sursaut de violence
maîtrisée. Le tout s’adoucit, puis repart progressivement avec une batterie motivante.
Si l’expérience vous a plu, je vous invite à vous noyer dans "Great Depression", un morceau
plus tranchant, plus lent, mais qui avance pas à pas vers des sonorités épiques et
dissonantes qui forment le coeur du groupe grâce à une guitare lead d’une profondeur sans
nom. Le groupe nous lâche soudainement avant de reprendre sur l’introduction de
"Revelation Time", un morceau plus… énigmatique. Autant sur les autres titres, on pouvait se
douter de ce qui allait se passer, pour peu que l’on connaisse le style et les influences des
musiciens, mais celui-ci m’a paru être un véritable mystère à la première écoute. Le titre
prend fin pour laisser place à "He Missed The Stars", un morceau plus direct, et à la batterie
résolument plus axée sur un punk aux accents black par moments. Les passages
oppressants sont évidemment de la partie, tout comme les riffs glaciaux.
Nouvel aspect de la musique de King Apathy, "Reverence" apporte des choeurs presque
religieux à des sonorités sombres et torturées, alors qu’une voix samplée vient séparer le
morceau en deux. La guitare lead prend alors la parole pour apporter sa lumière salvatrice à
des riffs noirs et bourrés de désespoir, qui finissent à nouveau par s’éteindre. "Wounds", le
titre éponyme, prend la suite, et c’est un discours d’une infinie tristesse qui se déverse
devant nous, parfaitement servi par des instruments qui jouent lentement mais très juste, et
qui savent exactement comment faire pour nourrir cette dépression permanente qui sévit.
Malheureusement, nous arrivons déjà à "Earthmother Rising", le dernier titre de cet album.
Plus long que les autres morceaux, il instaure à lui seul sa propre ambiance, qui entremêle
mélancolie, tristesse mais également sonorités aériennes et quelques cris.
Avec "Wounds", il est impossible de ne pas dire que King Apathy a trouvé sa voie. Sombre,
déprimant, mais également d’une beauté que seuls les connaisseurs peuvent ne serait-ce
que soupçonner. Je regrette de ne pas avoir connu ce groupe plus tôt, mais je sais
maintenant que l’erreur est réparée, et je vous encourage à guetter une expérience live !
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