Le groupe
Biographie :

Kloct est un one-man band de black metal formé en 2012 et dans lequel opère Sophian Farah, batteur des groupes Allobrogia, Caïnan Dawn et Ohio Slamboys. Kloct sort un premier album, "Frei", en 2012, suivi d'un deuxième, "The Human Mind Path", en Octobre 2014, d'un troisième, "Healing", en Septembre 2017 chez Asgard Hass Productions, et d'un quatrième, "Years Of Silence", en Janvier 2020 chez Ultra Mundum Nostri.

Discographie :

2012 : "Frei"
2014 : "The Human Mind Path"
2017 : "Healing"
2020 : "Years Of Silence"


Les chroniques


"Years Of Silence"
Note : 16/20

Vous reprendrez bien un peu de black metal français ? Kloct nous amène son quatrième album "Years Of Silence" et continue son exploration spirituelle dans une veine assez mélodique et portée sur les ambiances. Le batteur de Caïnan Dawn et Allobrogia entre autres est seul maître à bord ici et Kloct est le véhicule de son questionnement.

L'album commence toutefois sans la moindre introduction et "Time For A Change" attaque d'entrée de jeu avec un rythme assez enlevé et des mélodies très présentes. Si les accélérations sont bien présentes les gros blasts ne sont pas pour autant au rendez vous et l'ambiance générale est assez introspective et mélancolique. Quelques structures plus tortueuses et quelques rythmiques plus saccadées font aussi leur apparition et prouvent que si Kloct a ses origines dans le black il ne s'interdit pas pour autant quelques discrètes influences extérieures. Tout ça pour un black metal assez personnel qui montre une patte de plus en plus affirmée au fil des albums et qui met cette fois la mélodie un peu plus en avant encore que sur "Healing" qui gardait encore une bonne tendance à bourrer les gros blasts qui tachent. Ces derniers se font encore entendre comme par exemple sur "Months Of Travel" mais deviennent plus discrets et la place qui leur est laissée s'est réduite. Ce n'est pas un problème puisque la musique de Kloct n'a jamais été basée sur l'agression pure et que les ambiances développées sont suffisamment prenantes pour ne pas avoir besoin d'un quelconque artifice. Quelques voix claires viennent s'ajouter au chant black typique et renforcent encore cette impression de mélancolie ambiante et d'introspection, ce qui est logique vu que les thèmes abordés sur les albums de Kloct se réfèrent justement à l'introspection. Une belle preuve de cohérence entre la musique et le propos que l'on ne retrouve pas forcément chez tout le monde. La plupart des morceaux sont assez longs et vont souvent flirter avec les six ou sept minutes, voire même neuf minutes pour "A Vision Of Harmony". A noter aussi que l'album est coupé en trois parties conceptuelles ("Rupture", "Connection" et "Renaissance") et que le passage de l'une à lautre s'entend aussi musicalement, vous aurez donc compris que "Years Of Silence" s'appréhende comme un tout et qu'il est vivement conseillé de l'écouter d'une traite.

Le black metal de Kloct est certes froid mais la haine et les déferlements de violence brute n'ont pas vraiment leur place ici. On peut entendre quelques accès de violence, notamment dans la première partie et à la fin de "Embracing The Elements" mais ne vous attendez pas à vous faire rouler dessus du début à la fin. Le fait de ne faire apparaître les blasts que lorsque le propos le demande leur donne justement plus de force et d'impact. D'ailleurs, malgré la longueur des morceaux, l'album ne s'enlise jamais et la diversité de ses influences apporte une richesse qui permet à Kloct de rendre son black metal prenant et évocateur. Les puristes trouveront sûrement ça trop soft et pas assez true mais le but n'était pas de refaire un album qui a déjà été fait des centaines de fois. Si l'on peut pointer facilement l'influence évidente du black norvégien, il est assez difficile de comparer la musique de Kloct à celle d'autres groupes, ce qui soit dit en passant est bon signe et prouve que ce projet a sa personnalité propre. Quelques dissonances se font entendre dans les riffs de temps en temps mais c'est ce que vous entendrez de plus froid et de plus sombre ici, les ambiances malsaines n'étant pas vraiment à l'ordre du jour. On entend aussi quelques passages dotés de sonorités plus modernes que l'on pourrait à la limite qualifier de post-black. En tout cas, si "Years Of Silence" dure près d'une heure, on ne trouve jamais le temps long et Kloct arrive à nous tenir en haleine à la fois par la puissance de ses ambiances et de ses mélodies, la richesse de ses influences et les structures et rythmiques assez variées qu'il met en place. Ce nouvel album ne tombe jamais dans une quelconque routine et balance toujours un petit quelque chose pour nous surprendre. Pour ce qui est du son et de la production, sachez que "Years Of Silence" a été réalisé entièrement par le maître d'oeuvre, en dehors du mastering réalisé par Ludovic Tournier, et que ça sonne très bien dans le genre !

Nouvel album encore un peu plus mélodique que le précédent mais toujours aussi personnel et riche. La variété des influences utilisées permet d'ajouter une bonne profondeur aux sonorités black metal plus classiques et font de "Years Of Silence" un album exigeant et relativement atypique.


Murderworks
Mars 2020




"Healing"
Note : 18/20

Kloct est un projet solo de black metal français, créé en 2013 en Savoie. Je dois avouer mon ignorance totale vis à vis de ce projet, malgré les trois albums déjà sortis par la tête pensante du groupe. Au premier abord, Kloct affiche déjà une esthétique bien particulière. L’artwork de l’album représente en effet un être humain assis en tailleur, sur un fond galactique. La présence de symboles représentant visiblement les chakras laisse suggérer un thème général porté sur la spiritualité. Et il s’agit, en effet, d’un album concept. Chaque titre représentera un chakra, et sera une invitation à nous libérer du carcan de notre vie dans la société moderne et à nous élever par le biais de notre propre développement individuel et spirituel. Pourquoi pas ? Je n’ai pas envie d’entrer dans un débat, mais on pourrait citer des milliers d’exemples allant dans le sens de ce postulat de départ : notre mode de vie actuel nous rend fous, et nous avons besoin de nous recentrer sur nous-mêmes.

Parlons musique maintenant. C’est très bon. Voilà, fin de l’histoire, rideau. Diverses influences se côtoient sur cet album, sans jamais se détruire mutuellement. Il est facile quand on se lance dans une production assez expérimentale que le rendu fasse fouilli et soit totalement indigeste. Ce n’est pas le cas ici. Kloct propose des ambiances travaillées, et différentes. La production est soignée et permet de discerner les nuances musicales de chaque instrument ce qui permet à l’atmosphère rendue de prendre une véritable ampleur. Il y a des moments particulièrement planants (je citerai "Svadhistana" comme exemple). Les titres s’enchaînent avec une remarquable facilité, comme si toutes les compositions avaient été pensées pour former un tout unique. En vérité, à ma première écoute de l’album, j’ai eu l’impression qu’il s’agissait d’un long monologue qui n’aurait AUCUN sens si on ne l’écoutait pas dans l’ordre dans lequel Kloct a choisi de nous le présenter. Ce serait comme ouvrir un livre à une page au hasard et ensuite s’étonner de ne rien comprendre à l’intrigue. Il y a de véritables moments de beauté sur cet album. Je retiendrai personnellement "Manipura" et "Anahata". Je pense très honnêtement que les amateurs de black pur peuvent y trouver leur compte, même si évidemment, on sent des influences qui donnent un aspect plus post-black qu’autre chose à l’album. Ils regretteront peut-être le manque de brutalité pure, mais après tout, le titre de l’album est "Healing" et pas "Hurting". On nous a annoncé la couleur dès le début, et il n’y a pas mensonge sur la marchandise.

Kloct est pour moi une véritable surprise, et elle est foutrement bienvenue. Il est rare de tomber sur des groupes qui se diversifient à ce point, que ce soit au niveau sonore, mais aussi au niveau du concept. C’est un album qui fait du bien. Au cinéma, on a ce qu’on appelle les "feel good movies". Le concept existe-t-il dans le metal ? Peut-être bien que oui. Kloct nous offre ici un album puissamment humain, jouant avec brio avec les différentes émotions qui habitent notre frêle enveloppe charnelle... et en ce sens, le qualificatif de "Human Black Metal" n’est peut-être pas si mal trouvé.


Velgbortlivet
Décembre 2017




"The Human Mind Path"
Note : 16/20

Un one man-band de black metal, ce n’est pas rare... Un one-man band avec un vrai batteur et qui assure tous les instruments de l’album, c’est déjà plus rare et, comble du comble, qui affiche d’excellentes compos, c’est encore plus rare. Kloct et son unique membre nous offre une vision du black metal complètement différente, une vision très personnelle sans être déroutante car je retrouve les "codes" du genre. Par contre, la différence profonde se fait dans l’approche de la musique, une approche dense, généreuse et remplie de mélodies.

Le premier morceau, "Iconic Slavery", ne souffre pas de son côté autoproduit, bien au contraire, la production est claire, mettant en valeur chaque instrument et chacune des notes qui garnissent les lignes musicales. Au niveau du chant, rien à dire, même s'il manque un peu de nuances, il reste toutefois complétement au service de la musique qui le lui rend bien d’ailleurs. Sur ce morceau d’ouverture de 6 minutes et demie, j’ai même l’honneur d’entendre quelques accélérations foudroyantes, bien senties, qui, elles aussi, honorent dignement toute la musicalité de la compo. "There Is Always Someone To Blame" (eh oui, il y a toujours quelqu’un à "blamer" dans ce bas monde) démarre calmement, parfois de façon oppressante. Là aussi, je découvre l’univers un peu lyrique de Kloct qui, pour ce titre-là, me régale grâce au chant sur trois niveaux qui alterne plus ou moins durant toute sa durée. Les chœurs sont juste comme il faut, la voix se fait plus profonde sur certains passages, bref, là encore, j’adhère complétement à la démarche. Si cet album de Kloct offre une vision différente du black metal, elle l’honore aussi avec beaucoup d’émotion et de puissance. Franchement, c’est tout de même bluffant un tel résultat. "Warming Coldness" est lui aussi excellent. 3 compos, 3 réussites ! Sans vouloir en détailler plus au niveau des compositions, je me suis penché lors de ma seconde écoute sur le côté production de "The Human Mind Path". Pas de "french touch" ici car musicalement, cet album pourrait provenir de n’importe quel coin de la planète, ce qui veut dire dans ma langue normande que c’est un putain de gros gage de qualité. Aucun côté frenchie donc et une prod' totalement honorable, bien meilleure même que celle de groupes prétentieux et signés sur des labels. La démarche de Kloct est saine, sans artifices, purement émotionnelle, sans autre prétention que de faire partager une émotion et un sens de la composition qui force le respect . "A Sky Full Of Black Birds" résume parfaitement ce que je viens d’écrire. Tout est condensé dans ce morceau riche de notes et loin de toute lassitude d’écoute. Le sans-faute, la classe ! Kloct prouve avec "The Path", un morceau de black metal traditionnel, très rythmé, que même avec une compo un peu plus basique et essentiellement basée sur le jeu de batterie, il a un niveau et une approche passionnante de sa musique.

Alors finissons dignement l’album et par la même occasion cette chronique par une phrase simple : certains savent appréhender la musique mieux que d’autres. Kloct confirme ce vieil adage. Chapeau ! A écouter d’urgence et à soutenir sans limites.


Davidnonoise
Novembre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.frei1.bandcamp.com