Le groupe
Biographie :

Kvelertak signifie "mainmise", "étranglement" ou "étouffement" en norvégien. Ce sextet formé en 2007 est originaire de Stavanger, en Norvège. La musique de Kvelertak incorpore des éléments de punk, de metal ou encore de black metal et compte parmi ses influences des groupes tels que Turbonegro, Entombed ou Satyricon et bien d’autres. Kvelertak a rencontré un très grand succès dès son premier album "Kvelertak" sorti en 2010 chez Indie Recordings (1349, Cult Of Luna, Enslaved, Satyricon). Le groupe signe chez Roadrunner en 2013 avant de sortir son deuxième album "Meir". Les deux albums ont été enregistrés et produits au GodCity Studio par le mythique Kurt Ballou (Converge). John Baizley (Baroness) s’est chargé quant à lui de la conception de l’univers graphique de Kvelertak dès l’album éponyme. Depuis 2010, Kvelertak n’a cessé d’enchaîner les tournées un peu partout dans le monde, aux côtés de Black Tusk, Cancer Bats, Converge, Kylesa, Torche, Toxic Holocaust ou encore Truckfighters. Le troisième, "Nattesferd", est sorti en Mai 2016. Le quatrième album, "Splid", est sorti en Février 2020 chez Rise Records, le premier avec Ivar Nikolaisen au chant.

Discographie :

2010 : "Kvelertak"
2013 : "Meir"
2016 : "Nattesferd"
2020 : "Splid"


Les chroniques


"Splid"
Note : 14/20

Nous sommes tous très sensibles à la "Voix" d'un groupe, c'est pourquoi, quand Erlend Hjelvik a annoncé en Juillet 2018 qu'il quittait le groupe, sans même honorer les concerts à venir, ce fut un petit choc parmi les fans. Il faut dire que remplacer une telle personnalité semblait être une entreprise plutôt ardue. Non seulement à cause de son charisme sur scène, mais aussi et surtout à cause de sa voix black metal rugissante. C'est donc le nouveau vocaliste Ivar Nikolaisen qui a remplacé au pied levé Erlend pour assurer la tournée. Et il va sans dire que nous étions tous impatients et inquiets de découvrir les performances live dudit crieur. Pour ma part, j'ai été tout à fait convaincue par l'énergie du nouveau frontman. Un chant bien moins bestial que le précédent et plus dans l'énergie hard rock tant au niveau de la voix que des attitudes scéniques. Une atmosphère somme toute différente mais très rock'n'roll dans l'âme et sans dénaturer les morceaux de Kvelertak. La vraie dernière interrogation se posait sur la composition d'un nouvel album sous cette formation toute fraîche. Voilà la réponse avec la sortie de "Splid". Kvelertak a-t-il dû s'adapter au nouveau style de chant ou le contraire ? Est-ce que le style musical a changé par voie de conséquence ?

A la première écoute de "Splid", j'ai l'impression qu'aucun morceau ou presque (en fait si, mais on en parlera plus tard) n'a véritablement retenu mon attention. J'ai le sentiment d'un album assez uniforme et sans réelle surprise. Et malgré plusieurs écoutes ultérieures, les compositions ne réussissent toujours pas à créer un quelconque émoi. D'abord, il faut dire que la voix d' Ivar Nikolaisen est certes brute, énergique, punk à souhait ! ...Oui, mais... Oui, mais ce n'est pas celle de Erlend Hjelvik. Malgré toute la bonne énergie du frontman en concert, sur album Ivar Nikolaisen n'arrive pas à faire oublier la voix remplie de testostérones du chaman au masque de hibou. Si l'on est attaché à l'identité du groupe, il est assez difficile d'en faire abstraction. En revanche, il serait faux de dire que c'est uniquement à cause du chant que "Splid" m'a moins convaincue que ses prédécesseurs. A l'image d'un chant moins brutal et moins sombre, les compositions ont perdu en lourdeur et en originalité. On retrouve l'univers hard rock mélodique de Kverlertak, avec des structures et des mélodies qui rappellent Mastodon (le bassiste Troy Sanders fait d'ailleurs la voix guest sur le morceau "Crack Of Doom") ou encore Baroness, mais leur touche d'originalité en moins, à savoir les ambiances et rythmiques black metal. Et qu'on le veuille ou non, cela change tout. "Splid" est un album honnête, et qui délivre tout de même un hard rock de qualité, mais qui pour ma part, manque d'ampleur et de diversité.

Mais tout de même, soyons honnêtes. Ô surprise ! Deux titres sortent du lot. L'avant-dernier morceau "Delirium Tremens" arrive comme une délivrance et s'impose comme LA petite perle d'inventivité et d'audace de l'album. Il était temps ! Le début, trompeur, est moulé sur le même modèle mélodique que les autres titres. Mais rapidement, Delirium déroule 8 minutes de musique explosive avec une progression dans la violence des rythmes et des riffs pour enfin revenir à des bases Black. Mieux, Ivar montre une capacité jusqu'alors insoupçonnée, à pouvoir pousser son chant dans une voie plus extrême. Le dernier titre "Ved bredden Av Nihil" - moins créatif mais tout aussi qualitatif - termine cet album dans le même esprit de rageux que "Delirium Tremens". En réunissant tout ce que l'on avait aimé chez Kvelertak jusqu'alors.

"Splid" album du changement, n'aura pas réussi à me charmer. Mais avec "Delirium Tremens" et "Ved bredden Av Nihil", je suis rassurée sur le potentiel du groupe, et j'ose espérer que le prochain album sera à l'image de ces morceaux.


Miss Bungle
Mars 2020




"Nattesferd"
Note : 14/20

Kvelertak est un groupe norvégien que je qualifierai d’extrêmement bizarre. Mais bizarre dans le bon sens. Il est pour moi très difficile de leur coller une étiquette car le groupe évolue entre les frontières floues de plusieurs styles. Et c’est clairement ce qui fait leur force et leur originalité. Mais tout de même, la dernière fois que j’ai écouté Kvelertak, j’ai eu cette impression très étrange de nager entre surexcitation et schizophrénie. Une expérience qui était donc tout à fait singulière.

L’album s’ouvre sur "Dendrofil For Yggdrasil". Et dès ce premier titre, on comprend que Kvelertak est encore parti plus loin dans leurs influences. Bien entendu que ça sonne black metal au premier abord... mais c’est loin d’être du black metal au sens premier du terme. Encore une fois, la question des limites entre les genres se pose. Existent-elles vraiment si Kvelertak arrive à s’en défaire aussi facilement ? Avec "1985", j’ai vraiment eu l’impression d’entendre des hommages non dissimulés à Van Halen. Et ce titre est un joyeux bordel, n’ayons pas peur de le dire. Mais il est aussi monstrueusement jouissif. Cet album a donc un côté fun que les Norvégiens ne cherchent pas à cacher. Tout cet album est fait pour bêtement prendre son pied musicalement sans se poser de questions. Le morceau suivant, "Nattesferd", en est l’illustration. Il n’y a pas vraiment de continuité avec les titres précédents. J’ai eu cette impression que Kvelertak avait refusé toute limite, et s’était juste fait plaisir. Car pour naviguer aussi aisément entre les styles en se fichant de ce qu'on va en penser... Chapeau bas. De même, "Svartmesse" développe un univers qui lui est propre sans aucun rapport direct avec le morceau précédent.

Je reste un peu plus sceptique sur "Bronsegud" que je ne trouve pas aussi entraînante que les autres, mais le rendu reste sympathique à écouter même si je n’y trouve pas mon compte. Mais je reprends aussitôt confiance avec "Ondskapens Galakse" qui est un délire total pendant cinq bonnes minutes. Ce côté old school me plaît énormément. Et j’ai eu l’impression de découvrir une autre facette du groupe qui n’avait pas encore été dévoilée. Suit "Bersekr" qui est une des grandes réussites de cet album, sans aucun doute possible. Ce titre est foutrement jouissif et donne envie de sauter partout. L’album se termine sur "Heksebrann" et "Nekodramus" qui apportent leur lot de joyeusetés et de moments d’interrogation. Je me suis plus d’une fois demandée où Kvelertak voulait en venir avant de me souvenir que c’était justement Kvelertak et que je cherchais probablement une logique là où il n’y en avait aucune.

J’ai toujours trouvé que Kvelertak était un groupe original et ambitieux. J’en reste convaincue avec cet album. J’éprouve une certaine admiration devant la façon presque désinvolte avec laquelle les musiciens sautent d’un registre à l’autre sans sembler éprouver de difficultés. Leur facilité pour ignorer des barrières sur lesquelles bien des groupes s’écrasent mérite pour moi le respect. Et il y a à boire et à manger dans cet album. Je pense que chacun y trouvera son compte et pourra trouver dans "Nattesferd" un titre particulièrement jouissif qui lui donnera envie de sautiller partout comme une chèvre totalement folle. Et c’est ce qui fait la magie du groupe : cette possibilité d’unifier des publics totalement différents sous une même bannière, celle du "Amuse-toi, bois un coup et ferme ta gueule". Et ça, ça me plaît énormément.


Velgbortlivet
Juillet 2016




"Meir"
Note : 15/20

Kvelertak fait partie de ces groupes qui nous rappellent que le metal vient du rock'n’roll. Toutefois, lister les influences de Kvelertak reviendrait à deviner la composition de la gnôle à laquelle se rincèrent des Tontons Flingueurs dans la cuisine d’une demeure bourgeoise à une heure tardive. Du punk ? Y’en a… Du rock'n’roll, du black metal, du heavy metal, du hardcore ? Y’en a aussi… Avec "Meir" ("plus" ou "davantage" en norvégien), Kvelertak passe haut la main le défi que peut représenter un deuxième album pour un groupe qui a connu un succès retentissant dès son premier LP. "Meir" est pêchu et hargneux, ce qui fera plaisir aux fans de la première heure.

Ces Norvégiens savent s’entourer. Dès le premier album ("Kvelertak", sorti en 2010), Kvelertak avait fait appel à Kurt Ballou (Converge) pour la production et à John Baizley (Baroness) pour la pochette. Il y a apparemment un dicton en norvégien qui dit "qu’on ne change pas une équipe qui gagne", car Ballou et Baizley sont également de la partie pour cette deuxième galette. Pour l’anecdote, la pochette de "Meir" serait la première création de Baizley après l’accident de bus de Baroness lors de la tournée du groupe en 2012. Une fois encore, la production assurée par Kurt Ballou est impeccable, à la fois chaude, brute et naturelle. Comme sur le premier album, c’est Bjarte Lund Rolland (guitare) qui est à l’origine de la plupart des compositions. Et ce grand bonhomme sait ce qu’il fait, c’est le moins que l’on puisse dire. Les mélodies sont accrocheuses et les riffs, souvent joués à l’unisson par les trois guitares et la basse, sont plus épais que les murs d’un bunker. Les arrangements enrichissent intelligemment les compositions, tout en conservant leur clarté et leur efficacité. De nombreux breaks ajoutent de la couleur, même sur des titres assez courts. Sur "Snilpisk", la transition entre le pont, très oriental, et le blast beat qui suit est simplement épique. Kvelertak sort les guitares acoustiques comme sur l’outro de "Evig Vandrar" ou saupoudre discrètement des percus à main comme sur "Trepan". Un piano s’incruste sur l’intro de "Undertro" / outro de "Nekrokosmos". Et il y n’a de solos de guitare que lorsqu’ils apportent vraiment quelque chose (sur "Månelyst", on se croirait presque à San Francisco en 1986). Appelons ça un signe de maturité.

En parlant de maturité, un chanteur qui sait la fermer de temps en temps pour laisser la place à des passages instrumentaux très pertinents, et bien ça fait plaisir. Et de ce côté-là, Erlend Hjelvik fait preuve de beaucoup de goût. Ce mec n’est décidément pas content, et son chant reste tout aussi agressif que sur l’album précédent. Les chœurs sont employés dans la plus pure tradition punk/hardcore, comme sur le titre éponyme, ou bien à l’unisson avec la guitare comme sur "Bruane Brenn". Marvin Nygaard est irréprochable à la basse. La batterie est ultra-efficace, avec juste qu’il faut de changements de rythmes et de fills pour renforcer la cohérence de Meir. Le son de la batterie est chaud et naturel ; pas de triggers à l’horizon. Kjetil Gjermundrød a un jeu puissant et élégant, et ses lignes servent parfaitement les morceaux. Il est notamment excellent sur la longue outro de "Undertro".

Kvelertak donnerait presque envie de se mettre au norvégien, pour pouvoir hurler en cœur en écoutant "Meir". Car ce groupe redonne ce plaisir pour beaucoup oublié de headbanguer comme un débile sur du bon metal, sans être foutu de savoir de quoi parlent les morceaux. Amis feignants, rassurez-vous : le air drumming et le air guitar marchent très bien aussi. N’en déplaise aux puristes, si Kvelertak réussi à glisser des blast beats dans des oreilles des hipsters du coin, c’est une bonne chose ! Ce groupe touche finalement un public assez large, comme on peut le constater lors de leurs excellentes prestations live. Seul petit bémol : "Meir" ne présente pas de grande surprise par rapport à l’album éponyme. Kvelertak avait alors défini une identité forte, et les Norvégiens ont visiblement décidé de s’y tenir, bien leur en a pris. Meir est un très bon album qui donne la patate. A écouter le matin et le soir, de préférence après le repas.


Quota
Décembre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.kvelertak.com