Le groupe
Biographie :

Lemuria est un groupe belge de black metal symphonique formé en 2001 et actuellement composé de : Bart De Prins (basse / Calmetholt, ex-Silent Secrets, ex-Spinal Chill), Vincent Pichal (batterie, percussions, clavier, orchestrations, chant / Calmetholt, ex-Angeli Di Pietra, ex-Spinal Chill), Gaël Sortino (guitare / ex-Angeli Di Pietra), Jeroen De Kooning (guitare / Calmetholt, Catharsis Fatalis) et Daan Swinnen (chant / ex-Bloodrocuted). Lemuria sort son premier album, "Tales, Ale And Fire", en autoproduction en Février 2005, suivi de "Chanson De La Croisade" en Novembre 2010, et de "The Hysterical Hunt" en Janvier 2019 chez Massacre Records.

Discographie :

2002 : "The Vault Of The Witness" (Démo)
2004 : "Tales, Ale And Fire"
2010 : "Chanson De La Croisade"
2019 : "The Hysterical Hunt"


Les chroniques


"The Hysterical Hunt"
Note : 19/20

Jusque lors, Lemuria avait réussi la prouesse de passer en dessous de mon radar, mais cette erreur est à présent réparée avec "The Hysterical Hunt". Créé en 1999 sous le nom de Spinal Chill en Belgique par Bart De Prins (basse, Camletholt) et Vincent Pichal (batterie / orchestrations, Calmetholt, ex-Angeli Di Pietra), le groupe connaît des débuts difficiles. Côté line-up, on retrouve Gaël Sortino (guitare, ex-Angeli Di Pietra), Jeroen De Kooning (guitare rythmique, Camlethot, Catharsis Fatalis) et le dernier arrivé Daan Swinnen (chant, ex-Bloodtrocuted) sur ce troisième album, mais également les voix d’Alexandra Kastrinakis (Daedric Tales , Herbert Flack et Sophia Poppy Verrept. Vous avez déjà été à l’opéra ? Vous voyez ce que donne un black / death symphonique aux accents folk et mélodiques ? Vous visualisez les deux ensemble ? Eh bien vous allez découvrir ça tout de suite.

L’introduction, "Prologue (The Land Of The Beast)", donne tout de suite un aperçu de l’univers dans lequel nous nous apprêtons à plonger. Sombre, inquiétant, mystique, mais aussi épique. Ce sont d’ailleurs ces orchestrations qui nous mènent droit vers "A Plague Upon The Land", après quelques murmures enfantins. Et c’est une rythmique intransigeante qui nous assaille directement. Quelques samples pour contribuer à cette ambiance horrifique, un scream perçant et un blast furieux, voilà ce qui fait la recette de Lemuria. Un sample vient interrompre la rythmique, mais elle repart bien vite, avec parfois des hurlements caverneux. C’est sur une cloche d’église et des hurlements de peur que débute alors "The Hysterical Hunt", ce qui me confirme l’ambiance glauque et glaciale qui sévit depuis le début, et on note que le côté symphonique est un peu plus présent que sur le titre précédent, avec notamment un clavier mystique, un chant féminin, et cette voix samplée qui nous explique l’univers dans lequel nous sommes. On y parle donc de démons, de sorcellerie et d’un loup-garou, mais ces éléments semblent évidents tant les influences gothiques de la musique du groupe sont évidentes. Le son de "Between Man And Wolf" est un peu plus lourd, mais c’est toute l’ambiance qui suivra cette tendance, bien qu’entrecoupée par des passages piochant dans la musique folklorique pour alimenter la rythmique, qui accélère sensiblement.

L’histoire continue avec "As Darkness Falls", une introduction qui fait monter la pression avec des claviers et des chants à la limite entre religion et blasphème, avant de partir sur "Of Winter And Hell". A nouveau, cette ambiance sombre et malsaine nous frappe, mais au fur et à mesure du morceau, la rythmique devient de plus en plus épique, et est sur une touche presque joyeuse, mais en tout cas très mélodique que les riffs s’éteignent. Retour des influences épiques pour "A Secret Life", une chanson très entraînante et dont le sublime chant féminin contraste énormément avec le scream à glacer le sang de Daan, mais ces deux voix s’allient à la perfection, et renforce encore davantage l’aspect historique. Pour ceux qui ne suivent pas, c’est l’histoire de la bête du Gévaudan qui est abordée, comme le précise la voix, et la musique repart. Du fait de sa longueur, le groupe se permet d’inclure au titre plusieurs breaks samplés pour finalement mieux repartir, et terminer avec un clavier ténébreux. Ce même clavier sera dopé aux hormones symphoniques, puisqu’il relancera un son mélancolique et planant nommé "Deceptive Hibernation", alors que les autres instruments nous assaillent en continu. Le son est parfait, le mix n’oublie aucune note, et le chant qui s’ajoute par dessus est tout bonnement incroyable. La violence est évidemment au rendez-vous, de même que la rapidité, mais cette pièce de théâtre auditive qui se déroule à un rythme effréné est d’une richesse absolue, et il est absolument impossible de s’ennuyer un seul instant, tant cette alternance de sons est intéressante.

Nouvelle pause atmosphérique et instrumentale avec "An Elusive Monster", qui monte également crescendo en intensité avant de nous lâcher sur "Endgame (The Impending Truth)". Très saccadé, ce morceau est également celui dont le son est le plus froid, mais aussi le plus imposant. Le chant féminin donne également ce côté inaccessibles aux riffs, et la reprise growlée est d’une puissance incommensurable. Alors non, ce titre n’est pas le plus lourd, le plus rapide ou le plus mélodique, mais il a pour moi tout un univers à lui tout seul, et sa longueur fait également sa force, puisque le morceau passe par plusieur “phases” pour dévoiler tout son potentiel. Beaucoup plus lente, "Epilogue (Before The Dawn)" est également très mélancolique, et pour peu que vous ayez un minimum de sensibilité artistique, vous serez happés tout entier par ce morceau planant. Les riffs se renforcent, mais gardent cet attrait émotionnel. Dernier morceau, qui fait office de piste bonus, "A Dream That Never Came" débute à nouveau par cette voix féminine douce et calme, et c’est la demoiselle qui va mener la barque jusqu’à la fin du titre.

En recevant cet album de Lemuria , je ne pensais pas découvrir un véritable univers entier, riche et enchanteur. "The Hysterical Hunt" n’est pas un simple album, c’est un réel conte, une histoire d’horreur et une berceuse à la fois. Tous les éléments ont été travaillés pour s’enchaîner à la perfection, et bien qu’il dure plus d’une heure, l’album entier s’écoute en une seule fois. Je me permets cette dernière phrase après la troisième écoute : plus on entend les titres, et plus on découvre d’harmoniques, d’aspects et de recoins de leur musique.


Matthieu
Février 2019




"Chanson De La Croisade"
Note : 18,5/20

Fabuleux, tout bonnement fabuleux. Ce groupe est doté d'un génie rare, il sait écrire des chansons, il sait les interpréter, il donne des frissons et procure du plaisir.... La musique de Lemuria c'est une véritable bande originale de film, quelque chose de grandiose, de l'action, de l'exotisme, de la fantasy, de la magie, un voyage rempli de terres inconnues et de couleurs vives qui nous emmène vraiment très loin. Ce groupe vient de Belgique, formé en 2001, et après deux démos, propose un album in-ratable, inimitable et obligatoirement formidable.

Entre musique médiévale, celtique, heroic fantasy, black metal symphonique presque folk, et envolées lyriques, "Chanson De La Croisade", ce premier album est écrit avec une grande qualité et une extrême habileté. Il s'agit d'une oeuvre musicale originale, pensée et composée avec des calculs minutieux pour donner à l'auditeur cette impression de grands espaces. Un peu comme si vous étiez dans votre salon, devant un James Bond, avec le plus efficace et performant des home cinema, boosté comme pas possible, une dizaine d'enceintes, un dolby surround à décaper le mont Chauve, un caisson de basse de l'enfer, et en avant Guinguamp !!! Dans sa catégorie de black symphonique, Lemuria ne déborde pas de transcendance, mais transpire l'intelligence, car on pourrait les comparer à des couches superposées en même temps de Dimmu Borgir / Turisas-Finntroll / Bal Sagoth ces trois groupes représentant bien à eux trois un raccourci du style de Lemuria. Ce magnifique opus de 64 minutes nous démontre qu'on peut écrire encore de la musique à tendance black metal en faisant un peu avancer les choses. L'aspect musical étant plus mis en avant évidemment que l'aspect malsain à l'origine du mouvement.

Oui, le côté Dimmu Borgir se retrouve d'abord dans la voix qui est proche de celle de Shagrath, dans l'agressivité qu'il reste encore à Dimmu Borgir et dans les symphonies black. La facette Turisas, comme on peut l'écouter sur leur album "The Varangian Way" se retrouve sur l'aspect très folk par moments de la musique de Lemuria. Et enfin cette appréciation à la Bal Sagoth se constate forcément sur les passages très heroic fantasy. C'est un album ambitieux que nous avons ici, avec une production absolument pas surfaite et plutôt parfiat où les orchestrations sont tellement prenantes, qu'on ayrait envie qu'elles durent plus longtemps. L'introduction de cet album "Occitania Anno 1209" annonce en moins de deux minutes la grandeur de l'album lui même, avec une ouverture vraiment similaire aux plus grands blockbusters du cinéma américain. Aération, thèmes superbement abordés, pas de redondance, évolution, samples, claviers aventureux, musique de film, cet album n'a pas de défaut à part sans doute celui de ne pas être sur une major. C'est du grand art où les titres "metal" black sympho et folk sont entrecoupés par ces interludes originales proches des écriture saintes de Loreena McKennitt, un chef d'oeuvre qu'il faut écouter dans son intégralité afin d'en suivre tout le concept. Mais il n'est pas difficile d'en arriver à bout, vu la beauté de la chose. On se plait à l'écouter en toutes circonstances et on a vraiment envie d'en vivre toutes les aventures.

Lemuria a posé une pierre à l'édifice avec cet album, et franchement, ce groupe mérite toutes les attentions parce que ce "Chanson De La Croisade" fait partie des must. Lorsque des groupes comme celui-ci viennent à émerger, c'est dans des moments comme celui-ci que l'on est content, heureux et fier d'écouter de la musique extrême qualifiée "metal".


Arch Gros Barbare
Mars 2011


Conclusion
Le site officiel : www.lemuria.be