Le groupe
Biographie :

Lethian Dreams vit le jour en 2002 des mains de Carline Van Roos (Remembrance, Aythis) et Matthieu Sachs (Remembrance). Le premier album "Bleak Silver Streams" sortira en 2009 après 7 années d'existence du groupe. Avec le second opus "Season Of Raven Words", le groupe s'éloigne doucement du doom metal de ses débuts, en explorant un son plus éthéré et des riffs de guitares plus bruts. Inspiré par la nature, le passage des saisons, les sentiments et la solitude, "Season Of Raven Words" est l'aboutissement du travail musical du groupe et le parfait mélange entre la musique atmosphérique et sombre. L'album suivant, "Red Silence Lodge", sort au printemps 2014. "A Shadow Of Memories" sort en Septembre 2020.

Discographie :

2009 : "Bleak Silver"
2011 : "Just passing By & Unreleased Requiems" (Compilation)
2012 : "Season Of Raven Words"
2014 : "Red Silence Lodge"
2020 : "A Shadow Of Memories"


Les chroniques


"A Shadow Of Memories"
Note : 18/20

Fermez les yeux, et découvrez l’univers de Lethian Dreams. Créé en 2002 (en tant que Dying Wish) par Matthieu Sachs (guitare, Remembrance, ex-In Somnis) et Carline Van Roos (chant / claviers / basse / guitare, Remembrance, Aythis, ex-In Somnis), le groupe recrute divers musiciens, mais reste centré sur ce noyau. Après trois démos et un album, le groupe déclare ne plus utiliser de chant saturé, puis l’aventure continue. En 2013, Pierre Bourguignon (batterie, Livor Mortis) rejoint l’aventure, et le groupe nous offre sept ans après "A Shadow Of Memories", son quatrième album.

Il serait difficile de décrire précisément l’univers musical de Lethian Dreams , et ce n’est pas mon but. Il est clair que mélodicité, doom et post-metal font partie intégrante de leur univers, mais le groupe évolue à chaque album. Comme ils l’ont déclaré il y a des années, il n’y aura pas de chant saturé, pourtant les musiciens savent apporter de la lourdeur à leurs compositions, tout comme une douce oppression. Le duo basse / batterie peut se montrer imposant comme sur "Mist Of Memories", mais le groupe peut également apporter des influences plus sombres, à l’image de "Tidal".

Il est aisé de trouver un titre qui nous plaît dans l’univers de Lethian Dreams, comme des claviers enveloppant une rythmique apaisante sur "You Say", des mélodies entêtantes pour "Never Be Found" ou encore l’extrême mélancolie d’"Only A Past". Ce titre est d’ailleurs celui qui a le plus retenu mon attention. Il n’est ni le plus violent, ni le plus lourd, ni le plus triste, mais… je l’aime, tout simplement. "Your Silence" pioche à nouveau dans cette mélancolie, cette oppression et cette langueur. Pourtant, on y ressent des influences black metal, que ce soit dans les harmoniques, les paroles ou même l’ambiance générale. Pourtant, le chant reste enchanteur et doux. Cet enivrant contraste nous pousse jusqu’à "And Hollow", le dernier morceau. Doux mais prenants, les riffs s’embrasent. Le groupe nous offre une dernière fois cette intensité que l’on aime.

Lethian Dreams ne se contente clairement pas d’un seul style. "A Shadow Of Memories" pioche dans des éléments post-metal, black et mélodiques pour enrichir un doom / gothique d’une qualité exceptionnelle. Et permettez-moi de le dire, c’est français, alors soyons-en fiers.


Matthieu
Novembre 2020




"Red Silence Lodge"
Note : 16/20

Troisième album pour les Français de Lethian Dreams qui ont passé le cap des 10 années d'existence. Le groupe a pris le temps tout au long de ces années de faire évoluer son doom metal proche d'Anathema, période "The Silent Enigma", en intégrant des influences black metal, shoegaze et post metal qui rappellent Swallow The Sun ou même Alcest. Le duo formé par Carline et Matthieu qualifie ainsi leur musique d'"ethereal doom metal".

A l'écoute de "Red Silence Lodge", on est littéralement plongé dans un rêve éveillé, d'une grande douceur et d'une tristesse latente. Sortez vos mouchoirs car la beauté des leads portés par la voix spectrale de Carline évoquera les souvenirs les plus mélancoliques de votre existence. L'esprit rappelle les 90's et le souvenir de ces groupes aussi atypiques qu'introspectifs comme Cranes, les premiers Collection D'Arnel Andrea, Cocteau Twins, moulinés à la sauce doom. Si on reconnaît l'influence d'Agalloch et de Swallow The Sun, c'est pour mieux servir l'aspect tragique d'une quête impossible d'un idéal absolu qui nous échappe mais que l'on peut saisir par la musique. Ainsi, de sombres arpèges émergent entre deux rythmiques écrasantes, furieuses et si l'on peut craindre que le pathos rivalise avec la beauté, c'est bien elle qui l'emporte... Lethian Dreams sait où ça fait mal.

Il ressort de ce "Red Silence Lodge" un raffinement dans les structures qui arrive à ne pas plomber l'ensemble. Le duo joue sur les contrastes entre secousses sismiques et textures langoureuses, sensuelles pour un ensemble à la fois organique et contemplatif.


Boris
Novembre 2014




"Season Of Raven Words"
Note : 17/20

Début 2012, j'ai reçu cet album de Matthieu lui-même, et je voulais en faire une chronique élogieuse, la vie a fait que durant plus d'un an je n'avais pas écrit, et qu'à mon retour en métropole, le temps a passé et j'ai écrit de nouveau laissant ce chef d'oeuvre se reposer et se bonifier. Se bonifier oui... car même si l'écriture n'avait pas eu la promptitude voulue, l'écoute avait quant à elle été studieuse et bien évidemment savoureuse. Nulle excuse ne serait suffisante pour laver l'affront fait à un tel album, mais devant l'impardonnable nous tenterons d'en atténuer l'injure.

Lethian Dreams, "groupe" créé en 2002 par Matthieu Sachs et Carline Van Roos, également heureux créateurs du projet de funeral doom Remembrance, est une des formations dont la France parle peu et qui mériterait de sortir de l'ombre mélancolique qui les entoure et qui n'a d'égale que leur musique d'etheral atmospheric doom. Mais ceci concerne uniquement notre pays, sans nul doute... Fort d'un premier album "Bleak Silver Streams" qui avait immédiatement posé les premières pierres d'un édifice death/doomesque, avec à l'époque Carlos Borda d'Agua qui faisait office de chanteur masculin ; le groupe n'avait sans doute pas marché dans les pas d'un My Dying Bride, mais leur style avait des stigmates de doom anglais caractérisé par des passages un tantinet plus râpeux, notamment grâce à la voix de Carlos qui contrebalançait celle de Carline, mais aussi grâce à des guitares plus noires. Les titres étaient plus "mouvementés", je veux bien évidemment parler de "In seclusion" ou encore "Elusive" par exemple.

Aujourd'hui (même si j'ai plus d'un an de retard...) Lethian Dreams a mis de côté cette facette plus "râpeuse", plus virile, préférant laisser cet aspect à leur autre projet Remembrance et pouvoir ainsi offrir à Lethian Dreams la possibilité de s'épanouir encore plus dans les limbes de la musique atmosphérique. On ressent instinctivement la différence dès "Dawn" parce que Lethian Dreams a ôté de son référentiel toute allusion au doom avec chant masculin. Carline a pris possession de l'intégralité des lignes vocales, permettant ainsi aux chansons d'avoir cette dimension encore plus séraphique et éthérée. Le doom de Lethian Dreams a pris en consistance mais s'est affiné dans la légèreté poétique. La musique du groupe s'est dirigée vers un univers beaucoup plus clair, conservant toujours autant ce lyrisme exacerbé par des guitares plus aériennes. En quelques mots, Lethian Dreams n'a rien perdu de sa tristesse, mais comparé à Remembrance il a gagné en beauté chimérique. On a la sensation de voir se dérouler devant nous, durant quarante et une minutes, toute la nostalgie spirituelle du monde réunie sur un album et huit titres. Huit titres, car bien que le duo soit allé à l'essentiel en tronquant de douze minutes environ cet album par rapport à son prédécesseur, il a réussi malgré tout à le découper avec plus de segments.

Et au final c'est une manière de montrer que Lethian Dreams arrive à composer plus de variations de thèmes pour ne pas tomber dans le titre à rallonge prétextant que c'est du doom. Mais avec "Season Of Raven Words", Lethian Dreams n'a encore de doom que quelques sonorités, quand les guitares se veulent rauques comme sur "White Gold" (un bijou en plusieurs actes). En fait le groupe s'est penché sur le monde plus néo-classique quelque part, avec un chant féminin proche des heavenly voices qu'on peut découvrir sur le label Prikosnovénie spécialiste en matière.

Lethian Dreams écrit de la poésie en musique divine, où entre les chansons elles-mêmes, se trouvent insérés des intermèdes si fantastiques "See", au piano, ou "Invisible" (instrumental apaisant et transcendant) que les émotions qu'ils dégagent en arriveraient presque à en faire oublier le reste... Mais ce ne serait que blasphème d'en oublier le reste, car les six autres morceaux de "Season Of Raven Words" sont de véritables splendeurs nocturnes. "Wandering" prend des aspects presque shoegaze sur ses guitares où la voix de Carline s'approprierait presque les émanations d'un Alceste doomesque, "Raven" plus torturé en présente également les symptômes, "Satyrs", quant à elle, amenant une thématique beaucoup plus agressive, avec une guitare plus "sauvage" et au dernier tiers une "accélération" de batterie qui donne au morceau une douce violence dont l'album avait besoin pour pallier ce calme olympien. La fin de l'album matérialisée par "Roads" débute comme une suite logique de "Satyrs", en s'essoufflant petit à petit pour laisser la place à une ambiance acoustique qui tient lieu d'ouverture à une successions de thèmes nostalgique qui voudraient exploser mais qui se retiennent pour finalement terminer sur l'apaisement si typique de Lethian Dreams.

Ecrit en 2010/2011 par ses deux parents, avec un artwork entouré d'un vert obscur ce "Season Of Raven Words" est un de ces albums insaisissables mais pourtant accessibles au commun des mortels qui vous traversent le corps en laissant des marques invisibles mais pourtant indélébiles, pour vous permettre d'acquérir une paix intérieure dont l'homme aurait grandement besoin dans la société d'aujourd'hui... Alors pour tant de poésie, et tant de munificence merci à Lethian Dreams...


Arch Gros Barbare
Octobre 2013


Conclusion
L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.lethiandreams.com