"Misanthropic Breed"
Note : 18/20
Bercés par le death metal en plein coeur de la Suède, Lik nous dévoile son troisième
album. Créé en 2014, le groupe se compose de Chris Barkensjö (batterie / chant, Witchery,
ex-Kaamos, ex-The Resistance), Tomas Åkvik (guitare / chant, Nale, ex-Katatonia en live,
Bloodbath en live), Niklas "Nille" Sandin (guitare, Katatonia, ex-Sodomisery) et Joakim
"Myre" Antman (basse, Diatonic, The Ugly, ex-Decadence). Le nom de ce troisième
album ? "Misanthropic Breed".
Après un sample digne d’un slasher, "The Weird" abat son death old school sur nous. Le son
gras et saturé bénéficie d’un mix exceptionnel qui nous laisse savourer toutes les nuances
des Suédois. Rapide, efficace et sans bavure, le morceau laisse place à "Misanthropic Breed",
qui propose une dissonance malsaine avant "Flesh Frenzy". Les riffs tranchants nous
prennent à la gorge, et le tourbillon de violence repart de plus belle. Si cette composition est
très directe, "Morbid Fascination" est plus groovy, ajoutant également quelques harmoniques
prenantes et quelques mélodies sanglantes. Un passage plus aérien confirme cette
sensation de douceur, puis les leads nous lâchent sur la féroce "Wolves". Des riffs frénétiques
nous frappent sans discontinuer, et l’atmosphère oppressante contribue à l’agression tout
comme sur "Faces Of Death". Bien que plus brute, la composition laisse la place à quelques
leads efficaces pour accompagner la rythmique morbide.
La longue "Becoming" est la suivante, liant avec ingéniosité une rythmique lourde et stridente,
des leads perçants et des hurlements sauvages. Le titre est très vif, et va sans nul doute
déchaîner la foule avant de nous hypnotiser grâce à ce lead final. Retour dans la puissance
brute et les riffs effrénés avec "Decay", un morceau composé dans la pure tradition du death
à la suédoise, qui mêle agressivité et un son très accrocheur, alors que "Funeral Anthem"
revient sur des harmoniques planantes. Les tonalités sombres collent à merveille à cette
rythmique efficace, et les parties lead nous lâchent sur "Corrosive Survival", un autre titre
sanguinaire. Si sur album le son est plus qu’entraînant, il sera impossible de résister à
l’appel du mosh pendant un concert ! "Female Fatal To The Flesh", le dernier titre, est plus lent
mais également plus lourd et cette angoisse permanente s’éteindra avec les dernières notes
de l’album.
Lik est sans aucun doute l’un des groupes les plus efficaces de ces dernières années en
matière de death metal. Les sonorités old school de "Misanthropic Breed" font de cet album
un trésor d’agressivité qu’il faut absolument écouter !
"Carnage"
Note : 18/20
Alors que le death metal est un genre qui unit des nations entières, il existe cependant des
différences entre les pays. Le death metal old school suédois est parfaitement représenté
par Lik. Malgré sa création en 2014 par Christofer Barkensjö (batterie / chant, également
dans Witchery, ex-Grave, ex-Nightrage), Niklas Sandin (guitare / Katatonia) et Tomas
Alvik (chant, guitare / Nale, Bloodbath, ex-Katatonia), le groupe joue un death metal qui
aurait pu figurer parmis les fondateurs du genre. Après un premier album en 2015 qui les
propulse sur la scène internationale, ils enregistrent un petit split en 2017 puis leur second
album en 2018. Sympathiquement appelé "Carnage", il est assez explicite. Prêts ? Tant pis.
On démarre en trombe avec "To Kill", un titre aussi rapide que dévastateur. Si les riffs vous
laissent de marbre, c’est que vous n’aimez pas le death metal dans sa forme la plus pure, la
plus grasse et la plus violente. Le chant de Tomas est également aussi sale que malsain, et
la rythmique pue autant la mort que le solo. Les Suédois enchaînent avec "Rid You Of Your
Flesh" qui met les harmoniques à l’honneur. Les hurlements de fureur du chanteur couplés
aux riffs endiablés ainsi qu’à la batterie insistante nous mettent dans d’excellentes
dispositions pour une séance de headbang en continu. Plus réfléchie, "Celebration Of The
Twisted" fera appel à des harmoniques hypnotiques ainsi qu’à une basse très poussée pour
captiver son auditoire, mais qui enchaîne sur un blast en continu.
Alors que vous l’avez probablement déjà entendue, "Dr Duschanka" est un titre qui fera
honneur aux racines suédoises du groupe. Autant par les riffs infestés de sonorités
tranchantes que par la double voix hurlée. On passe trop rapidement à "Left To Die", qui prête
des influences malsaines à la rythmique poussée par les Suédois. Le solo propose une autre
dimension de leur musique, alors que "Cannibalistic Infancy" joue sur la rapidité. Presque
grindcore, ce titre très court ne fera absolument pas dans la dentelle. Vitesse, puissance et
saccades auront raison de votre volonté pour vous mener dans un headbang incontrôlé.
Dans la même veine, "Death Cult" est un peu plus longue, mais se focalise sur les mêmes
aspects en ajoutant parfois une guitare lead dissonante.
On ralentit un peu la cadence avec "The Deranged" et sa rythmique pachydermique qui
appelle parfois des harmoniques hurlantes pour accentuer l’aspect infernal du titre, avec un
sample de hurlements sur la deuxième partie du morceau. "Only Death Is Left Alive" fera
ressortir chez beaucoup des pulsions enfouies depuis des années car ce titre aurait encore
une fois pu sortir il y a vingt ans, mais Lik décide de nous l’offrir aujourd’hui. La partie lead
qui arrive après la moitié du titre joue clairement sur ma corde sensible en alignant riff
hypnotique et dissonant, ce qui aura pour effet un headbang immédiat. Le dernier titre,
"Embrace The End", débute par un sample de sirène. S’ensuit une rythmique qui pourrait
briser des murs, mais qui a simplement choisi de briser votre nuque. Pendant plus de trois
minutes.
Les influences de Lik sont évidentes et parfaitement déterminables : le death metal
suédois d’il y a vingt ans. Mais le groupe choisit de partir sur des riffs qui auraient pu exister
depuis toutes ces années au lieu de s’axer sur un son plus moderne, et j’aime cette idée de
sentir la crasse et le gras, tout en sonnant “actuel”. A quand une tournée dans nos contrées
?
"Mass Funeral Evocation"
Note : 16/20
Formé par Christofer Barkensjö (entre autres batteur de The Resistance, avec Jesper Stromblad d'In Flames, et ex-Grave) et Niklas Sandin, actuel bassiste de Katatonia, Lik ("cadavre" en swedish) et une énième formation créée pour rendre hommage au death suédois tel qu'il a été conçu au début des 90's.
Le death old school étant comme une seconde religion en Suède, nous pouvons être sûrs que ce qui en résultera sera de haut niveau musical et fera honneur au glorieux héritage des Dismember, At The Gates et autres Bloodbath. "Mass Funeral Evocation", premier album de Lik, tape justement entre ces trois noms et parvient à un niveau d'écriture sévère sans tomber dans le plagiat pur.
La voix de Tomas est proche de celle Peter Tägtgren et le placement vocal rappelle At The Gates. Derrière lui, le groupe s'affère à crée une musique grasse et sadique. La production est parfaitement claire et équilibrée (c'est plus propre et moins boueux que le dernier album de Grave par exemple), sans que cela soit au détriment de la puissance. Le grain de guitare à la suédoise est présent et fait miracle. Lik a parfaitement compris comment faire sonner un groupe old school de façon moderne sans décrédibiliser son intention de départ.
Le solo d'ouverture et les leads de "Death Orgasmic" invoquent les forces du Mal et le morceau entier possède une atmosphère morbide prenante. Le brutal "Necromancer" (non, ce n'est pas une cover de Sepultura) défouraille sec avec ses blast beats chirurgicaux. C'est d'ailleurs le seul morceau en contenant. Lik n'a pas besoin de recourir à une grande technique pour délivrer une musique violente et noire. Il s'emploie à respecter, avec brio et inspiration, une tradition de style comme de son.
Parmi les meilleurs titres, on compte aussi "Le Morte Homme" inspirée de la bataille de Verdun (avec discours samplé à l'appui), racé et évocateur, le massif "Sickening", le dynamique "Skin Necrosis" et le rampant "Behold the Beheaded", petit concentré de death putride et malsain à lui seul.
Court, intense et suffisamment varié, ce premier album de Lik ne réinvente pas la roue mais fait le boulot. Sans être un chef d'œuvre, il n'a pas a rougir sur votre étagère entre vos exemplaires de "Slaughter Of The Soul" et "Like An Ever Flowing Stream".