Lord Ketil est un groupe de black metal originaire du Nord de la France formé en 2006. Le groupe se revendique d’influences norvégiennes comme Mayhem, Burzum, Darkthrone… Bref, la belle brochette de l’époque, et sa musique est baignée de satanisme médiéval. On peut donc s’attendre à du black traditionnel pur, respectueux de ses racines et de son imagerie. Pour être honnête, car il faut l’être, je n’avais jamais entendu parler de ce groupe auparavant. Sans doute la preuve que j’ai totalement été déconnectée de la scène régionale depuis un petit moment. C’est moi qui y perds au final. Penchons-nous donc sur cet album plus en détails.
Il s’ouvre sur "Wild Hunt" qui nous met directement dans le bain. Pas d’introduction, pas de fioriture, la batterie martèle avec rage dès les premières secondes. Mais ce qui frappe au premier abord, ce sont les vocaux. Ils sont véritablement lancinants, presque douloureux. Ça fait un moment que je n’avais pas entendu de vocaux aussi expressifs, et je tire donc mon chapeau pour cette performance remarquable !
Et je ne peux m’empêcher de remarquer la qualité de cet album. Lord Ketil nous propose ici douze titres qui sont tous un vibrant hommage, une déclaration passionnelle au black traditionnel, et qui parvient sans peine à maintenir son auditoire en haleine. Je ne le répéterai jamais assez, le black de nos jours c’est risqué car ça peut très vite devenir risible, une pâle copie masturbatoire d’un passé musical glorieux, ou tout simplement chiant… et ce n’est pas le cas de Lord Ketil. Le rythme est ici maîtrisé, avec des changements fréquents dans l’expression musicale. Prenez ainsi "The Gates Of Aeton" et son rythme lent et incisif, ses vocaux qui donnent véritablement l’impression d’une agonie lente et douloureuse, et comparez-le à "Exsanguination" et son rythme plus martial, et ses vocaux plus agressifs. C’est le jour et la nuit, mais ça reste dans une continuité musicale qui enrichit l’album, renforce son intensité émotionnelle et nous donne de quoi boire et manger sans jamais nous lasser.
Si je dois avouer avoir une préférence toute particulière pour ce que je qualifierais de morceaux torturés comme le précédemment nommé "The Gates Of Aeton", j’ai aussi été enthousiasmée par l’énergique "The Last Ride" qui est un hymne live à venir, c’est une certitude. A noter aussi les moments de bravoure en chant clair, comme sur "From Ashes To Ashes" qui apporte une nouvelle dimension à la composition.
Au final, je dirais que le pari est largement relevé. Lord Ketil nous offre ici un pur album de black, abouti et réjouissant, avec des nuances qui en font un candidat privilégié pour une deuxième écoute immédiate. Je reconnais et admire le travail qui a été fait sur cet album, et ne peut que souhaiter au groupe d’être davantage reconnu. Je pense que c’est un album solide qui saura séduire son public déjà existant, mais également en conquérir un autre et l’amener dans ses filets. Un bel hommage au black old school, mais aussi un bel effort de la part de ce groupe français. Chapeau bas.
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